Naimès #2 • because you don't care about me.

Nous étions arrivés au marchand de glace et tandis que je faisais part de mon hésitation à Hadès, il me répondait de prendre les deux pour pouvoir profiter des deux parfums. Pas bête cette idée… pourquoi j’y avais pas pensé moi-même, franchement. Je laissais donc Hadès commander avant de transmettre mon choix au glacier. Je m’apprêtais à sortir mon portefeuille pour payer au moins ma part mais il ne m’en laissait pas le temps, déposant la monnaie tout en me tendant ma glace. Je lui disais un « merci » reconnaissant avant de l’attraper d’une main, un sourire heureux barrant mon visage. Tandis que je me préparais mentalement à passer peut-être la plus belle après-midi de mes vacances en sa compagnie, il me fit un signe de tête pour me désigner la plage tout en me disant que l’on devrait aller s’asseoir. Lui souriant à nouveau, je lui disais « oui, t’as raison. on à qu’à y aller » sur un ton presque trop excité. Je le regardais s’éloigner légèrement puis, je me mis à le suivre, comme auparavant. Le voir de dos, comme ça, me permettait de divaguer pendant quelques instants, me rappelant de tous ces souvenirs que nous avions en commun et qui avaient failli tourner au drame. Je m’en voulais encore pour ce que je lui avais fait. J’étais impardonnable et pourtant, il acceptait de continuer à me voir, comme avant. J’étais particulièrement touchée par son geste. Ne me faisant plus prier, je le rejoignais à quelques pas de l’eau, m’asseyant à ses côtés non sans me coller presque à lui. Commençant à lécher doucement ma glace, je venais poser ma tête contre son épaule en soupirant doucement d’aise. J’étais bien, là, près de lui. je ressentais ce moment comme un moment de calme et je me sentais drôlement apaisée. Je donnais parfois des coups de langue à ma glace, les yeux perdus dans le vide tandis que je réfléchissais à lui … et à moi. je ne savais pas si je pouvais dire qu’il y avait encore un « nous » mais de toute évidence, on était encore capable de se supporter malgré les erreurs du passé. Souriant doucement, je relevais légèrement la tête pour venir sentir les effluves de son parfum tout en ajoutant « t’as toujours le même parfum. J’aime ton odeur … » avant de rougir légèrement, baissant la tête pour venir lécher à nouveau ma glace avec application.

J’avais été honnête avec Hadès durant ces quelques derniers jours. J’avais enfin pu lui dire tout ce que je ressentais, comment j’avais vu mon départ et tous les événements liés à cela et… je me sentais presque soulagée de ne plus avoir ce poids sur la conscience. Je m’en voulais encore de lui avoir fait autant de mal et de m’avoir, par la même occasion, fait le même mal par inadvertance. J’osais espérer que je pouvais l’oublier mais je me retrouvais bien faible face à nos souvenirs communs. Me retrouver, là, à ses côtés comme si rien n’avait changé me rendait presque nostalgique. C’est pour cela que je relevais la tête pour venir humer son parfum presque trop discrètement. Je me permettais alors de lui souligner qu’il n’avait pas changé et que j’aimais toujours son odeur si particulière. J’aurais du me douter qu’il allait blaguer là-dessus et je décidais de sourire en ajoutant un « pffff toujours aussi drôle, Monsieur Lazaridis » tandis que je riais de bon cœur. Il avait le don de détendre l’atmosphère comme personne et ce n’était pas pour rien que j’étais tombée sous son charme il y a de cela quelques années. Cependant, ce qu’il ne savait pas c’est que même à des milliers de kilomètres de lui, je portais son parfum, chaque jour. Cela me faisait penser à lui et me donnait le faible espoir de le retrouver un jour. Je déglutis, sachant que je ne pourrais jamais lui avouer un truc pareil tellement c’était gênant. Il continuait en me disant que c’était l’odeur de ma glace et je ne pus m’empêcher de sourire à nouveau. cela me faisait du bien de le voir, comme ça, aussi simplement. Je me perdais à nouveau dans mes pensées lorsqu’il me demandait si on pouvait échanger nos glaces. Relevant les yeux vers lui, je lui tendais ma glace avec plaisir avant de prendre la sienne, ajoutant un « bien sûr ! » prononcé sur un ton enjoué. Avec lui, j’avais toujours tout partagé. Absolument tout. Ce n’était pas aujourd’hui que le contraire allait se produire. Même si nous n’étions plus ensemble, nous échangions encore des glaces, sur la plage, assis tous les deux côte à côte. Je rougis légèrement en pensant que si je commençais à manger sa glace, ce serait d’une certaine manière, une sorte de baiser indirect. Je frissonnais alors doucement…

je n’aurais jamais du accepter d’échanger nos glaces. Je me rendais compte qu’à cause de moi, cela n’avait pas pris la tournure romantique que ça aurait du. J’avais goûté sa glace au chocolat même si je n’en étais pas particulièrement fan et lorsqu’il avait goûté la mienne, j’avais pu voir son dégoût et sa maladresse à me montrer que je n’aurais pas du prendre ça. Dépitée, je baissais la tête tandis qu’il se murait à nouveau dans un silence presque trop froid. Je récupérais alors ma glace, la mangeant sans plus qu’aucune idée particulière ne traverse mes pensées devenues presque obscures. Je ne savais plus m’y prendre avec lui et j’avais l’impression d’avoir perdu cette facilité à lui parler, cette confiance et cette connexion qui nous caractérisaient tant il y a de cela peu de temps. Pourtant, ses gestes envers moi, mes propres gestes envers lui, ils étaient exactement les mêmes qu’auparavant. J’avais envie de tout lâcher, d’abandonner cette envie que j’avais de lui montrer que j’étais encore attachée à lui, d’abandonner cette envie que j’avais de me blottir contre lui, comme avant. Mon souffle se fait court tandis que je me sens faiblir peu à peu. Je garde alors le silence de peur de le faire fuir et je recommence à m’intéresser à cette glace qui me semble tout à coup bien amère. Je l’entendis alors briser le silence en me disant que ça faisait bizarre. je n’osais pas le regarder, de peur qu’il ne s’arrête de parler, comme ça, à la seconde et je fixais mon regard sur les vagues. Je savais que pour lui, c’était difficile de parler de sentiments ou de ce qu’il ressentait à présent. Entre nous, ça avait toujours été si facile que même ces simples mots eurent le don de me briser le cœur. La suite de sa phrase créa une boule dans ma gorge si bien que je ne sus que répondre sur le coup. Je dus reprendre mon souffle et tenter de calmer cette douleur que je ressentais dans la poitrine. J’avais peur de voir la réalité. Peur de me dire qu’il allait m’échapper à cause de ma connerie. Je déglutissais lentement, baissant le regard tout en essayant de contrôler mes émotions. Oui, c’était bizarre de se retrouver tous les deux ici, après tout ce temps. Oui, j’aurais du revenir, le contacter mais je n’avais eu aucun moyen de le faire et je payais mon crime à présent. Je choisissais à nouveau de lui dire ce que je pensais vraiment, sans passer par quatre chemins, comme je savais si bien le faire. Je levais les yeux au ciel, finissant alors ma glace tout en lui avouant « pour moi, c’est inespéré » tandis qu’un faible sourire se dessinait sur mes lèvres. Me rendant compte que j’en avais trop dit ou pas assez, j’ajoutais « je veux dire.. je pensais pas que tu accepterais de me revoir après notre altercation de la dernière fois.. j’avais un espoir fou mais .. je … pardon.. » sur un ton presque trop pressant. Je mis une main devant ma bouche comme pour me dire intérieurement de me taire. J’en avais trop dit. Et puis, il ne voulait sûrement pas entendre toutes mes bêtises. Je me laisse alors tomber sur le dos, sentant le sable chaud bouger sous mon corps, soupirant doucement tout en fermant les yeux quelques instants. Je repensais à tout ça, à tout ce que l’on avait surmonté ensemble et je me rendais compte qu’avec lui, rien n’était facile. Je l’aimais, oui… mais j’étais incapable de prendre les devants et de lui dire que je ne voulais que lui, à jamais. Sentant le soleil frapper ma peau mate de plein fouet, je me décidais pourtant à lui révéler « tu sais.. pendant ces deux ans… même si t’étais loin de moi physiquement… tous les jours, je pensais à toi.. tous les jours, je regrettais mon geste.. » avant de me mordre la lèvre. Je savais qu’il ne voulait pas parler de ça mais moi, j’avais besoin d’être honnête avec lui. j’avais besoin de lui montrer que même loin de moi, il occupait tout l’espace de mon cœur et de mon âme.