Please to meet you ⱷ JUDE & ROXANNA

Ϟ Let us always meet each other with smile, for the smile is the beginning of love. Ϟ

« Personne n’a vécu dans le passé, personne ne vivra dans le futur ; le présent est le mode de toute vie. » Assise en tailleur sous une multitude de draps, tentant comme elle le pouvait de réchauffer ce corps gelé par l'hiver, Roxanna attrapa délicatement entre son pouce et son index de la main droite une page d’ « Autant en emporte le vent » afin de pouvoir lire la suite. Son visage aux traits si doux reflétait une intense réflexion : Se plongeant dans l’histoire, comme dans tous ses livres, la jeune femme tentait tant bien que mal de se forcer à rester au lit, n'ayant pas le courage de se lever pour s'habiller. Mais ses efforts étaient vains. Impossible de tenir en place une fois réveillée, comme toujours. Aujourd'hui, journée sans cours, et sans danser, la jeune fille s'ennuyait toujours à mourir. Fort heureusement, aujourd'hui elle avait prévu d'aller faire les magasins avec Apple et Artemis, ses deux inséparables du shopping. Elles étaient bien des rares personnes à parvenir à la sortir de sa monotonie habituelle, à faire ressortir chez elle la véritable Roxanna, pas celle qui se cache derrière un masque. Tout à coup, d’un geste gracieux mais brutal, Roxy se redressa, et s’approcha de la fenêtre de sa chambre d'étudiante, s’appuyant délicatement sur son bord. Observant la rue, puis l’étendue du campus, son regard se perdit dans le vague, observant avec un regard impassible la lumière du soleil montant à l'aube. Au loin, elle observa la ville, se dessinant derrière les bâtiments de l'université d'Harvard, Cambridge, ou elle vivait maintenant depuis trois ans. Le temps des vies modernes donne l’impression de passer toujours plus vite qu’à la campagne. En ville, nous n’avons pas le droit de sentir la pluie sur notre peau, on s’en protège. On ne se roule pas dans la neige, car les voitures la transforme en boue. On ne rit pas, on se moque, on est gêné, on se couvre, on court pour ne pas avoir l'air de chômer, on cherche la perle rare, on achète en attendant de la trouver, ici on ne sait plus, ce qui est profond et vrai, ce qui est lâche et servile. Alors, dans ce monde marqué par le faux et les apparences, Roxanna se contentait de sourire en public, de montrer aux autres le plus beau de chaque situation à tous les autres. Rares étaient les personnes la connaissant vraiment. Et, de plus, se trouvant dans la maison Eliot, la plus convoitée, la plus prestigieuse, Roxanna savait qu'à chaque mauvais pas qu'elle pouvait faire, elle était épiée et critiquée.

Inspirant profondément, la jeune fille détacha son regard de l’immensité de l’horizon, baigné d’une faible lumière grandissante, elle ferma les stores de façon à ce que seule une faible lueur puisse traverser la pièce, et elle retourna vaquer à ses occupations, s’installant de nouveau entre ses draps. A cet instant, son téléphone sonna, et un sourire éclaira le minois de la blondinette : Un sms de Jude Montgomery, un garçon avec lequel Roxy discutait depuis quelques jours. Il est le meilleur ami de Apple, et à l'écouter, c'était le garçon idéal. Cherchant désespérément à les mettre en contact tous les deux, Roxanna n'avait évidemment pas refusé. Elle qui se méfiait des hommes, elle faisait néanmoins suffisamment confiance à Apple pour croire en son jugement. Roxanna répondit à Jude pour confirmer leur rendez vous du soir même, et sur ces mots, immédiatement la jolie danseuse trouva la force de quitter son lit et de se préparer en troisième vitesse. La journée défila à une vitesse surprenante, et, la tête dans le vague, Artemis reprocha à son amie toute la journée d'être trop distraite. Avec un sourire complice, Apple fit comprendre à Roxanna que oui, elle savait que ce soir, ses deux amis se rencontraient pour la première fois. Mais c'était tellement amusant de jouer avec les nerfs d'Arty, que les deux jeunes filles ne lui expliquèrent rien.

Le soir vint rapidement, et dans les dortoirs d'Eliot, une petite tête blonde s'activait pour se préparer. Il faisait froid dehors, néanmoins, coquette, Roxanna enfila une jolie robe bleu vert, mettant parfaitement en valeur ses yeux bleus qu'elle avait à peine maquillé de noir. Par dessus, elle mit une veste noire, attrapa au vol son sac à main et ses clés de voitures, et s'échappa de sa chambre qu'elle prit soin de fermer à clé avant de filer au parking. Un quart d'heure à peine plus tard, légèrement anxieuse, Roxanna se trouvait devant le East Coast Grill, un restaurant réputé pour être plutôt sympa, et ou Roxanna adorait manger. Elle guettait chaque coin de rue, dans l'espoir d'y reconnaître le jeune étudiant en médecine.

❝love is heavy and light, bright and dark, hot and cold,
sick and healthy, asleep and awake ❞
W. Shakespeare ◆ Romeo & Juliet

J’avais encore passé une semaine de fous. Apple m’avait cependant remis sur les rails lorsqu’elle était venue dormir avec moi l’autre soir. C’est vrai que mon mode de vie commençait à devenir un peu limite…Cela faisait maintenant quatre mois, que ma mère et mon fils étaient décédés, mais j’avais l’impression de ne toujours pas avoir fait mon deuil. Le pire, c’était qu’avant ça, j’avais réussi à remonter la pente…Kyle m’avait donné envie de m’en sortir, d’arrêter la drogue et l’alcool, les fêtes et tout ça. J’avais enfin réussi à me ranger, à avoir une vie d’étudient « normal ». Mais avec leur mort, j’étais retombé au fond du gouffre. C’est drôle, comme la vie ne tient qu’à un fil. Ils étaient simplement partis se promener…pourquoi ? Cette simple question, n’arrêtait pas de se répéter dans ma tête, encore et encore. Pourquoi moi ? Pourquoi toujours moi ? Non parce que c’est vrai, quand on regardait mon passé, on devait se dire que j’étais le garçon le plus malchanceux du monde : j’avais survécu à une leucémie à l’âge de six ans, mon père était décédé deux ans plus tard, la fille dont j’étais amoureux était morte il y a maintenant quatre ans et aujourd’hui, il a fallu que la mort me prenne les deux membres de ma famille qu’il me restait…c’était pathétique...

Apple m’avait quand même donnée envie de me reprendre un peu. Je n’étais pas sorti de la semaine, j’avais passé mes soirées même à étudier. Cela faisait longtemps d’ailleurs que je n’avais pas étudié autant et si je voulais m’en sortir, il fallait bien que je fasse quelque chose de ma vie…J’avais bien vu, quand j’avais parlé à Apple de mes idées noires que ça lui faisait peur et que ça lui ferait du mal, si je venais à disparaître mais alors quoi… ? Est-ce que je devais continuer à vivre cette vie de merde, rien que pour épargner le peu d’amis que j’avais et qui comptaient sur moi ? Peut-être…mais je n’étais pas sûr de pouvoir tenir bien longtemps. J’étais fatigué, de remonter la pente pour au final, me reprendre une belle gifle en pleine gueule par cette connasse de Vie. Ma meilleure amie m’avait proposée de rencontrer des filles, mais cette fois, pour avoir une vraie relation, pas des relations d’un soir. Je n’étais pas sûr d’être prêt à tomber amoureux, et encore moins sûr que dans mon état, une fille tombe amoureuse de moi. J’avais un passé vraiment dur…et ma vie présente n’était pas moins compliquée : il y a quelques jours, j’avais croisé une fille qui était le portrait craché de mon ex, décédée il y a quatre ans et avec qui j’avais eu Kyle…et il s’avèrent que j’avais croisé cette fille à une fête trop arrosée il y a quelques mois avec qui j’avais couché…et aujourd’hui, elle prétendait que j’étais le père du bébé qu’elle attendait…Bref, c’était vraiment, vraiment pas le joie et l’idée d’en finir pour de bon était de plus en plus plaisante.

Vendredi. J’avais eu cours toute la journée jusqu’à dix-sept heures. En sortant du cours de cancérologie, j’avais envoyé un texto à Roxanna, une étudiante en danse avec qui Apple m’avait mis en relation. Celle-ci c’était mis en tête que si je tombais amoureux, tout irait mieux pour moi. Bref, j’avais parlé avec cette fille, et elle semblait plutôt gentille, alors pourquoi pas ? Nous avions rendez-vous ce soir, histoire de faire connaissance. De toute façon, je n’avais rien à perdre, au pire, c’était une soirée à m’empêcher d’aller faire la fête et de consommer des substances illicites. Nous avions rendez-vous à vingt et une heures, ce qui me laissait le temps de me préparer un peu. Quand je fus rentré à la maison, j’allais tranquillement prendre une bonne douche d’eau bien chaude, j’aimais bien prendre des douches brulantes et fermer les yeux pour réfléchir un peu. Souvent, les autres se plaignaient en passant derrière moi de trouver la salle de bain pleine de buée et trop chaude, mais bon, je m’en foutais complètement du bien être des autres, c’était mon unique petit plaisir.

J’arrivais dans ma chambre avec une serviette autour de la taille, me demandant comment j’allais m’habiller. Je réfléchis deux minutes avant d’opter pour un jean et une chemise blanche assez simple. Je ne savais pas trop si on devait qualifier ce rendez-vous de rendez-vous galant, mais je n’allais tout de même pas me pointer en mode clodo. La maison était proche du centre-ville et même si il faisait froid dehors, je décidais d’y aller à pieds afin de réfléchir un peu. J’étais sobre et j’avais les idées très claires, ce qui était assez rare en ce moment, alors c’était le moment de pouvoir réfléchir calmement et pour me dire : maintenant, que faire de ma vie ? Et surtout…qu’est-ce que je vais devenir ? Je regardais ma montre et j’accélérais le pas en voyant qu’il était déjà vingt et une heure, je frissonnais légèrement en rangeant mes mains dans mes poches, il faisait beaucoup plus froid que ce que j’aurais cru. L’hiver avait été très rude, cette année. Je traversais la route en faisant bien attention qu’il n’y avait aucune voiture par là et je vis tout de suite une jeune femme blonde, avec une petite robe bleue/vert et une veste noire, exactement comme elle m’avait dit qu’elle serait…

Je m’approchais d’elle en souriant – encore une fois, avoir le sourire collé au visage n’était pas quelque chose de fréquent chez moi ces temps-ci – et je sortais mes mains de mes poches en m’arrêtant face à la blondinette. « Roxanna, c’est ça ? », après confirmation, je m’approchais pour la prendre légèrement dans mes bras pour la saluer et je frottais mes mains en soupirant, « Il fait vraiment froid, on entre ? ». Je lui ouvrait la porte du restaurant pour la laisser entrer et en la regardant de haut en bas, elle était vraiment très jolies, Apple ne s’était vraiment pas moquée de moi dit donc. J’entrais derrière elle et un employé vint prendre nos vestes en nous amenant à une table dans le fond du restaurant, près d’une grande fenêtre qui donnait sur une rue du centre-ville. En tant que bon gentlemen, je lui tirais la chaise pour qu’elle s’assoie et je pris place face à elle en souriant, « Il fait vraiment meilleur à l’intérieur…tu...tu as passé une bonne journée ? ». Je ne savais pas trop comment débuter la conversation, c’est vrai, c’était la première fois qu’on se voyait… Mais pour le moment, je n’étais pas déçue et Apple allait en jubiler, lorsque je lui dirais ça…

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La regard rivé sur les rues, oscillant entre celle de gauche, celle de droite, et sa montre, Roxanna jeta un œil à son téléphone rapidement, pour vérifier si Jude ne lui avait pas envoyé un message. S'il était déjà là, elle l'aurait vu, non ...? Quelques minutes s'étaient écoulées seulement depuis vingt-et-une heures, et la blondinette poussa un soupir de soulagement lorsqu'elle cru reconnaître, au loin, le meilleur ami d'Apple. Il s'avança vers elle, tout sourire, et elle reconnu parfaitement le jeune homme qui était sur la photo qu'Apple lui avait envoyé par sms, quelques jours plutôt. Quel petit Cupidon, celle là ! Elle se souvenait encore du jour ou, comme ça, la présidente des Cabot l'avait assaillie de textos pour lui arranger un rendez vous avec mister Montgomery. Ordinairement, la jeune fille n'appréciait pas qu'on lui "arrange un coup". D'ailleurs, elle ne cherchait pas elle-même à se caser, trouvant la plupart des garçons de l'université pervers et manquant de respect envers les femmes. Mais Apple avait toujours eu ce don, cette manière bien à elle, de nous faire accepter. Et puis, il fallait bien l'avouer, la jeune brune avait dressé à la blonde un portrait plutôt avantageux du jeune étudiant en médecine. Et maintenant qu'elle l'avait face à elle, elle voyait bien que son amie n'avait pas mentit. Le même que sur la photo, sans retouches, et en plus de ça avec le sourire ! Que demander de plus ? Une fois arrivé à sa hauteur, les lèvres de Roxanna s'étirèrent en un fin sourire. « Roxanna, c’est ça ? » La jeune fille hocha la tête de haut en bas en guise de réponse à son interlocuteur, puis parla tout de même « Oui, c'est bien moi ! Je t'avais dit qu'on aurait pas besoin de beaucoup pour se reconnaître. » Elle fit un petit rire, à la fois timide et gêné. Elle ne savait vraiment pas comment se comporter dans ce genre de situation, elle n'avait pas l'habitude de se retrouver devant un restaurant avec un garçon qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Jude s'approcha d'elle pour l'étreindre légèrement, puis lui proposa de rentrer. Au même moment, un courant d'air vint hérisser la nuque de la jeune danseuse, qui répondit à l'affirmative avec empressement. « C'est une excellente idée, il fait vraiment froid ! » Elle s’apprêtait à ouvrir la porte quand Jude la devança. Galant avec ça, décidément! Elle le remercia d'un sourire, puis passa. Suivie par le jeune homme, un employé du East Coast Grill vint prendre leurs vestes à tous les deux. Roxanna précisa qu'ils n'étaient que tous les deux, et un autre employé les dirigea alors vers une table vers le fond du restaurant. Une fenêtre à côté de la table montrait une vue sur une rue du centre ville, dans laquelle des centaines de personnes, adultes comme étudiants, déambulaient à cette heure tardive.

Alors que Roxy regardait dehors, son regard bleu perdu dans le vague, Jude tira la chaise de la demoiselle pour lui permettre de s'assoir. Gentleman jusqu'au bout, décidément, ce jeune homme l'étonnait déjà, une minute après leur rencontre ! « Merci ! » dit-elle alors avec un petit sourire sur son minois en prenant place sur sa chaise. Croisant ses deux bras en prenant appui sur la table, Roxanna leva ses yeux bleus dans la direction de Jude, qui engagea la conversation timidement en attendant que le serveur arrive. « Il fait vraiment meilleur à l’intérieur…tu...tu as passé une bonne journée ? » Entortillant nerveusement une de ses mèches de cheveux blonds autour de son index, elle répondit avec un sourire « C'est sur, on peut remercier l'invention du chauffage ! Et ... Ma journée, ç'a été, j'étais avec Apple justement, et une autre étudiante de sa maison, Artemis ... Je sais pas si tu connais. » Elle marqua un temps de pause, et se mordit la lèvre inférieure. Gosh, que c'est difficile de se décoincer face à un parfait inconnu ! « Et ta journée à toi, pas trop dure? Tu as eu cours ? » Au même moment, le serveur arriva et leur tendit à chacun une carte. Poliment, Roxanna la refusa et esquissa un sourire. « Pour moi, ce sera simple, je prendrais une assiette de vos lasagnes, et ... Il me semble qu'il en sera de même pour ce jeune homme. ». Elle tourna la tête vers Jude, et lui adressa un sourire avant de lui faire un clin d'oeil.

❝love is heavy and light, bright and dark, hot and cold,
sick and healthy, asleep and awake ❞
W. Shakespeare ◆ Romeo & Juliet

Cela faisait des années, que je n’étais pas eu de rendez-vous amoureux. Parce que franchement, ce rendez-vous en était un. Nous étions deux « inconnus » qui avions une amie commun qui avait pour idée derrière la tête que nous pourrions éventuellement faire un beau couple. Alors bien sûr que oui, c’était un rendez-vous galant et plus le temps avançait, plus j’étais nerveux. En soirée, je n’avais pas besoin de faire la cour à une fille pour qu’elle me trouve à son goût, je n’avais pas besoin d’être gentil avec elle, de connaitre son nom ou de devoir même faire connaissance. Et cette fois, c’était totalement différent. Même au départ, j’étais un peu retissant à cette idée, elle me plaisait, en fait. J’étais tellement persuadé que je portais la poisse et que toutes les personnes que j’aimais finissaient par mourir, mais Apple avait peut-être un peu raison, en fait ? Peut-être que moi aussi, j’avais le droit d’être heureux ? J’avais juste eu quelques malchances…mais ça pouvait aller mieux, n’est-ce pas ? Et rencontrer de nouvelles personnes pourrait m’aider à aller mieux…J’avais tellement envie, d’aller mieux et d’arrêter de ressentir cette peine, toute cette souffrance… C’était devenu insupportable, ingérable de devoir repenser à un souvenir sans me sentir triste et voir tout en noir, je ne pouvais pas continuer comme ça, continuer dans cette voie. J’avais même accepté qu’Apple me passe le numéro d’un psy…je trouvais ça carrément pathétique, mais j’avais décidé de faire confiance à Apple et si Apple pensait que un psy m’aiderait, alors j’allais le faire, c’était un peu comme ma…dernière chance. Et c’est pour ça que j’y mettais du cœur, pour ce rendez-vous, c’était aussi une de mes dernières chances.

La jeune femme avait l’air assez ravie, je trouvais ça drôle : Apple avait parlée de moi à plusieurs de ses amies, et mercredi soir j’avais été bombardé de sms par des filles que je ne connaissais même pas ! Et je me demandais sérieusement comment je pouvais intéresser des filles alors que j’étais aussi…pessimiste, dépressif et tout ce qui suit. C’est peut-être pour ça, que j’avais essayé d’être le plus souriant possible. Ce soir, il fallait que j’oublie le passé…c’était ce qui faisait de moi ce garçon aussi désespéré, et si je voulais avancer…il fallait que j’oublie, au moins pour ce soir…en espérant qu’elle ne me pose pas trop de questions. Quoi que…Apple m’avait dit qu’elle non plus, n’avait pas eu un passé très facile, et dans un sens, j’avais envie d’en savoir plus. « C'est sûr, on peut remercier l'invention du chauffage ! Et ... Ma journée, ç'a été, j'étais avec Apple justement, et une autre étudiante de sa maison, Artemis ... Je sais pas si tu connais. » Je ris légèrement et j’hochais la tête négativement en entendant le nom d’Artemis. En fait, je n’avais pas beaucoup d’amis filles, en général je les croisaient pendant les fêtes et j’étais beaucoup trop défoncé pour me rappeler de leur nom le lendemain et parfois même beaucoup trop pour me rappeler à quoi elles ressemblaient. « Et ta journée à toi, pas trop dure? Tu as eu cours ? ». Je me raclais légèrement la gorge avant de m’assoir un peu mieux sur ma chaise, m’appuyant avec le coude sur la table, la fixant légèrement. « J’ai eu cours toute la journée ouais…le vendredi c’est sûrement ma pire journée mais bon…j’aime ça donc je vais pas me plaindre »

Je lui souris à nouveau alors qu’un serveur vint nous proposer la carte et je souris en voyant Roxanna la refuser, c’est vrai que ce soir, ça sera lasagnes. D’ailleurs, j’y avais pensé toute la semaine, à force de me dire que les lasagnes d’ici étaient délicieuses, j’avais vraiment hâte d’y goûter. Je n’étais pas un pro de la cuisine et je ne savais même pas faire ça, les seules fois où j’en mangeais, c’était soit quand ma mère m’en faisait lorsque je venais voir Kyle – mon fils – chez elle le week-end (chose qui ne pourrait plus arriver puisqu’ils étaient tous les deux morts) soit quand j’allais voir Apple et qu’elle me proposer d’en faire, chose que je ne pouvais pas refuser. « Pour moi, ce sera simple, je prendrais une assiette de vos lasagnes, et ... Il me semble qu'il en sera de même pour ce jeune homme. » Je souris de plus belle et j’hochais la tête positivement en regardant le serveur pour confirmer les dires de la demoiselle. Je ris légèrement alors que le serveur, qui avait pris en note notre commande s’afféra à aller aux cuisines. « A cause de toi, j’en ai rêvé plusieurs jours de ses lasagnes, elles ont intérêt à être bonnes ! ». Je rapprochais ma chaise de la table sans la quitter du regard. Je trouvais ça drôle, de ne jamais lui avoir parlé, en fait, de ne jamais l’avoir croisé, parce que si je l’avais fait, je m’en serais souvenue. Une aussi belle fille…avec des yeux aussi bleus…oui, je m’en serais souvenu, à coup sûr. J’étais content maintenant, qu’Apple me l’ai « présentée ». C’était bizarre cette atmosphère, je me sentais horriblement…gêné, ça n’était pas tellement dans mes habitudes de l’être, il fallait vraiment que nous fassions plus ample connaissance pour se sentir moins gênés : « Alors dis-moi… qu’est-ce que tu aimes, à part la danse et le dessin ? »

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Incomparable situation que celle dans laquelle se trouvaient actuellement Roxanna et Jude. C'est vrai, après tout, tous les deux ne se connaissaient pas il y a encore une semaine, et voilà qu'ils se retrouvaient tous les deux dans un restaurant, l'un aussi gêné que l'autre, ne sachant pas quoi dire afin d'apprendre progressivement à se découvrir. Néanmoins, la tension se relâcha quelque peu lorsque Jude accusa Roxanna de l'avoir fait rêver de Lasagnes pendant des jours. La jeune danseuse éclata de rire, un rire brillant de sincérité. Apple avait beau lui avoir dit qu'il avait vécu une période assez noire, et être plutôt à tendance dépressive, il semblait, bien au contraire, plutôt drôle et sociable. Néanmoins, la jeune fille connaissait ce que cela était de traverser une période douloureuse et de la garder au fond de soi, et, allez savoir pourquoi, l'étudiante cru déceler au premier regard dans les yeux de Jude cette part d'ombre, de chagrin qu'il gardait sous clé. Mais à quoi bon relever ? Relâchant la pauvre mèche de cheveux que la blondinette torturait déjà depuis quelques minutes, elle observa avec un fin sourire le serveur qui, apparemment surpris, repartait avec les deux cartes en criant aux cuisiner qu'il y avait commande de Lasagnes pour deux personnes. Reportant son attention sur Jude, la jeune demoiselle l'écouta briser la glace, au grand soulagement de Roxy qui avait peur que la tension retombe. « Alors dis-moi… qu’est-ce que tu aimes, à part la danse et le dessin ? » Se plongeant dans ses pensées, une liste d'activités traversa l'esprit de l'étudiante, qui, une fois ayant quelques idées en tête, répondit à la question de son interlocuteur : « Hum, en dehors de la danse et du dessin, j'aime ... La natation, j'en pratiquais en compétition quand j'étais adolescente, mais j'ai ... Arrêté. » dit-elle simplement sans se justifier, faisant en vérité référence au décès de sa grand mère, seule et unique fan de Roxanna dans tous les domaines. « Ensuite, j'aime des choses plutôt simples, passer du temps avec mes proches, m'acheter un pot de glace géant et me fourrer dans mon lit devant la télé pour regarder "7 vies" ou "La ligne verte" ... Hum, bref, je m'arrête là, je deviens ridicule ! » Ses joues se teintèrent légèrement, rougissant de sa propre bêtise. Roxanna avait ce fâcheux don de s'emporter très facilement lorsqu'on aborde le sujet de ce qu'elle aime.

« Et toi alors, qu'aimes tu en dehors de la médecine ? Et les lasagnes, bien entendu, comment les oublier ? » dit-elle alors que le serveur s'approchait avec deux assiettes. Étonnée d'une telle rapidité, elle regarda l'heure discrètement sur sa montre. Ah oui, ils étaient déjà arrivés il y a un moment, et surtout, des lasagnes, c'est jamais long à faire, surtout pour une affamée comme Roxy qui déteste attendre ! Les deux assiettes installées, Roxanna réclama une bouteille d'eau au serveur, le tout poliment bien entendu. Puis, calmement, elle attrapa couteau et fourchette, souhaitant au passage bon appétit à Jude. Elle enchaîna alors, tant que la conversation n'était pas retombée : « Tu as connu Apple comment, au fait ? Vous vous connaissez depuis longtemps ? » demanda-t-elle, curieuse. Après tout, Apple lui avait présenté Jude sans même lui donner plus de détails sur la façon dont ils s'étaient connus. Sans doute à la fac, me direz vous, à Harvard de nombreuses rencontres se font chaque jour, mais ce n'est pas pour autant que les deux étudiants n'auraient pas pu se connaître avant.

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W. Shakespeare ◆ Romeo & Juliet

Depuis combien de temps, ne m’étais-je pas assis à une table, avec une fille en la regardant, sans me dire que j’allais la foutre dans mon lit et ne plus jamais avoir de ses nouvelles ? Depuis longtemps. Peut-être trop longtemps. Ce soir, je me sentais…un peu mieux. Je faisais connaissance avec Roxanna, et rien que de discuter avec une nouvelle personne, qui ne connaissait pas mon lourd passé et qui ne me regarderait pas avec cette pitié que je détestais tant. Tout recommencer à zéro, avec une personne que je ne connaissais pas et qui m’avait l’air plutôt sympathique : pourquoi pas ? Ca me permettait de ne pas faire de conneries comme aller me défoncer la gueule, ou même dealer…car depuis quelques temps, je m’étais mis à faire ça histoire de pouvoir gagner un peu d’argent. Je n’en parlais à personne, car je savais que si je le disais, j’allais direct me faire taper sur les doigts, surtout par Apple qui me traitait de gros con qui bousille sa vie à faire des trucs vraiment pas nets alors que je pourrais être heureux, si j’essayais tout simplement de l’être. Alors c’est partie, essayons d’être heureux ! « Hum, en dehors de la danse et du dessin, j'aime ... La natation, j'en pratiquais en compétition quand j'étais adolescente, mais j'ai ... Arrêté. » Je dépliais la serviette en tissue qui était devant moi pour la mettre sur mes genoux tout en l’écoutant parler, un sourire se dessina légèrement sur mon visage, elle avait l’air de pas mal aimer le sport. J’aurais pu lui demander pourquoi elle avait arrêtée, mais si elle s’était stoppée net, c’était qu’elle ne voulait pas en parler. Je détestais parler de mon passé, surtout si on m’y forçais, alors je ne le ferais pas avec quelqu’un d’autre.

« Ensuite, j'aime des choses plutôt simples, passer du temps avec mes proches, m'acheter un pot de glace géant et me fourrer dans mon lit devant la télé pour regarder "7 vies" ou "La ligne verte" ... Hum, bref, je m'arrête là, je deviens ridicule ! » Je relevais le regard vers elle et j’aperçus ses joues légèrement rosées. Je ris légèrement en replaçant mes coudes sur le bord de la table, ne quittant pas la blondinette du regard. « 7 vies ? C’est un de mes films préférés…j’le trouve juste magnifique…et la ligne verte, j’ai lu le bouquin, c’est de Stephen King je crois non ? C’est mon écrivain favori ! » Je lui souris et je vis le serveur arriver au loin, retirant les coudes de la table pour me préparer à ce qu’il pose les assiettes face à nous quand la demoiselle m’interpella, « Et toi alors, qu'aimes-tu en dehors de la médecine ? Et les lasagnes, bien entendu, comment les oublier ? » Je ris légèrement, un rire qui se dissipa assez rapidement alors que le serveur nous servit nos assiettes, ainsi qu’une carafe d’eau que Roxanna avait réclamée. Elle me souhaita bon appétit et je lui rendis calmement, réfléchissant à ce que j’allais lui répondre. C’est vrai ça…qu’est-ce que j’aime faire, moi ? Je me voyais mal lui sortir que depuis quelques mois, je sortais tous les soirs pour oublier ma peine. Je me voyais mal lui dire, que si je n’avais pas mon quota de joints et de coc’ tous les jours, j’étais en état de manque car j’étais devenu accroc à ces merdes. Je me voyais mal lui dire, qu’en fait, je n’avais plus goût à rien, plus même goût à la vie tout court… Qu’est-ce que je devais faire ? Être honnête, ou non ?

Je pris une petite inspiration avant de me racler la gorge alors que je pris la fourchette et le couteau en main pour commencer à couper la lasagne qui avait l’air très très chaude. « Et bien…j’aime…pour être honnête en ce moment…j’ai plus le goût à grand chose… », cette phrase, je l’avais presque murmurée, gardant mes yeux rivés sur mes lasagnes, n’osant pas affronter le regard de la jeune femme. On dit souvent que tout se joue dans le regard…je ne voulais pas qu’elle voit toute la souffrance accumulée dans le mien. J’espérais pouvoir vite changer de sujet, et elle dut le comprendre quand elle me demanda comment j’avais rencontré Apple. Je pris une gorgée d’eau et une bouchée de lasagnes avant d’oser enfin remonter la tête vers elle, « Je la connais depuis un petit temps maintenant…elle était ma voisine quand nous avions chacun notre p’tit appart’ avant d’entrer dans une maison du campus. Elle m’a aidée dans pas mal d’épreuve…c’est vraiment une fille géniale… » J’esquivais un léger sourire et je repris une bouchée de lasagnes, qui étaient, comme elle me l’avait promis, vraiment délicieuses. « Et toi, comment tu l’as connue ? », je la regardais encore brièvement avant de rebaisser mon regard dans mon assiette encore pas mal pleine. « En tout cas, tu avais raison, elles sont vraiment délicieuses ! », annonçais-je en riant légèrement. Je jetais un nouveau coup d’œil vers elle, j’avais l’impression d’être un peu plus à l’aise et que cette soirée risquait d’être plutôt bonne…Apple aurait peut-être réussi son compte, finalement.

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Souffrir. La définition du dictionnaire était assez négative tout comme la réalité au fond. Après tout qui verrait quelque chose de positif dans la souffrance. Certes, il y avait parfois de la souffrance désirée comme lorsque Roxanna lorsqu'elle était encore adolescente, quelques jours après avoir été copieusement insultée par son père, la jugeant responsable du décès de son épouse, laissait cette lame glisser sur sa peau. Mais aussi comme lorsqu’elle faisait exprès de boire et de fumer jusqu'à l'excès, au point que son organisme réagisse très mal. Ce n’étaient là que des souffrances physiques qu’elle ne cessait de s’infliger à ce moment, adolescente perdue qu'elle était, des douleurs désirées par-dessus tout comme un moyen de fuir la réalité, de survivre ou tout simplement de se sentir en vie et bel et bien réelle. Ses cicatrices aux avant bras aujourd'hui témoignaient de son immaturité. Stupide idée que celle de la scarification, et toute cette souffrance qu'elle avait voulu s'infliger pour se punir d'avoir trahi sa famille, se punir elle même des accusations de son paternel. Mais souffrir ne se limitait pas à ça. Il s’agissait bien évidement d’éprouver des douleurs physiques ou morales. Des douleurs que l’on devait endurer jours après jours surtout lorsqu’elles n’étaient pas voulues comme ces cauchemars où cette scène tragique la hantait, sa prise de conscience que par sa faute, sa mère était morte, sa grand mère s'était épuisée à élevée une fille qui n'était même pas le sienne, et surtout, la scène de ce terrible accident. Elle se revoyait encore, debout devant son pavillon en flammes, les pompiers qui sortaient un corps soigneusement empaqueté dans un papier noir ... Au début, bien qu'ayant éprouvé une profonde satisfaction à l'idée d'avoir tué cette ordure, il persistait une certaine culpabilité chez la jeune étudiante, jusque aujourd'hui, bien que le dissimulant. Si souvent elle se levait, ses yeux bleus bordés de larmes impossibles à retenir ... Sans ces cauchemars, sans tout ce passé, peut-être que les choses seraient différentes aujourd'hui. Tout ce que Roxanna aurait vécu n'aurait pas existé, n'aurais jamais été. Tous ceux qu'elle avait connus, n'auraient été que des étrangers. Billie, Apple, Noah, Sutton, et maintenant Jude... Elle n'aurait pas même été à Harvard.

Et pourtant, malgré tout, la jeune fille gardait la tête haute, dissimulait sa peine, sa souffrance intérieure. Et surtout, après tout ce qu'elle avait vécu, elle tentait de rester positive à toute heure. Voilà pourquoi, quand Jude lui répondit qu'il n'avait plus gout à grand chose, elle préféra ne pas souligner ses paroles, seulement les contourner de façon simple et sincère. « Je comprend, j'ai ... Connu ça également. » Elle changea immédiatement de sujet, se rappelant qu'il avait parlé de ses films préférés.« Ah au fait, 7 vies est aussi un de mes films favoris, et oui, il me semble que La Ligne Verte est de cet auteur... L'histoire est tellement incroyable et émouvante ! » Roxanna parlait, des étoiles plein les yeux. Apple lui avait parlé de Will Smith, mais en revanche, le hasard leur apportait un point commun supplémentaire. Un signe? On est jamais trop surs. Ensuite, la jeune fille changea encore de sujet en parlant d'Apple. Il lui raconta qu'ils étaient voisins, et qu'elle avait toujours été présente pour lui, ce qui n'étonna pas la jeune danseuse. Apple Kovalevski débordait d'énergie et de joie de vivre, mais également de générosité et de soutient envers ses proches, c'était indéniable. « Eh bien, tu vas rire ... Ou tout simplement nous traiter de superficielles, mais en fait on s'est rencontré au centre commercial, avec Artemis, la fille dont je t'ai parlé tout à l'heure. On voulait toutes les trois le même vêtement, qui était aussi le dernier ... Alors, comme nous faisions toutes les trois la même taille, on a sympathisé et décidé de le prendre pour toutes les trois ... Chacune son tour ! Et ... Au fur et à mesure, j'ai tissé une véritable amitié avec elles. Apple est véritablement exceptionnelle, son charme et son caractère séduisent toujours immanquablement ! » termina-t-elle alors avec un sourire complice. C'est vrai, Apple avait toujours eu le don d'étonner Roxanna, et une fois de plus en lui organisant un rencard avec Jude, la sachant célibataire. Et si, cette fois ci encore, Apple avait vu juste ? La soirée semblait se dérouler plutôt bien, voir même très bien. Mangeant ses lasagnes, Roxy entendit Jude commenter le gout de ses lasagnes. Il ne semblait pas déçu. Avec un sourire malin, la jeune fille lui fit un clin d'oeil. « J'ai un flair infaillible en matière de gastronomie ! » Au même moment, elle prit une fourchette pleine de lasagnes, et fit une grimace, avalant tout rond. Oh non, pas ça. Jude la regarda, intrigué, et, s'aérant avec sa main (bien que cela ne serve pas à grand chose), la jeune fille s'expliqua : « A être trop gourmande ... Je viens de me bruler la langue ! »

❝love is heavy and light, bright and dark, hot and cold,
sick and healthy, asleep and awake ❞
W. Shakespeare ◆ Romeo & Juliet

Parfois, je me demandais où est-ce que je serais, si Kyle – mon fils – et ma mère étaient toujours en vies. On me disait souvent que vivre avec des « si » n’était pas la solution, mais cette question s’importait dans mon esprit sans vouloir le quitter, n’y trouvant aucune réponse. Si, peut-être que je serais plus heureux ? Peut-être que je ne ferais pas toutes les conneries que je faisais aujourd’hui ? Kyle avait réussis à me redonner un but, dans la vie lorsque j’avais appris son existence et lorsque j’avais eu sa garde. Il m’aimait, et il me disait très souvent, qu’il était fier de moi. C’était vraiment la personne qui avait réussi à me sauver alors que j’étais en plein naufrage. Mais aujourd’hui, il n’était plus là, et ma mère non plus. En fait, aujourd’hui, je n’avais plus personne. Je savais que je pouvais compter sur Apple et sur mon meilleur ami, Alek mais je me méfiais quand même pas mal des autres, tentant de ne pas trop m’attacher aux gens : j’étais persuadé que j’étais maudis, toutes les personnes qui m’étaient chères finissaient par décéder alors à quoi bon s’attacher ? Pourquoi, s’attacher à des gens alors que j’avais la peur au ventre qu’ils leur arrive à eux aussi, le même sort tragique. Je me posais beaucoup trop de questions, et je remuais très certainement trop le passé, mais il était là, et je n’arrivais pas à l’effacer de ma mémoire. Chaque détails, chaque chose dans ma vie de tous les jours me faisait pensé à mon passé, il m’était impossible de l’oublier. Alors quoi, je devais tout simplement à vivre avec ? Je n’arrivais pas à comprendre comment les gens arrivaient à faire ça…vivre avec quelque chose qui les hantent…Ou peut-être, n’avais-je toujours pas fait mon deuil, et que ça irait mieux lorsque je l’aurais fait ? Je l’espérais vraiment…

Roxanna avait l’air d’aimer pas mal de choses que j’appréciais aussi, notamment en matière de films. J’aimais beaucoup aller au cinéma, j’aimais beaucoup lire aussi…enfin, tout ça, c’était avant la mort de mon fils et de ma mère, depuis, je n’aimais plus grand-chose et j’avais osé le dire à la jeune femme qui, à ma plus grande surprise, ne m’en demanda pas plus. « Je comprends, j'ai ... Connu ça également. », m’avait-elle répondue doucement. Je ne pus m’empêcher de la regarder, étonné et j’aurais voulu lui demander comment elle avait fait, pour passer cette phase et enfin, vivre normalement. Alors que mes yeux retombèrent pour regarder mon assiette, j’avais remarqué quelques cicatrices sur ses bras. Cicatrices, légères certes, mais qui n’échappaient pas à un étudiant en médecine comme moi. Je me demandais alors si c’était récent ou pas. Mais une chose était certaine : Roxanna n’avait pas non plus eu une vie toute rose…Bizarrement, à cette pensée, je la sentis beaucoup plus proche de moi et l’envie de la connaître un peu plus me plaisait bien. Entre déprimés, on peut se soutenir, non ? En attendant, la jeune femme avait l’air ravie de pouvoir discuter de films qu’elle aimait, que j’aimais tout autant, et ça faisait plaisir à voir.

Nous en étions venus à parler d’Apple. Cette sacrée chipie avait bien calculée son coup, n’empêche. Elle devrait ouvrir une rubrique dans le journal de la fac « Apple l’entremetteuse » et faire des couples, car elle savait qui caser avec qui. Roxanna était tout à fait mon type de fille, elle était belle, très belle même et en même temps, elle avait un air de petite fille, qu’on a envie de garder près de soi et de protéger contre le monde extérieur. Et en plus d’être belle, elle avait de la conversation et semblait plutôt intelligente, elle était aussi très artistique puisqu’elle faisait de la danse et du dessin. Oui, Apple connaissait mes goûts et elle devait savoir que Roxanna me plairait, inévitablement. « Eh bien, tu vas rire ... Ou tout simplement nous traiter de superficielles, mais en fait on s'est rencontré au centre commercial, avec Artemis, la fille dont je t'ai parlé tout à l'heure. On voulait toutes les trois le même vêtement, qui était aussi le dernier ... Alors, comme nous faisions toutes les trois la même taille, on a sympathisé et décidé de le prendre pour toutes les trois ... Chacune son tour ! Et ... Au fur et à mesure, j'ai tissé une véritable amitié avec elles. Apple est véritablement exceptionnelle, son charme et son caractère séduisent toujours immanquablement ! ». Je ris légèrement alors que la miss me lança un sourire, cela ne m’étonnait pas du tout d’Apple, je comprenais mieux pourquoi elle ne me trainait plus dans les magasins en me suppliant de ne pas la laisser faire du shoping toute seule maintenant qu’elle avait deux acolytes avec qui dévaliser les magasins. « J'ai un flair infaillible en matière de gastronomie ! ». Je ris de plus belle, ce qui m’étonna moi-même (c’est vrai, depuis quand est-ce que je n’avais pas ris ? ) et j’hochais la tête en signe de reconnaissance quant à son ô grand flair infaillible.

Résumons donc. Roxanna était belle, elle avait un bon sens de l’humour, elle avait de la conversation, elle avait de bons goûts en matière de cinéma, de bons goûts culinaires quand je voyais le restaurants où nous nous étions retrouvés et les lasagnes qu’elle aimait. Comment une fille comme ça, pouvait-elle être célibataire ? Y avait-il un piège quelque part ? J’étais perdu dans mes pensées alors que la jeune femme prit une énorme bouchée de lasagnes, la voir agiter la main comme si ça l’aiderait à rafraichir sa bouche me fit revenir sur terre et me dit même, éclater de rire alors qu’elle déclara ; « A être trop gourmande ... Je viens de me bruler la langue ! ». Je ris à nouveau et je pris la serviette sur mes genoux pour me pencher légèrement vers elle, essuyant le coin de sa bouche pleine de sauce tomates, toujours avec un immense sourire aux lèvres, alors là, elle m’avait bien fait rire. Une fois essuyé le coin de ses lèvres, je m’asseyais à nouveau normalement, « Tu viens de te brûler la langue et de faire la cochonne ! Ralala, bravo ! ». Je lui souris en repositionnant la serviette sur mes genoux et je lui servis un verre d’eau qu’elle pourrait boire pour calmer la douleur à sa langue. Je pris moi-même une gorgée d’eau, j’avais ce sourire stupide collé au visage et j’avais peur de paraitre vraiment idiot. Je reposais le verre sur la table en la regardant à nouveau, « Maintenant, j’ai une question existentielle à te poser… » Je pris une dernière fourchette de mon plat, décidément trop copieux et je m’appuyais légèrement sur la table, pour me pencher un peu plus vers elle et lui dire d’une voix plus basse, « Comment une fille aussi géniale que toi, n’a pas de petit ami ? »

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Les cicatrices de Roxanna étaient presque devenues invisibles, et c'est tant mieux, sachant que pour danser la plupart du temps elle avait les bras nus. A l'adolescence, époque à laquelle elle jouait avec les lames pour ainsi dire, elle avait suscité l'inquiétude chez son professeur de danse, car elle voyait bien de la gêne dans les danses de sa meilleure élève. Elle ne portait plus que des pulls à manches longues, même en été, et à chaque fois qu'on lui suggérait de retirer ses couches de vêtements superflues, elle avait un brusque moment de recul. Hélas, en pleine époque rebelle, sa prof ne parvint jamais à la faire réagir, et Roxanna continua ces horreurs jusqu'au jour ou sa grand mère la retrouva étalée sur le sol de la salle de bain, une boite de médicaments à la main. Elle n'avait que quinze ans à l'époque, et tout cela n'était qu'une infime partie de ses erreurs passées. Aujourd'hui, bien que ces cicatrices faisaient partie intégrante d'elle-même, elle faisait en sorte de ne pas trop s'en soucier, sachant pertinemment que personne ne les avait jamais remarquées. Lorsqu'elle murmura doucement qu'elle savait ce que cela faisait, l'idée de ne plus avoir envie de rien, à l'adresse de Jude, elle sentit son regard braqué sur elle, et ses joues rosirent légèrement. D'ordinaire, elle n'aimait pas révéler ce genre de détail, même infime, mais aller savoir pourquoi, avec Jude elle savait qu'elle était en confiance. Peut-être était-ce lié au fait qu'Apple lui avait vaguement parlé de son passé douloureux. Et puis, bien que ne le regardant pas, ayant trop honte, elle savait que ce regard braqué sur elle était tout sauf pesant et mauvais. Au contraire. Il semblait étonné.

Le changement de conversation fut radical lorsque Roxanna, aussi maladroite que tous les jours, se brula la langue. C'était ce qui surprenait le plus chez la jeune fille. Autant elle était extrêmement maladroite dans la vie de tous les jours, en revanche dès qu'elle dansait, elle devenait agile et gracieuse, ne faisant jamais le moindre faux pas. Si elle le pouvait, elle danserait au lieu de marcher pour être sure de ne plus jamais se casser la figure dans la rue ! Jude éclata de rire en voyant Roxy s'aérer et dire qu'elle s'était brûlé. Pour le côté sexy du premier rencard, avec la demoiselle, on repassera ! Elle avait toujours eu un don incroyable pour se rendre ridicule, une vraie mentalité de petite fille ! Mais le top du top, c'est qu'elle n'avait pas remarqué la sauce tomate restée coincée au coin de sa lèvre, trop focalisée sur sa langue en feu. Elle ne compris les faits que lorsqu'elle vit Jude, serviette en main, s'approcher de son visage pour l'essuyer. « Tu viens de te brûler la langue et de faire la cochonne ! Ralala, bravo ! » Ses joues reprirent une teinte légèrement colorée alors que l'étudiant retournait à sa place, et elle pinça ses lèvres, son expression indiquant un mélange de gêne et de ... Comment définir ça ? Peu habituée aux gestes doux venant des hommes, son coeur avait raté un battement, pour ainsi dire. C'était en quelque sorte indescriptible. Elle secoua la tête en riant avec légèreté, et attrapa son verre d'eau qu'elle but d'une traite après avoir remercié Jude de l'avoir servit. « Merci ! Je sais, je suis vraiment maladroite, c'est affligeant ! » Dit-elle alors après avoir terminé son verre. Elle passa une main dans ses cheveux et s'enfonça au fond de son siège, reprenant sa torture pour sa pauvre mèche blonde. « Maintenant, j’ai une question existentielle à te poser… » Roxanna arqua légèrement un sourcil, surprise, et se pencha de nouveau en avant, appuyant ses avant bras sur la table. « Hum oui, je t'écoute ? » Avant qu'il ne pose sa question, la blondinette reprit sa fourchette pour reprendre de son plat, en prenant soin de souffler ce coup ci, sans quitter du regard Jude qui lui posa sa question : « Comment une fille aussi géniale que toi, n’a pas de petit ami ? » Elle en avala tout rond ses lasagnes. La question qui tue. Enfin, qui ne tue pas vraiment, mais qui est toujours compliquée pour la jeune danseuse. A vraie dire, si elle n'avait pas de petit ami, c'est parce que, avant de les respecter, il fallait qu'elle apprenne à se respecter elle-même. Refusant de s'accorder le privilège de tomber réellement amoureuse d'un homme bien, elle enchaînait les relations sulfureuses, ou du moins la provocation, n'ayant jamais sauté le grand pas même avec les hommes avec lesquels elle flirtait. Pourquoi ça ? Parce qu'elle savait qu'aucun n'était le bon. Pas à ses yeux. Les seuls hommes avec lesquels il y avait une petite ambiguïté n'étaient intéressés par elle que pour son corps. Même avec Jason, qui est un bon ami, il ne s'agit là que d'amitié, rien de plus. Jamais Roxanna n'avait vu d'homme tendre envers elle. Et elle fuyait la gente masculine, peut-être parce que son père violent l'avait effrayée depuis sa naissance. Peut-être parce qu'elle avait peur qu'à l'avenir, un autre homme la batte à nouveau. Ou peut-être parce que tomber amoureuse impliquait également apprendre à se connaître plus profondément, ce qui effrayait d'autant plus la jeune femme.

Roxanna passa une main dans ses cheveux, replaçant une de ses mèches blondes derrière son oreille. Comment expliquer tout ça rationnellement, et surtout sans en dire trop ? « Hum ... En fait, disons que je suis une romantique dans l'âme, et que je n'aime pas les hommes qui me manquent de respect... Or, la plupart des étudiants sur le campus ne sont que des types intéressés par le côté sexuel d'une femme. Par pour les sentiments. » Elle s'arrêta un moment, et se mordit la lèvre inférieure, en quête de mots pour être assez claire. « Mais ... D'un autre côté, je préfère garder mes distances avec les hommes sincères la plupart du temps. Je suis romantique mais je fuis les relations, étrange, non ? » Elle voulu forcer un sourire ironique, et pinça ses lèvres pour se forcer à le former. Elle ne se voyait pas dire "Si je sors avec un homme qui m'aime, et que j'aime en retour, il prendra ses jambes à son cou en apprenant ce que j'ai pu faire avant d'arriver ici.". Alors autant dire la vérité, en masquant le plus important. Néanmoins, elle était sure que Jude devait la prendre pour une folle à lier. Roxanna força un sourire, mais son regard disait tout autre chose. Un mélange de peur et d'appréhension. « Et là tu dois te dire "C'est qui cette folle qu'Apple m'a présenté", non ? » Et pourtant, parallèlement, Roxanna se rendait compte que tout ce qu'elle venait de révéler à Jude, sur ses goûts, ses passions, sa manière de voir l'amour... Ordinairement elle n'osait jamais révéler tout ça à personne. Rien qu'à cette pensée, elle en rougit d'avantage.

❝love is heavy and light, bright and dark, hot and cold,
sick and healthy, asleep and awake ❞
W. Shakespeare ◆ Romeo & Juliet

J’avais lu quelque part, il y a quelques jours de cela ceci-ci : « Le désespoir le plus profond est celui qui marque les premiers instants de notre grande peine. Lorsque l’on ne sait pas encore ce que c’est, d’avoir souffert et de s’être remis, d’avoir connus le chagrin puis d’avoir retrouvé l’espoir ». Cette phrase, m’avait beaucoup fait réfléchir et d’après tout ce que j’avais lu dans ma vie, cela me semblait tellement contradictoire. Bien sûr, j’avais connu cette grande peine, à la mort de mon père quand j’avais 8 ans. J’avais souffert, mais je m’étais remis, j’avais eu du chagrin, mais j’avais retrouvé l’espoir. Mais les écrivains, s’arrêtent à cet instant de la vie, lorsque tout revient à la normale et que l’espoir se remet à vous faire vivre, mais aucun écrivain explique, comment faire lorsque ce chagrin, cette grande peine, cette souffrance, vous touche plus d’une fois. Est-il possible, au bout d’un certain nombre de fois, de retrouver de l’espoir, ou sommes-nous obligés de vivre dans la douleur des souvenirs qui vous plantent un couteau en plein cœur ? Quand je lisais des phrases telles que « Il ne faut pas avoir peur d’espérer, même quand la vie nous donne toutes les raisons de baisser les bras », je me disais, que j’aimerais tellement en être aussi convaincu que l’auteur de ce genre de balivernes. A croire, que ces gens-là n’écrivaient qu’en imaginant, mais qu’ils ne l’avaient pas vécu pour illustrer la réalité des choses. Alors quoi, qui croire ? Est-ce que nous avions un chemin tout tracé, que nous ne pouvions en aucun cas modifier et qui nous mènerais à notre perte, cette chose qu’on appelle en littérature, la fatalité, le destin ? Ou étions-nous réellement, le maître de notre destin ? Je savais que je me posais trop de questions, peut-être inutiles, mais j’essayais de comprendre, à travers les livres, la philosophie, quelque chose de concrets car ça n’était pas une science que je pouvais apprendre et comprendre dans mes cours de médecine.

Roxanna eut l’air surprise, de mon geste lorsque je lui retirais la sauce tomate au coin de ses lèvres, et j’eus un peu du mal à comprendre pourquoi même si des millions de scénarios se mirent en place dans ma tête afin de pouvoir deviner pourquoi elle avait ses cicatrices sur les bras, pourquoi d’après Apple, elle non plus, elle n’avait pas eu un passé facile. Je voulais respecter son choix de se faire, son intimité mais au plus profond de moi, j’avais envie de savoir, envie de pouvoir lui en parler et surtout, lui demander comment elle avait réussi à le surmonter, comment elle arrivait à être aussi souriante qu’elle l’était. Ses joues se rosèrent un nouveau, ce qui lui donnait un air de petite fille gênée par une situation embarrassante. « Merci ! Je sais, je suis vraiment maladroite, c'est affligeant ! » Je ris légèrement de plus belle, elle ne s’en rendait peut-être pas compte, mais me faire rire était quelque chose de périlleux – et peut-être même impossible – depuis ces quatre derniers mois. Et la demoiselle arrivait, et il lui fallut se brûler la langue avec des lasagnes pour pouvoir me faire rire aux éclats. J’avais remarqué ce reflexe qu’elle avait, de glisser ses doigts dans ses cheveux en permanence. C’était assez habituel chez les filles, mais chez elle, ça lui donnait encore plus un petit air mignon…enfin, bref.

Cette question, je n’avais pas pu la garder pour moi. C’est vrai, elle avait tout pour elle, tout pour plaire à n’importe quel garçon et le fait qu’elle soit encore célibataire était à mes yeux vraiment très étonnant. « Hum ... En fait, disons que je suis une romantique dans l'âme, et que je n'aime pas les hommes qui me manquent de respect... Or, la plupart des étudiants sur le campus ne sont que des types intéressés par le côté sexuel d'une femme. Par pour les sentiments. » Je l’écoutais parler, en la regardant attentivement en prenant quelques bouchées de ma part de lasagnes. C’est vrai qu’il y avait beaucoup de pervers dans le coin, mais pas à ce point-là. Enfin, peut-être que je ne m’en étais pas rendu compte, mais il devait bien y avoir assez d’hommes « respectueux » pour qu’elle en trouve un qui lui plaise à elle aussi. Dans ma tête, lorsque Apple m’avait dit qu’elle me présentait des amies à elle, je m’attendais à voir arriver des filles ennuyeuses à mourir, le genre de filles que tous les mecs fuient, en fait. Mais pas du tout…« Mais ... D'un autre côté, je préfère garder mes distances avec les hommes sincères la plupart du temps. Je suis romantique mais je fuis les relations, étrange, non ? » Je ris légèrement en reposant ma fourchette dans mon assiette, amenant ma serviette à mes lèvres pour m’essuyer la bouche rapidement. Il n’y avait rien d’étrange là-dedans, elle pouvait avoir envie de romantisme, mais avoir peur en même temps de tomber amoureuse. Au fond, j’étais un peu pareil, en fait…J’étais romantique avec les filles, quand je le voulais, mais j’avais trop peur de m’attacher à nouveau pour en souffrir. Car maintenant pour moi, toute relation finissait par de la souffrance.

« Et là tu dois te dire "C'est qui cette folle qu'Apple m'a présenté", non ? » J’hochais la tête de gauche à droite en lui souriant à nouveau et je repris une énième bouchée de mon plat qui m’amenais de plus en plus vers la fin de celui-ci. Je posais gardais ma fourchette en main, la posant dans mon assiette, relevant le regard vers la jeune femme. Je me demandais d’ailleurs quel genre de réponse elle attendait de moi. Que je la trouve bizarre ? Ca n’était pas le cas. Elle s’était un peu dévoilée à moi, est-ce que je devais faire le même ? « Non, non pas du tout…au contraire, je pense comprendre pourquoi elle nous a présentés, en fait ». Je ris légèrement et je regardais autour de moi, le restaurant était assez calme malgré le grand nombre de personnes, notamment des couples qui dinaient tranquillement. « J’ai le même problème que toi…je…j’crois que j’ai peur de m’attacher aux gens et…l’idée de tomber amoureux, ça me fait…vraiment très peur… ». Je me pinçais la lèvre en passant nerveusement ma main dans mes cheveux, je n’avais vraiment pas l’habitude de dire ce genre de chose, de me dévoiler. Et la nervosité remonta petit à petit en moi. Je me raclais légèrement la gorge et je pris l’ultime dernière bouchée de mon plat, laissant mon assiette à présent vide. « Et j’la remercie, de t’avoir présentée à moi parce que maintenant…je sais qu’on peut s’en sortir… », je jetais un rapide coup d’œil à son bras marqué, puis je remontais mon regard vers elle à nouveau, la regardant dans les yeux. « J’voudrais vraiment…changer et m’en sortir…parce que…honnêtement…le gars que t’a devant toi, souriant et tout ça…ça me ressemble pas du tout, j’dirais même que t’es la première personne à m’avoir fait autant sourire et rire depuis ces quatre derniers mois… »