C'pas bien de mentir ♠ Solveig

Tomber malade pendant les vacances c'était pas spécialement le pied, mais bon, faut bien y passer et faut bien se soigner, je sais pas j'ai dû manger un truc avarié à la cantine du Camping ou attraper un coup de froid, quoi qu'en Arizona, un coup de froid c'est légèrement impossible. Mais impossible n'est pas Blackbird comme dirait mon père. Après avoir couru mes dix kilomètres matinaux, je retourne à ma caravane afin de prendre mon petit-déjeuner et prendre une douche avant d'aller me prélasser autour de la piscine. Il est assez tôt pour que je puisse encore passer une après-midi tranquille autour du bassin. Je compte bien profiter du Summer Camp jusque la fin, et la fin approche à grands pas. Je devrais peut-être en profiter pour voir Dean aussi. Cela doit faire une petite semaine que je ne l'ai pas vu et c'est assez rare que nous restions aussi éloignés l'un de l'autre. Enfin éloigné est un bien grand mot.

Sortant de la douche, j'enfile une robe légère et je coiffe ma chevelure rousse d'un chignon rapide avant de m'atteler dans la cuisine. Bon, je ne sais pas quoi me faire à déjeuner mais tant pis, ce sera un truc léger. Enfin, un truc léger avant que j'entende quelqu'un qui tambourine à ma porte. Va peut-être falloir songer à arrêter de vouloir défoncer la porte de ma caravane cher inconnu. Je me rince les mains avant d'aller ouvrir la porte de ma caravane « Dean ? Je pensais justement à toi. » Je fronce les sourcis quand je vois la tête qu'il tire. Oula. « Y'a un truc qui cloche ? » Bien sûr qu'il y a un truc qui cloche, sinon il ne me regarderait pas en mode, je vais te tuer, ou je ne sais quoi.

Bon, visiblement il a envie de mettre les points sur I et les barres sur les T. S'il est énervé, je pense que ça risque tout simplement de faire des étincelles, je ne suis pas spécialement de bonne humeur non plus, donc ça risque de finir en catastrophe nucléaire cette histoire. Lorsqu'il me dit de rentrer à l'intérieur, je me recule pour le laisser entrer. Je le regarde qui semble chercher ses mots, je me demande bien ce qu'il a, ce qu'il me reproche. Je le fixe, un V apparaissant sur mon front pour indiquer que je m'inquiète tout de même un peu. Son silence est lourd, pesant. « Je t'ai rien dis quoi encore ?! » Je reste sur la défensive encore et toujours, prête à foncer dans le tas, prête à agresser et à me défendre. Aaaaah c'est donc ça, le fait qu'il soit un professeur et que je sois une élève. Eh oh, s'il avait un peu de jugeotte, il se serait renseigné, je vais pas faire le boulot toute seule et je l'ai appris il y a quelques temps qu'il était professeur, donc qu'il évite de me jeter la première pierre, ça m'ira très bien. Ca y'est Monsieur s'énerve, mon dieu. Solveig, Reste calme. « Déjà, tu vas te calmer, ou calmer tes nerfs je sais pas, j'ai appris un peu après le début du Summer Camp que t'étais un professeur, alors tu m'excuses mais quand on se voit, on prend pas un café pour parler. » Je soupire et serre les poings pour me calmer. Il a peur pour son job ? Ok. Très bien. « T'as peur de perdre ton job Dean? C'est ça ? » Je lève les yeux au ciel avant de ricaner pour enfin me diriger vers la porte de ma caravane pour lui ouvrir cette dernière. « Je te retiens pas ! Vas y, pars. C'était très cool les moments qu'on a pu passer ensemble. Merci. » Mon ton est ironique, cassant. Je n'ai pas envie de me prendre la tête pour quelqu'un. Surtout pas aujourd'hui, surtout pas pour lui.

Il ne faut pas trop me chercher, il ne faut pas abuser. Je ne vais pas péter un câble sur lui mais je risque forcément de lui dire ma façon de penser s'il continue à me parler comme ça. Je vais finir par lui mettre ma main dans la figure, je ne supporte pas que l'on me manque de respect comme ça. Oui dans la mesure où on me hurle dessus, je trouve que c'est un manque d'irrespect. « Et quoi ? Tu m'aurais dis que oui tu étais un professeur, tu m'aurais dit quoi d'autre ? Wahou, génial tu l'as appris par toi-même. Et puis déjà, t'aurais pas pu me prévenir quand on s'est rencontrés non ? Genre, je sais pas c'est un truc banal. » Je serre les dents pour me calmer et je respire de manière assez audible pour lui montrer mon mécontentement. Je lève les yeux au ciel quand il me parle du fait que nous pourrions être vu « Jusqu'à preuve du contraire on a été discrets. Et donc, personne, je dis bien personne n'est au courant pour nous. Donc arrête ta paranoïa ! » Je sais bien qu'il a peur pour son boulot et je ne veux pas qu'il perde son boulot, surtout que je risquerais de me faire virer si cela s'apprenait. Mais tant pis, on est adultes et consentants, je pourrais facilement faire passer ça comme telle si jamais cela arrivait un jour. « Oui ça me fait rire, un problème Monsieur le Professeur ? » Je ne pouvais pas m'empêcher de me moquer légèrement de lui. Lorsqu'il se plante à côté de moi, je plonge mon regard dans le sien et je ne cesse de le regard, le défiant. « Tu as peur pour ton boulot non ? Alors je ne veux pas que tu es peur une nouvelle fois. » Je le regarde qui commence à partir et je fronce les sourcils quand il ferme la porte. Mais il est impossible, franchement. Il me tape une scène et la, il ferme la porte pour rester dans l'habitacle. « Qu'est ce que tu veux ? T'as pas peur la ? Tu crois pas que tu vas avoir des problèmes ? Je te laisse partir et tu ne pars pas ? T'es un peu bizarre non ? » Je lève les yeux au ciel, un sourire en coin juché sur mes lèvres. Oui j'aime le provoquer. J'aime le chercher et le pousser dans ses retranchements.

Il faut vraiment que je songe à me calmer, il ne m'a rien fait pour le moment à part me dire qu'il était inquiet pour son boulot et pour ma place dans l'université, mais je n'avais pas besoin de lui pour être inquiet pour mon avenir, mon avenir allait très bien pour le moment et j'étais sûre qu'il allait être bon pendant un moment. « Tu m'excuses, j'ai oublié. » Ma voix est tellement cassante que j'ai l'impression d'être une pauvre mégère. Il m'énervait tellement à être inquiet comme ça, personne n'a parlé de nous depuis que nous nous connaissons, alors c'est qu'on avait pris les mesures nécessaires non ? Que des futilités. Des sales futilités qui me dépassaient. « Des mesures de discrétion plus sûres ?! Non mais tu te fous de moi ? Je sais pas, personne n'est au courant, on est super discrets, tu veux qu'on fasse comment ? Que j'mette une perruque la prochaine fois ? » Je soupire, j'ai envie de le baffer, de le secouer pour le réveiller ou je ne sais quoi. Faire quelque chose pour qu'il arrête de dire des âneries. Visiblement, cela ne lui plait pas que je ricane et tant pis pour lui. Il n'a qu'à pas se comporter comme ça. « Ne t'inquiète pas pour mes études. » Je lui souris, je me calme un peu, je pose plus ma voix pour faire redescendre la pression. Les questions s'enchaînent et lorsqu'il me demande de me taire, je ferme la bouche et le fixe tandis qu'il plonge mon regard dans le sien. Je sens mon souffle qui se coupe. Bon, faut que je réapprenne à respirer la. « T'as raison c'est pas malin... » Voilà, c'est bon, je suis encore énervée contre lui mais il a réussi à retourner la situation. C'est bien un homme ça, perfide. Ses yeux dans les miens, il me demande s'il veut vraiment qu'il sorte. Ma main se dépose alors sur la poignée de la porte et je l'ouvre nonchalamment « Si tu as vraiment peur pour ton job, pars. Je ne te retiendrais pas. »Mes yeux restent plantées dans les siens. Et je lui montre l'extérieur du bout du doigt, le défiant du regard. Mais reste, j'ai envie que tu restes. Un sourire amusé sur le visage, je laisse courir mon doigt le long de son torse. « Pars... » Je murmure ces mots, je les murmure tellement inaudiblement, que je me demande s'il m'a entendu. Et j'espère sincèrement que non.

J'avais ce que l'on peut appeler aucune volonté, non mais franchement, il arrivait dans cette foutue caravane pour me reprocher tout un tas de choses tout plus véridiques les unes que les autres et je me retrouvais à lui demander de rester alors que je pensais tout le contraire. Puis il me dit indirectement qu'il faut que l'on arrête de se hurler dessus parce que sinon la discrétion risque de tomber à l'eau, mais je m'en fous, il n'avait qu'à pas venir me trouver ici. Il avait qu'à rester à sa place et m'envoyer un texto ou je ne sais pas quoi encore, utiliser un pigeon voyageur, un hibou j'en sais rien. Je ne peux pas m'empêcher de le provoquer pour voir s'il est sérieux, si il désire vraiment qu'on se prenne la tête la maintenant, mais visiblement non. Aucune volonté non plus, c'est bien on est deux. « Oui je vais te le reprocher. » Je lève les yeux au ciel avant de sourire, puis je lui ouvre la porte. Pars s'il te plaît lui hurle ma conscience, celle qui a un semblant de logique, celle qui ne veut pas s'attirer d'ennui, mais mon corps lui, lui hurle Non reste. Je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas quoi penser, qu'est ce que je pourrais bien faire, bien dire. Qu'est ce que je dois faire. Lorsque j'ouvre la porte, je me demande s'il va partir, mais j'ai envie de l'inciter à rester, mon doigt se balade alors sur son torse et le claquement brutal de la porte me fait sursauter. Bon, c'est bon, je crois que j'ai compris. Les yeux dans les yeux, nous restons silencieux et je me demande bien à quoi il pense, ce dont il a envie, même si je me doute un peu de la réponse. « Ah oui? Je te rend dingue ? » Je comprend l'impact de ses mots quand il me force à reculer, mon souffle devient court, je continue de fixer ses yeux pour garder un repère et ne pas perdre pied, ne pas me perdre entre la frontière de l'envie et celle de la logique. Il n'a pas envie de partir ? Alors c'est pour ça qu'il est venu ? « Alors prouve moi que tu n'as pas envie de partir. Prouve le moi si tu es si malin. » Je le repousse alors pour m'échapper, joueuse. Je lui tire doucement la langue comme une enfant et je pars m'adosser contre le plan de travail de la kitchenette, les bras croisés sur la poitrine, attendant ne serait-ce qu'une réaction de sa part, même si j'ai facilement deviné ses intentions.