(agathe) c'est quoi ton problème ?

Je venais d'être perdu avec les questions d'Agathe. Je ne savais pas quoi répondre, je n'avais jamais pensé à ça. Fallait dire que je ne réfléchissais pas souvent à cela, pour moi, ça se faisait naturellement et au bout d'un moment, je savais ce que la personne valait pour moi. Mais là, je n'en savais rien. Et aucune de mes deux réponses était génial, elles étaient même carrément pourris. Mais je m'étais dit "Bon, c'est Agathe, la gentille Agathe, elle va rien dire". Sauf que là, le mot coincée venait d'attirer son attention et le rire nerveux qui venait de sortir de sa bouche ne me laissait présager rien de bon. Et c'est là qu'elle m'invitait à partir... « Non mais, qu'est-ce qui t'arrive ? Le prend pas mal, fin, tu sais comment j'suis et tu sais comment je parle quand même. » rétorquais-je surpris. Je n'avais pas l'intention de bouger, elle était peut-être surprise là, mais je ne l'avais jamais vexé et je ne pensais pas que ce soit possible de la vexer de toute façon. Puis bon, j'devais pas être la première personne à lui dire ça, si ? « C'était pas méchant, tu sais. Je réponds juste à ta question et j'sors peut-être pas les bons mots mais voilà, fin, j'comprends pas pourquoi tu réagis comme ça. » rajoutais-je en fronçant les sourcils. Enfin, normalement j'aurais compris, car aucune fille n'aimerait que quelqu'un lui dise cela. Mais là, comme c'était Agathe, je n'avais pas réfléchis et je ne voyais pas ce que j'avais fait de mal. J'étais vraiment le plus con des mecs.

Relaaaax, tu réagissais jamais comme ça normalement. Normalement. Mais là, c'était légèrement différent. Peut être parce qu'il te plaisait un peu trop, peut être parce que tu t'étais surprise à le regarder plusieurs fois quand il passait devant toi. Peut être parce que parfois, tu te surprenais à penser à lui alors qu'au fond, tu savais totalement que tu n'avais aucune chance. Alors peut être parce que c'était lui ça te blessais plus que d'habitude. Peut être parce que c'était LUI ça te dérangeait. Et t'aimais pas perdre ton calme puisque ça ne t'arrivais jamais mais tu voulais pas qu'il pense ça de toi. Tu n'étais pas une coincée, tu vivais juste différemment, t'avais juste des passes temps différents, ça faisait pas de toi une personne coincée ni quoi que ce soit d'autre. Et donc ça t'excuses ? C'était trop facile ça, beaucoup trop facile. Il était en train de t'insulter, parce que oui, pour toi c'était à la limite de l'insulte et fallait que tu ne dises rien parce qu'il était comme ça ? Bien sûr que tu comprends pas. Tu comprends pas parce que je suis adorable pas vrai ? Parce que je dis jamais rien et que ça donne le droit à tout le monde de dire tout et n'importe sur moi. C'est pas grave après tout, Agathe elle laisse tout le monde parler sur elle sans jamais rien dire alors allons y pas vrai ? Agathe c'est une coincée, une sainte nitouche pas intéressante qui n'a aucune vie et qui n'arrive certainement pas à la cheville de sa soeur. Va t'faire foutre Rhodes et vas t'en de ma table.

Elle était en train de péter un câble. Je comprenais pas, il fallait avouer que je ne m'y attendais absolument pas. J'étais peut-être allé un peu trop loin dans mes paroles, mais j'avais tellement l'habitude de la taquiner, que je ne voyais pas ce que j'avais réellement dit de mal. J'écoutais ses paroles, son monologue et je me rendais compte que mes paroles avaient sûrement été les paroles de trop. Jamais je n'avais entendu dire qu'elle pouvait péter un câble de cette manière et évidemment, il fallait que ça tombe sur moi. D'un coup, j'trouvais qu'elle ressemblait à sa soeur niveau caractère. « Sérieusement Agathe ? Ca va, j'ai rien dit de si méchant ! J'vais pas partir comme ça, sinon on ne se reparlera jamais. C'est vraiment ce que tu veux ? Tu ne veux plus entendre parler de moi ? Tu ne veux plus qu'on s'adresse la parole ? Juste à cause de certaines paroles un peu trop méchantes, ce que je fais avec tout le monde, preuve que je te traite exactement comme tout l'monde. Mais tu sais quoi, dis-moi que tu veux plus que j'te parle et j'te parlerais plus, c'pas grave, j'arriverais très bien à vivre sans toi. » m'exclamais-je en soupirant. Je pensais pas vraiment ce que je disais, mon espèce de monologue, je ne le pensais absolument pas. Mais ça, je ne m'en rendais pas encore, pour l'instant je pensais que c'était vrai, pour l'instant je pensais que j'en avais rien à foutre d'elle et que je lui parlais juste comme ça, quand j'la croisais. Mais ça, c'était totalement faux.

Va te faire foutre. Tu venais réellement de dire ça ? Fallait croire que oui et pourtant, c'était absolument pas toi. Toi, tu disais pas d'insulte. T'étais pas méchante avec les gens parce que tu détestais ça mais merde, il venait de te blesser et il n'avait pas le droit. Pourquoi fallait-il toujours que les gens te catégorise de la sorte alors que tu demandais rien à personne. T'en avais assez et ça faisait mal parce que c'était lui encore une fois. Pourquoi est ce que tu accordais tant d'importance à ses paroles ? T'aurais pas du être touchée comme ça, c'était pas normal et toi même tu ne comprenais pas. Et à son tour il se lançait dans un monologue qui t'faisais mal et grincer des dents en même temps. Bien sur qu'il s'en fichait, bien sur qu'il s'fichait de toi parce que c'était ce que tout le monde faisait. Alors barre toi ! Ou non, c'est moi qui m'en vais. Tu te redressais soudainement pour mettre tes paroles à exécution. Je me fiche que tu ne me parles plus parce que t'es qu'un idiot. Parce que t'as aucun intérêt et que moi aussi j'vis très bien sans toi. Tu représentes rien et ça sera jamais le cas parce que ça serait de la stupidité de t'accorder un tant soit peu d'importance. Alors oui, moi aussi je m'en fiche. Et c'était terriblement faux parce que tu savais que tu lui accordais de l'importance, parce que tu savais qu'il comptait plus que ce que tu n'aurais voulu mais que ça ne servait à rien et qu'il était peut être mieux de tirer un trait.

Tout ça, c'était dingue. J'aurais jamais cru en me levant ce matin que je me prendrais la tête avec Agathe, surtout à ce point-là. Elle pétait vraiment un câble et je me demandais si elle avait déjà dit à quelqu'un ce genre de choses, avec des mots aussi forts ou si j'étais la seule personne contre qui elle pétait un câble. Puis, elle commençait à vraiment m'insulter, en disant carrément que j'étais un idiot et je devais avouer que ça me faisait mal. Pourquoi ? Je n'en avais absolument aucune idée. C'était d'ailleurs un peu étrange, mais je ne faisais pas trop gaffe sur le coup à ce que je ressentais réellement et je ne pensais qu'à la colère qui augmentait de plus en plus en moi. « Et bien casse toi Agathe, je t'en prie, fait toi plaisir puisque je ne suis qu'un idiot et que je sers à rien ! » m'exclamais-je énervé, la fixant droit dans les yeux. Ca faisait longtemps que je ne m'étais pas énervé comme ça sur quelqu'un, je m'étais calmé ces derniers temps, mais là, elle me mettait hors de moi. « Après tout, un mec comme moi n'a pas à traîner avec une coincée comme toi. » rajoutais-je sur un ton très sec. Vu que j'avais cru comprendre que c'était le mot coincée qui lui avait fait péter un plomb, j'en rajoutais une couche, en grand connard que j'étais. Maxine allait me tuer, elle allait vraiment m'en foutre une quand je rentrerais et qu'Agathe lui aura raconté tout ça. Mais peu importe, j'assumais ce que je disais. Du moins, je l'assumais sur le moment même...

Ouais voilà, résolution du jour : tirer un trait sur Adriel parce que 1) il était plutôt méchant dans son genre 2) il ne s'intéresserait jamais à toi et 3) c'était plus facile de tirer un trait sur quelqu'un quand on le détestait. Alors oui, ta solution c'était de le détester et c'était plutôt bien partit pour le coup. Peut être que tu envenimais légèrement les choses en pétant les plombs de la sorte mais il devrait s'estimer heureux que ça soit toi et que tu ais pour habitude de ne pas dire grand chose parce qu'il était clair qu'avec quelqu'un d'autre en face, les choses auraient dérapés depuis beaucoup plus longtemps. Mais c'est ce que je fais, t'inquiète pas pour ça. T'ajustais ton sac sur ton épaule prête à tourner les talons pour la peine. T'avais plus rien à lui dire, tu voulais même ne plus jamais lui parler de ta vie et ça serait encore probablement plus jouissif si tu ne le recroisais pas mais ça, c'était compliqué puisqu'il vivait avec ta soeur jumelle. Tristesse. Et alors que t'étais vraiment prête à t'en aller, il lançait une dernière phrase assassine qui avait le don de t'achever. Tu t'mordais la lèvre avec force pour ne pas fondre en larme avant de secouer la tête. Après tout, t'aurais du t'en douter, il pensait certainement ça depuis le début et n'attendais que le bon moment pour te le lancer au visage. T'es qu'un con. Phrase aussitôt ponctuée d'une gifle bien mérité et aoooutch, ça faisait mal quand même mais tant pis, il l'avait cherché. J'te déteste Adriel. Et sous le regard des clients, tu tournais enfin les talons en direction de la porte de sortie.

J'me rendais absolument pas compte de ce que je disais. C'était la colère qui parlait, je ne réfléchissais pas et je sortais les premières paroles qui me venaient à l'esprit. Et autant dire que ces paroles là n'étaient absolument pas les plus tendres. Mais elle m'énervait, elle me rendait complètement dingue sur le coup et je ne savais absolument pas pourquoi ça m'énervait autant. J'avais déjà eu des disputes avec pleins de gens, bien plus importantes que celle-ci, bien plus violentes et pourtant, celle-ci de dispute, elle me faisait monter en pression hyper vite. Je la regarde prendre ses affaires, prête à partir et alors qu'elle m'insulte une nouvelle fois, une gifle venait avec sa phrase. Putain, elle m'avait pas loupé, j'en revenais pas, j'restais comme un con, ma main posée sur ma joue et je la regardais partir. Aucun mots ne sortaient de ma bouche, j'étais juste.. totalement perdu. Tout ça, c'était incompréhensible, la scène qui venait de se produire était inimaginable. Je ne savais pas comment réagir, je ne savais pas si je devais être encore plus énervé, la détester ou alors me remettre en question, réfléchir à tout ça. En fait, là, tout de suite, j'avais juste envie de me lever, de la rattraper et de lui demander pourquoi elle réagissait comme ça avec moi. Mais j'étais incapable de me lever, de bouger. Je ne pensais qu'à une seule chose : et si je prenais cette dispute beaucoup trop à coeur ?