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Plus il parlait, plus il la voyait perdu. Il ne la lâchait pas des yeux. Il ne voulait louper aucune réaction. Il devina un sourire qui s'effaça aussi tôt, avant qu'elle ne s'enfuie dans le couloir. Il était si concentré sur elle qu'il entendit à peine le psychologue s'adresser de nouveau à lui.
Aedan soupira en passant sa main dans ses cheveux. Il avait espéré quelque chose de mieux, mais au moins il était bien sur que ce soit elle.
« Je ne souhaite pas parler de cette ancienne thérapie, elle n'était pas choisie.»
Puis il se leva, laissant en plan le groupe. Le psychologue passa a quelqu'un d'autre rapidement, histoire de ne pas gâcher entièrement son heure de thérapie, qui débutait plutôt mal suite au comportement des deux protagonistes.
Où était-elle partie ? Et pourquoi est ce qu'il essayait de la suivre alors qu'elle aurait très bien pu disparaitre de nouveau, comme la première fois ? Ce n'était pas tant des réponses qu'il voulait. C'était même ce qui l’intéressait le moins. Ce qu'il voulait, c'était elle.
Il la retrouva, plusieurs mètres plus loin, et s'approcha assez rapidement. Il l'attrapa par le poignet pour la faire se retourner, sans toute fois user de violence. Il planta alors son regard dans le sien, et y fut happé.
« Je pensais pas te retrouver un jour..»
Et il pensait pas non plus qu'elle allait le reconnaître. Depuis la dernière fois où ils s'étaient vus, il avait prit en muscle encore, avait décidé de laisser un peu de barbe, et avait bien moins l'air d'un jeunot.
Elle ne partit pas en courant. C'était rassurant. Si ca avait été une autre, il s'en serait foutue, mais pas elle. La jeune femme effleura son visage du bout des doigts, et il ferma les yeux quelques secondes, ne pouvant réprimer le frisson qui grimpait dans son dos. Elle l'avait toujours ensorcelée. Pourtant, c'était plutôt un loup solitaire, qui butinait à droite et à gauche. Mais face à elle, il ne résistait jamais bien longtemps. Il était presque déçu qu'elle s'éloigne de lui juste après. Mais au moins, elle était encore là. Et il n'avait plus aucune envie de la laisser partir.
Que dire et quoi faire maintenant ? C'était trop irréel comme situation. Lui qui faisait le con sans cesse, paraissait tout à coup bien plus calme. Il se demandait pourquoi elle était encore en thérapie, mais ce n'était pas vraiment le moment, il gardait le sujet pour plus tard. Pour le moment, il fallait surtout s'assurer qu'elle ne serait jamais plus loin de lui.
« Tu...es à Harvard ? »
Il avait l'air hésitant, ce qui lui ressemblait encore moins. Il n'avait pas vraiment l'habitude de parler avec elle, ils avaient toujours préféré l'action à la parole. Mais il était également trop tôt pour ça. Bien que l'envie n'y manquait pas, il n'allait pas littéralement lui sauter dessus tout de suite.
Elle était vraiment devant lui. Elle avait l'air si frêle, presque faible, avec sa petite voix qui tremblait. On aurait dit qu'elle avait peur de lui. Il ne savait pas si elle avait envie de partir en courant, ou de lui sauter dans les bras. Si bien que lui non plus, n'était pas sur de comment il devait agir. Elle semblait différente, moins fougueuse, plus sage.
« On a du arriver en même temps..»
Il ne l'avait jamais croisé, alors que lui aussi était arrivé l'an dernier. Ils avaient tant de choses à se dire, tant de de choses à rattraper. Mais il fallait d'abord qu'il sache si elle en avait envie. Il n'avait pas l'habitude d'être perdu comme ça, lui qui était toujours si fier et confiant dans ce qu'il entreprenait. Il fallait se reprendre.
« Tu...veux bien venir boire un café, ou je ne sais pas, juste aller ailleurs qu'ici, avec moi ? Je t'avoue que j'ai pas vraiment envie de te quitter tout de suite.»
Lorsque Thémis accepta, Aedan sourit franchement, découvrant sa dentition hollywoodienne. Il ne s'attendait pas à ce qui suivit ; elle lui prit la main, et se colla contre lui. Loin d'être contre cette idée, le jeune homme passa sa main dans les cheveux de la jeune femme, et posa son menton sur le haut de sa tête, tout en l'enlaçant de son bras restant. Ses cheveux sentaient bon, comme toujours. Cette odeur fit rater un battement à son coeur ; ca lui rappellait trop de choses. Durant toutes ces années, chaque fois qu'il sentait la même odeur, que ce soit au tournant d'une rue, dans une boutique, ou sur son lieu de travail, ca lui faisait le même effet. Juste parce que ca lui rappelait elle. Il ne se savait pas si faible face à une femme ; mais elle avait toujours su lui faire baisser sa garde.
Lorsqu'elle se recula, il sourit, avant de l'entrainer dehors. Y avait surement un bar pas très loin où n'importe quoi, tant qu'il était avec elle.
« Ne t'excuses pas, j'en avais envie aussi. Je crois qu'on a beaucoup de choses à se raconter.»