colgate * meilleurshipever

Disons que tu ne serais pas là si Adriel ne t'avais pas "forcé" à prendre l'air. Par forcer, tu entendais le fait qu'il n'avait pas cesser de te rabâcher pendant 48 heures que tu pouvais pas rester à pourrir dans l'appartement et que quand Lincoln t'avais proposé de manger un truc ensemble, t'avais accepté juste pour qu'il te fiche un peu la paix. Puis au final, peut être avait-il raison. Peut être que ça te ferais un tant soit peu de bien de voir ton meilleur ami. Tu devais avouer qu'il te manquait et que tu n'étais jamais réellement complète quand il n'était pas dans les parages mais ces derniers jours, t'avais un peu fait l'invisible. Bref, quoi qu'il en soit t'étais arrivée sur le lieu de rendez vous et tu prenais place à une table attendant que ton boulet de meilleur pote fasse son apparition en espérant qu'il ne tente pas de manger les pieds d'une table. Parce que ouais, c'était carrément son truc. Les fils de tente, les pieds de table et même les tapis de sol. Bref, tu commandais une boisson sortant ton téléphone pour passer le temps. Généralement, il était pas trop en retard et t'espérais que ça soit encore le cas puisque même au milieu du monde tu t'sentais affreusement seule et disons que tu n'aimais plus vraiment ça.

Un repas avec Agathe c'était ce qu'il me fallait. Non pas que je déprimais ou quoi mais j'étais en manque de ma meilleure amie et c'était vital pour moi de la voir dès que possible. Elle avait accepté et j'en étais plus que ravi. Bon par contre, je suis pas très bien organisé pour le coup puisqu'il était déjà tard quand je me suis levé et que l'heure tourne. J'entrais seulement dans la cabine de douche quand c'était l'heure de notre rendez-vous. Je me speedais et je laissais tomber le rasage pour le coup. Donc sortant rapidement, je me séchais, m'essuyais, un coup de déodorant et voilà que je m'habillais. Partant en trombe de l'appartement que je partageais avec mes colocs, je me dirigeais vers le bus qui m'emmène sur Boston. Quelle idée de vivre sur Cambridge quand tout se passe à Boston, hein? Bref, c'était avec une bonne quinzaine de minutes (ou peut-être plus en fait, on verra la réaction de miss Monroe) que j'arrivais au resto où nous avions décidé d'aller elle et moi. « Désolééééééé j'me suis pris une porte et.. ouais non en fait j'ai trop dormi tu peux me taper » Irrécupérable le Lincoco n'empêche.

Bref, t'attendais. Et tu sursautais à chaque fois qu'une personne passait trop près de toi ou qu'un éclat de voix se faisait entendre. En gros, t'étais pas sereine et tout ce que tu souhaitais était partir d'ici pour t'enfermer dans un endroit où tu serais en sécurité. Le problème était que tu ne savais pas vraiment où tu étais en sécurité et où tu ne l'étais pas puisqu'au final, c'était une question de confiance et que sans même t'en apercevoir tu l'avais accordé à une mauvaise personne. Inspirant un grand coup, t'essayais de calmer le tremblement de tes mains jusqu'à ce que la voix de ton meilleur ami se fasse entendre. C'est pas grave, t'inquiète. En temps normal, tu aurais ris, tu lui aurais lancé une petite pique au visage et peut être même que tu te serais moquée mais là, t'avais pas le coeur à ça et tu ne te rendais même pas compte à quel point tu pouvais avoir l'air froide. Mh, ça te dérange qu'on commande ? J'voulais pas partir trop tard. Et t'avais rien de prévu par la suite, c'était juste que tu n'voulais pas être dehors et que tu te sentais beaucoup trop mal à l'aise pour t'éterniser.

Pour que je l'autorise à pouvoir me taper, c'était que j'étais quand même bien fautif dans l'histoire. Non mais sérieusement, on en parle du fait que je me suis réveillé genre pas longtemps avant notre heure de rendez-vous ? Que je puais le déodorant parce que j'avais bien trop appuyé sur le spray quand je m'en suis mis ? Ouais non, on va éviter d'en parler, c'est pour le mieux. Mais en fait, Agaga n'avait pas l'air de vouloir en parler non plus puisqu'elle était du genre expéditive... un peu trop d'ailleurs. Fronçant les sourcils, je cherchais à comprendre, en vain. C'était que lorsqu'elle voulait expédier notre rendez-vous que je comprenais qu'un truc clochait. « Tu veux pas être ici ? Dis moi c'qu'il s'passe » Et dans le genre je donne des ordres, je pouvais être un bon dans mon genre. Du coup je croisais les bras contre mon torse, la fixant pour avoir une réponse. Non mais je la connaissais, c'était ma meilleure amie et un truc clochait, c'est tout. Je le sentais... pire, je le ressentais.

T'inspirais un coup pour tenter de te détendre mais forcément, ça ne marchait pas. Comment pourrais tu être détendu dans ce genre de situation ? C'était impossible pour la peine et très honnêtement, t'en avais déjà assez d'te sentir si mal. Le problème, c'était que tu ne pouvais rien faire contre ça. M'enfin, t'avais pas tellement le choix et faudrait bien que tu t'habitue à cette sensation dans ton ventre qui était plus que désagréable. Bref, comme t'aurais pu t'en douter, Lincoln perdait bien vite son sourire et son humour remarquant que toi, de ton côté, tu n'étais pas au mieux de ta forme. Rien, rien. J'suis juste fatiguée. Le mensonge par excellence mais, la vérité était beaucoup plus lourde et ce n'était pas le genre de chose qu'on pouvait servir tranquillement autour d'une boisson dans un restaurant. Forcément que tu voulais pas le dire. Adriel t'avais fais cracher le morceau et t'en avais pleurer un temps infini, t'avais pas tellement envie de recommencer en public. T'as passé un bon week end ? Que tu demandais pour changer de sujet. Pour éviter d'autres questions.

Je connaissais Agathe comme si je l'avais faite, alors oui, je trouvais ça quand même assez étrange qu'elle soit froide et distante comme ça. J'avais cette drôle d'impression aussi qu'elle ne voulait pas être là. Ce n'était pas moi le problème, je le savais. C'était les gens. Et ça voulait dire qu'un truc n'allait vraiment pas.. mais elle ne disait rien, se cachait derrière des excuses et j'appréciais pas tellement. J'avais croisé mes bras contre mon torse, la regardant assez intensément. « Ça passe. Et toi ? » Je la regardais encore, et j'sais pas, un truc clochait et ça m'énervait de pas savoir. Du coup, j'avais même plus envie de manger là. L'idée, c'est de la tirer hors de table, de l'embarquer avec moi chez moi ou chez elle et qu'elle déballe tout ce qu'elle avait à me dire. « Laisse tomber le repas, on s'en va et tu vas m'dire ce qui se passe. J'suis pas dupe Agathe. Y'a un truc et tu peux pas m'le cacher » Enfin si elle peut, mais merde quoi, j'suis son meilleur ami, son double, elle pouvait se confier à moi. C'est pas comme si j'allais me foutre de sa gueule et tout raconter à d'autres potes. Elle était la plus importante.

Comment pouvais tu croire rien que quelques secondes qu'il allait lâcher l'affaire ? C'était pas du tout son genre, bien au contraire même. Pas maintenant qu'il avait la certitude que quelque chose n'allait pas. Après tout, il était Lincoln, ton meilleur ami. Et y avait fort à parier que dans le cas contraire, t'aurais certainement la première à lui casser les pieds pour qu'il lâche le morceau. Y a mieux. Que tu répondais fuyant son regard. Carrément mieux même puisque c'était là que tout avait débuté. Tu continuais à regarder partout sauf devant toi pour ne pas subir son regard interrogateur. T'avais pas envie de lui mentir, c'était Lincoco, ton âme soeur. Mais t'arrivais pas non plus à dire la vérité alors c'était compliqué. Y a rien, t'inquiète pas. C'est juste un manque de sommeil, les cours qui reprennent tout ça. Bidon comme mensonge mais t'étais nulle dans ce domaine. Puis qu'est ce que tu pouvais lui dire hein ? "Tu sais ton pote et colocataire, ouais ouais, Ethanaël là, bah il m'a.." Pff, même dans tes pensées t'arrivais pas à prononcer ce mot, qu'est ce que tu voulais le dire à haute voix ? S'il te plaît Lincoln, j'ai juste besoin de me changer les idées.

Le ressenti des jumeaux, c'est pas de la connerie. Je sentais quand un truc se passait avec Sam... mais c'était aussi le cas avec Agathe. On était tous les deux des jumeaux de quelqu'un et on avait ce lien indescriptible qui nous rendait plus fort que tout. Sauf que là, elle me laissait tomber, préférant garder pour elle ce qui la tracassait plutôt que de le partager avec moi. Et bordel, ça me foutait hors de moi de savoir qu'elle me mentait ouvertement plutôt que de me dire ce qui se passait en réalité. Je me redressais tout en la regardant et puis j'appelais un serveur pour régler l'addition. Elle avait pris à boire en m'attendant, je lui offrais ça et puis le serveur s'en allait. « Viens » Ouais c'était un ordre et j'avais besoin qu'elle me suive, sans poser de questions. J'avais besoin qu'elle se confie à moi, qu'elle vienne me dire ce qui lui passait par la tête, sans avoir peur de quoique ce soit. J'avais besoin d'être son meilleur ami parce qu'elle était clairement en train de vivre un truc et j'étais juste mis de côté pour le coup. Sortant du restaurant, je me calais à l'arrêt de bus pour savoir lequel on devait prendre pour aller là où j'avais envie qu'on aille.

Et pour te changer les idées, fallait vraiment éviter le passage "j'en parle". Ca semblait logique non ? Donc ouais, tu voulais pas en parler, tu voulais pas rester ici, tu voulais t'enfermer à nouveau et essayer de ne plus penser à rien. Mais c'était Lincoln pas vrai ? C'était Lincoln et il allait pas lâcher le morceau même si tu le voulais. En y réfléchissant bien, tu savais que tu aurais fais exactement la même chose dans le cas contraire. Tu l'aurais pas laissé s'en sortir et tu lui aurais tapé sur les nerfs jusqu'à ce qu'il balance. Pour le coup, ça te semblais normal qu'il agisse comme ça même si t'en avais pas envie. Et bref, il payait ta boisson déterminé à t'entraîner ailleurs. T'étais fatiguée de te battre, tu savais pas comment lui faire comprendre alors tu lâchais juste prise. Tu te levais sans rien dire le suivant jusqu'au bus, le visage fermé, l'air déstabilisé. Tu veux aller où ? T'avais au moins le droit de savoir ça pas vrai ? Tu sais.. C'est juste que.. J'veux pas te cacher les choses Lin' c'est juste pas facile d'en parler et j'suis pas prête pour ça.. Et là, t'essayais de le rassurer même si t'étais certaine qu'il allait pas lâcher l'affaire pour autant.

Je n'aimais pas qu'elle me cache des choses et quand on connaissait notre relation, c'était assez normal. Alors du coup, je jouais celui qui ordonnait tout, celui qui boudait parce qu'il n'avait pas ce qu'il voulait, mais avant tout, je voulais être là pour elle dans ce qu'elle traversait mais n'osait pas me dire. Sa boisson payée, on quittait le restaurant et on se dirigeait vers l'arrêt de bus pour voir jusqu'où on pourrait aller. J'avais pas envie de la laisser tomber, malgré tous les stop qu'elle pouvait me mettre. « En dehors de la ville. Là où tu pourras crier, faire tout ce que tu veux, sans passer pour une folle. T'as clairement besoin d'extérioriser et je connais l'endroit parfait pour ça » Et peut-être qu'elle osera enfin se confier à moi. J'avais envie de faire le maximum pour elle, parce que je l'aimais plus que tout et que c'était elle la femme de ma vie. Le bus qu'il nous fallait était là et on pouvait entrer dedans afin qu'il nous emmène à destination.