Happy to see you • JAEY

Je dévisage du regard le jeune homme, j'ai envie de connaitre ses secrets, ses nouveaux secrets, ceux qui sont arrivés depuis qu'on se disait tout. « Comment t'es trop sûr de toi... » Sauf que s'il n'a pas tort sur le fait que je ne peux que très rarement penser à lui négativement, il va avoir tort sur le fait qu'il pourra partir une fois endormie. Je me blottie sur le côté, là où son bras est relevé derrière sa tête. Je me fiche s'il ne passe pas son bras autour de moi, là je suis mieux. « Tu vas t'endormir avant moi... » Et si ce n'est pas le cas, il ne prendra surement pas le risque de me réveiller. « Ca fait pas rêver ce milieu hein ? Tu vois que j'ai bien fait de t'épargner ça... » Pourtant il est là, toujours là, toujours présent. Mon souffle devient plus régulier, je suis à la limite de m'endormir mais je lutte pour entendre sa réponse.

Sûr de moi ? Toujours. Chacun son mode de survie, et c'est le mien. Je note que tu ne me contredis pas, provoquant un petit sourire sur mes lèvres. Qui ne fait que s'aggrandir quand tu viens te blottir pas loin, plutôt près, contre même, moi. « Vraiment, tu veux prendre les paris ? » Et, comme un automatisme qui ne veut pas s'en aller, referme la bulle en passant son bras autour de la belle somnolente. C'est un peu comme avant, et c'est des choses qui reviennent vite en mémoire. Le bien-être ressenti, aussi. Le fait qu'il sait déjà, à ce moment là, qu'il ne se relèvera pas avant demain matin. « Non t'as pas bien fait. » Et j'ai même pas à rouvrir les paupières pour m'en assurer. Je sais que jamais, me cacher ta maladie n'a été une bonne idée. Il murmure, se bercant avec son pouce qui caresse la peau féminine. « C'est pas.. un truc sympa à vivre, mais j'le voulais. J'le veux toujours. » Je me rattrape un peu maintenant, du coup.

« Tu gagnes toujours Jasper ! » Je lui file un petit coup dans les côtes, je sais que j'ai toutes mes chances de gagner cette fois enfin c'était sans compter mes yeux lourds qui ne m'aident pas. Je sens son bras s'enrouler autour de moi et sa main caresser mon épaule. Il ne fait rien pour que je ne m'endorme pas. Il triche. « Je suis désolée... » Il réitère son envie d'être présent, une envie qu'il peut réaliser cette fois parce que je lui laisse prendre cette place, une place qui lui revient de droit, une place qu'il arrive presque à mieux occuper que Priam. Jasper est plus fort, il est moins effrayé, il me soutient sans montrer qu'il a les mêmes peurs que moi, c'est ce dont j'ai besoin. C'est sur ce constat que mes muscles se détendent et que je finis par sombrer complètement, paisible à ses côtés. Je dors bien cette nuit là, mieux que les autres. Mais les réveils sont toujours les mêmes ici, les infirmières à sept heure, c'est tôt, beaucoup trop tôt. On fait un bon tous les deux, on a le droit à un petit regard noir et on dépose mon plateau de petit déjeuner. Je jette un regard à mon ami : « Je crois que j'ai gagné cette fois non ? »

S'amuse d'un sourire en coin. Ouais, c'est vrai, je gagne toujours. Ou presque. Y a des fois où je me vautre et je morfle. Tu vois, là, je gagne pas, avec toi dans ce lit d'hôpital. Et j'aime pas t'entendre dire que tu es désolée. Comme seule réponse, serre son étreinte d'avantage. On aura toujours cette même conversation, et on est pas prêt de chacun changer d'avis. Le principal c'est le présent, et là, il s'agit de rendre les journées moins difficiles, les nuits plus paisibles. Elle l'est pour Jasper en tout cas, qui s'endort tranquillement. Après ou avant Joey, il est bien incapable de le savoir. Ce qu'il sait, c'est que ses yeux brûlent quand on vient le sortir de ses songes. Que l'odeur d'hopital est désagréable au réveil, ainsi que le visage de l'infirmière, qui le scrute. Il répliquerait presque, si son cerveau ne lui rappelait qu'il était le fautif, et qu'il avait déjà de la chance que la sécurité ne l’escorte pas à l'extérieur. « J'ai pas le droit à un petit-déjeuner moi ? » Qu'il ose tout de même, se ravisant tout de suite après. Se redresse dans le lit, la taquinant d'un : « T'as triché aussi ! Je pouvais pas partir vu comme t'étais couchée. » J'ai pas essayé ni voulu, certes.