Please to meet you ⱷ JUDE & ROXANNA

Ϟ Remember, there are no mistakes, only lessons. Love yourself, trust your choices, and everything is possible. Ϟ

« It's a new day, it's a new life. » Des mots qui, au premier abord, peuvent paraître apaisants, doux, ponctués d'espoir et de confiance. Mais la préciosité de la vie et de sa tranquillité est une chose fragile et qu'il faut savoir entretenir au fil du temps pour ne pas prendre le risque de la perdre. Cette idée de nouvelle vie, de reconstruction, pouvait sembler tout à fait crédible, mais lorsque l'on a vécu les même choses que Roxanna avant même de passer l'aube de la majorité, il est difficile de croire que les fantômes du passé ne seront pas toujours cachés derrière nous pour nous ramener à la réalité : Quoi que l'on dise, quoi que l'on fasse après, les faits sont là, près de nous, nous collent à la peau. Et jusqu'à la mort nous serons hantés par cette existence lointaine et houleuse, pour nous rappeler qu'il fut un temps où notre vie n'était que désolation et peine, et que notre vie actuelle, il faut s'y accrocher corps et âme. Malgré tout cela, Roxanna s'était imposé comme primordial de toujours gardé la tête haute. Non seulement pour elle, mais aussi pour tous ceux qui, tour à tour, s'étaient soutenus pour la faire sortir du puits sans fond dans lequel elle avait précipité sa chute seule. Dans le fond, une autre Roxanna, plus sombre, plus torturée, résidais toujours en elle, c'était indéniable. Mais, fort heureusement, face au reste du monde elle savait la garder enterrée là où elle était le mieux. Tout au fond de son esprit.

Lorsqu'elle avoua sans doute être bizarre aux yeux de Jude, elle s'attendait à ce que celui ci rie et ne commente pas, histoire de ne pas remuer le couteau dans la plaie. Car, après tout, c'est vrai : Elle a toujours été étrange comme fille, et n'a jamais su comment se comporter face à un homme. Encore moins lorsqu'on lui arrange un rencard comme l'avait fait Apple. Le plus curieux dans toute cette histoire était sans aucun doute le fait que, miraculeusement, Roxy se sentait beaucoup plus à l'aise avec Jude qu'elle ne connaissait que depuis quelques jours, qu'avec d'autres types avec lesquels elle traine habituellement, dans le campus, en soirée, en cours ... Eux, jamais elle n'aurait été capable de leur parler si ... A cœur ouvert. Sauf peut-être avec Noah, mais ça, c'est une autre histoire. « Non, non pas du tout…au contraire, je pense comprendre pourquoi elle nous a présentés, en fait » dit-alors, surprenant la jeune fille qui leva son regard bleu vers lui, intriguée. Il tourna la tête à gauche puis à droite, regardant les autres clients du restaurant. Pour la plupart d'entre eux, des couples, rien de très étonnant. Roxanna entrepris de terminer son assiette, mais fit une pause lorsque Jude reprit : « J’ai le même problème que toi…je…j’crois que j’ai peur de m’attacher aux gens et…l’idée de tomber amoureux, ça me fait…vraiment très peur… ». Il semblait ... Nerveux. A vraie dire, exactement comme Roxanna tout à l'heure lorsqu'elle a commencé à se confier à lui. Il termina son assiette, et la jeune danseuse jeta un rapide coup d'oeil à son propre plat, presque terminé, elle en avala une nouvelle bouchée, son regard braqué sur Jude. Elle avait la gorge serrée, et était toute attentive. Elle avait l'impression de s'entendre, tout simplement. D'entendre sa propre façon de voir l'amour et l'affection, ainsi que les conséquences que cela peut avoir sur nous, bonnes comme mauvaises. « Et j’la remercie, de t’avoir présentée à moi parce que maintenant…je sais qu’on peut s’en sortir… »

Roxy vit bien le regard de Jude dériver sur ses avants bras. Mais oui, quelle idiote, c'est un étudiant en médecine, évidemment qu'il remarquerait ses marques. Elle rougit légèrement, baissa les yeux, puis les releva presque aussitôt pour continuer d'écouter Jude. Elle ne se sentait pas ... Mal qu'il ait pu remarquer ses marques, et en déduire qu'elle aussi avait eu des soucis. Après tout, elle lui avait d'elle-même donné quelques pistes, et elle savait d'Apple que lui aussi avait eu des problèmes par le passé. De plus, il semblait se confier également, et voyant à quel point cela semblait difficile, elle lui était reconnaissante rien que de par ce geste. « J’voudrais vraiment…changer et m’en sortir…parce que…honnêtement…le gars que t’a devant toi, souriant et tout ça…ça me ressemble pas du tout, j’dirais même que t’es la première personne à m’avoir fait autant sourire et rire depuis ces quatre derniers mois… » Là, tout de suite, Roxanna avait envie de prendre la main de Jude, de lui dire que tout irait bien, que ce n'était pas si difficile d'aller mieux quand on a du soutient. Mais non, ce n'est pas aussi simple. Elle appuya ses avant bras sur la table et se pencha légèrement en avant, disant un ton plus bas à son adresse. « Si je puis me permettre de dire quelque chose, si ce n'est pas le "toi" habituel avec lequel je dine depuis un moment maintenant, saches que sourire te vas ... Vraiment bien, sincèrement. » Elle marqua un temps de pause, termina ses Lasagnes en une bouchée, avant de reprendre, toujours aussi calme, sereine. « Je sais que rien qu'en me voyant, en connaissant ma situation, une Eliot, en me voyant vivre dans les soirées et les sourires, on a tout de suite une idée bien fixe de ma personne. Or, toi je sais que tu as remarqué des choses que personne avant n'aurait vu. » Elle faisait clairement référence à ses avants bras, mais aussi au fait qu'il ne la voyait pas comme un morceau de viande au milieu de la fosse aux lions. Instinctivement, la paume de la main gauche de Roxanna vint se poser sur son avant bras droit, et elle se mordit la lèvre inférieure, nerveuse. « Changer est une chose, on l'a déjà fait une fois. Changer de nouveau est tout aussi possible lorsque on en a la motivation, le ... Courage, dirais-je. Une chose que je n'ai pas eue pendant longtemps avant d'arriver ici. Et, du peu que je te connais, Jude... Le type avec qui je parle depuis quelques heures, quelques jours même en comptant les sms, je sens qu'il veut voir le bon côté des choses ... Aimer de nouveau la vie et ses activités. » Dit-elle alors, faisant référence à sa précédente confession sur ce qu'il aimait ou non. « Tu vois, rien que pour ça déjà je suis aussi ravie qu'Apple nous ait présentés. Savoir que je t'ai fait sourire comme pas depuis longtemps m'enchante. On a fait de même avec moi à une certaine époque, et c'est ce que j'ai eu de plus précieux. Même si c'est toujours dur. »

En disant cela, Roxanna se rendit subitement compte du flots de choses privées qu'elle avait raconté sur elle-même. Elle qui, d'ordinaire, restait toujours muette sur son passé. Sa main quitta son avant bras, dévoilant sa cicatrice, et elle porta une main à ses yeux. Elle avait les yeux brillants de larmes, comme à chaque trop plein d'émotion, et ne voulait pas montrer ça à Jude. Merde, c'est un rendez vous, pas une séance de psy, elle avait pas à lui infliger ça. Elle se redressa, tête baissée, et se leva, disant la gorge nouée : « Je .. Je reviens, il faut que je passe aux toilettes, problème avec ma lentille. » Ouh la menteuse, elle ne porte pas de lentilles !

❝You have to decide what's important.
Keeping your pride and getting nothing...
or taking a risk and maybe, maybe have everything.❞

En l’espace d’une soirée, elle m’avait fait sourire, et elle m’avait fait rire. Apple avait donc définitivement raison, peut-être avais-je besoin d’une présence féminine dans ma vie. Peut-être avais-je besoin de me sentir aimer, qu’une fille, qui accepterait mes problèmes et à qui ça ne faisait par peur, serait là pour moi, pour me rappeler que sous cette carapace de garçon malheureux, dépressif et j’en passe, se cachait un jeune homme normal qui voudrait simplement avoir une vie normale. Et à priori, le fait que je sois aussi…aussi peu souriant d’habitude et que je sois si malheureux, ne faisait pas peur à Roxanna, puisqu’elle l’avait vécu. Elle savait ce que ça faisait, elle pouvait comprendre et ça ne la faisait, apparemment pas fuir. Mais je n’étais pas sûr, d’arriver au but que Apple nous avait si gentiment réservé. Tomber amoureux…j’étais tombé amoureux une seule fois dans ma vie, et ça avait tellement mal tourné, que j’étais totalement pétrifié de peur à l’idée de tenir aussi fort à une personne, comme je tenais à Aurore. J’avais tellement peur, de devoir me donner à cent pour cent dans une relation, m’attacher à une fille pour qu’au final, elle finisse par partir. Car tout le monde part un jour, n’est-ce pas ? Je savais que c’était encore une manière très pessimiste de voir les choses, mais n’était-ce pas la vérité ? Pourtant c’était vraiment con, que je m’inflige cette solitude à cause d’une peur qui bouillonnait en moi et qui me bouffait tout espoir. Parce que au fond, j’aurais tout donné, pour avoir une petite amie qui m’aimerait, d’avoir une relation sérieuse et stable avec une fille. Moi aussi, plus tard je voulais fonder une famille et tout le tralala. Mais j’avais cette horrible impression, que ça m’était interdit.

Je me sentais mal à l’aise, de me dévoiler autant. Elle était presque une étrangère, mais j’avais l’impression de pouvoir me confier à elle, l’impression qu’elle n’émettrait aucun jugement, l’impression qu’elle pourrait m’aider, réellement à aller mieux, par n’importe quelle manière, je m’en fichais, je voulais juste, aller mieux…chasser ses idées noires de ma tête, car depuis quelques jours, je pensais un peu trop au suicide et je savais que ça n’était pas une solution et que cela ferait souffrir des personnes autour de moi… La jeune femme se redressa légèrement à mes dernières paroles, s’appuyant sur ses coudes afin de se pencher légèrement vers moi, prenant en fait la même position dans laquelle j’étais et elle murmura doucement, « Si je puis me permettre de dire quelque chose, si ce n'est pas le "toi" habituel avec lequel je dine depuis un moment maintenant, saches que sourire te vas ... Vraiment bien, sincèrement. » Je me pinçais la lèvre et je baissais la tête quelques instants, bizarrement, gêné par ce compliment. C’est vrai, quand j’allais en soirée et que je me faisais des filles comme ça, pour un soir, aucune n’avait le temps de me faire de compliments et si je me concentrais bien, je n’arrivais même pas à trouver qui était la dernière fille qui m’en avait fait un. Je souris doucement, relevant le regard vers elle alors qu’elle avait repris sa position initiale, finissant son assiette en une petite bouchée. Je la regardais alors qu’elle ajoutait calmement, « Je sais que rien qu'en me voyant, en connaissant ma situation, une Eliot, en me voyant vivre dans les soirées et les sourires, on a tout de suite une idée bien fixe de ma personne. Or, toi je sais que tu as remarqué des choses que personne avant n'aurait vu. »

Elle avait raison…en général, les gens s’arrêtaient à vous juger à votre « apparence » alors qu’il y a toujours quelque chose derrière. Et si j’avais vu, les cicatrices sur ses bras, c’était parce que j’étais étudiant en médecine et que l’observation, était quelque chose d’extrêmement importante dans ce métier. Et puis, j’avais toujours été très observateur avec les gens en général. Je lui souris, en prenant mon verre pour boire une gorgée d’eau, sans la quitter du regard, écoutant attentivement ce qu’elle me disait, sans en perdre une miette, « Changer est une chose, on l'a déjà fait une fois. Changer de nouveau est tout aussi possible lorsque on en a la motivation, le ... Courage, dirais-je. Une chose que je n'ai pas eue pendant longtemps avant d'arriver ici. Et, du peu que je te connais, Jude... Le type avec qui je parle depuis quelques heures, quelques jours même en comptant les sms, je sens qu'il veut voir le bon côté des choses ... Aimer de nouveau la vie et ses activités. » J’hochais la tête, elle avait raison et il fut un temps où j’étais courageux et où j’affrontais mes problèmes la tête haute, en faisant tout pour m’en sortir…mais le décès de mon fils et de ma mère, avaient été la goutte qui a fait déborder le vase…qui m’avait achevé, pour de bon. « Tu vois, rien que pour ça déjà je suis aussi ravie qu'Apple nous ait présentés. Savoir que je t'ai fait sourire comme pas depuis longtemps m'enchante. On a fait de même avec moi à une certaine époque, et c'est ce que j'ai eu de plus précieux. Même si c'est toujours dur. »

Je la regardais, et plus j’avais mon regard plongé dans le sien, plus j’avais l’impression qu’elle allait se mettre à pleurer, et je sentis mon estomac se nouer à cette constatation qui se vérifier plus les secondes passaient. Merde…est-ce que j’avais dit quelque chose de mal. « Alors…peut-être que tu pourrais devenir quelque chose que j’aurais de plus précieux… », murmurais-je doucement en lui souriant. Je n’aimais pas voir les gens pleurer en général, mais sans savoir pourquoi, j’eus un énorme pincement en cœur lorsque je vis ces yeux briller. Elle se leva d’un bond et je me leva avec elle, j’avais vraiment peur d’avoir fait quelque chose de mal, de l’avoir blessé ou quelque chose dans ce genre. « Je .. Je reviens, il faut que je passe aux toilettes, problème avec ma lentille. » J’hochais la tête en lui souriant, je me sentais un peu mal de la voir dans cet état. « Okay…vas-y, prend ton temps », annonçais-je doucement, en lui lançant un petit sourire réconfortant. Je la regardais aller jusqu’aux toilettes et j’en profitais pour aller vers le comptoir afin de payer rapidement l’addition. Je demandais au serveur nos vestes et je me plaçais dans le hall d’entrée, où se situaient les toilettes. L’attendant sagement à l’extérieur, le manteau de la jeune femme en mains, j’attendais qu’elle sorte en regardant les gens passer.

Je ne saurais dire combien de temps elle était restée dans les toilettes, mais quand elle sorti, elle me vit tout de suite à l’extérieur, certainement surprise de ne plus me trouver à table. « J’ai payé l’addition, j’voudrais t’amener quelque part… », annonçais-je en m’avançant vers elle et en l’aidant à mettre sa veste que j’avais dans les mains. Je lui proposais alors mon bras en souriant, avant de sortir du restaurant. Je frissonnais légèrement, l’air était assez frais et j’espérais qu’elle ne prendrait pas froid. Nous n’étions pas loin de là où je voulais l’emmener, je regardais droit devant moi, sans trop oser ajouter quoi que ce soit, j’étais un peu gêné de l’avoir vu si bouleversé et j’espérais vraiment que ça n’était pas de ma faute. Nous marchions pendant quelques minutes en silence, avant d’arriver dans un petit parc pas très bien éclairé. Je pris sa main pour l’aider à passer au-dessus de la petite barrière et je regardais autour de moi, relevant mon regard vers le ciel noir. « C’est ici que j’suis venu jouer pour la première fois de ma vie quand j’avais six ans, juste après que je sorte de l’hôpital…c’était un peu comme ma maison l’hosto, j’ai eu une leucémie et…disons que la chimio et tout ça, ça me faiblissait beaucoup… » Je plaçais mes mains dans mes poches et je me tournais vers elle en souriant, je me sentais plus à l’aise à raconter ça que tout à l’heure au restaurant. « Aujourd’hui j’aime bien venir ici le soir…le parc est pas beaucoup éclairé alors…c’est un des seuls endroits de la ville où on peut aussi bien voir les étoiles… » Je ris doucement et je me rapprochais d’elle, gardant mes mains dans mes poches pour les protéger du froid et je souris à la demoiselle, « Et là tu dois te dire "C'est qui ce fou qu'Apple m'a présenté", non ? »

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« Alors…peut-être que tu pourrais devenir quelque chose que j’aurais de plus précieux… » Entendre ces mots venant de Jude touchèrent directement Roxanna en plein coeur. C'est vrai, après tout, elle remerciait chaque jour le ciel de lui avoir envoyé des amis assez géniaux pour la remettre dans le droit chemin, celui qui la conduirait vers un avenir brillant, et non pas un destin dans la débauche et les mauvaises fréquentations. Billie avait été capable, bien qu'étant plus jeune qu'elle, de la sortir de l'enfer dans lequel la jeune fille s'était plongée d'elle même. Une chance qui n'est pas offerte à tous les jeunes de nos jours, et si Roxanna pouvait à son tour redonner le sourire à une personne comme elle l'avait fait ce soir avec Jude, elle en serait heureuse pour toujours. Néanmoins, émotive et ce depuis sa plus tendre enfance - Oui, même regarder Dumbo ou Bambi la fait fondre en larmes, et je ne vous parle pas de 7 Vies ou La Ligne Verte ... - elle ne put contenir quelques légères larmes au bord de ses yeux après tant de révélations, de confidences, de confiance. Car il régnait une atmosphère complice entre les deux étudiants, et ce de plus en plus. « Okay…vas-y, prend ton temps » répondit doucement Jude lorsqu'elle se redressa rapidement. Il lui fit un sourire, que Roxanna imita, étirant ses lèvres légèrement avant de foncer aux WC des dames. Déserts, tant mieux. S'appuyant sur le rebord d'un évier, la jeune fille se regarda longuement dans le miroir, et essuya d'un revers agile de la main les quelques larmes qui bordaient ses yeux. Un coup de crayon rapide pour souligner de nouveau ses yeux bleus, elle passa une main dans ses cheveux dorés, et inspira profondément, reprenant une respiration calme. Quelques minutes après, elle décida de retourner auprès de Jude, de peur qu'il ne se sente coupable alors qu'il n'y avait vraiment pas de quoi.

Lorsqu'elle franchit la porte des toilettes, elle s'arrêta d'un coup sec, surprise de se retrouver face au jeune étudiant en médecine face à elle, habillé, et son manteau dans les bras. « J’ai payé l’addition, j’voudrais t’amener quelque part… » Légèrement surprise, elle préféra néanmoins hocher simplement la tête et enfila son manteau, le boutonnant correctement car elle savait que dehors il faisait froid. Pas un froid polaire non plus... Mais pas loin. Roxanna remercia le directeur du restaurant, prit le bras que Jude lui proposait avec un sourire, s'accrochant donc à lui, avant de pousser la porte de sortie. Une bourrasque de vent vint ébouriffer ses cheveux et la fit frissonner. La jeune fille enfonça sa main dans sa poche droite, et resserra quelque peu son étreinte autour du bras de Jude, comme pour se réchauffer. Alors ils commencèrent à marcher, calmement, silencieusement. Un instant, Roxanna fut apeurée d'avoir effrayé Jude, et de l'avoir tendu. Après tout elle s'était levé d'un bond pour filer, après avoir balancé un flot de confessions. Mais alors, pourquoi l’emmènerait-il dans un parc ?

Le parc était mal éclairé mais semblait charmant. Jude enjamba la barrière et tendit la main à la jeune fille pour l'aider à passer. Elle tendit son bras dans sa direction pour saisir sa main, et s'y accrochant de peur de tomber, elle enjamba à son tour la barrière. S'éloignant un peu de la barrière, Roxanna regardait autour d'elle, les jeux, le décor, l'herbe ... Elle leva la tête et vit un ciel parfaitement étoilé, ce qui la fit sourire. La voix de Jude la ramena sur Terre : « C’est ici que j’suis venu jouer pour la première fois de ma vie quand j’avais six ans, juste après que je sorte de l’hôpital…c’était un peu comme ma maison l’hosto, j’ai eu une leucémie et…disons que la chimio et tout ça, ça me faiblissait beaucoup… » Roxanna pencha la tête à nouveau, détachant son regard du ciel pour regarder Jude. Mains dans les poches, dos à elle, il semblait légèrement plus détendu. La magie du lieu, sans doute. Elle fit un pas dans sa direction et il se retourna pour lui faire face. Dans le regard azuré de la jeune fille, on pouvait lire de la peine, et de la compréhension. La pitié n'a pas de place dans ce genre de confessions. « Aujourd’hui j’aime bien venir ici le soir…le parc est pas beaucoup éclairé alors…c’est un des seuls endroits de la ville où on peut aussi bien voir les étoiles… » Quand il dit cela, Roxanna leva de nouveau la tête, observant ces étoiles qui, telles des paillettes intouchables, illuminaient faiblement le ciel dégagé de tout nuage superflu. Elle sourit, puis rebaissa la tête, sentant Jude se rapprocher d'elle petit à petit, avant qu'il ne parle à nouveau, en riant : « Et là tu dois te dire "C'est qui ce fou qu'Apple m'a présenté", non ? » Roxanna éclata de rire à son tour, un rire plus clair que le cristal. Le copieur, il venait de lui voler, presque mot à mot, sa phrase du restaurant ! Elle secoua bien entendu la tête de gauche à droite, et sortit ses mains de ses poches, les frottant pour se réchauffer quelque peu. Elle fit un pas de plus vers Jude, se retrouvant à présent face à lui, puis, naturellement, mais légèrement rouge - Dieu merci le parc n'était pas éclairé - Elle glissa ses deux bras autour du torse de Jude pour l'étreindre avec légèreté, de peur de le choquer, d'être trop ... Affective envers lui. Elle parla à voix basse « Tu es bien loin d'être fou, à mon avis. On a tous un lieu symbolique quelque part. Ce parc est très beau, chaleureux. C'est ce dont on a besoin en sortant d'un hôpital, je pense. » Elle marqua un temps de pause, se recula pour faire face à Jude, mais plutôt petite de taille, elle dut lever la tête pour bien le voir. « J'ai déjà été à l'hôpital aussi. A cause de mes propres erreurs, en revanche. Cocktail de médicaments, plus ce qui a donné ces jolies cicatrices ... » Elle retroussa sa manche pour laisser apparaître ses cicatrices. « Ca explique également pourquoi la médecine t’intéresse tant ... C'est beau. » Elle fit un sourire, touchée par la confiance qu'il venait de lui accorder. Un nouveau courant d'air frais vint passer dans ses cheveux, la faisant frissonner de la tête aux pieds. « Merci d'avoir partagé ça avec moi, tu ne t'imagines même pas à quel point ça me touche. Et tu as raison, les étoiles sont superbes vues d'ici, je n'en revient pas. »

Enfin, elle pensa de nouveau au fait qu'elle s'était sauvée comme une voleuse aux toilettes du restaurant, sans fournir d'explications. Et tout à l'heure, il semblait soucieux. Roxanna ouvrit les lèvres comme pour parler, puis les referma, avant d'enfin se décider à dire « Au fait ! Je ... Suis désolée pour tout à l'heure. J'aurais pas du me sauver comme ça, sans explications ni rien. Je suis facilement émotive, et j'ai toujours un peu honte de montrer ça aux autres, à 20 ans ça craint, surtout chez une Eliot qui est censée être "belle riche et ambitieuse" » Elle fit un léger rire, se moquant de sa propre maison, puis reprit, plus sérieusement : « Ça n'avait absolument aucun rapport avec toi, hein ... Disons simplement que la dernière fois que j'ai parlé de tout ça... De mon passé, c'était avec ma meilleure amie, en première année de fac. Une overdose l'a emportée et c'est ... Encore dur quand j'y repense. C'était elle qui m'avait fait arriver jusque là. Celle qui m'avait redonné le sourire. » Sa gorge se serra de nouveau, et elle pinça ses lèvres, se jurant de rester calme ce coup ci. De toutes façons, il n'y avait pas de toilettes ici.

❝You have to decide what's important.
Keeping your pride and getting nothing...
or taking a risk and maybe, maybe have everything.❞

Ce parc était important pour moi, et je n’y avais jamais emmené personne, même pas Apple, en fait. Ca à l’air con, que mon endroit préféré de la ville soit ici, mais pourtant, c’était la réalité. Pas seulement pour le fait que l’on pouvait clairement voir les étoiles le soir, mais aussi parce que c’était exactement ici, que je m’étais sentis, pour la première fois de ma vie – alors que j’avais six ans – vraiment heureux. Sortir de l’hôpital et surtout, être en bonne santé. Ca n’était pas facile, pour un petit garçon de comprendre qu’il est malade : surtout que la leucémie était une maladie plutôt difficile à gérer, déjà pour les adultes. J’étais complètement réduit, j’étais très pâle et je devais rester dans un environnement sain afin de ne pas prendre le risque que j’attrape des maladies car, aussi petites étaient-elles, elles pourraient me tuer en un claquement de doigts. J’étais toujours extrêmement fatigué et lorsque j’avais débuté ma chimiothérapie, les choses étaient encore pires. Voir ces propres cheveux tomber, devenir chauve lorsqu’on est gosse…ça n’est vraiment pas facile. Et c’était donc dans ce parc, que je m’étais fait mes premiers amis, que j’avais pour la première fois, réellement vécu comme un petit garçon normal. Quand je venais ici, j’avais l’impression de pouvoir ressentir l’excitation et la joie que j’avais ressenti le jour où mes parents m’avaient amené ici.

La jeune femme éclata de rire à ma réplique et se rapprocha de moi, enroulant ses bras autour de moi. Je la laissais faire, remontant mes mains dans mon dos pour la serrer contre moi. Elle devait avoir froid, dans cette petite tenue ici, j’aurais peut-être dû la faire venir un autre jour un peu plus chaud. Je fermais les yeux, profitant de cette étreinte et me rendant compte, à nouveau, que ça faisait pas mal de temps que je n’avais pas tenue une fille comme ça dans mes bras – autre qu’Apple, mais elle était ma meilleure amie alors ça ne comptait pas tellement – et je ne trouvais pas ça désagréable du tout. « Tu es bien loin d'être fou, à mon avis. On a tous un lieu symbolique quelque part. Ce parc est très beau, chaleureux. C'est ce dont on a besoin en sortant d'un hôpital, je pense. » J’hochais légèrement la tête, elle avait tout compris…voilà pourquoi je l’avais amené ici…je savais qu’elle comprendrait… N’importe quelle fille aurait pu croire que j’étais un tordu à les amener dans un parc mal éclairé comme ça, mais pas elle. « J'ai déjà été à l'hôpital aussi. A cause de mes propres erreurs, en revanche. Cocktail de médicaments, plus ce qui a donné ces jolies cicatrices ... » Je baisais mon regard vers elle alors qu’elle se reculais légèrement pour montrer les cicatrices sur ses avant-bras. Je me pinçais la lèvre en fronçant légèrement les sourcils et je me permis de prendre une de ses bras entre ma main, caressant doucement les petites cicatrices qui n’étaient pas trop visibles dans cet obscurité. Je lui souris en relâchant doucement son bras et je murmurais, « J’ai aussi quelques cicatrices dans le dos…due…à ma greffe de moelle osseuse... encore un point commun, même si c’est pas le meilleur… » Je ris légèrement et je regardais autour de moi le terrain vide quelques secondes.

« Ça explique également pourquoi la médecine t’intéresse tant ... C'est beau. » Je souris et je baissais la tête, un peu gêné qu’elle me comprenne aussi rapidement. C’est vrai que ayant passé mon enfance dans les hôpitaux, le fait de vouloir devenir médecin avait tout de suite était évident. Je souris à nouveau et un léger vent vint caresser mon visage, ébouriffant légèrement les cheveux de la demoiselle ce qui me fit légèrement rire. Je la regardais en silence, c’était la première fois que je la voyais « d’aussi près » et j’en profitais pour voir chaque détails de son visage, même si l’éclairage n’aidait pas tellement. « Merci d'avoir partagé ça avec moi, tu ne t'imagines même pas à quel point ça me touche. Et tu as raison, les étoiles sont superbes vues d'ici, je n'en revient pas. » J’hochais la tête en souriant, « Ça m’a fait plaisir de le montrer à quelqu’un qui comprendrait… ». J’étais sincère, je passais une très bonne soirée, plus que ce que je ne l’aurais imaginé et je ne regrettais pas d’avoir accepté ce rencard. « Au fait ! Je ... Suis désolée pour tout à l'heure. J'aurais pas dû me sauver comme ça, sans explications ni rien. Je suis facilement émotive, et j'ai toujours un peu honte de montrer ça aux autres, à 20 ans ça craint, surtout chez une Eliot qui est censée être "belle riche et ambitieuse" » Je me reculais un peu plus pour pouvoir la regardant, riant avec elle. Je ne lui en voulais pas du tout, pour tout à l’heure, je pouvais parfaitement comprendre ça et même si, c’est vrai, je m’étais senti un peu fautif. Enfin, qu’elle me dise que ça n’était pas ma faute m’aider à me sentir un peu mieux et un peu plus à l’aise, j’avais vraiment eu peur d’avoir dit une grosse connerie.

« Ça n'avait absolument aucun rapport avec toi, hein ... Disons simplement que la dernière fois que j'ai parlé de tout ça... De mon passé, c'était avec ma meilleure amie, en première année de fac. Une overdose l'a emportée et c'est ... Encore dur quand j'y repense. C'était elle qui m'avait fait arriver jusque-là. Celle qui m'avait redonné le sourire. » Je fronçais légèrement les sourcils, passant ma langue entre mes lèvres. Cela expliquait pas mal de choses et…le fait qu’elle ait aussi perdu quelqu’un d’important à ces yeux, la rapprochait encore un peu plus de ma situation et de ce que je pouvais ressentir. Je déglutis, sa meilleure amie avait fait une overdose…elle se droguait ? Car si c’était le cas, alors je préférais qu’on en reste là. J’étais moi-même un drogué, et elle était une fille beaucoup trop bien pour moi, je ne pourrais lui apporter que des ennuis et des mauvais souvenirs, j’en étais certains. « je…j’suis désolé… », murmurais-je doucement . Je la regardais, elle avait l’air à nouveau un peu bouleversé, et je comprenais, ça me faisait exactement la même chose, lorsque je parlais de mon fils ou de ma mère à quelqu’un. Je glissais une main dans son dos pour la serre à nouveau contre moi, fermant les yeux pour essayer de la rassurer ou la consoler. « T’inquiète pas j’comprends ça aussi…si…si j’parle de ma mère ou de mon fils qui sont décédés y’a quatre mois je… » Je fis une pause, gardant mes yeux bien fermés et prenant une grande inspiration tout en la serrant toujours dans mes bras. « J’comprends… » Je soupirais légèrement et je me reculais un peu pour la regarder, le vent commençait à souffler de plus en plus fort et il était très loin d’être chaud. Je plaçais mes deux mains dans ma veste à nouveau, frissonnant et je la regardais, « T’a pas trop froid ? J’peux te passer ma veste si tu veux… après…j’sais pas, on peut aller quelque part d’autre ou j’peux te raccompagner chez toi, comme tu veux… »

Ϟ Remember, there are no mistakes, only lessons. Love yourself, trust your choices, and everything is possible. Ϟ

Roxanna dévoila son bras, marqué par ses erreurs passées, et ce sans doute à vie. Jude leva alors le bras dans sa direction, et saisit doucement le bras de la jeune fille pour caresser du bout des doigts ses marques. Elle en frissonna, peu habituée à ce genre de contact, et encore moins à montrer ses cicatrices, que personne n'avait jamais vu avant Jude. Elle garda la tête baissée un long moment, observant le trajet des doigts de l'étudiant sur son avant bras, puis elle redressa son regard vers lui alors qu'il relâchait le bras tout en parlant. « J’ai aussi quelques cicatrices dans le dos…due…à ma greffe de moelle osseuse... encore un point commun, même si c’est pas le meilleur… » Roxanna fit un petit sourire compréhensif, puis hocha la tête. Lui, au moins, ce n'était pas sa bêtise qui avait laissé des marques, c'était la fatalité. Le fait que, malheureusement, il dut affronter une leucémie si jeune. Roxanna, elle, dépitée par le comportement de son père envers elle, avait décidée seule de s'infliger de telles tortures, comme si, dans le fond, elle avait toujours espéré que cet homme finisse par se faire du soucis pour elle, et cela n'arriva, hélas, jamais. Un long moment, Roxy resta silencieuse, observant Jude de ses grands yeux bleus innocents, puis fit un sourire lorsqu'il lui répondit, après qu'elle l'ait remercié de lui avoir montré un lieu si ravissant et apaisant que ce parc. « Ça m’a fait plaisir de le montrer à quelqu’un qui comprendrait… » Avec un sourire reconnaissant, qui disait bien plus que n'importe quel mot, elle le remercia de nouveau. Touchée et émue d'une telle attention que celle de lui faire confiance au point de lui montrer en quelque sorte son "jardin secret", Roxanna ne savait que dire de plus.

Après lui avoir dévoilé une part de plus de son passé, la jeune danseuse se plongea de nouveau dans le silence, tentant tant bien que mal de contenir ses larmes. Elle força un sourire à l'attention de Jude, pour le rassurer. Mais le jeune homme, il fallait s'y attendre, était un fin observateur, et ne fut pas dupe. Doucement, il attira la jeune fille contre lui, qui, d'instinct, se blottit dans ses bras, visage enfoui dans son manteau. « je…j’suis désolé… » dit alors Jude, avant d'enchainer : « T’inquiète pas j’comprends ça aussi…si…si j’parle de ma mère ou de mon fils qui sont décédés y’a quatre mois je… » Roxanna resserra son étreinte autour du corps de Jude en l'entendant parler. Il avait perdu sa mère et son fils, il y a quatre mois? Normal alors qu'il aille si mal, qu'il ait perdu goût à la vie... Après la perte de Billie, Roxanna avait sombré progressivement, jusqu'à vouloir mettre fin à ses jours. Fort heureusement, Noah avait su la remettre dans le droit chemin, et aujourd'hui, bien que toujours sensible à son passé - et sans doute le serait-elle éternellement - elle savait prendre la vie du bon côté, rester optimiste en toute circonstances. Roxanna se mordit la lèvre inférieure, ne sachant que dire, puis elle répéta simplement ses dernières paroles. Elle parla à voix basse « Je comprend aussi ... Mais ce sont des choses auxquelles on peut faire face, non ? Je veux dire ... » Elle s'arrêta un court moment, reculant son visage pour regarder Jude, ses bras toujours noués dans son dos. Elle rougit légèrement, encore. « Apple nous connait tous les deux, et de tous mes amis, elle est une des rares à savoir que j'ai pas eu ... Une vie facile. Je pense qu'elle a du calculer que tous les deux, on apprendrait de l'autre. Qu'on s'aiderait à ... Avancer. » Elle pinça les lèvres en faisant un petit sourire, et baissa la tête, gênée. « Enfin ... Voilà quoi. C'est une chipie mais elle me connaît bien. » et surtout ses goûts. Quand Apple lui avait proposé de sympathiser avec Jude, jamais elle ne se serait douté une seule seconde qu'elle rencontrerait une personne si proche d'elle, si ... Capable de la comprendre.

Roxanna se recula légèrement, et enfonça son visage dans son écharpe, sentant que le vent devenait de plus en plus fort « T’a pas trop froid ? J’peux te passer ma veste si tu veux… après…j’sais pas, on peut aller quelque part d’autre ou j’peux te raccompagner chez toi, comme tu veux… » A dire vraie, Roxanna n'avait pas vraiment envie de retourner immédiatement chez les Eliot toute seule, pour s'ennuyer, et puis, elle passait vraiment une bonne soirée ... La jeune fille haussa les épaules, indécise, et enfonça ses mains dans ses poches, parcourue d'un frisson. « Non, t'en fais pas, ça va ! Tu es venu à pied ou en voiture? Sinon on peut retourner jusqu'à la mienne et aller tranquillement sur le campus ... » Elle fit un petit rire, puis enchaîna, avec un sourire malin : « Sauf si tu as un autre rencard après moi, je doute que je sois la seule à qui Apple à donné ton numéro ... » Elle pourrait presque être jalouse, rien qu'à dire ça, mais après tout, Apple était connue pour ses multiples amies belles et désirables, après tout, c'est la présidente de la maison des Cabots, les jeunes filles les plus convoitées de l'université d'Harvard ! Quoique, avec leurs moyens, les filles d'Eliot étaient pas mal désirées aussi ... Roxanna en avait fait l'objet plus d'une fois.

❝You have to decide what's important.
Keeping your pride and getting nothing...
or taking a risk and maybe, maybe have everything.❞

On aurait du mal à croire, en me voyant, que j’avais pu être père. Pourtant c’était le cas, et je ne m’en étais jamais caché. J’étais fier de le dire, de présenter Kyle comme étant mon fils. Il était très intelligent et il ressemblait pas mal à sa mère, ce qui était au départ, assez douloureux car en le regardant, j’avais l’impression de la voir elle. On pourrait dire que Kyle avait été mon sauveur, celui qui m’avait redonné le sourire il y a deux ans. Il m’avait fait devenir responsable, il m’avait insisté à arrêter les conneries de drogue et d’alcool, il m’avait fait devenir, un étudient normal – si on ne comptait pas le fait que j’étais père à vingt ans à peine. Kyle vivait chez ma mère, celle-ci, se sentant seule depuis la mort de mon père avait été ravie de s’occuper du petit garçon. Quant à moi, je passais mes week-end avec eux, je me sentais à nouveau un peu plus heureux. Leur mort…je n’étais pas sûr de pouvoir m’en remettre, du moins pas aussi facilement qu’on pourrait le penser. Moi aussi, j’avais perdu la personne qui m’avait redonné le sourire : peut-être que la solution à mes problèmes était que je retrouve cette personne. Peut-être même, que je venais de la trouver ? Je ne connaissais pas tant de chose que ça, de la vie de Roxanna, mais j’avais cette étrange impression de la connaître depuis toujours. D’avoir juste besoin d’un seul regard, sans aucun mot, pour comprendre. Pour la comprendre. Plus le temps passait avec elle, plus je comprenais pourquoi ma chipie de meilleure amie avait tant tenue à ce que nous nous rencontrions. Ca semblait évitant, comme le nez au milieu de la figure, nous avions vécu les mêmes choses, ça en était à la limite effrayant, jamais je n’aurais cru rencontrer quelqu’un qui pourrait comprendre ce que je ressentais, à cet instant précis de ma vie où tout allait mal.

Je la sentais se resserrer contre moi lorsque je lui parlais de ma mère et de mon fils. Je n’arrivais pas à croire que je venais de lui en parler, d’ailleurs. En général, j’évitais le sujet avec tout le monde, en espérant que personne – ou le moins de monde possible – soit au courant. Tous les gens qui connaissaient mon passé, finissaient par me regarder avec de la pitié et j’avais peur que leur amitié envers moi ne soit du que parce qu’ils ont pitié de moi, et je détestais ça plus que tout. Je soupirais légèrement, repensant à la conversation que j’avais eu avec Apple quand je lui avais parlé…de mes pensées suicidaires…je me demandais si Roxanna y avait elle aussi déjà pensée…mais ce n’était pas le genre de question que j’oserais lui demander. « Je comprends aussi ... Mais ce sont des choses auxquelles on peut faire face, non ? Je veux dire ... » Elle se recula légèrement, restant tout de même contre moi afin de pouvoir me regarder. Un léger frisson me parcouru alors que je crus voir ses joues rougir à nouveau. Je me demandais si c’était habituel chez elle de rougir aussi souvent comme ça ou alors si… « Apple nous connait tous les deux, et de tous mes amis, elle est une des rares à savoir que j'ai pas eu ... Une vie facile. Je pense qu'elle a dû calculer que tous les deux, on apprendrait de l'autre. Qu'on s'aiderait à ... Avancer. » Je souris et j’hochais la tête doucement, je savais qu’elle avait raison. J’ai su, qu’elle avait raison dès l’instant où j’avais vu les cicatrices sur son bras… « Enfin ... Voilà quoi. C'est une chipie mais elle me connaît bien. » Je souris, ça pour être une sacrée chipie, s’en était une et je savais que ce soir, j’allais devoir lui faire un compte rendu très détaillé de cette soirée.

Je jetais un léger coup d’œil sur le ciel au-dessus de nous, en demandant à la jeune femme si elle n’avait pas trop froid. Déjà que moi j’avais très froid, alors elle, avec sa petite robe, je n’osais même pas imaginer. Décidément, j’aurais dû venir en voiture pour pouvoir la raccompagner dans le chaud : oui, ça faisait longtemps que je n’avais pas eu un rancard alors je n’avais pas vraiment penser à tout, en fait. Elle haussa les épaules, rangeant elle aussi ses mains dans ses poches certainement pour les protéger du froid puis elle annonça, « Non, t'en fais pas, ça va ! Tu es venu à pied ou en voiture? Sinon on peut retourner jusqu'à la mienne et aller tranquillement sur le campus ... » Je souris et j’hochais la tête doucement, en la regardant alors qu’elle rit doucement, annonçant tout de suite après ; « Sauf si tu as un autre rencard après moi, je doute que je sois la seule à qui Apple à donné ton numéro ... » Je ris légèrement en la regardant, un peu surpris qu’elle me dise ça et tout à coup, je me demandais si ça lui poserait problème que je vois une autre fille à pied… « A pieds, mais oui on peut retourner jusqu’à la tienne si tu veux… » Je souris et j’allais jusqu’à la barrière, en lui proposant à nouveau de l’aide pour la passer sans qu’elle se casse la figure, elle avait la main assez froide et sans m’en rendre je gardais ma main dans la sienne une fois la barrière passée, je la regardais en souriant, « Non, je rencontrerais pas d’autres filles, y’a que toi… » Je me pinçais la lèvre en souriant légèrement, un peu gêné, mais bon, c’était la vérité et après cette soirée, je n’avais absolument aucune vie, d’avoir d’autres rancards…

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Bizarrement, oui, Roxanna avait dit cela avec une pointe de jalousie, après tout, Apple ne pouvait pas avoir parlé de Jude qu'avec elle, à tous les coups, la connaissant, elle avait fait cela avec d'autres demoiselles. Elle fronça un peu le nez, gênée de passer pour une jalouse de service, mais bien au contraire, le jeune étudiant en médecine rit, la détendant quelque peu. « A pieds, mais oui on peut retourner jusqu’à la tienne si tu veux… » Roxanna haussa les épaules, après tout elle s'en moquait bien, ils pouvaient même rentrer à la fac à pieds que ça ne la dérangerait pas. La blondinette suivit Jude jusqu'à la barrière qu'il passa encore avant de l'aider de nouveau. Roxanna tendit la main vers la sienne et s'y accrocha, manquant de peu de se casser la figure, mais elle passa saine et sauve. Avec un petit sourire, elle le regarda et ils se mirent en marche. Elle ne releva même pas le fait qu'il avait gardé sa main dans la sienne. C'était agréable, surtout qu'elle avait les mains gelées, un peu de chaleur humaine ne fait pas de mal avec ce temps d'hiver vraiment glacial. A la longue on s' fait, mais malgré tout ce n'est pas franchement agréable. « Non, je rencontrerais pas d’autres filles, y’a que toi… » répondit enfin Jude, suite à la précédente supposition - qui visiblement, et fort heureusement était erronée - de Roxanna. La jolie danseuse dissimula tant bien que mal son soulagement, et fit un léger sourire, tout en marchant aux côtés du jeune homme. Il faisait nuit noire, à l'heure qu'il était, et sans les lampadaires, seule la lune pourrait éclairer les rues. Autant dire pas grand chose. Mais l'atmosphère détendue donnait envie à Roxanna de rester dans les rues, de laisser ce moment s'étendre jusqu'au bout de la nuit. Bien entendu, elle était parfaitement consciente du fait qu'à un moment ou un autre, elle devrait retourner dans la maison des Eliot, et Jude chez les Mather. Mais au moins, elle aurait passé un bon moment avec lui. Et elle ne regrettait réellement pas d'avoir reçu ce petit sms de son amie il y a quelques jours de cela. Elle qui d'ordinaire fermait son cœur à quiconque essayait de s'attacher, peut-être que le fait que Jude ait traversé un passé douloureux aidait Roxy à se libérer de ses propres démons. Après tout, elle avait toujours fuit les hommes bien parce qu'elle avait peur de leur réaction s'ils apprenaient qu'elle avait vécu tant de choses. Or, quand elle avait parlé de son séjour à l'hôpital, il n'avait pas semblé choqué, ni rien de tout cela. En revanche, comment réagirait-il s'il apprenait qu'elle avait tué son père accidentellement - bien qu'ayant été un vrai salaud, sa cicatrice nettement plus voyante que les autres sur son épaule en témoignait grandement -, qu'elle avait fuit la ville pour Boston, ou elle avait été strip teaseuse pendant deux ans ? Juste pour le plaisir de la danse, certes, mais une danse séductrice et provocante. Si Billie ne l'avait pas sortie de cet enfer, sans doute la jeune fille, qui refusait tout contact trop proche avec ses "clients", aurait terminé violée et abandonnée au coin d'une rue. Aujourd'hui, elle dansait pour elle et elle seule, et c'était le plus important.

Roxanna décida de briser le silence qui s'installait entre eux petit à petit, et déclara, avec le sourire : « Tu sais, tu as commencé la médecine pour une raison noble. Moi, j'ai décidé de vivre de la danse pour une raison simple aussi. Ma grand mère m'a élevée. Elle m'a raconté que ma mère était une grande danseuse avant de connaître pour géni ... Mon père. J'ai toujours voulu danser depuis ce jour. J'avais cinq ans je crois. C'était apparu comme une évidence ... » Elle s'était rattrapée au dernier moment. Elle n'appelait jamais son père papa, ou "mon père", ou du moins très rarement. En général elle l'appelait par son prénom, ou disait "mon paternel", "mon géniteur", etc. Elle ne le considérait pas comme un père. Sa grand mère avait tenu le rôle de ses parents jusqu'à son départ. Au bout d'un certain temps, les deux étudiants arrivèrent près de la rue ou se trouvait la voiture de Roxanna, qui s'arrêta. Déjà ? « Oh et puis tu sais quoi ? Il fait beau, même s'il fait frais. Et si on rentrait à pied ? J'irais chercher ma voiture demain. » Elle se mordit la lèvre inférieure. A demi mot, elle admettait qu'elle voulait passer plus de temps avec lui. « Enfin ... Après c'est comme tu veux, je te force pas. » Jude ne sembla pas contre cette idée, et Roxy fit un sourire, avant de se remettre en marche, direction l'université d'Harvard.

Sa main avait retrouvé une chaleur plus correcte, dans celle de Jude, et elle ne frissonnait presque plus. A vraie dire, elle n'y faisait même plus attention. Il n'y avait plus rien d'important, en dehors du moment présent. Une promenade, simple, entre deux étudiants qui venaient, ou du moins c'était le cas pour Roxanna, de passer une excellente soirée en compagnie l'un de l'autre. Un restaurant, des lasagnes, un beau garçon, un beau parc avec un ciel étoilé ... Que demander de plus quand on peut faire simple, dites moi ? Pas grand chose. Et c'est bien ce qui plaisait à notre jeune étudiante habituée à baigner dans le luxe et la richesse, dans sa maison. Tous les étudiants ne vivaient qu'avec de l'argent pour tout avoir. Leurs relations, leurs résultats, leur popularité ... Tout reposait sur leurs moyens, chose que Roxanna fuyait particulièrement.

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Je ne saurais même pas dire quelle heure il était. Cela ne m’aurais pas étonné, qu’il soit assez tard. Le ciel était maintenant complètement noir et la lune était parfaitement visible dans le ciel, éclairant légèrement de sa lueur blanchâtre la rue que nous traversions doucement. Je ne marchais pas trop vite, je ne voulais pas que cette soirée se termine tout de suite, en fait. Je me sentais tellement bien, là dehors, avec elle. Cela faisait pourtant si longtemps que je ne m’étais pas senti aussi serein. Parler de mes problèmes, m’avait un peu soulager aussi. En fait non, parler de mes problèmes à quelqu’un qui pouvait comprendre, m’avait soulager énormément. Et comme je lui avais dit tout à l’heure, la voir comme ça, souriante, malgré qu’elle soit émue lorsqu’elle en parle, me montrait que c’était possible de s’en sortir. Il fallait juste que je me montre plus courageux encore, que je trouve la motivation d’aller de l’avant, et de me dire que peut-être que la vie me réserve quelques bons tours dans le futur, après tout ? Ma rencontre avec Roxanna était un point positif, vraiment très positif. J’avais gardé mes doigts entremêlés avec les siens sans trop y prêter attention, et lorsque je bougeais ceux-ci et que je sentais sa main toujours dans la mienne, je souris légèrement, un peu gêné mais en même temps, ravie de ce rapprochement. Je tournais légèrement l’œil vers elle après lui avoir dit que je ne verrais pas d’autres filles et je crus apercevoir un léger sourire sur son visage. Je regardais à nouveau devant moi, souriant à nouveau, ne sachant pas quoi ajouter de plus alors que nous marchions doucement et en silence dans une rue assez déserte. J’en concluais qu’il devait être plus ou moins tard, si on ne croisait personne…Je regardais autour de moi, jetant parfois des brefs et rapides coups d’œil sur ma main tenant la sienne, me demandant où ceci allait nous mener. Et pour la première fois depuis notre rencontre, cette sensation de peur que je ressentais beaucoup trop souvent m’envahit à nouveau.

Et si…et si nous nous revoyons ? Et si…si en rentrant chez moi ce soir, je n’arrivais pas à m’effacer son sourire de mon esprit ? Si….et si je tombais amoureux ? Je voyais bien la manière dont je me comportais avec elle et le fait que je me sente si bien en sa présence me confirmais le fait qu’il était fort probable que ça finisse par arriver. Une partie de moi en avait envie, vraiment, très très envie et elle était certaine que Roxanna serait la personne idéale pour moi et pour m’aider à aller mieux. Mon quotidien pourrait peut-être ressembler à cette soirée ? Ce sourire, pourrait s’afficher beaucoup plus souvent sur mon visage…Mais une autre part de moi, me disait que ça ne DEVAIT pas avoir de suite. Qu’elle avait vécue déjà pas mal de choses difficiles et que entrer dans sa vie ne serait qu’ajouter un problème de plus car après tout, j’étais dépendant à la drogue et c’était un fardeau que je portais que je ne voulais pas partager, pas avec elle, elle en avait déjà assez bavée comme ça… « Tu sais, tu as commencé la médecine pour une raison noble. Moi, j'ai décidé de vivre de la danse pour une raison simple aussi. Ma grand-mère m'a élevée. Elle m'a raconté que ma mère était une grande danseuse avant de connaître pour géni ... Mon père. J'ai toujours voulu danser depuis ce jour. J'avais cinq ans je crois. C'était apparu comme une évidence ... » Je tournais le regard vers elle, fronçant légèrement mes sourcils. Allait-elle appeler son père « géniteur » ou avais-je rêvé ? En général, les gens qui appelaient leurs parents de cette façon avaient quelque chose à lui reprocher. Avait-elle quelque chose à reprocher à son père… ? Etait-il la raison de ses cicatrices qu’elle s’était infligée sur le bras ?

Je lui lançais un léger sourire et j’haussais les épaules, mon envie de devenir médecin n’était pas noble, pour moi. C’était même à la limite du cliché. « J’espère que je te verrais danser un jour, alors… » , lançais-je doucement en déviant mon regard de ses yeux bleus pour voir une voiture un peu plus loin à la hauteur de laquelle nous nous arrêtions, j’en concluais donc que c’était la sienne et que cette soirée allait très bientôt se terminer, même si je n’en avais pas trop envie. « Oh et puis tu sais quoi ? Il fait beau, même s'il fait frais. Et si on rentrait à pied ? J'irais chercher ma voiture demain. » Je tournais le regard vers elle et je me pinçais la lèvre en souriant légèrement, « Enfin ... Après c'est comme tu veux, je te force pas. ». Je ris doucement et j’hochais la tête avant de replonger mon regard dans le sien. « Non…ça me ferait plaisir qu’on finisse à pied… » , murmurais-je en passant nerveusement ma main libre dans ma nuque alors que nous remettions en marche, gardant nos mains l’une dans l’autre. Nous remontions une longue rue marchande, mis à part les restaurants, tous les magasins étaient bien entendus fermés mais la rue était déjà un peu mieux éclairait que tout à l’heure. Dans un sens, cela enlevait un peu de la « magie » de cet instant, mais tant pis. Des panneaux routiers indiquaient la route pour aller vers l’université, nous n’étions plus très loin même si notre marche était assez lente. Je me pinçais la lèvre et je la regardais en souriant timidement, continuant à marcher sans prendre la peine de regarder devant moi. « J’espère que tu as passée une bonne soirée en tout cas… » Un léger vent vint à nouveau nous fouetter en plein visage, me faisant frissonner derechef alors que je virais un peu plus vers la gauche pour me rapprocher de Roxanna dans notre marche. « et…j’espère qu’on se reverra vite… »

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Tout avait commencé par la faute de son père. Beaucoup d'enfants perdent leur mère à la naissance, mais sont supportés par l'amour de leur père, qui chérissent leurs enfants au nom de leur défunte épouse. Ce ne fut pas le cas de Alexander Lewis, le père de Roxanna. Il la haït dès l'instant où sa femme rendit son dernier souffle, refusant même de lui donner un nom. Ce fut sa grand mère qui lui attribua alors le doux sobriquet d'Alice Lewis. Alice Roxanna Lewis plus précisément. Mais bien tôt la jeune fille rejeta ce nom, à l'adolescence, lorsqu'elle commença à comprendre les reproches que son père lui adressait. Il répétait toujours, ivre, qu'elle avait tué sa mère, que sans sa naissance, elle serait toujours là. Sauf que, la vérité qu'elle ne sut que très tard, après le décès de son père, ce fut qu'Alice Lewis, sa mère, n'avait plus que quelques mois à vivre. Voilà pourquoi, elle insista pour aller jusqu'au bout de sa grossesse. Mais sa fille, convaincue qu'Alexander avait raison, refusa bien tôt son prénom, même prénom que sa mère. Elle demanda alors à tout le monde de l'appeler par son deuxième prénom, Roxanna. Sans cet homme, elle aurait pu vivre une vie normale, dans une famille normale, sans être torturée et tout le reste. Donc oui, elle détestait cet homme, du plus profond de son être, d'une rage indescriptible et éternelle. Et, bien que son décès causé par l'incendie qu'elle avait accidentellement provoqué soit lourd à supporter pour elle, une partie de Roxanna était fière d'avoir infligé ce qu'il méritait à cet homme amer et méchant.

« J’espère que je te verrais danser un jour, alors… » Roxanna laissa un fin sourire prendre place sur son visage en entendant Jude prononcer ces mots. Elle fit un petit rire, avant de dire, d'un air qu'elle voulait innocent. « Eh bien, la salle de danse est pas très loin d'Eliot, si un jour ça te dirait de passer après tes cours ... Après on pourrait aller boire un café, qui sait ? » Attendez, Roxanna Blackburn qui voulait un deuxième rencard, et qui voulait montrer sa façon de danser ? Précipitez vous à vos fenêtres, il va neiger ! La blondinette était célèbre sur le campus pour ne s'attacher à aucun homme, et surtout, en dehors de ses partenaires de danse, elle ne montrait à aucun homme sa façon de danser. Mais, au risque de se répéter ... Avec Jude, tout ne semblait-il pas différent ? Roxanna était tellement plus naturelle, si différente des préjugés qui circulaient sur elle dans les couloirs d'Harvard ... Tout le monde la voyait comme une jeune fille volage, froid, inatteignable. En dehors de ses vrais amis, comme Apple, bien entendu.

Lorsqu'il accepta de rentrer à pied avec elle, une lueur de soulagement illumina le regard couleur saphir de la jeune fille. Après tout, Jude aurait pu dire "Nan j'ai froid on va en rester là" non ? Ouais ... Pas crédible après la soirée qu'ils venaient de passer ensemble. « Très bien, marchons alors. » Dit-elle à voix basse, complètement hypnotisée par le regard brun de Jude qui s'était ancré dans celui de Roxanna. Complètement sous le charme, la petite, je vous jure ! Il remontèrent une allée marchande, déserte mais toujours éclairée malgré l'heure tardive, toujours main dans la main. L'université s'approchait de plus en plus, du moins ... Ils s'en rapprochaient. « J’espère que tu as passée une bonne soirée en tout cas… » Roxanna s'arrêta et tira sur la main de Jude pour qu'il s'arrête aussi, pendant qu'il disait « et…j’espère qu’on se reverra vite… » Comment pourrait-elle avoir passé une mauvaise soirée ? Impossible, impensable ! « Jude, j'ai passé la plus belle soirée que j'ai jamais passée depuis très longtemps, crois moi. » Rien que le fait de dire ça lui mit le feu aux joues. Elle balbutia, légèrement gênée : « Et ... Je serais ravie de te revoir, dès que tu auras du temps libre, bien entendu ... Les études avant tout. » Les études, ou l'amour et le bien être ? Normalement, n'importe qui dirait les études, mais Roxanna, après avoir passé une telle soirée, ne pensait pas un mot de ce qu'elle venait de dire. Bien au contraire.

Avoir passé une soirée si simple, si agréable, lui avait vraiment remonté le moral, et prouvé qu'elle n'était pas celle que tout le monde voyait. Que la véritable Roxanna est toujours là, avec les personnes qui méritent de la découvrir. Comme pour valider ses paroles, montrer leur authenticité, Roxanna se hissa sur la point des pieds, se rapprochant de Jude, et lui fit une bise sur la joue, avant de redescendre de son perchoir, avec un sourire en coin. A ce moment précis, la ville décida qu'il était temps de couper les lumières des lampadaires de la rue principale. Économies d'énergie ? Il devait être vraiment tard. Roxanna éclata alors de rire, ayant sursauté au moment de la coupure des lumières.

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J’avais toujours trouvé ça magnifique, que quelqu’un ait une passion qu’il aime tellement, qu’il voudrait en faire son métier. La médecine n’était pas une passion pour moi, c’était simplement le résultat d’un enfance passé dans un hôpital à n’avoir connu que ça, et le fait d’avoir la mort qui avait l’air de tourner autour de moi. Je m’étais très vite intéressé aux cancers : j’en avais eu un et j’avais été guéris à l’âge de six ans, et mon père qui été mort d’un cancer quelques années plus tard : c’était prévisible que ça se passe comme ça pour moi, et j’avais eu la chance d’avoir les capacités intellectuelles pour le faire, parce que médecine, ça n’était vraiment pas une partie de plaisir. La première année, j’avais passé ma vie dans mes bouquins, à tout apprendre par cœur et ça avait payé, puisque j’avais réussi à passer en deuxième année sans même la redoubler, ce qui était un exploit ! Mais d’aussi loin que je m’en souvenais, je n’avais jamais vraiment eu de passion…si, j’aimais beaucoup la lecture et j’adorais aller au cinéma, surtout pour pouvoir acheter le plus gros pot de pop-corn – chose que j’adorais plus que tout, surtout quand je regardais un film – mais à part ça… C’est pour ça que j’avais toujours admirer, les gens qui voulaient vivre de leur passion et qui faisait tout pour y arriver. « Eh bien, la salle de danse est pas très loin d'Eliot, si un jour ça te dirait de passer après tes cours ... Après on pourrait aller boire un café, qui sait ? » J’hochais la tête en souriant, pour lui faire comprendre que ça me plairait beaucoup. Je souris également à la pensée qu’elle avait envie de me revoir et qu’on ait un deuxième rendez-vous, à ce stade j’avais vraiment peur qu’elle ne veuille plus me revoir parce que je ne lui plaisais pas ou quelque chose dans ce genre…

Et c’est pour ça que je lui ai dit que j’espérais qu’on se reverrait vite. Je sentais alors sa main se resserrer dans la mienne, me rappelant que nous étions vraiment en train de marcher main dans la main dans la rue alors que nous n’étions même pas un couple – me faisant donc m’arrêter. Je me tournais vers elle, gardant toujours sa main dans la mienne comme si il m’était impossible de la retirer. « Jude, j'ai passé la plus belle soirée que j'ai jamais passée depuis très longtemps, crois-moi. » Je me pinçais la lèvre et je souris, ça me faisait vraiment très plaisir de l’entendre dire ça…« Et ... Je serais ravie de te revoir, dès que tu auras du temps libre, bien entendu ... Les études avant tout. » Je ris légèrement et j’avais envie de lui dire que là maintenant tout de suite, ça n’était pas du tout les études qui me faisaient sourire et qui me rendait aussi…bien. Mais bon, je ne voulais pas trop lui faire peur pour le moment, je n’avais aucune envie de la faire fuir, en fait…J’allais tourner les talons pour reprendre notre marche mais elle s’approcha de moi un peu plus avant de se mettre sur la pointe des pieds afin de déposer un bref baiser sur ma joue. Un geste simple, mais qui ne me laissa pas indifférent, je sentais un petit sourire se dessiner sur mon visage à nouveau et mon cœur battre soudainement à une allure folle. Eh merde…c’est quoi cette blague-là ?

Je me pinçais la lèvre et je souris quand tout à coup, les lumières de la rue s’éteignirent sans crier garde. Je regardais autour de moi, même les lumières des magasins étaient éteintes : comment est-ce que cela se faisait-il ? Je n’étais même pas au courant qu’à un moment donné, ils éteignaient les lumières ! Je serrerais un peu plus sa main dans la mienne pour m’approcher un peu d’elle en riant légèrement, « J’me demande quelle heure il est pour qu’ils éteignaient déjà les lumières… » Je sortais mon téléphone de ma poche, il était minuit passé, je le dirigeais vers la jeune femme pour la voir et je souris, « T’a pas peur du noir j’espère ! ». Je gardais sa main bien dans la mienne, en la caressant légèrement avec mon pouce alors que je repris l’initiative de reprendre la marche en éclairant par terre avec mon portable histoire de ne pas marcher n’importe où. Un petit silence s’était installé à nouveau entre nous alors que nous marchions dans le noir, mais dans le noir, ça n’est pas tellement facile de se repérer et après une dizaine de minutes je m’arrêtais en soupirant alors que nous arrivions sur le campus… « Bon..j’vais te raccompagner jusqu’à chez toi…mh..elle est où la maison des Eliot ? » je n’avais vraiment pas envie que ça se finisse, mais toutes les bonnes choses ont une fin, n’est-ce pas… ?