Samara & Owen ❖ "So please, don't judge me.."

owara

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Premier jour de cours pour certains. Pour moi c’n’était qu’un jour banal. J’avais cours vers onze heures et il n’était que neuf heures et la demie. J’savais pas pourquoi je m’étais levée si tôt aujourd’hui. J’avais la manie de me réveiller super tôt quand il s’agissait de la « rentrée » et du coup, je passais, la plupart du temps, la matinée à glander. Aujourd’hui, j’avais décidé d’aller me prendre un petit-déjeuner au café Luna. C’était un de mes rituels préférés. Ils servaient des lattes délicieuses et la plupart du temps, j’y faisais de bonnes rencontres. Je rentrais dans le petit endroit chaleureux et reniflait à plein air cette odeur de viennoiserie qui flottait dans la pièce. Inimitable. Je pris place à ma table favorite : tout au fond, à gauche près des fenêtres. De là, j’pouvais voir tout le campus. La serveuse ne tarda pas à me rapporter ma commande : un muffin et un café bien chaud. Alors que je m’apprêtais à boire, j’entendis « Je peux m’assoir ? ». Je relevais instantanément la tête et mon regard se posa sur… « Ryan ? » Non. Sérieusement ?

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Non mais… sérieusement ? Vraiment quoi ? Ryan. C’était Ryan… Ca faisait tellement longtemps que je ne l’avais pas vu... Presque deux ans. A New York, il avait fait partie d’ma vie. Il avait été quelqu’un de très important pour moi. Et d’un jour à l’autre, pouf. Il avait disparu. Totalement. Sans laisser de traces. Il ne répondait ni à mes messages ni à mes appels. J’n’avais jamais réussi à le revoir. Et là. Il était réapparu aussi vite qu’il n’avait disparu. « Owen. C’est Owen maintenant ». J’vois. Il avait changé d’identité aussi ? Ou c’était simplement son vrai prénom ? Peut-être que Ryan n’était qu’un personnage qu’il avait inventé. Il laissa échapper un sourire avant de dire « Tu étudies à Harvard ? » C’était une question que j’mourrais d’envie de lui demander. J’voulais juste savoir ce qu’il foutait ici. « Ouais… » Ca m’faisait vraiment plus que bizarre d’être ici. Avec lui, dans un café, en train de discuter tranquillement. Mon visage ne montrait rien. Je repensais simplement à tout ce que nous avions traversé. Il me sort à nouveau de mes pensées : « Tu es arrivé ici depuis longtemps ? » « Oui, ça fait presque deux ans… Mais, qu’est-ce que tu fiches ici, Owen ? » Pourquoi est-ce qu’il n’était pas à l’armée ? A l’heure qu’il est, il devrait être en Afghanistan ou au Kazakhstan et non ici, sur le campus d’Harvard. « Qu’est-ce qu’il t’a pris d’me lâcher ? Tu te rends compte de combien j’ai souffert ? »

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Alors comme ça, il étudiait à Harvard… C’était tellement soudain. J’l’avais jamais vu sur le campus et franchement, c’était sûrement la personne que je m'attendais le moins à voir ici. Comment est-ce qu’il pouvait passer de son champ de bataille aux bancs d’Harvard ? C’était si… différent. J’n’aurais jamais pu m’adapter à ce changement, à sa place. Il n’avait toujours pas répondu à ma dernière question. J’le sentais qu’il voulait éviter ce sujet, il ne voulait pas en parler. J’comprenais vraiment pas pourquoi, à ma connaissance, je n’avais strictement rien fait pour qu’il me déteste ou pour qu’il coupe soudainement les ponts comme ça. Je n’avais vraiment pas mérité qu’il disparaisse dans la nature comme ça. C’est vrai quoi, je l’aimais vraiment et ce malgré tout ce qui se mettait entre nous, y compris son travail de militaire. Soudainement, il lâcha « Je suis désolé Samara. Je n’aurais pas dû te déranger. » C’était ça, sa façon d’éviter le sujet ? Il voulait fuir ? « Je vais te laisser. » Sa voix était rauque. Alors qu’il s’apprêtait à se lever, je le stoppais net dans son élan, posant ma main sur la sienne. « Restes. S’il te plaît. J’veux juste comprendre. Qu’est-ce qu’il s’est passé pour que tu me lâches comme ça d’un jour à l’autre ? »

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Il était enfin prêt à m’avouer la vérité. Enfin. J’allais enfin savoir pourquoi il avait disparu. Il se leva et me montra un 4X4 noir garé sur le trottoir d’en face à travers la vitre du café. J’hochais la tête et après avoir glissé un billet de vingt dollars sur la table, je m’engouffrais dehors derrière lui. Une grosse bourrasque de vent vint nous gifler en pleine figure. On ne tarda pas à pénétrer dans le véhicule. Après un silence qui me parut interminable, j’me tournais vers lui. « Je sais que je te dois des explications, mais c’est assez compliqué » Compliqué… Au point où on en était, j’étais prête à tout entendre. « C’est pas facile à dire comme ça. » J’pense que ça devait l’être. Si c’était une raison importante au point qu’il coupe les ponts comme ça,  alors j’comprenais totalement que ça puisse être difficile. Je reportais ma main sur la sienne. Sa peau était chaude et elle tremblait légèrement. « Ca va aller, je suis là. Dis-moi tout »

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Alors c’était ça. C’était ça la fameuse raison qui nous avait séparés ? Il avait l’air d’avoir beaucoup de mal à parler de ça. Il semblait extrêmement fragile sur le moment et malgré le fait que des milliards de questions trottaient dans ma tête, je décidais de ne rien dire. Je savais que si je demandais quoique ce soit, ça n’allait pas être marrant pour lui. J’avais déjà vécu ce genre de situations avec la mort de mes parents  et je savais ce que ça faisait d’être forcé d’en parler. « J’suis vraiment désolée… » Même si ces gens n’étaient que ses amis, j’pense qu’ils devaient vraiment être des personnes importantes pour lui. Puis j’sais tellement ce que ça fait que de perdre des gens qu’on considère comme sa famille… C’est brisant. On a l’impression d’se sentir seul, sans rien qui puisse nous soutenir, nous aider. On a l’impression d’être enfermé dans un cercle vicieux. Et j’pense que voir ses potes de la guerre se faire ôter la vie, ça doit vraiment pas être simple. On se sent dans la ligne de mire, au beau milieu du champ de bataille. C'est... troublant. Terrifiant. « T’aurais dû venir m’en parler. Je sais que c’est compliqué mais tu comptais vraiment beaucoup pour moi et j’aurais aimé que tu saches que quoiqu’il arrive, j’aurais été là pour toi. »