« Je pense qu'on sait toi et moi qu'on est pas faites pour être amies. » Effectivement, toutes nos tentatives étaient un échec. Il y avait trop de passion, trop de tension, pour qu’on puisse juste rester assise l’une à côté de l’autre dans l’herbe, sans se toucher, juste à papoter. « Effectivement. » Je ne pouvais m’empêcher d’établir un contact avec elle, elle m’avait tant manqué. Elle prit d’ailleurs ma main dans la sienne, entrelaçant ses doigts aux miens, comme si rien n’avait changé, comme si on était toujours début février. Je tournais la tête vers elle. Elle avait fait une pause, devait soupeser le pour et le contre, peut-être repenser à nos disputes, nos bons moments. Si seulement je pouvais lire ses pensées en ce moment-même. Puis ses mots brisèrent le silence qui s’était installé. « Je pense qu'on devrait en reparler au Summer Camp. » Elle ne me regardait pas, et je ne pus m’empêcher de faire un grimace. Pour moi, si elle n’arrivait pas à se décider maintenant, elle n’arriverait certainement pas à le faire dans le Vermont. Car là, nous n’étions que toutes les deux, là-bas, il y aurait de multiples autres tentations. Pour elle et pour moi. Le summer camp avait toujours été une occasion de rencontrer de nouvelles personnes, et de voir celles qu’on connaissait déjà sous un autre jour. Je n’étais pas forcément d’accord avec ce qu’elle venait de dire, mais pour « notre bien », j’acquiesçais en quelque sorte. « Comme tu le sens. » Dans un sens, j’étais déçue de ce rendez-vous. Je songeais même à me lever et à partir, il ne servait à rien de rester puisque nous n’étions pas amies. Sauf qu’elle savait surprendre. Une de ses mains se posa sur ma joue, et me fit tourner mon visage vers elle jusqu’à ce que je rencontre ses lèvres qui m’attendaient déjà. Je fermais les yeux, me laissant faire. Savourant le gout de ses baisers, sa main qui était descendue jusqu’à ma hanche, profitant d’elle pendant encore quelques secondes, avant de me dégager de son emprise et de la repousser doucement. « Tu dis vouloir attendre le summer camp pour te décider mais tu continues à m’embrasser. Pourquoi ? » Je me redressais sur un coude, me tournant sur le côté pour mieux la voir.