CODYN ☎ Je crois que mon coloc veut me serrer lalalalaaaaaaa

J’vais pas vous mentir. Là, Deyvn gâchait un peu tous les plans de Cody en lui interdisant de copuler dans sa chambre. C’est vrai, il y avait une tradition, un genre de baptême, quand on emménageait dans un nouvel appartement qui était de copuler dans chacune des pièces. Déjà, Cody allait zapper celle de Jess, ça serait un peu malsain. Mais en plus, s’il devait passer outre celle de son colocataire, on ne pouvait plus parler de baptême, juste de copulation dans la cuisine. Sachant pertinemment qu’il aurait bien du mal à convaincre l’Anglais de changer d’avis, il tenta cependant en marmonnant dans sa barbe ; « C’est dommage, il a l’air confortable ton lit … » Oui, il allait manipuler Devyn en jouant avec toute l’affection – ou pas – qu’il lui portait. Sait-on jamais, un miracle pourrait se produire. Anyway, Devyn semblait lui souhaiter tout le bonheur du monde, ce qui faisait plaisir à Bleeker. Il faillit lui renvoyer la pareille, avant d’enchaîner plutôt ; « Et toi, par rapport à … Voldemort. Ça se passe comment ? » Wesh, Voldemort = Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom = William. Logique. Au Summer Camp, Devyn semblait un peu en dépression par rapport à son ex et Cody était curieux de savoir si son état d’esprit avait changé.

Ah non, pas question ! Tu pouvais être bonne poire, accepter facilement les propositions que l'on te faisait, mais la seule condition était la respect et que cela ne te contraigne pas. Force était de constater que d'imaginer Cody et Dia coucher ensemble sur ton lit te procurait des frissons d'horreur et t'obligerait à changer de lit... ce qui était franchement contraignant, en couplant en plus cela avec les cauchemars qui en découleraient. Il l'est, mais uniquement pour moi. Si quelqu'un d'autre se couche dedans, des aiguilles en sortent. Tu devrais t'en acheter un, si tu veux être bien calé pour... ça. Même en jouant sur tes sentiments, Cody ne gagnerait pas sur cela, tu en étais certain, quitte à ce que ta réponse semble absurde, même si compréhensible vu l'idée que le Winthrop avait derrière la tête. Et puis, ce n'était pas en parlant de William (ou Voldemort, cela n'était pas faux non plus vu la situation dans laquelle vous vous trouviez) que cela allait aller mieux. Pas d'amélioration en vue. Tu avais été un peu sec sur le coup, ce que tu ne pus t'empêcher de regretter vu que Cody n'y était décidément pour rien, au contraire. Après une grimace, tu te décidas donc à reprendre la parole de manière plus complète. Je l'ai revu à la rentrée, quand j'ai été chercher mes affaires à la Lowell House pour emménager ici. Rien d'intéressant de plus à signaler. Je n'ai pas l'intention de me remettre avec, voilà tout. Et tu déprimais toujours quand tu plongeais dans tes souvenirs, mais cela était normal, non ?

Non mais c’est bon lààà, sans le savoir, Devyn venait d’attiser l’excitation de Cody qui voulait en savoir plus sur ce matelas la mort. Attendez, c’était quand même un peu étrange comme délire. Peut-être que sans le savoir, le Bleeker fantasmait sur la condition de brochette. En tout cas, connaissant le Canadien, il trouva vite réponse à l’Anglais qui, décidément, avait du pain sur la planche avec son nouveau colocataire ; « Je pourrais m’en acheter un, mais le tien a un truc en plus, tu sais, l’interdit … Et puis dis-m-en plus sur ce système d’aiguilles. C’est efficace ? Ce sont des aiguilles comme les pieux dans le temple maudit d’Indiana Jones ou des aiguilles comme chez l’acupuncteur en bas de la rue ? » Ah non mais Devyn pouvait dire à Cody qu’il était un voyageur du temps et qu’en réalité il s’appelait Devynus Galus, empereur romain, Cody le croirait. Ce dernier enchaînait sur une question en rapport avec William, et se prit un vent glacial de chez glacial. Même la joueuse derrière son ordi n’avait pas eu si froid en Laponie, c’est pour dire. « D’accord … » murmura-t-il, comprenant que la blague de Voldemort était aussi bien passée qu’une Chili Con Carne dans un colon irrité mais soit. Heureusement que le Lowell se rattrapa quelque peu. « Tu as essayé de rencontrer d’autres personnes ? » demanda-t-il finalement, avec nonchalance. Personnellement, Cody n’était pas du genre à zapper ses copines, à oublier ses peines de cœur en couchant à tout va. Mais il savait que parfois, il suffisait d’une rencontrer pour consoler un cœur brisé. La preuve avec Dia. Après Joan, Cody s’était morfondu, fui tout ce qui ressemblait de près ou de loin à une relation avec une femme puisqu’il s’était figé sur une période révolue de son passé. Puis il y a eu un essai vain avec Danae, avant qu’il ne rencontre Diamantika. Et là, ouais, Joan, elle n’existait pas. Elle n’existait plus.

Je plaisantais pour les aiguilles Cody. Il te désespérait quand même parfois. Autant il pouvait se montrer parfois mature, autant il te désespérait parfois avec ses propos totalement opposés à ce quoi tu t'attendais, même si cette fois tu aurais dû t'en douter. Bah oui, tenter le Bleeker en lui parlant d'interdits était le meilleur moyen de l'attirer encore plus. Mon lit n'est pas si extraordinaire que cela, je veux juste qu'il soit respecté, et que tu ne fasses rien dessus. S'il te plaît. Peut-être que le lui demander poliment marcherait mieux que de tenter le bluff, qui sait ? Il était peut-être ton meilleur ami, il te restait encore bien obscur parfois, dans sa folie. Tu ne t'attendais par exemple pas à ce qu'il parle de William, là, comme ça, au calme, ce qui expliquait ta première réponse digne d'un pic de glace. Cela restait toujours un sujet un peu sensible, comme quand on appuyait sur un bleu ou une plaie mal cicatrisée. Tu avais pensé que cela irait mieux en te repliant sur toi-même et en changeant d'habitat, mais cela n'avait pas tellement changé. Oh, bien sûr, tu ne déprimais plus à tout va par exemple, tu arrivais à plutôt bien vivre, mais cela ne se soulageait pas comme ça pour autant. Je n'ai pas réussi. Le fait est... que j'ai du mal à passer à autre chose. A faire confiance à la possibilité que je rencontrerai quelqu'un de bien. La preuve, je pensais connaître William vu le nombre d'années d'amitié, mais il m'a vraiment déçu. Alors si lui le peut, comment pourrais-je croire un inconnu ? Je ne crois plus au petit prince charmant qui te fait voir la vie en rose.

Ah, Devyn plaisantait pour les aiguilles … Ce n’était quand même pas un monde çaaa, tout le monde semblait se foutre de la gueule de Bleeker, de profiter de sa candeur pour se moquer de lui. Mais le jeune Canadien commençait à y être habitué, alors il se contenta de rouler des yeux et d’enchaîner. « Je t’ai dit que j’avais suivi une formation de prêtre en ligne ? Bon, j’ai arrêté quand j’ai appris que ça impliquait de ne plus faire crac-crac jusqu’à la fin de mes jours, mais j’ai encore quelques acquis dans ma tête. Je peux bénir ton lit avant d’y fonder ma famille. » Enfin, de s’entraîner à la fonder car, il va de soi que le Cody Bleeker ne comptait pas se reproduire de sitôt. Ses paroles au sujet de William touchèrent Cody, plus qu’il ne semblait le montrer. Il comprenait ce sentiment de trahison, cette émotion qui se mettait au travers de ton chemin chaque fois que tu voulais aller de l’avant, comme un obstacle qui te barrait la route pour te rappeler tes plaies passées et à venir. Il avait eu de longs mois pour faire connaissance avec ce sentiment infect, et il ne l’avait pas totalement chassé de sa vie. Diamantika payait encore les pots cassés de ses blessures passées. Cody n’avait pas confiance en lui, en ses capacités à combler pleinement une femme puisqu’on lui avait rappelé trop souvent qu’il ne savait pas le faire. Alors oui, le fantôme de William risquait de hanter encore un moment le pauvre Devyn, mais il ne devait pas renoncer. « J’en sais rien. Tu sais, on a quelque chose qui s’appelle l’instinct. Puis, quand tu sautes vers l’inconnu, tu as tous tes signaux en alerte, tu vois tout, tu analyses tout, parce que tu ne sais pas à quoi te fier. William, tu le connaissais, tu lui faisais confiance. Et si cette confiance avec eu l’effet d’un brouillard qui t’a empêché de voir tous les voyants rouges qui s’allumaient ? L’inconnu à ses avantages. » dit-il très sincèrement. Cependant, Cody mâchouillait bruyamment ses briochettes, alors ça faisait un peu contraste avec le sérieux de la situation.

Cody ? Prêtre ? Bizarrement ces deux notions ne te semblaient absolument pas compatibles. On parlait quand même d'un homme qui avait appris à sa fille à dessiner des pénis, qui parlait tout le temps de sexe et qui était obsédé par les seins. Si tu n'es pas réellement prêtre, cela ne marchera pas Cody. Rien que l'idée était réellement désagréable, lit béni ou pas. Tu ne voulais pas de copulation sur ton lit, un point c'est tout. Même s'il voulait un enfant, il y avait tellement d'endroits différents pour procréer qu'ils pourraient très bien le faire ailleurs. Pour toi... Et bien, tu verras plus tard. Tu verras si tu arrives à tomber sur une personne, qu'elle soit homme ou femme, aussi bonne que William et qui ne t'abandonnera pas. Pour le moment, ce n'était hélas pas le cas, et ce n'était pas Cody qui allait te rassurer sur ce sujet apparemment. De l'instinct, réellement ? Je ne suis pas sûr d'en avoir beaucoup montré dans ma vie. Vu le nombre d'amis réels que tu avais et la durée qu'ils restaient, on ne pouvait pas dire que tes choix étaient bons. Ou alors, comme il te le disait si bien, tu avais un instinct, mais celui-ci était trop facilement brouillé dès qu'un peu de positif apparaissait chez une personne ? Il se brouille dès qu'il y a un peu d'espoir. Sans espoir, je peux être vigilant oui, comme maintenant. Tu as fait comment, toi ?

Bon, on abandonne l’idée de bénir le lit, alors. Mais Cody ne perdait pas espoir, un jour il arriverait à convaincre Devyn. Sisi. C’est bien de se fixer des objectifs dans la vie, c’est ce qu’Enjoy Phoenix dit dans ses vlog. Vous voyez, y a des gens qui se fixent des objectifs tellement banaux comme passer en Master 2, réussir son concours … Cody mettait un peu de relief à tout ça en se donnant comme Eldorado celui de copuler dans le lit de son coloc. Narmol. Mais ça faisait contraste avec le sujet qui suivait, plus lourd, plus dur. Bleeker haussa les épaules quand Devyn lui demanda comment il avait fait avec Dia. À vrai dire, le Winthrop lui-même ignorait comment. « Je ne crois pas être le bon exemple. Disons que je ne me voile pas la face ; Dia est trop bien pour moi. Trop intelligente, trop maligne, trop jolie, trop généreuse, trop tout. J'suis petit face à elle. J'suis le touriste américain qui passe ses vacances en France alors qu'il ne parle pas un seul mot de la langue. Je profite du voyage, je ne suis pas sûr de tout comprendre mais je profite du bon temps. Seulement, je sais qu'un jour il faudra rentrer. Alors je repousse juste la date finale parce que je l'aime ce pays, vraiment. Donc j'y reste, attendant le moment où ce sont les Français qui me bouteront hors de là quand ils comprendront qu'ils méritent mieux qu'un gros bide plein de bière aux antipodes du prince charmant. » Avait-il les pieds sur terre ou manquait-il purement et cruellement de confiance en lui ? Seul l’avenir le dira. « Moi j’me fais du mal, mais toi tu arriveras à te protéger, j’en suis sûr. » termina-t-il avec un mince sourire.