(graham) ○ study and learn

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Graham && Camille

Le jeune homme était tranquillement chez lui, feuilletant un journal sans vraiment prendre le temps de le lire. Il attendait plutôt quelqu’un. Ce soir, il devait donner quelques cours de français à l’une de ses connaissances. C’était l’une de ses matières favorites et s’il pouvait aider, c’était toujours avec grand plaisir. Surtout qu’il n’avait aucun mal à le parler étant donné qu’il avait vécu pendant deux ans en France et que sa mère était d’origine française. Il maitrisait autant sa langue natale que celle-ci. Camille se passa une main dans les cheveux en soupirant. L’autre garçon devait arriver dans un quart d’heure environ et il ne savait pas quoi faire. Il avait commencé à ranger un peu le foutoir qui se trouvait dans son salon mais avait vite abandonné. Le rangement, ce n’était pas du tout son truc. Il devrait peut-être inviter son père qui lui offrirait sûrement les services de la femme de ménage et même s’il appréciait l’idée que quelqu’un rage derrière lui, il ne voulait surtout pas devoir quelque chose à son paternel. Moins il le voyait, mieux il allait. Ce n’était guère l’entente entre les deux et par chance, celui-ci était bien trop occuper avec son travail en Allemagne pour venir son fils. Il secoua la tête afin de chasser ses sombres pensées, il n’avait pas envie de penser à lui. il comblait son absence par l’argent, c’était d’ailleurs lui qui lui avait payé son petit appartement et qui lui versait sur son compte l’argent du loyer. Camille quitta son canapé, s’étirant légèrement. S’il restait assis, il finirait sans doute pas s’endormir. Il se dirigea vers la cuisine, il aimait bien la structure de l’appartement, aucun mur ne séparait le salon de la cuisine, juste un petit muret qui faisait office de petit bar vu le bazar qu’on pouvait y trouver dessus. Il ouvrit la porte de frigidaire, cherchant quelque chose à grignoter et grimaça. Il allait devoir faire les courses et il détestait ça. L’attroupement, ce n’était pas son truc. Il évitait les mouvements de foule. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il avait refusé de rejoindre une confrérie, il était bien trop réservé pour faire partie d’un groupe. Il referma le frigo avec son pied en soupirant et il regarda son téléphone, surveillant s’il n’avait pas un message. Vu qu’il était toujours en silencieux, il répondait toujours avec deux heures de retard. Alors qu’il était en pleine lecture d’un message de sa mère, il entendit quelqu’un frapper à la porte et alla ouvrir. « Graham ! Mais entres. » dit-il avec un sourire, s’écartant pour le laisser entrer.

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Quelle idée de se rendre à un cours particulier après une telle journée de travail. Je n’en peux plus et j’entends déjà les langues de vipère me dire qu’être maitre-nageur n’a rien de fatigant. Alors oui, peut-être que je ne me casse pas le cul à l’usine au quotidien, mais croyez-moi, ce métier est loin d’être le plus calme. Je passe des heures à analyser tout le monde, à me tenir prêt à agir à la moindre petite alerte, au moindre mouvement suspect. Mes collègues et moi nous passons nos journées à tourner autour des bassins comme des requins à la recherche d’un bon casse-dalle, être sur le qui-vive en permanence épuise bien plus que lorsqu’il y a de l’action. Il est encore tôt, quelque chose comme vingt heures, peut-être un peu plus, je n’en sais rien j’ai oublié mon téléphone, mais j’ai passé les dix dernières heures à la piscine et je me suis rajouté deux heures supplémentaires pour donner des cours de natation. Attendez… Que devrais-je dire de Camille si je me plains déjà d’avoir aidé des enfants à nager, lui aussi pourrait s’indigner de devoir me donner quelques cours de langue française à une heure aussi avancée de la journée. Le français, allez savoir pourquoi mais j’ai toujours été attiré par cette langue étrangère, ce n’est pourtant pas la plus chantante, l’espagnol est bien plus agréable à écouter, mais c’est pourtant vers elle que je me suis tourné pour mettre un pas dans les langues étrangères. Camille a choisi le parfait moment pour parler en français au téléphone ce jour-là, sans savoir comment il allait réagir je l’ai abordé pour lui demander s’il parlait couramment français et, de fil en aiguille, je lui ai proposé de le payer pour m’aider à progresser. Quel cheminement inhabituel et pourtant, me voilà ce soir, à sa porte, à attendre un signe de vie pour me mettre au travail. « Graham ! Mais entres. » La porte s’ouvre, le sourire de Camille m’apporte immédiatement une certaine chaleur, je ne me fais pas prier pour le rejoindre et l’enlacer amicalement. « Comment tu vas ? » Politesse oblige, qui se préoccupe vraiment à cent pourcent de la personne lorsqu’on demande cela ? « J’ai apporté de la bière, on ne sait jamais, ça pourrait m’aider à retenir ! » Ou pas, c’est juste une occasion de boire un petit coup. Et dire que je pourrais retourner en prison pour cela, Camille n'a pas l'âge légal pour consommer de l'alcool après tout.

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Cela ne dérangeait pas Camille de donner des cours particulier et encore moins de français. Il aimait beaucoup cette langue qui lui rappelait un peu son chez lui. Et au moins, il pouvait ainsi s’occuper quelques soirs parce que par moment, c’était vraiment l’ennui le plus total. Certes, il pouvait bosser sur certains cours en avance ou quelques devoirs mais étant donné que c’était la rentrée, les professeurs n’étaient pas encore trop sadiques. Ils donnaient juste quelques chapitres à lire afin qu’ils puissent avancer le début du programme. Du coup, c’était rapide et Camille se retrouvait bien vite sans activité. Il pouvait toujours regarder la télévision, se renseignant ainsi des informations dans le monde mais il avait cette manie de ne jamais pouvoir rester longtemps sur la même chaîne. Il fallait toujours qu’il zappe à un moment donné, il se souvint que cela agaçait particulièrement sa mère qui plongée dans un programme avait eu la surprise de se retrouver dans un autre film. Un sourire apparut sur ses lèvres à ce souvenir, c’était pendant ce genre de soirées qu’il aurait bien aimé avec une présence à ses côtés. Mais ce n’était pas demain que cela arrivait, les filles et lui ne faisaient pas bon ménage, il n’était pas associable mais par moment on pourrait facilement le croire vu son comportement. Le jeune homme se passa une main dans les cheveux avant d’aller ouvrir la porte. Il ne peut s’empêcher de sourire en voyant la personne derrière la porte, en même temps il se doutait bien que c’était lui. Qui viendrait frapper à sa porte si ce n’est pas lui ? Le jeune homme s’écarta afin de le laisser entrer, lui donna une légère accolade avant de renfermer la porte. « Ça va bien et toi ? » dit-il en secouant les épaules. Camille n’avait guère envie de débattre sur l’ennui profond qui l’habitait depuis plusieurs heures. Après tout, ce n’était pas vraiment important de savoir qu’une fois chez lui, il n’arrêtait pas de faire les cent pas. « Promis, tu ne vas pas en avoir besoin, je suis un bon prof et tu vas être passionné par mes cours. » dit-il avec un petit sourire amusé. Il le conduisit jusqu’à la pièce principale et il fit un geste de la table pour lui montrer la table. « Vas-y installes, fais comme chez toi. Je te sers quelque chose à boire ? Autre que de la bière bien entendu. » D’ailleurs, il ne savait même pas sil en avait dans le frigidaire.

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Au quotidien j’ai besoin de me trouver des défis en permanence, il me faut toujours quelque chose, du pain sur la planche, un petit détail à travailler. Mes cours de psychologie me laissent penser que ce besoin de me maintenir toujours occupé exprime une détresse, un besoin de fuir le passé, de ne pas s’offrir le temps nécessaire pour ressasser de mauvais souvenirs. Ils ont peut-être raison, je n’aime pas avoir le temps de réfléchir à ma vie, désastreuse, j’ai déjà tellement traversé à mon âge, brûlé tellement de cartouches que chaque décision que je prends me fait craindre de perdre tout ce qu’il me reste. J’ai déjà fait banqueroute une fois, pas deux, il en est hors de question. Mon défi culturel du moment, franchir la barrière linguistique et apprendre à maitriser plusieurs langues. La base pour voyager convenablement et parvenir à réaliser mon second objectif de l’année, partir en France pendant une bonne partie de l’été. Il me faudra économiser énormément, peut-être même augmenter le nombre d’heures que je fais à la piscine mais ça ne m’inquiète pas. Rien n’est impossible lorsque l’on a une idée en tête et une motivation en béton. La preuve ? J’ai déjà fait quelques progrès depuis nos premières leçons, nous n’en sommes qu’à la troisième, peut-être bien la quatrième, mais je maitrise déjà quelques points essentiels. Je sais me présenter et poser quelques questions bien utiles lorsque tu es paumé en plein milieu d’une ville. « Ça va bien et toi ? » J’acquiesce, pas du genre à me plaindre dès que l’on m’en donne l’occasion. « Crevé, mais ça va ! » Toujours voir le bon côté des choses, percevoir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Avoir passé trois ans en prison, être passé par tellement d’épreuves là-bas m’a appris à relativiser. « Promis, tu ne vas pas en avoir besoin, je suis un bon prof et tu vas être passionné par mes cours. » Un sourire narquois étire mes lèvres. « Tu crois ? Je demande à voir ! » Je le taquine plus qu’autre chose cela dit, je ne serais pas là s’il ne m’intéressait pas un minimum avec ses cours. « Vas-y installes, fais comme chez toi. Je te sers quelque chose à boire ? Autre que de la bière bien entendu. » Je tire la chaise près de la table pour me laisser la place suffisante afin de m’installer et sors de mon sac de sport, dissimulé entre mes affaires de piscine, un bloc-notes et quelques stylos. « Je veux bien un verre d’eau, merci ! »

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Graham && Camille

Camille se trouvait assez chanceux d’avoir deux parents de différentes origines. Il avait pu ainsi apprendre deux langues facilement. Sa langue natale était l’allemand bien entendu ayant pratiquement vécu toujours là-bas et le français. L’ironie de la chose, c’était qu’en anglais, il lui arrivait parfois de chercher des mots et son accent ressortait. Surtout quand il ne faisait pas vraiment attention où qu’il était bien parti à discuter. Dès qu’il commençait à un peu trop s’emballer, il avait tendance à mélanger les trois langues et cela donnait quelque chose de vraiment incompréhensible. Même si lui ne s’en rendait pas compte ou alors après lorsqu’il regardait la personne d’en face qui le regardait comme s’il était un extraterrestre. Ce qu’il était un peu sûrement. Mais il savait que maitriser plusieurs langues pour son futur métier serait un petit bonus. S’il devait voyager dans le monde pour rencontrer et interroger des peuples, valait mieux pour lui de savoir communiquer. Bien qu’à la base, il était assez réservé mais c’était son rêve, ce métier et il ferait tout pour y parvenir. Quitte à se forcer à s’ouvrir aux autres. Et c’était ce qui se passait actuellement, il avait accepté de donner des cours de langues et pour le coup, il avait été surpris de découvrir qui était son élève. Mais il avait fait comme si de rien n’était. « Ah, journée fatigante ? » dit-il sur le ton de la conversation. La sienne l’avait été mais non pas par la dose de boulot mais par l’ennui qu’il avait pu ressentir. Il se passa une main dans les cheveux avant qu’ils ne se retrouvent dans le salon. Il avait eu l’idée de donner des cours sur un coup de tête vu qu’il arrivait bien à parler dans cette langue, autant en faire profiter les autres. Surtout que la langue française était la plus belle à ses yeux. « Tu doutes ? Alors là tu me blesses vraiment ! » dit-il en le regardant faussement choqué avant de laisser afficher un sourire amusé. Puis, Camille le laissa tranquillement s’installer avant de lui demander s’il voulait boire quelque chose, en espérant qu’il ne demande pas une boisson spécifique parce que son frigidaire était plutôt vide. Dommage qu’il ne suffisait pas de le fermer pour qu’il se remplisse de nouveau. « Je vais te chercher ça. » dit-il avec un sourire avant de contourner le comptoir et d’ouvrir le frigidaire pour trouver une bouteille d’eau. Il lava rapidement deux verres – parce que sa vaisselle s’empilait alors qu’il n’avait juste qu’à les mettre dans le lave-vaisselle – puis les emporta sur la table de travail. Il servit les deux verres avant de s’assoir. « Tu veux qu’on commence par quoi ? »

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Graham && Camille

Il m’arrive d’éprouver une certaine lassitude lorsque je m’arrête sur mon quotidien. Le métier que j’exerce en extra-scolaire est enrichissant mais les heures sont parfois très longues et il devient très rapidement répétitif… Comme la plupart des métiers ais-je entendu dire. Mes études, bien qu’intéressantes, me captivent chaque année un petit peu moins. Peut-être est-ce parce que je commence à atteindre mes limites ? Les études ça va bien un moment mais il y a tellement plus à découvrir dehors. Je crois que c’est parfois ce qui me manque, le voyage, la découverte d’autres cultures. J'éprouve un besoin tellement immense de m’enrichir au côté des autres qu’il est difficile de rester des années à Harvard sans broncher. Il le faut pourtant, que je sois ultra-motivé ou légèrement moins partant pour de longues études j’ai conscience que sans un beau diplôme je n’aurais jamais les moyens de tout plaquer pour changer d’air lorsque le besoin se fera sentir de manière trop omniprésente. En attendant, je n’ai qu’à prendre mon mal en patience et m’estimer heureux d’avoir de très belles opportunités. « Ah, journée fatigante ? » J’acquiesce en le congratulant d’un large sourire dévoilant mes dents blanches et durement modulées par l’orthodontiste lorsque j’étais plus jeune. « Ouais, on a eu pas mal de monde à la piscine aujourd’hui, je n’ai pas arrêté une seconde ! » Comment en vouloir à tout ce beau monde ? Il a fallait tellement chaud aujourd’hui qu’il était bien difficile de prévoir autre chose. Se rafraichir est idéal lorsque les températures montent aussi haut. Il n’est néanmoins plus l’heure de débattre sur la journée qui vient de s’écouler, il est plutôt temps de se mettre au travail, le français n’attend pas. . « Tu doutes ? Alors là tu me blesses vraiment ! » Son air offensé me fait plus rire qu’autre chose et je ne me gêne d’ailleurs pas pour le lui signifier en gloussant. « Quel est l’adage ? Ah oui… » Je me racle la gorge et, dans un français très approximatif je lance, provocateur. « Il n’y a que la vérité qui blesse ! » C’est comme ça que l’on dit hein ? Mon accent est pourri, il a clairement du travail. J’accepte volontiers un verre d’eau et lui laisse le temps de revenir avec les outils nécessaire pour nous servir cela. « Tu veux qu’on commence par quoi ? » Très bonne question, je lui dirais bien que c’est à lui de décider, puisqu’il est le prof après tout. « On fait un petit recap de ce que l’on a vu la dernière fois ? Pour voir si j’ai bien retenu ! »

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Graham && Camille

Camille n’est pas quelqu’un de forcément à l’aise avec les gens, il est plutôt du genre réservé. Mais il essaye tout de même des efforts que ce soit lors des cours qu’il donne ou bien dans la vie de tous les jours. S’il souhaitait vraiment devenir journaliste, il fallait qu’il ait la conversation facile et ce n’était pas son fort pour l’instant. Quand il ne connaissait pas, on pouvait facilement compter le nombre de blanc qu’il y avait quand il discutait. Ce qui était étrange parce que dès qu’il connaissait mieux la personne, il pouvait vraiment devenir bavard et ne plus s’arrêter. Le pire, c’était lorsque la discussion tournait sur les voyages alors là il devenait intarissable. Il n’avait guère eu la possibilité dans le passé de voyager mais il espérait que maintenant qu’il était âgé de dix-huit ans, il allait pouvoir rattraper son retard. Du moins, il espérait. Parce que son paternel trouverait sûrement un moyen pour l’empêcher de partir pendant les vacances, il l’inviterait probablement à le voir en Allemagne et sa mère le pousserait à y aller. Elle souhaitait qu’il s’entende bien avec son père mais Camille n’en avait guère envie. Il se souvenait que trop bien des disputes entre eux. « Ils profitent des derniers jours de vacances ainsi que de l’eau. J’aurais peut-être dû faire comme eux au lieu de rester ici. » Sauf que la piscine, ce n’était pas trop son truc. Certes, il savait nager depuis qu’il était enfant mais l’idée d’y aller tout seul, très peu pour lui. Après tout, il ferait le tour du bassin et après ? C’était mieux à plusieurs mais il ne pensait pas que ses amis soient déjà de retour ou qu’ils aient vraiment envie d’aller dans l’eau. Camille croisa les bras en l’écoutant et il ne put que rire lorsqu’il se mit à parler français. Il se mit à applaudir avec un grand sourire. « Oui c’est exacte, bravo. » lui répondit-il en français avant de continuer en anglais pour être sûr qu’il comprenne. « C’est déjà un bon début, bon par contre l’accent, là c’est à revoir. » Camille se mit doucement à rire avant qu’il ne se comporte comme un bon hôte et lui apporte un verre d’eau. Il se passa une main dans les cheveux avant de regarder les feuilles qu’il avait préparées sur la table et but une gorgée de son verre en attendant que l’autre jeune homme réponde. « Oui pourquoi pas, j’espère que tu as bien retenu sinon.. » Il fit semblant d’adopter un visage menaçant – même si c’était vraiment raté, la comédie n’était pas son domaine – avant de reprendre la parole en français. « Alors, peux-tu te présenter ? »

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Graham && Camille

Je suis très content de participer à ce petit cours de français ce soir. Avec mon emploi du temps de la semaine sous les yeux je lui aurai surement proposé un autre soir pour qu’il puisse avoir toute mon attention mais je suis bien trop impulsif et pas assez organisé pour prévoir à l’avance ce genre de choses. Je suis plutôt le genre de mec qui improvise sur le tard avec les cartes qu’il a en main. Il m’est plusieurs fois arrivé de me rendre compte au dernier moment que deux rendez-vous avaient été donnés en même temps, ce genre de moments gênants où tu dois rapidement trouver une solution pour dégoupiller une situation à priori très compliquée à arranger sans bouleverser l’intégralité de ce qui était initialement au programme. Je ne vais cependant pas me plaindre, ce soir je n’ai rien d’autre prévu et je suis pour l’instant suffisamment éveillé et concentré pour suivre une heure, ou deux, de français avec un bon pote. Car oui, je l’apprécie le petit, il est certes plus jeune mais il n’est pas pour autant immature, au contraire, je le trouve très posé pour son âge. « Ils profitent des derniers jours de vacances ainsi que de l’eau. J’aurais peut-être dû faire comme eux au lieu de rester ici. » Il est resté toute la journée calfeutré chez lui, difficile de comprendre un tel comportement avec une telle chaleur. Les dernières grosses journées se trouvent devant nous, d’ici peu de temps nous n’aurons plus un soleil aussi étincelant, la pluie reviendra petit à petit et nous serons obligés de sacrifier d’autres plans pour aller en cours. « Tu aurais effectivement dû faire comme eux, j’aurais pu t’avoir une place gratuite, qui plus est ! » Il n’est pas à quelques dollars près mais tout de même, c’est un bel argument en faveur d’un passage à la piscine non ? Ma petite citation française fait mouche puisqu’il commence à m’applaudir en souriant. Signe que j’ai surement plutôt pas mal travaillé, il me reste encore beaucoup à faire cela dit, surtout sur l’accent. « C’est déjà un bon début, bon par contre l’accent, là c’est à revoir. » Nous sommes d’accord là-dessus, il reste du pain sur la planche, beaucoup de pain ! Une chance que je sois très motivé et bosseur, l’effort ne me fait pas peur. « Oui pourquoi pas, j’espère que tu as bien retenu sinon.. » Il me regarde, menaçant, sans pour autant parvenir à m’effrayer. La faute à son petit gabarit comparé au mien. Il n’est pourtant pas le mec le moins musclé au monde, il l’est juste moins que moi. « Sinon quoi ? » Je poursuis en faisant craquer mes doigts les uns contre les autres, contractant bien mes gros muscles pour avoir l’air menaçant moi aussi. « Alors, peux-tu te présenter ? » Il est temps de rentrer dans le vif du sujet, nous sommes en français à présent et je dois me présenter. « Alors euh… » Je me racle la gorge, hésitant. « Je m’appelle… Graham, j’ai vingt et trois ans, je suis américain et je parle anglais et le français ! » Difficile de ne pas faire quelques fautes de grammaire, je ne suis pas encore suffisamment bon pour les apercevoir.

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Graham && Camille

Camille était heureux de pouvoir enseigner le français à quelqu’un, cela le rattachait un peu à son pays de cœur et il évitait ainsi qu’il ressente trop le manque. Après y avoir vécu pendant deux mois pendant les vacances, le retour à la solitude était difficile. Là-bas, il avait pu profiter de ses proches et cela avait fais du bien au morale et il était plus que motivé à reprendre les cours. Camille était le genre de garçon qui aimait bien prévoir à l’avance son avenir, il n’aimait pas les imprévus. Et son métier, il voulait le faire depuis qu’il était gamin. Il avait toujours souhaité travailler dans ce domaine et rien ni même les critiques de son père lui avait fais changé d’avis. Il faut dire que lorsqu’il le voulait, il pouvait être très têtu et avec son paternel, il ne se laissait guère marcher sur les pieds. Le jeune homme se passa une main dans les cheveux avec un sourire. Il allait sans doute passer une bonne soirée, malgré leurs différences d’âges, il s’entendait bien avec lui. Et heureusement parce qu’il ne se voyait pas donner des cours à quelqu’un qu’il n’apprécierait guère. De toute façon, il aurait sans doute refusé si le courant n’était pas passé. Quoi qu’avec lui, cela aurait été différent, la curiosité l’avait un peu poussé également à accepter. Cam’ avait toujours été un garçon curieux et avec l’âge, son envie de tout savoir avait augmenté. C’était peut-être d’ailleurs pour cette raison qu’il tenait tant à devenir journaliste, être sur le terrain et voir ce qui se passait dans le monde entier, cela avait le don de le fasciner. « Mince, j’aurais sûr, je serais venu direct. La prochaine fois, essaye de m’envoyer un texto et je rapplique direct. » dit-il avant de laisser échapper un rire. Avec cette chaleur, il avait eu la flemme de sortir et de rester en plein soleil. Camille aurait sans doute étouffé en pleine rue, manquant d’air frais pour respirer correctement. Il préférait largement le froid et attendait avec impatience l’hiver. C’était sa saison préférée. Puis, ils commencèrent les choses sérieuses et il sourit en l’entendant parler sa langue. Il se débrouillait plutôt bien et Camille était sûr que dans quelques leçons, il allait pouvoir discuter de tout et de rien avec lui. « Sinon rien, je ne te ferais rien. » Il leva les mains en l’air avec un sourire. En tout cas, normal, il aurait dis qu’il lui donnerait une gifle pour avoir manqué à son devoir mais en le voyant faire craquer ses doigts, il ne put s’empêcher de déglutir. Il était courageux mais pas suffisamment pour affronter un type comme lui. Il ne ferait sans doute qu’une bouchée de lui. Puis Graham se présenta et il l’écouta avec un sourire. « Ça me semble pas mal tout ça, tu te débrouilles bien. T’es juste pas obligé de mettre le avant le français. Tu peux dire : Je parle anglais et français. Mais je trouve que tu as plutôt bien retenu le principal. » Camille sourit en se passant une main dans les cheveux.

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Graham && Camille

J’aime être ici, apprendre de nouvelles choses aux côtés de Camille. Il est rare que je sois aussi passionné à l’idée de faire des heures supplémentaires. Je suis pourtant un étudiant modèle et appliqué, toujours concentré, à prendre des notes et à les travailler après chaque cours. Heureusement d’ailleurs, lorsque j’ai été libéré de prison je suis arrivé à Harvard en plein milieu de semestre, beaucoup avait déjà été fait et je n’ai pu compter que sur moi-même afin de réussir. Mes efforts ont payé puisque j’ai obtenu ma première année, certes en n’étant pas major de promo mais avec une moyenne convenable pour un gars arrivé en cours d’année après trois ans loin de toute sorte d’éducation. On ne peut pas dire que nous soyons poussés à étudier en prison, derrière les barreaux nous apprenons pourtant quelque chose, juste pas ce que les professeurs se tuent à nous enseigner quotidiennement. Là-bas, nous apprenons comment survivre, comment nous méfier de tout le monde, comment ne compter que sur soi-même. J’aurais aimé que l’on me fasse une ou deux petites leçons à ce sujet avant de me jeter dans la fosse aux liens, j’ai appris à mes dépends comment me comporter là-bas. Mon corps en sera marqué pour le restant de mes jours, il se souviendra lorsque ma mémoire me fera défaut des agressions, du coup de tournevis reçu en plein milieu du réfectoire, de la lame de rasoir utilisée pour tenter de m’égorger… Une dizaine de petites cicatrices dissimulées çà et là sur mon corps sont présentes pour ne pas me faire oublier que nous sommes dans un monde dangereux. Pire encore que celles infligées par mon père malgré leur densité plus importante. En parlant de s’imposer, de se faire respecter, je m’amuse à faire flipper un petit peu Camille, lui qui parait si mince à côté de moi. Il n’est pourtant pas le mec le moins musclé au monde. « Sinon rien, je ne te ferais rien. » Il lève les mains en l’air, signe qu’il rend les armes, parfait. Je souris, moqueur et satisfait. « Je préfère ! » Il est temps de se concentrer sur la raison de ma venue, le français, je dois me présenter, nous en sommes à ce point-là dans nos cours. « Ça me semble pas mal tout ça, tu te débrouilles bien. T’es juste pas obligé de mettre le avant le français. Tu peux dire : Je parle anglais et français. Mais je trouve que tu as plutôt bien retenu le principal. » Ne pas mettre le avec français, d’accord, c’est noté. J’acquiesce, concentré et couche ce conseil sur papier, histoire de ne pas répéter cette horreur la prochaine fois. « D’accord, je parle anglais et français. » Nous allons pouvoir débuter la prochaine leçon.

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