leave me alone, please - Maëlys.

Alors que j'étais encore en pleine période de vacances, je me retrouvais plus stressée qu'avec un examen à préparer. Les derniers événements qui avaient jonchés ma vie n'y étaient pas pour rien, bien entendu. Ce séjour dans le Grand Canyon n'arrangeait en fait rien, au contraire plus le temps passait et mois je me reconnaissais. J'avais toujours aimé les femmes mais d'humeur tellement désespérée avait finie par coucher avec le premier qui avait voulu mon corps. Je ne pouvais pas dire que j'avais détesté, j'avais les mêmes organes que les femmes hétérosexuelles mais ce n'était pas dans ma nature, je ne m'étais pas éclatée à proprement dit. Toutes ces choses qui se bousculaient dans ma tête plus le fait de voir toutes ces nanas en maillot de bain avaient le don de me rappeler à l'ordre concernant la nourriture. Pour une raison m'échappant, mon anorexie s'était aggravé dès mon départ pour cette destination et Priape n'était pas là pour que je lui en parle. Une fois de plus, je me retrouvais devant la cuvette des toilettes, un demi doigt dans la gorge, prête à souffrir pour me sentir mieux. Il n'y avait jamais personne dans ces toilettes, c"était d'ailleurs pour cela que je n'avais même pas pris la peine de fermer ma porte.

Le summercamp se passait bien, enfin cette deuxième partie se passait encore mieux que la première, d'une part parce que j'avais été voir ma famille à Londres il y a quelques jours de ça et pendant dix jours, donc autant vous dire que j'étais reboostée à bloc pour avoir le sourire et savoir que j'étais soutenue à des milliers kilomètres de ça. Je revenais des douches communes, avec tout mon petit bazar dans un sac, ma serviette, mon gel douche, shampooing et là j'étais partie pour aller dans les toilettes faire ma pause pipi et rentrer ensuite dans la caravane faire une petite sieste, j'étais claquée moi, une petite vieille quand je m'y mettais.. J'entrais dans les toilettes et je m'avançais dans un WC, fronçant les sourcils en entendant à mes côtés quelqu'un.. vomir. J'entendais bien que c'était forcée, je sortais donc, me lavant les mains pour parler calmement et doucement "Tout va bien..?"

Ma tête se balançait devant la cuvette des toilettes et de temps à autre je reprenais le courage de vomir. Pensant qu'il n'y avait personne pouvant m'entendre, je n'étais pas particulièrement concentrée sur le fait d'être discrète. D'habitude, me faire vomir me faisait mal et bizarrement cette fois ci ce n'était pas tellement le cas ; cela me permettait au contraire de me défouler et de sortir toutes les choses que j'avais sur le coeur. Alors que j'avais presque fini, une voix venant d'un des lavabos sembla s'adresser à moi. " Tout va bien..? " demanda cette voix féminine. Je ne réagis pas tout de suite, m'imaginant que c'était peut être de l'hypoglycémie du au fait que je manquais de sucre après avoir vomis. Mais je pouvais sentir une présence et le reflet dans le miroir derrière moi me confirma bientôt mon malaise. " Mhhm... oui... hum oui ça va, t'occupes pas de moi " répliquais je d'une manière inhabituellement sèche, me séchant la bouche de ma main. J'allais ensuite me frotter les mains sous l'eau froide avec du savon, évitant par tous les moyens de croiser le regard de celle qui m'avait surprise.

Dans des toilettes, il ne se passait rien de bien particulier en temps normal, mais quelques fois, des personnes allaient s'y réfugier pour pleurer, pour se dire des cachoteries ou même encore pour s'envoyer en l'air, mais aujourd'hui c'était quelqu'un qui était en train de vomir, et c'était pas cool. Quand quelque chose n'était pas bien passé, ça faisait du bien de vomir, mais la plupart des gens vomissait pour d'autres raisons.. Je te demandais alors si tout allait bien, et tu sortais de ces toilettes pour aller te mouiller le visage et te laver les mains " Mhhm... oui... hum oui ça va, t'occupes pas de moi " tu me répondais froidement et c'était la réponse type de quelqu'un qui vomissait pour soulager un poids, pour se sentir mieux.. J'avais pas besoin d'être étudiante en médecine pour savoir ça.. Tu devais avoir mon âge ou même peut-être plus jeune et ça m'embêtait de savoir que quelqu'un n'était pas bien. " Tu as mangé quelque chose que t'as pas digérer..? " j'étais pas sûre que ce soit ça. " Si c'est le cas, reposes-toi et ne manges rien jusqu'à demain.. c'est pas cool de vomir "

" Tu as mangé quelque chose que t'as pas digérer..? " demanda t'elle d'une voix douce. Cet élan de sollicitude me fit monter les larmes aux yeux, consciente de la bêtise que j'étais en train de faire. Mais même en sachant cela, je n'arrivais pas à stopper mes envies et mes pulsions. Demander de l'aide à quelqu'un ? Je n'aimais pas être ce genre de personne, je préférais nettement être celle qui se tourne vers les autres pour leur tendre la main. En état de panique et fatiguée par ces derniers jours je me frottais vigoureusement les mains sous l'eau, les rendant progressivement rouges et abîmées. " Si c'est le cas, reposes-toi et ne manges rien jusqu'à demain.. c'est pas cool de vomir " continua t'elle, me déclenchant cette fois ci les larmes qui tardaient de tomber. Se souciait t'elle vraiment de moi ou demandait elle tout ça juste pour se donner bonne conscience ? En cet instant, je ne souhaitais qu'une chose : qu'on prenne soin de moi, qu'on me dise que ça allait aller. " Je suis désolée, désolée " lâchais je en m’effondrant au sol en sanglots. Je ne savais pas pourquoi j'avais prononcé ces mots, c'étaient ceux qui m'étaient instinctivement sortis de la bouche.

Apparemment, tu n'avais pas envie de parler et je comprenais tout à fait. On ne se connaissait pas après tout et puis on était dans des toilettes.. enfin bon, c'était pas le moment idéal pour se faire des amis hein. Mais tu avais l'air toute pas bien, tu avais vomi et c'était plus fort que moi, il fallait que je sois là pour les autres et plus précisément quand ça concernait la médecine.. J'allais sortir des toilettes quand tu te mis à t'effronder par terre, recroquevillée " Je suis désolée, désolée " mon visage se tourne vers ta personne et je vins instinctivement m'accroupir pour te demander, calmement. "Désolé de quoi..? Qu'est ce qui ne va pas?" j'inspirais calmement. "Viens, on va parler dehors.. prendre l'air."

"Désolé de quoi..? Qu'est ce qui ne va pas?" demanda alors la jeune fille qui m'avait demandé si tout allait bien. Paraissant inquiète de mon état, cette dernière m'invita à prendre l'air dehors ce qui n'était en soit pas une mauvaise idée. N'arrêtant pas de sangloter, je prenais appui de ma main sur le sol et me redressais avec toute la peine du monde. La lumière du soleil me déracina les yeux des orbites ce qui n'arrangea pas l'état de ces derniers, encore pleins de larmes. Je me sentais tellement pitoyable de me mettre dans cette état alors que j'avais fais ces gestes des centaines de fois, qui plus est devant une inconnue. Qu'est ce qui ne va pas, m'avait elle demandé ; moi même je ne savais pas. " Je suis désolée de t'embêter avec ça, on ne se connait pas, je vois pas ce que je m'imaginais désolée " répondis je en tentant de m'éloigner d'elle.

Ça aurait été lâche de ma part de te laisser pleurer dans ces toilettes seule, t'avais besoin de parler, ou de comprendre certaines choses je sais pas encore trop, mais je voyais dans ton regard que tu appelais à l'aide. On allait dehors, l'air frais te faisait certainement du bien, et on s'asseyait sur un petit muret. Tu sanglotais et je ne pouvais rien faire de miraculeux, je ne te connaissais pas.. " Je suis désolée de t'embêter avec ça, on ne se connait pas, je vois pas ce que je m'imaginais désolée " je fronçais les sourcils, me voulant à l'écoute " Tu peux me parler.. Justement tu me connais pas, ça pourrait t'faire du bien. Puis je te jugerais pas.. " j'étais pas ce genre de filles. Pas dans ces cas là en tout cas..

" Tu peux me parler.. Justement tu me connais pas, ça pourrait t'faire du bien. Puis je te jugerais pas.. " dit elle d'un regard qui semblait sincère. Ces paroles me faisaient du bien, j'en arrivais presque à croire que quelqu'un s'occupe de moi sans rien attendre en retour. Elle avait raison, on ne se connaissait pas et ne risquait surement pas de répandre des rumeurs sur moi. Si ça se trouvait, on était même pas du même campus car il n'y avait pas que celui d'Harvard qui passait par là. Je regardais l'horizon et me tourna finalement vers elle, un sourire à moitié brisé. " J'ai du mal à m'en sortir. Tu comprends, avant c'était mon frère qui jouait ton rôle, c'était mon épaule lorsque je devais pleurer. Puis un jour ils ont compris ce que j'étais et je l'ai ai perdu. C'est de ma faute. " lâchais je dans un soupir. C'était dur de vivre sans eux. C'était surtout dur de vivre avec ce poids d'avoir assumé ce qu'on était et d'avoir perdu la famille qu'on avait.

" J'ai du mal à m'en sortir. Tu comprends, avant c'était mon frère qui jouait ton rôle, c'était mon épaule lorsque je devais pleurer. Puis un jour ils ont compris ce que j'étais et je l'ai ai perdu. C'est de ma faute. " ce que tu étais? Je comprenais pas tout mais une chose était bien certaine maintenant: tu n'étais pas malade. Tu n'avais ni gastro ni indigestion, tu t'étais faite vomir. Je te répondais alors calmement "Tu es quoi..? Non, ce n'est pas de ta faute. Et c'est bien que tu en parles. Ca va te faire du bien, je t'assure..." fallait que tu vides ton sac, c'était le mieux à faire dans ces cas-là.