Need some fun • MARTIN

Ce soir, pas d’engueulade avec Zéphyr, pas de commentaires clash sur le blog de CS, pas de préparation chimique pour vendre de la drogue à des gens pétés de tunes … Ce soir, Martin avait pour projet de dépoussiérer le telescope doré que son père lui avait acheté à l’aube de son dix-septième anniversaire et de l’utiliser pour observer les étoiles au beau milieu de l’Arizona. Le ciel était propre, clair, pas le moindre gratte-ciel pour parasiter la vue. Ça étonnait même le scientifique qu’il était qu’il n’ait pas eu trouvé le temps plutôt pour s’accorder un moment d’isolement, lui seul avec ses étoiles. Il faut dire qu’avec le retour d’Arabella, son ex, dans sa vie, il avait pris un sacré choc en plein milieu de la figure et il cherchait maintenant désespérément le moyen de se remettre de ça. Il se préparait donc à partir, remplissant son sac à dos de divers objets qui pourraient lui être utiles, ainsi qu’un peu de nourriture,  quand quelqu’un vint toquer à sa porte. Il s’approcha de la fenêtre située près de la porte et souleva légèrement le rideau, en toute discrétion, pour checker qui venait le déranger. Joey ? Tiens, il ne l’avait pas revu depuis leur entrevue nocturne à sa caravane. Bien qu’elle ne tombait pas exactement au bon moment, c’est de bon cœur qu’il lui ouvrit la porte. « Y a quelqu'un, oui. Mais comme tu peux le constater, on n’a pas encore installé le toit ouvrant. » pouffa-t-il avant de s’appuyer dans l’entrebâillement de la porte, esquissant un petit sourire ; « Quel bon vent t’amène ici ? Il est un peu tard pour discuter autour d’un café, non ? » Sa présence l’intriguait.

Pour rigoler, Martin affirma que ce n’était pas trop l’heure pour boire un café, ce à quoi Joey précisa que c’était trop sage pour elle. Parce qu’elle voulait ne pas être sage ? ça devenait intéressant. Martin se tut et croisa les bras, curieux de savoir ce qu’elle avait à proposer. « Je crois que je m’étais porté garant pour t’offrir un peu de folie. » s’esclaffa-t-il avant de s’écarter de la porte et de rentrer dans la caravane, terminant son bagage. Qu’elle soit là ou pas, il ne comptait pas reporter sa petite excursion nocturne. Il ne restait plus que quelques nuits avant son retour à Cambridge et Martin ne laisserait nullement passer l’occasion d’observer les étoiles. Puis, ça ne devait pas déranger trop la douce Joey, elle n’avait pas arrêté de fantasmer sur elles la nuit où ils s’étaient rencontrés. « À défaut de t’envoyer dans les étoiles, on va pouvoir les regarder, ouais ! » Quoique, dans son sac à dos se trouvait aussi son tabac rigolo. C’était une façon comme une autre de s’envoyer en l’air /sbaff/ enfin dans les étoiles plutôt ohhhh, pas d’indécence. Il lui tendit son sac à dos pour qu’elle le porte et empoigna sous le bras son télescope. Partage des charges. Il prit également une lampe torche qu’il alluma expressément dans la figure de Joey pour la taquiner ; « ça va pas te faire peur de rester la nuit en plein milieu du désert avec moi ? » Ben ouais, y a des monstres dans le désert ; des cactus, des mygales, des scorpions, des hommes bizarres, LUI.

Ça embaumait pas mal le cœur de Martin d’apprendre qu’elle l’avait choisi lui, plutôt que de s'contenter de la compagnie de n’importe qui de ses potes. Dans un sens, il se sentait spécial, différent des autres, et rien que ça lui donnait le sourire. Il la taquina en l'aveuglant avec sa lampe. « Oh je t'en prie, mon visage t'éblouit au moins autant que cette lampe. » À part çaaaaa c'est pas la modestie qui l'étouffe, non noooon. La fourbe réclamait d’être effrayée à la fois par l’obscurité et par Martin. Puisqu’elle le mettait au défi, il répondrait présent plutôt deux fois qu’une. « Anastasia Steele, c’est toi ? » demanda-t-il en fronçant les sourcils. Beh quoi, elle réclamait la peur, c’est une forme de masochisme, on est d’accord ? Bon, Martin se claquait quand même intérieurement d’avoir pour référence le film pour minettes Fifty Shades quoi. C’est la faute de sa jumelle Denisa, elle l’avait perverti. Sac sur le dos, télescope sous le bras, ils quittèrent ensemble la caravane que le Tchèque prit soin de refermer derrière lui. Ils marchèrent silencieusement, seul le bruit de leurs chaussures légères dans le sable résonnait entre eux. Pourtant, c’est un sourire banane qui maquillait le visage de Martin, content de la présence de la Cabot à ses côtés. Du moins, jusqu’à ce que … « Je ...... » Il ravala sa salive, seule défense face à la bombe qu'elle lui envoyait dans la gueule là. Leucémie, chimio … Deux mots à faire froid dans le dos. Il comprenait enfin ce qu'avaient ressenti les petits Japonais d'Hiroshima à la fin de la seconde guerre mondiale. « ...... Ne te demanderais pas si tu vas bien. » conclut-il après avoir débeugué. En fait, il ne lui demanderait rien, ne parlerait pas. La Joey rencontrée l'autre soir est la même que celle qui lui faisait face cette nuit, rien n'avait changé, rien ne changerait. Traçant le chemin d'un faisceau lumineux, ils s'enfoncèrent ensemble dans la pénombre du désert, il marchait à côté de Joey, lui donnant expressément des coups d'épaule pour la pousser gentiment sur le côté. « Je te préviens, je vais te faire une interro d'astronomie pour voir ce que tu as retenu des étoiles depuis l'école primaire. Et si une réponse est fausse, t'auras une punition et tu verras qui fait plus peur entre la nuit et moi. » Elle allait connaître la peur. Et penser à autre chose. Il s’en chargerait personnellement.

Malgré les apparences, apprendre que Joey avait une leucémie ne laissait pas de marbre Maritn. Elle déjà tâté le terrain la fois précédente, déclarant sa maladie auprès du Tchèque. Bon, il se doutait qu’elle n’évoquait pas sa gastro, primo parce qu’une gastro c’est pas sexy, entre les gaz indésirables et les rejets par le haut et par le bas yolo, et deuxio parce qu’un de smecta (ou de sable d’Arizona, la consistance est un peu la même et c’est free) suffisait pour se guérir. Une leucémie, c’est tout de suite plus sérieux. Mais à quoi bon s’éterniser là-dessus ? Avec ou sans maladie, avec ou sans chimio, avec ou sans moelle osseuse cancéreuse, avec ou sans cheveux, elle restait la Joey qui lui cracha au visage en rigolant, en culotte sur sa terrasse. C’est pour ça qu’il ne s’attardait pas sur ce sujet ; comme elle le stipulait, elle était là pour s’amuser, sinon elle irait voir ses vrais potes. « Ne t’en fais pas, j’ai prévu plusieurs paliers de punition. Ça va de la traditionnelle torture par chatouille au dégustation Top Chef version sable du désert. Y en aura pour tous les goûts. » affirmait-il avec l’assurance qui le caractérisait tant. Un vrai tyran celui-là. Puis elle lui posa une question plus personnelle, d’où le sérieux qui regagna vite le timbre de Martin ; « J’aime surtout tout ce qui touche aux expériences scientifiques, la chimie, les potions magiques. L’astronomie, c’est plus du plaisir. » Genre le mec étudie les étoiles quand il s’ennuie, narmol. Il allait passer pour un asocial féru de sciences. Puis, décrétant avoir trouvé l’endroit parfait pour étudier le ciel, il posa son télescope qu’il déplia ; « Et toi ? Elle est née quand cette lubie pour les étoiles ? »

Dégueu dégueu … NONNN, Martin n’était en rien dégueu, voyons. La petite Joey rageait juste parce qu’elle savait que ses compétences limitées en astronomie la conduiraient droit dans le mur, voilà tout. « Hého, tu ne te venges pas, c’est moi le maître ici. » Les chevilles vont bien, les chevilles vont même très bien. Elles iraient mieux avec un petit massage par la Cabot, mais le Tchèque n’en demanderait pas tant. « Et tous mes amis me disent que j’aurais dû être Mather, tout comme mon père me voyait Eliot. Et je parie que quelqu’un me trouvera un jour un petit côté Cabot. Je suis un melting pot de toutes ces maisons. » Et c’est d’ailleurs pour cela que Martin détestait ce système ; une seule caractéristique suffisait à définir toute une personne. C’était tellement réducteur. Enfin bon, il n’allait pas débattre de ça avec Joey, c’était un sujet sensible pour l’étudiant. Arrivé sur le terrain où ils étudieraient les étoiles, Martin demanda à Joey depuis quand elle détenait cette passion. Sa réponse fit rire Martin qui, pas peu fier, bomba le torse et se mordilla la lèvre. « Heureux d’avoir réveillé quelque chose en toi. » Beh ouais, d’une certaine manière, maintenant, chaque fois qu’on lui parlera étoile, elle pensera à Martin, CQFD. Et toc Priam. Enfin non, pas et toc, Martin ne le connaissait pas, il était sûrement un très gentil garçon. « OK, donc je suis le mec bizarre qui te dévisage, OK OK. Et c’est ton côté maso qui t’a convaincu de revenir me voir malgré tout ? » pouffa-t-il de rire avant d’inviter Joey à se servir du télescope. « Trouve-moi la grande ourse. » Allez, easyyyy.