(Flashback) Waiting for you // Kaleigh & Elie-Sara

✖Kaleigh et Elie-Sara✖
« I was waiting for you, all my life ? »

Dans mes affaires, j'avais déniché une vieille couverture beige, que j'avais emmené avec moi pour mon « rendez-vous » avec Kaleigh. Il était presque 20h, mais il faisait encore beau et chaud : je m'étais donc installée en plein soleil, à deux pas d’un arbre au cas où la jeune brune que j'attendais préférerait l’ombre. Comme techniquement, elles et moi étions juste amies, je ne m’étais pas changée pour l’occasion, et portait donc la même robe à dos-nu fleuri que je portais depuis le matin, et une paire de sandales compensées. De toute façon, même si j'avais voulu se changer, elle aurait eu les plus grandes difficultés à le faire vu que toutes ses affaires étaient dans sa valise, sur laquelle j'avais du m’asseoir pour la fermer. Pour ne pas être tentée de regarder l’heure toutes les cinq minutes, j'avais même retiré ma montre de mon poignet et l’avait cachée tout au fond de mon sac à main, de même pour mon téléphone portable. Je ne voulais surtout pas paraître impatiente, même si je ne tenais plus vraiment en place. Kaleigh m'avait manqué, c’est un fait. Et j'avais décidé que ces retrouvailles nous serviraient de test, à la fin duquel je verrais si j'allais ou non tenter de récupérer mon ex petite amie, pour qui j'avais toujours des sentiments. Même après deux mois passés à essayer de l'oublier. Prenant mon mal en patience, je m’étais allongée sur le dos, à même la couverture, les yeux fermés, appréciant la chaleur du soleil sur ma peau déjà bien bronzée après mon séjour en Inde.

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Allongée sur une couverture posée à même le sol, la jeune femme était étendue de tout son long, laissant le soleil illuminer sa longue chevelure brune et j'imaginais dès lors l'éclat de ses yeux émeraudes transpercer le ciel. Je n'osais faire un pas, adossée contre le tronc d'un vieux chêne qui semblait avoir mille ans. J'aimais Elie-Sara Lincoln comme je n'avais jamais aimé personne, je n'avais jamais cessé de l'aimer, j'en avais été obsédée. Elle avait hanté mes rêves, mes nuits comme mes journées, occupé mes songes comme mes pensées les plus intimes et dès lors j'avais su, su que nulle distance ne parviendrait à me faire tourner la page, que même à des milliers de kilomètres je l'aimais et qu'elle s'était ancrée en moi, qu'elle avait tatoué mon corps de son nom, de son doux visage, de ses lèvres magnifiques jusqu'à ses formes généreuses. J'avais rêvé de ses yeux, semblables à deux pierres précieuses, maintes et maintes fois sans jamais en oublier la couleur, sans défaire son regard magnifique, sans jamais oublier l'effet que me faisaient ses deux prunelles enchanteresses. Un instant, je pensais à fuir, à essayer une nouvelle fois, vainement de l'oublier et je savais que cette idée, aussi immature soit-elle, était peut-être la meilleure décision à prendre. Néanmoins et contre toute attente, j'avançais d'un pas sans comprendre ce qui me poussait à avancer, raide comme un piquet, de mon pantalon coupe droite beige à mon pull en lin blanc impeccable qui me donnait trop chaud, révélant sur mes épaules les bretelles d'un débardeur. « Salut. » Dis-je finalement, maladroite en m'asseyant près d'elle sur la couverture, caressant nerveusement les fibres de celle-ci pour m'occuper les mains. « Tu as... pris des couleurs. » Dis-je en caressant son bras de l'un de mes index, attendant qu'elle se relève, me préparant à affronter son regard qui me rendait folle.

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Elie-Sara Z. Lincoln a écrit:

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« I was waiting for you, all my life ? »

«Salut. » J’avais dû m’assoupir, car je n’avais pas entendu mon amie s’avancer vers moi, et que ses mots m’avaient presque fait sursauter. J’ouvris un œil, Kaleigh était debout devant moi. Les ombres s’étaient allongées autour de moi, preuve de mon inconscience. « Salut. » Je quittais ma position allongée pour m’appuyer sur mes coudes, me redressant à moitié, et regarda mon rendez-vous prendre place sur la couverture à côté de moi, presque timidement, alors que je l’avais vu tant de fois pleine d’assurance et sûre d’elle. Elle sembla d’abord mal à l’aise, jouant avec les franges de la couverture de bout des doigts, évitant presque de poser les yeux sur moi, avant de tourner à nouveau la tête dans ma direction. Elle frôla l’un de mes bras du bout des doigts, et je dus cacher les frissons qui parcoururent mon dos. Elle ne m’avait plus touchée depuis … notre dernière dispute, celle où elle m’avait avoué m’avoir trompée en sortant avec un homme en même temps que moi. « Tu as... pris des couleurs. » J’avais toujours eu la peau mate, et je prenais des couleurs dès les premiers rayons de soleil. « Merci. » Je parlais peu, ne répondant que par un mot, ne sachant quoi lui dire maintenant que je l’avais devant moi. J’avais imaginé, idéalisé même cette rencontre, mais maintenant que j’y étais, enfin, je bloquais, sur des détails. Je finis par m’asseoir complètement, lui faisait face, la regardant avec plus d’intensité. « Je suis contente que tu ais bien voulu qu’on se voit, tu m’avais vraiment manqué … » C’était la pure vérité, même si il y avait bien d’autres choses que j’avais envie de lui dire, mais que je préférai garder enfouies pour le moment. En attendant sa réponse, ou tout autre commentaire, je me surpris à la détailler, cherchant les différences : elle avait les cheveux un peu plus courts, mais les mêmes lèvres roses et charnues, les même yeux dans lesquels je pourrais plonger les miens pendant des heures, les même mains douces que je voulais qu’elle pose sur moi. Je ne pus retenir un discret soupir..
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« Je suis contente que tu ais bien voulu qu’on se voit, tu m’avais vraiment manqué … » Comment osait-elle me jeter ces mots au visage comme si de rien était, comme s’ils n’avaient aucun impact sur moi ? Elie-Sara m’avait mis la tête à l’envers depuis que j’avais croisé son regard, depuis que mes yeux s’étaient posés sur ses deux prunelles incandescentes, depuis que nos lèvres s’étaient entrecroisées dans ce qui m’avait semblé être le baiser le plus langoureux que je n’avais jamais connu. Oserait-elle prétendre que j’avais pu l’oublier ? J’avais pendant longtemps essayé de m’en persuader mais en vain. On oublie jamais son premier amour, surtout si on est encore éperdument amoureux de celui-ci… et dieu seul savait à quel point je l’aimais, à quel point mon amour pour elle m’avait consumé, jour après jour. A quel point, aujourd’hui encore il m’habitait, me dépossédait à chaque minute de plus de tous mes moyens et comme je les perdais en croisant son regard ! Adieu mes bonnes résolutions, mes principes et tout le reste, je demeurais figée sur son visage d’ange, absorbée par les doux contours de son visage, par la forme de ses lèvres parfaites… « Hum. » Laissais-je entendre alors que je relevais la tête pour tenter de reprendre mes esprits, cessant de m’appuyer sur mes genoux pour me soutenir, me plaçant en équerre, mollets contre la couverture, utilisant mes cuisses comme support. « Tu voulais me voir… » Laissais-je entendre, quelque peu gênée par ma propre question. Jamais je n’aurais osé lui avouer que j’en avais rêvé, que j’avais littéralement crevé d’envie de la retrouver et de pouvoir, peut-être un jour la serrer dans mes bras. Aussitôt, je pensais à quelque chose de stupide; je devais changer mon statut facebook, lequel inscrivait toujours : en couple avec Spencer Ivy Cooper. « Tu avais quelque chose à me dire en particulier ? » Demandais-je en jouant avec l’une de mes mèches du bout des doigts. Ses cheveux à elle étaient en revanche, un peu plus long, une longue et puissante crinière qui donnait envie d’y enfouir sa tête, de s’imprégner de son parfum… A mon tour, je soupirais.

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« I was waiting for you, all my life ? »

Depuis que je m’étais relevée, j’avais l’impression que Kaleigh me fixait, presque sans se cacher. Et elle réussit à me faire sentir mal à l’aise, je n’avais pas l’habitude d’être regardée avec aucun d’intensité. Et alors que j’avais au contraire l’habitude d’avoir un contact visuel avec les gens avec qui j’avais une conversation, je détournais le regard, préférant regarder droit devant moi, ou plutôt au loin, cachant mon visage avec quelques mèches de mes longs cheveux bruns. Je l’entendis s’agiter à côté de moi, et je finis pas l’observer du coin de l’œil, elle n’était plus assisse à genoux sur la couverture, mais avait étalé ses jambes devant elle, regardant dans la même direction que moi. « Tu voulais me voir… » J’eus la sensation bizarre que ce n’était ni une question, ni une constatation. Sa phrase avait plus le ton d’un reproche. J’en avais assez qu’elle change d’avis toutes les cinq secondes, qu’une fois elle m’en veuille et me désigne comme seule et unique responsable de notre rupture, et qu’ensuite elle change d’avis, et nous voit plus comme amies. Ne voyait-elle pas, ou ne comprenait-elle pas, que je faisais aussi des efforts en étant ici, à quelques centimètres d’elle, mais sans aucun contact, juste pour ne pas la brusquer ? « Tu avais quelque chose à me dire en particulier ? Je l’entendis soupirer, essayant d’être discrète. Non, je n’avais rien à lui dire en particulier. Ou plutôt, je ne pouvais pas. Pas encore. Je ne pouvais pas venir du jour au lendemain et lui avouer que j’avais envie la retrouver, de nous retrouver. Que j’avais envie de reformer un couple avec elle. Parce que malgré toutes nos disputes et nos différents, elle était l’une des meilleures choses qi m’était arrivée pendant ma quatrième année d’études à Harvard. « Non … J’avais juste envie de passer du temps avec toi … » Ce n’était pas vraiment un mensonge, c’était la réalité. J’avais juste choisi d’en occulter une partie. « Tu voulais qu’on soit amies avant que je partes. C’est ce que j’essaye de faire. » Je ne savais pas comment elle allait réagir à cette phrase, mais pour capturer la moindre de ses expressions, je tournais à nouveau la tête vers elle, guettant sa réaction.

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« Je voulais qu'on soit amies, c'est vrai. Et tu es partie. Tu as traversé la moitié de la planète sans me dire au revoir. Et tu débarques aujourd'hui toute... pimpante pour me faire passer pour celle qui n'a jamais voulu ça. » Dis-je en tournant la tête dans sa direction, remarquant qu'elle me fixait d'une manière qui me déstabilisait. Face à ses deux émeraudes incandescentes, j'en oubliais presque ce qui m'avait poussée à répondre de la sorte. Je ne pouvais nier, j'étais toujours bel et bien amoureuse d'Elie-Sara et rien ni même des milliers kilomètres ne pouvait enlever ce fait. Et je la détestais pour ça. Pour la haïr autant que je l'aimais. Plus je m'éloignais d'elle, plus je revenais vers elle. J'avais beau penser toutes les atrocités du monde la concernant, toutes mes pensées se tournaient indubitablement vers elle. « Je voulais qu'on soit amies... » Murmurais-je, insistant sur le passé, comme si j'essayais de lui faire comprendre que je ne le voulais plus désormais. Au fond, que désirais-je ? Avoir une seconde chance à ses côtés ou m'en éloigner pour ne jamais la retrouver ? Oscillant entre les deux idées, je baissais la tête, fermant les yeux, inspirant bruyamment avant de m'allonger sur le dos et tant pis si cela était incompréhensible. Je ressentais le besoin de m'allonger, relevant mes genoux. « Je ne sais pas quoi te dire Elie. Je crois qu'on a jamais été faites pour être amies. » Ajoutais-je sans plus d'égard, comme si je m'apprêtais à ajouter que son départ avait été la meilleure chose qui me soit arrivée alors qu'il n'en restait pas moins le pire. Oserais-je lui avouer la nature de mes sentiments profonds ? Ou savait-elle au fond d'elle que jamais je ne l'avais oublié, que Spencer n'avait été qu'une distraction dans la mesure ou je n'avais jamais rien ressenti pour elle ? Et puis, je repensais à Eden à qui j'avais posé un lapin le soir du bal dans le but de rejoindre Sasha en Australie pour l'accompagner dans ce moment terrible qu'était : l'enterrement de sa sœur cadette. Je mentirais si je disais que je n'avais rien éprouvé pour elle. En revanche, aujourd'hui mes sentiments me paraissaient si lointain, comme si... comme si j'avais tourné une page qui n'avait malheureusement pas existé.

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« Je voulais qu'on soit amies, c'est vrai. Et tu es partie. Tu as traversé la moitié de la planète sans me dire au revoir. Et tu débarques aujourd'hui toute... pimpante pour me faire passer pour celle qui n'a jamais voulu ça. » Je ne pus m’empêcher de me mordre la lèvre inférieure, oui j’étais partie sans prévenir personne, et je regrettais cette partie. J’aurai pu expliquer que c’était parce que j’étais partie sur un coup de tête, que même mon père n’avait appris la nouvelle qu’une fois que j’étais déjà en Inde, mais ces justifications arrivaient trop tard, et je le savais. Je préférais baisser la tête alors qu’elle me regardait, et glisser un « Je suis désolée. J’aurai du te prévenir, t’appeler de là-bas, te tenir au courant …» . Elle murmura une phrase que j’eus la plus grande peine à comprendre. « Je voulais qu'on soit amies...» Avant que je parte, elle semblait tellement déterminée à mener ce projet à bien, il y avait eu ce pic-nique, cet adorable chiot qu’elle m’avait montré, l’annonce de son coming out comme elle aurait pu le faire à n’importe quelle amie. Mais je n’étais pas encore prête à n’être que amie pour elle, je n’étais toujours pas convaincue de pouvoir le faire, mais j’étais plus décidée à essayer. Si elle me lassait faire. Elle s’allongea sur le dos, comme à bout de forces. De se battre avec/contre moi ? « Je ne sais pas quoi te dire Elie. Je crois qu'on a jamais été faites pour être amies.» Cette phrase, j’aurai pu la comprendre de deux façons différentes, soit qu’elle ne voulait plus me voir ni entendre parler de moi, mais elle ne serait pas venue me retrouver ici dans ce cas-là. Soit, qu’au fond d’elle, elle se disait que notre duo ne fonctionnait qu’en couple, ce dont j’étais aussi convaincue avant mon départ, avant d’accepter de tenter l’amitié pour elle. Vous aurez sans doute compris que mon esprit se persuada immédiatement que la deuxième version était la bonne. J’avais même un plan qui m’était apparu, et qui me semblait infaillible, façon de parler. Je passais de la position de jeune femme sagement assise en tailleur, à celle d’Elie assise à califourchon au niveau d bassin de son ex petite amie, aussi rapidement que possible pour qu’elle ni le temps de réagir, ni le temps de se dégager. Et toujours sans prévenir, en agissant toujours aussi rapidement, je me penchais vers elle, tout en tenant mes cheveux d’une main et déposa juste un baiser sur ses lèvres, à la fois doux et plein de la passion qui dévorait encore parfois à l’intérieur de moi et que je n’arrivais pas toujours à faire taire. Puis, je me relevais, attendant sa réaction. Je savais que je risquais gros, elle pouvait m’insulter, me crier dessus, me renverser sur le côté pour se dégager de mon emprise. Mais elle pouvait aussi répondre à ce baiser. L’avenir nous le dira.

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Fermant les yeux, je respirais l'air frais et si particulier que l'on respire à Cambridge, jouissant de ce moment quelque peu particulier que me procurait l'absence et paradoxalement la non-absence de la femme que j'aimais, à mes côtés. C'est alors que je sentis un poids sur mon bassin dont je connaissais automatiquement l'origine. Ouvrant alors les yeux pour la dévisager – ou plutôt devrais-je dire, l'admirer –, je la vis se pencher vers moi dans le but de déposer un tendre baiser sur mes lèvres. L'un de ses baisers à la fois si doux et si passionné bien que furtif dont elle savait faire preuve, témoin de désirs profonds qui remuaient en moi beaucoup de choses dont mes sentiments inavoués. Restant quelques instants figée, le dos contre le sol, je passais un doigt sur mes lèvres comme pour me convaincre que je n'avais pas rêvé, que subsistait encore le goût sucré de ses lèvres sur les miennes, le souvenir d'un baiser aussi furtif qu'éphémère contre ma bouche. Je me relevais à mon tour, tournant la tête dans sa direction, la dévisageant avec non seulement beaucoup d'incrédulité mais finalement avec un sourire, léger, à peine dressé sur les lèvres qui voulait tout dire. « Elie... » Murmurais-je, réalisant que je n'avais en fin de compte, rien à ajouter. Elle me mettait sans dessus-dessous, occupait mes pensées les plus intimes et notre baiser n'avait rien arrangé à cela. Je n'avais pas eu besoin de goûter de nouveau à ses lèvres pour savoir à quel point je l'aimais. Mais il y avait néanmoins des choses que je devais régler, des choses pour lesquelles je refusais la présence de mon ex petite-amie, pensant qu'il restait un bout de chemin à parcourir, seule. Néanmoins, je voulais lui faire comprendre que son baiser n'était pas tombé dans l'oreille d'une sourde, qu'il ne m'avait en rien contrariée alors, je me penchais à mon tour dans sa direction pour y déposer un baiser, un tantinet plus agressif, plus fougueux, désirant lui montrer qu'elle m'avait manqué et que son absence n'avait fait que renforcer le manque je ressentais à son égard.

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« I was waiting for you, all my life ? »

Kaleigh resta immobile quelques secondes après que je me sois relevée. Telle une statue que je pourrais passer des heures à regarder. Puis elle sortit de sa transe et passa les doigts de sa main droite sur ses lèvres, là où les miennes l’avait touchée un peu plus tôt. Elle me fixa ensuite droit dans les yeux, d’abord incrédule, avant de laisser un fin sourire apparaître sur ses lèvres. Qui me rassura. Car j’étais presque restée en apnée dans l’attente de sa réaction, tant elle pouvait changer des choses en moi, entre nous. Elle se redressa légèrement, et je l’entendis murmurer mon prénom, comme elle ne l’avait plus fait depuis longtemps. Une légère et douce chaleur se propagea doucement en moi, démarrant dans mon ventre, montant dans ma poitrine, dans mon cou et se répandant jusqu’au bout de mes doigts et de mes orteils. Elle se redressa un peu plus, tout en m’attirant en même temps vers elle, et ce fut à son tour d’effleurer mes lèvres du bout des siennes d’un baiser un poil plus fougueux que le mien. Qui véhiculait tout autant d’émotion. Et qui me laissait un peu sur ma faim. Qu’est-ce que j’aurai aimé qu’elle m’attrapa par les hanches, qu’elle inverse les positions et soit au-dessus de moi, qu’elle m’embrasser dans le cou et me dise que moi aussi, je lui avais manqué. Restait à savoir la signification de ce contact : était-ce une invitation, une autorisation à continuer, à aller plus loin ? Ou juste une façon de se quitter, de clore notre « amitié » et notre histoire d’amour ? Il était difficile de faire un choix, je n’avais pas envie de me tromper, encore moins de me faire de fausses idées. Je préférais m’allonger à côté d’elle pour les moment, ma main effleurant l’une de ses cuisses, faisant des petits ronds sur sa peau, et mon autre bras passé sous la tête. Je regardais droit devant moi, en essayant de me concentrer sur les nuages qui contrastaient avec le bleu azur du ciel en cette fin de soirée. « Toi et moi, on va où si on ne peut pas être amies ? »

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J'étais perdue, littéralement. Tiraillée entre mes sentiments évidents pour la jeune femme et la raison qui me poussait à tirer un trait définitif sur cette histoire. Bien qu'il y ait des raisons évidentes pour tourner enfin la page, une seule question demeurait : étais-je capable de passer à autre chose ? Et finalement venait ensuite l'existentielle : et si Elie-Sara était la femme ? J'avais grand besoin de réfléchir, de me remettre en question et d'un peu de temps pour éviter de me précipiter car il était évident qu'un seul de ses baisers aurait suffit à me faire succomber, à me précipiter dans ses bras. Bien évidemment qu'il lui aurait suffit d'évoquer même la question pour que je vienne dans sa direction... si bien que lorsqu'elle prononça ses derniers mots, je fermais automatiquement les yeux, comme pour essayer de croire qu'elle aussi n'avait jamais cessé de m'aimer et qu'elle aussi voulait aller dans mon sens. « Je pense qu'on sait toi et moi qu'on est pas faites pour être amies. » Dis-je dans un demi-sourire alors qu'une de ses caresses sur mes cuisses m'arrachait un frisson. J'attrapais cette main, non pas parce que ses caresses me gênaient ou me déplaisaient mais seulement parce que je ressentais le besoin d'enlacer mes doigts aux siens dans un geste qui, pourtant discret et peut-être anodin avait représenté par le passé une grande difficulté pour moi quand je n'acceptais pas ma relation homosexuelle avec la jeune femme. J'avais bien changé depuis même si je n'étais toujours pas adepte des grands baisers langoureux en public et aux yeux de tous. Néanmoins je n'avais plus honte d'aimer qui j'aimais et d'exprimer mes sentiments par une gestuelle des plus explicites. « Je pense qu'on devrait en reparler au Summer Camp. » Dis-je entre deux respirations, m'approchant d'elle pour attraper son visage que je rapprochais du mien pour y déposer de nouveau un baiser, glissant ma main le long de sa taille.

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