(+Seeley) So good to see you again, my friend ♥

So good to see you again, my friend ♥
Seeley & Norah

Une larme roula sur ma joue. Après tout ce temps, il continuait à se sentir responsable pour ce qui était arrivé à Joanne. Cela me rendait folle, mais en même temps, je ne pouvais pas le convaincre du contraire. Au fond de moi, je comprenais parfaitement pourquoi il se sentait coupable. Une même part en moi se sentait coupable d’avoir laissé faire mes parents, d’avoir abandonné ce bébé sans me battre, de ne pas avoir contacté Siméon plus tôt… Mais il était trop tard, et nous ne risquions pas de changer les choses aujourd’hui avec notre culpabilité mal placée. « Ecoute Jarod, tu sais bien que ce n’était pas ta faute, ce qui est arrivé… Et je suis sûre que de là où elle est, elle préférerait te savoir heureux plutôt que de te voir ressasser le passé. Je sais que c’est dur, mais on ne changera rien à ce qui s’est passé aujourd’hui… » Mes paroles me semblaient dures à moi-même, mais je ne voyais pas d’autre moyen de lui faire prendre conscience de… de quoi au juste ? Je ne savais pas moi-même. Mais je savais que je préférais le voir se bouger, quitte à ce qu’il s’énerve, que de le voir se morfondre ainsi et se rendre responsable de tout. N’y tenant plus, je passai par-dessus le bar pour le prendre dans mes bras, et cacher mes larmes au passage. Les mots ne suffisaient plus, de toute façon je ne les trouvais pas. Je n’ai jamais été douée pour m’exprimer, encore moins pour consoler les gens. Je ne pouvais que le serrer dans mes bras aussi fort que je le pouvais. Cependant, je savais que cela ne suffirait pas à exprimer ce dont j’avais parlé juste avant, et qui le questionnait tant. Je me reculai juste assez pour le regarder dans les yeux, prenant mon courage à deux mains avant d’essayer de parler le plus clairement possible. « Contrairement à ce que tu penses, je ne me suis fait aucune illusions. J’ai même cherché à te fuir au départ. Quand j’ai vu, quand j’ai compris ce que tu faisais ressortir chez moi, toute cette histoire que j’avais essayé d’enterrer bien profondément, j’ai désespérément cherché à t’éviter. Mais pour une raison qui m’échappe, tu t’es accroché, et je crois que je ne t’en remercierai jamais assez. Tu m’as empêché de rester complètement enfermé sur moi-même, tu m’as fait comprendre que je pouvais encore avoir confiance en les autres. » Je tentai de lire dans son regard s’il comprenait ce que je venais de dire, ou s’il était déjà trop loin dans son chagrin pour m’avoir seulement entendu.

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❝ So good to see you
my friend. ❞
NORAH & JAROD.

« J’en sais trop rien, je commence à croire que je porte, je ne sais pas, une espèce de malédiction… » Je me mettais à rire innocemment, c’était plutôt de la nervosité à vrai dire. Quelque chose me rongeait de l’intérieur depuis mon plus jeune âge et j’avais parfois besoin de l’évacuer, parfois c’était plus dur que d’autres de me contenir. Je passais mes deux mains sur mon visage comme si je pouvais enlever ce masque de connerie, Norah allait sûrement me prendre pour un fou de rire ainsi, je devais me forcer à me calmer. Tout de même, penser que j’étais maudi puisque j’avais perdu deux femmes importantes dans ma vie par le feu, feu pour lequel j’éprouvais une affinité puisqu’un feu ne cessait de grandir en moi chaque jour. Il m’était parfois difficile de me contenir, oh oui parfois j’aimerais tout exploser autour de moi et laisser jaillir cette colère et cette haine mélangée à de la tristesse que je ressentais au quotidien, mais au lieu de tout laisser ça exploser, je me contentais de ne pas bouger en essayant d’attiser le feu car je n’étais pas quelqu’un comme ça, oh non ça n’aurait pas plu à Joanne de voir cette facette de gamin brisé. Je relevais le regard et accueillais bras ouverts Norah, nichant alors mon visage dans ses doux cheveux dont l’odeur m’apaisait tant. Je fermais un instant les yeux et soufflais longuement, grâce à elle, le feu venait à nouveau de s’apaiser. M’en rendant compte, je rouvrais les yeux, presque apeuré de cette sensation. J’avalais alors ma salive lorsqu’elle se décollait et plongeais mon regard bleu dans le sien. « Je n’ai jamais réussi à te fuir, je n’ai jamais pu, même si je savais que ta peine rejoindrait la mienne. Tu es quelqu’un d’exceptionnelle Norah, je n’en ai jamais douté, une personne rare, que l’on ne trouve pas à tous les coins de rues tu sais ? » Au fond je me disais que Joanne l’aurait apprécié, oh oui si elles s’étaient rencontrées, elles auraient sûrement été de très bonnes amies. Je lui adressais un large sourire avant de remettre une des mèches de ses cheveux derrière son oreille. « Je suis heureux de t’avoir dans ma vie Norah. »
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Seeley & Norah

Je n’en revenais pas qu’il puisse croire à cette histoire de malédiction. Enfin, y croire, c’est un bien grand mot. Mais rien que le fait que cette idée est seulement pu lui effleurer l’esprit et cheminer à l’intérieur de lui, ça me rendait malade. Il n’avait juste pas eu de chance dans la vie, et il semblait comme condamné à se sentir responsable pour ce qui était arrivé à Joanne, à cette femme qu’il avait aimé et qu’il avait perdu. Il me donnait l’impression d’avoir complètement perdu espoir, comme si peu importe ce qu’il allait lui arriver, le sort finirait toujours par se retourner contre lui. Notre peine s’était certes rejointe au départ, lorsque nous nous étions rencontrés, mais à présent, au moment même où je commençais moi-même à réapprendre à vivre, il me paraissait sombrer encore plus dans les tréfonds de son âme torturée… Son rire me fendit le cœur. C’était un rire qui résonnait comme un cri, comme une supplication que je ne pouvais tolérer, encore moins supporter. Je me battais dur comme fer contre les larmes qui s’amassaient derrière mes paupières, profitant de son torse comme d’une cachette. Il était déjà au plus bas, je ne voulais pas qu’il se sente en plus responsable de la peine que je ressentais, ou plutôt de sa peine qu’il m’avait communiqué. Lorsqu’il commença à me dire à quel point j’étais exceptionnelle – quelle ironie – ce fut à mon tour de laisser échapper un rire de non-convaincue, et de fuir son regard. Moi, une personne rare ? Moi, quelqu’un d’exceptionnelle ? C’était bien la première fois que l’on me faisait ce genre d’éloges, et j’avais un peu du mal à y croire. Non que je le prenais pour un fou – quoique – mais je ne me reconnaissais pas du tout dans cette définition, et plusieurs personnes à ma connaissance auraient été prête à témoigner dans ce sens. J’en avais fait souffrir plus d’un dans les dernières années de ma vie, on m’avait qualifiée de monstre, de débile mentale ou encore de salope. Mais d’exceptionnelle, jamais. « Je ne suis pas si exceptionnelle que ça, tu sais, tentai-je pour chasser le malaise qui s’était insinué en moi. C’est même plutôt tout le contraire… » Je m’arrêtai, coupé dans mon élan par sa main repoussant une mèche de mes cheveux. Un geste tout simple, mais emplie d’une certaine tendresse que personne n’avait eu à mon égard depuis bien longtemps. Je plongeai à nouveau mon regard dans le sien, scrutant ses iris à la recherche de quelque chose qui m’aiderait à comprendre cette tendresse si soudaine, mais rien. Juste un sourire. Et cette phrase qui me chamboula par sa sincérité. « Moi aussi, Jarod. Moi aussi… »

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❝ So good to see you
my friend. ❞
NORAH & JAROD.

J’étais persuadé de ne pas avoir une bonne vie, que je n’en aurais jamais d’ailleurs. Le bonheur s’écartait de moi, non pire que ça, il avait l’air de me fuir en prenant ses jambes à son cou. Chaque fois que je l’effleurais, à chaque fois que quelque chose arrivait de bien dans ma vie, il fallait que quelque chose d’encore pire déboule et massacre tout. C’était sans doute pour ça que j’étais devenu frileux du bonheur, que je le laissais me fuir sans bouger et que je me contentais de regarder dans une autre direction comme si de rien n’était. Norah avait l’air d’aller mieux, son voyage à Paris lui avait fait apparemment du bien et à vrai dire, ça m’en faisait aussi de la voir ainsi. J’avais envie de sourire, de la prendre dans mes bras, pas pour la féliciter d’être mieux et d’avoir passé une étape mais … jusqu'à parce que j’en avais envie, rien d’autre. Je restais là, sans bouger, à l’entourer de mes bras et je pensais à Joanne, puis à Siméon et ensuite à Norah et moi. On partageait la même tristesse et cela nous avait rongés à l’intérieur. La brune était en voie de rémission quant à moi… je m’enfonçais, je croisais encore un peu plus chaque jour pour rejoindre le noyau de cette Terre ou les enfers… Je me demandais soudainement, à quand ? À quand cette période où j’irais moi aussi beaucoup mieux, un jour proche j’espère, si ce jour existait vraiment. « Ne laisse pas les gens te persuader d’être quelque chose que tu n’es pas. » Pour moi c’était sa Norah, une femme douce et aimante, certes elle avait fait ce qu’elle pourrait appeler des erreurs dans sa vie mais c’était justifié et puis après tout, que le premier qui n’en a pas fait lui jette la pierre, je doute qu’elle se fasse lapider, honnêtement. Je remettais alors une mèche de cheveux tout en plongeant mon regard dans le sien, laissant un ange passer entre nous. Je n’arrivais pas à réfléchir, mes pensées se mélangeaient complètement. « Et si pour une fois… on faisait quelque chose de différent ? Je veux dire, à chaque fois qu’on se voit, on ressasse notre peine autour d’un verre… Et si ça changeait, enfin… ? » J’ignorais à quoi je pensais réellement, une sortie, un restaurant, un truc divertissant, quelque chose sortant de l’ordinaire quoi…
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