La reine des glaces ♣ Annalynne

" Le femme fatale? " Je hoche le visage positivement tandis que son regard semble sonder le mien, expression finissant par un sourire que par avance, je prends bien, devinant la suite de ses pensées, et paroles. " Complètement. " Et sa sincérité, j’avoue commencer à l’apprécier, j’ai bien dit commencer, il ne faut pas non plus abuser. Et d’ailleurs mon appréciation ne m’empêche pas de lui demander si c’est pour mon côté froid et hostile, qu’il m’a qualifié de « femme comme ça », chose dont j’ai horreur, n’est ce pas ? Les généralités, très peu pour moi. " J'avoue que j'aurais pu dire ça pour te remémorer le fait d'avoir été infecte... Mais c'était plus un compliment! "  D’accord dans ce cas. Pour toute conclusion sur la question je lui dis « Je ne me trouvais pas si pire, avec toi. » Ou alors, je ne m’en rends tout simplement pas compte, mais tant pis, je suis comme je suis, et personne ne me changera.

" Je vois... Nous avons un milieu qui se ressemble alors! " Et pourtant lui et moi, on semble si différents. Il a surement du s’éloigner de ce milieu assez vite, ou je ne sais quoi. Il hausse les épaules et précise " Si c'est le cas, je plains ton père d'avoir du supporter le mien! " Ce à quoi je réponds d’un sourire tout d’abord mesquin, accompagné par un « Ca se voit que tu n’as pas rencontré le mien. » Un milliardaire bon samaritain, sur fond de trafic de je ne sais quoi, un salopard qui terni mon héritage, putain.
Lorsqu’il me demande si j’aurai pu deviner son âge, pour toute réponse, comme à l’accoutumée, je me sers de cette franchise qui m’a toujours caractérisée. Lui disant que non, je n’aurai pas pu. " Je suis bien trop mystérieux, où tu ne voulais pas me vexer? " Un petit rire traverse ma bouche avant de lui répondre de façon toujours honnête. « Non … tu as … Un visage poupin. » Rond et rieur, j’en sais strictement rien. Et je précise cependant pour l’immaturité, parce qu’on ne sait jamais, ce n’est pas ce que je voulais signifier. " Ouh la... Attention, tu deviens gentille la! " Railleuse je lui lance un regard en biais en riant de moitié. « Il ne faut pas abuser. » Je précise tout de même, puisqu’il ne faut clairement pas croire qu’un café va me faire devenir quelqu’un qui ne me ressemble pas, et ce n’est pas dans mes plans, de devenir un ange. De beaucoup, je préfère le diable, n’est-ce pas ? " Non, sérieusement. Merci! A vrai dire, je ne sais pas où ce situe ma maturité... Mais je sais que je ne suis pas un enfant non plus! " Pourtant, malgré moi, et surtout malgré lui, je me dis que vingt-deux ans, c’est petit. Une gorgée de plus en bouche, on se rapproche d’une poubelle devant laquelle je m’arrête, et je finis d’un trait, la boisson qu’il m’a offerte.
« C’est dans la tête. » L’âge et le reste. Je jette le gobelet cartonné et lui lance alors un regard de défi. « On était pas là pour courir ? » Un nouveau sourire, une provocation, proposition de course qui clôturera surement nos précédentes discussions.

" Après, je ne suis pas souvent confronté a des personnes... Dans ton genre. Sans vouloir t'offenser! " A nouveau je me permets, de lui lancer un regard en biais, incertaine de savoir comment prendre cette information. Une chose est sure, c’est que dans un premier temps, c’est en plein visage que je la prends. Si je doutais de mon côté vipère, au moins, il vient de me faire une piqure de rappel, à sa manière. Le problème de l’histoire c’est que ma seule justification se trouve dans une phrase, un peu bidon. « Je suis comme je suis. » Et je suis faite comme cela. Je m’aime, fin de l’histoire, n’est-ce pas ? Je n’ai pas franchement besoin du reste, croyez-moi.

" J'crois que les deux n'ont pas l'airs d'avoir étés élus, meilleurs papas de l'année "   Mes épaules se haussent lorsqu’il me dit ça au sujet de nos deux pères, et je ne peux m’empêcher d’approuver, par ce mouvement singulier. " Pour faire court, le mien est un infidèle, violent, et trop passionné par son travail. Il a préféré laisser sa famille de coté pour ses affaires et ses maîtresses. Et quand il était a la maison, il passait ses nerfs sur ma mère. " S’infiltre en moi, un sentiment étrange, une pointe de culpabilité, car mon père ne m’a jamais réellement maltraitée, en quelques secondes mon regard sur lui change de moitié, et peut-être aussi que soudainement, je le plains … Mais j’oublie ce que je ressens, n’étant pas habituée à penser aux autres gens. Je me contente donc de préciser. « Ce sont des pourritures à différents niveaux … » Le mien se jouent du monde, autant que la terre est ronde.

Je me trouve plutôt gentille au moment où je lui dis pour son visage, pensant que j’aurai réellement pu être plus vexante, mais je réalise bien vite que ma petite pique l’a tout de même vexé, alors un sourire vient se plaquer sur mon visage lorsque je l’entends prononcer " Ah ouais quand même.. Bah merde alors! " Et là, je ris un peu, bien évidemment qu’il est mignon, mais voilà, je le trouve mignon comme un petit garçon. Ce n’est pas méchant, bien loin de là, ça veut juste dire qu’il ne me plait pas, je ne suis pas très encline à être avec des hommes plus jeunes que moi. « Ouais, toutes les filles ne sont pas à tes pieds. » Pas que j’insinue qu’il pense que ce soit le cas, mais c’est juste pour rire quoi.

Se jettent alors nos gobelets, on s’arrête quelques secondes avant que de façon détournée je lui proposer de recommencer à courir mais en y mettant un peu plus d’enjeu. Et c’est heureuse – ou presque quoi – que j’accueille sa réponse positif en étirant mes lèvres. " On faire une course? Je te laisserais de l'avance, je ne suis pas méchant " Alors je le regarde en fronçant les sourcils, faussement vexée de sa phrase sexiste à souhait. « Dis-moi que tu déconnes ? » Avant qu’en mon corps je fasse comme si ta réplique résonne. Et là je lui tapote sur l’épaule. « Essaie de te tenir la cadence, gamin. » Je m’amuse d’un rien, fait marcher une nouvelle fois ma provocation, avant qu’ensemble on commence à courir, vers demain, vers l’avenir.