Une rencontre intéressante ce soir.
" Ca te ferait trop plaisir " Et mes prunelles, étincelles, se relèvent vers les siennes, tandis que je souris de plus belle. Il me taquine de par son regard, ses mouvements et ses lèvres qui s’étirent, en moi j’enfouis un rire. Mordillant ma lèvre inférieure volontairement, parce que je sais qu’aux hommes ce mouvement peut donner des idées. A la vérité je commence à jouer sans même pouvoir me contrôler, le fait comme une routine à laquelle je suis un tant soit peu habituée.
« Peut-être bien. » Je hausse les épaules en toute innocence avant de prendre sa réelle commande.
Me voilà donc en train de confectionner son cocktail, et le regarde en biais, observer – j’en suis certaine – toutes les filles qui peuvent se trouver dans l’habitacle pour la soirée. Je l’imagine autant dragueur qu’avant, d’ailleurs je ne pense pas avoir tort, au vue de la première phrase à mon égard qu’il m’a servi, aussi épicée que la boisson que je m’apprête à lui servir. C’est à ce moment qu’il me questionne au sujet de ce que je deviens, de quoi sont fait mes demains. Non sans un sourire je lui réponds, sans être pour autant lassée de ce qu’est mon métier, me réjouissant toujours intérieurement, d’avoir pu le choisir avant d’être confrontée à reprendre le contrôle de la grande société.
" T'as l'air de déjà savoir y faire. Donc, ce n'est pas tellement de l'apprentissage la. " Sur le coup, j’avoue ne pas savoir comment réagir à sa phrase, est-ce que c’est un compliment, de dire à une fille qu’elle est douée, pour remplir un verre ? Comme si j’en avais quelque chose à faire. Mais comme il sourit, je me dis que je me fourvoie, qu’il n’est aucunement méchant envers moi.
« Bon d’accord, je t’avoue un petit secret, je suis là depuis quelques mois. » Années, à la vérité. Mais mon ton est ironique, malgré moi, puisque c’est un secret, sans l’être, n’est-ce pas.
" A défaut de faire quoi? " Et là, je me mets à rire un peu, face à son sérieux. Quand ma précédente réplique était une blague qui apparemment a foiré.
« Je parle de manier d’autres manches, si tu vois ce que je veux dire ? » C’était de mauvais gout, certes, mais quand même, je pensais pas devoir m’expliquer. Il n’y avait là, aucune révélation sur le grand sujet de mon avenir aux commandes de mon héritage, ni même de mon futur mariage.
Son cocktail terminé, je me permets alors une supposition sur sa carrière et ce qu’il est devenu, ou plutôt, ce que je le voyais devenir, à l’époque où nous nous sommes connus. Et devant sa mine étonnée, je me permets de sourire un peu plus grandement, parce que je devine que j’ai tapé en plein dedans. Il se redresse et me demande en se moquant, gentiment.
" Excuse, mais tu lis dans les cocktails? Tu pourrais me dire mon avenir la? " A son rire je réponds par le mien, en secouant le visage de façon négative, bien que je suis presque persuadée pouvoir être capable de définir la suite de sa soirée. C’est avec une fille qu’il va la partager.
" Tu as visé juste. Je suis professeur de sport, avec assez d'argent pour me permettre les meilleures choses de la maison. D'ailleurs, il y a des trucs que tu me conseillerais de consommer ici? " Fugace et rapide me vient une étrange pensée au sujet de ce qu’il pourrait consommer, et mes lèvres s’étirent de plus belle au moment où les siennes se posent sur le verre et qu’il me demande.
" Huum... Excellent! Je te dois combien? " Je pince mes lèvres en réfléchissant l’espace de quelques secondes seulement.
« 28$ » claque ma langue au moment de lui donner son prix.
Après qu’il me tende un billet, et qu’en bonne serveuse je lui donne sa monnaie, je décide de rester quelques secondes de plus, prolonger nos retrouvailles et provoque un peu c’est vrai notre tête à tête. Je le fais, tout en me disant, que pour l’instant l’affluence au bar et moindre, et que de toutes les façons ils s’en sortiront sans moi.
« Prof de sport … » je lui dis au moment où mes coudes viennent se poser sur les rebords du bar, s’abaisse mon corps, courbe le dos, et mes mains se posent sous mon menton, ma peau.
« Je serai curieuse de savoir le nombre d’étudiante qui t’a cédé. » Maligne, je mords mes lèvres en souriant, et ne prends aucune pincette pour lui exposer le fond de ma pensée.
« Consommer ? Tu parles d’alcool ? » Mes doigts ramènent derrière mon oreille une mèche de mes cheveux.
« Parce que j’ai un très bon whisky, et pour le reste, je te déconseille Melody. » Et les autres aussi. Faut croire que je n’ai réellement pas d’amie.
Emi Burton