COUP DE FOUDRE À HAVASU CITY ₪ PALMYR

Pour la 42ème journée, je fais la grasse matinée. Encore là, je suis confortablement installé dans mon lit sous l'unique drap blanc – il me semble – à farfouiller sur Instagram, Twitter et Facebook. Ou encore à surfer sur Internet. À regarder des photos du Brésil, Grèce ou encore Sydney en bavant. Bon, pas seulement, y a eu Netflix. Ou mon meilleur copain des vacances. Quelle idée brillante que d'avoir crée une application pour les téléphones portables. Franchement, ça révolutionne mes journées. Elles semblent beaucoup moins longues, maintenant. Surtout lorsque Zéphyr est trop occupée à harceler – ou whatever – ce Martin. Bref. Après un moment, je décide qu'il est temps que je me lève et que je dois être productive. Ça commence par une nettoyage de ma petite personne. J'en ai besoin et je ne me fais pas prier. « Palmyr mon saphir, mais où te caches-tuuuu ? Mais t’es pas là mais t’es où ? » Putain, mais c'est qui qui ose me déranger durant mon nettoyage ? Je me tais et j'écoute. Je deviens folle, j'entends des voix. Je m'enroule dans une serviette et je me retrouve face à... Cody. C'est plus fort que moi, je crie. « Tu faaaaaaaaaaais quoi ? Espèce d'ornithorynque, j'ai été à deux doigts de te casser le nez. » L'insulte de l'année. Et la blague du siècle. Ma main aurait probablement été celle de cassée, fragile comme elles sont. « J'ai frôlé la vie. » Et voilà, je parle comme si j'étais dans Fight Club. Puis, je secoue la tête et va enfiler des vêtements. « Comment t'es entré ? Et qu'est-ce que tu veux ? » J'veux savoir si mes colocataires l'ont fait ou alors est-ce qu'il est par lui-même. Et je veux savoir ce qu'il veut.

Palmyr se mit à crier en la présence de Cody. Narmol, ce gars les fait toutes crier, c’est un fait Vous pouvez demander à ses ex et touuut si vous avez du temps à perdre. En tout cas, Cody n’en avait pas. Quand Palmyr débarqua en serviette, il ne put s’empêcher de la détailler de haut en bas, avant de lâcher sans pouvoir se retenir ; « C’est la serviette qui est courte ou c’est toi qui a de longues jambes ? » Merdouille, ça allait encore lui coûter un dollar … Son amitié avec Palmyr commençait à lui coûter cher, il était temps pour lui de faire un budget ’opération Palmyr’ parce que les fins de mois risquaient d’être difficiles s’il continuait dans la lourdeur. Puis v’là qu’il se fit traiter d’ornithorynque, nouvelle insulte à la mode en Arizona puisqu’elle était juste la troisième personne à le faire, narmol. Il ne répondit pas à ses menaces sur son nez et la laissa se rhabiller plus loin, avant qu’elle ne revienne en demandant le pourquoi du comment de sa présence ici. Et surtout, comment il était entré. Fièrement, il avoua ; « T’as laissé la porte ouverte et je voulais te faire une surprise. Mais t’en fais pas, la prochaine fois que je le fais, si tu fais vraiment une attaque, je serais présent pour te faire du bouche-à-bouche. » En tout bien tout honneur. Avec le massage cardiaque qui va avec et tout, Cody ne faisait pas les choses à moitié. « Je veux t’inviter à faire du vélo avec moi. Y a un chemin sympa jusqu’à Cathedral Rock. » Il ne savait même pas pourquoi il parlait de la destination. Déjà, visiblement, Palmyr n’était pas très préparée à quitter son chalet. C’est bizarre que ça sentait si bon à l’intérieur d’ailleurs, parce que tu mets Cody pendant un mois dans un même endroit, à la fin ça sent le bouc, le cochon, la vache et tous les animaux de la ferme en fait. Palmyr est magique.

Je fais mine de ne pas entendre sa question. Pour le bien de son porte-feuille et parce que je suis attentionnée. À la place, je lève les yeux au ciel en secouant légèrement la tête. Sérieusement, je crois que c'est la première fois que je croise quelqu'un qui ne possède absolument, mais absolument aucun filtre. Sérieux, il dit tout ce qui lui passe par la tête. Mais vraiment tout. Absolument tout, tout, tout. Ça peut être adorable, mais également très chiant. Par exemple, lorsqu'une personne essaie de dissimuler de l'acné, je suis prête à parier que Cody sera le premier à le dire. Bref, maintenant j'veux savoir pourquoi il est ici et comment il est entré dans mon chalet. Je parie sur mes colocataires. Sauf que Cody dit le contraire. Il dit que j'ai laissé ouvert. Bien sûr, je ne suis pas sortie une seule fois de ma chambre depuis que j'ai ouvert les yeux. « Mmmh d'accord, si tu le dis. » Je lui laisse le bénéfice du doute parce que je suis gentille. Gentillesse est mon second prénom. « La prochaine fois, ma main rencontre ton nez, ok ? Avant ou après le massage cardiaque, tu choisis. » Ok, j'exagère peut-être un tantinet, mais on s'en fout. Parce que soyons honnêtes, je suis tout simplement incapable de frapper une personne. Je n'ai pas cette capacité. « Je veux t’inviter à faire du vélo avec moi. Y a un chemin sympa jusqu’à Cathedral Rock. » Automatiquement, je fronce les sourcils. Faire du vélo. En Arizona. Sous cette chaleur. Je soupire et me laisse tomber sur le lit. « Qu'est-ce que faire du vélo ? » Je joue l’innocente parce que ce lit est confortable. Vraiment. Et nous avons une relation spéciale. Le quitter pour la journée résulte à le poignarder dans le dos. « Depuis quand Cody Bleeker fait du vélo ? » J'aime bien prononcé son prénom et nom dans la même phrase. C'est beau, harmonieux. Ça se suit comme un ruisseau.

Mais c’était quoi cette fixation sur le nez de Cody ? Hein Palmyr ? Pourquoi le nez ? Est-ce un toc ? Est-ce un traumatisme psychologique dû au watchage de Cyrano de Bergerac dans sa plus tendre enfance ? Ou un mauvais souvenir en Egypte ? Ou alors, elle a peut-être perdu un million d’euros à un jeu télé ou la question était ’Combien de nez à un sphinx ? A) Un, B) Deux, C) Zéro D) Attention y a un piège’. En fait, ça pourrait être n’importe quoi, mais Cody se disait juste qu’elle complexait par rapport à son propre nez et donc, qu’aujourd’hui, maintenant qu’elle voyait le beau (sisi) Cody Bleeker et son nez grec magistralement bien sculpté, elle cherchait mille et une raisons pour le toucher. Et Cody aussi voulait toucher autre chose donc ça tombait bien. Echange de bons procédés. « Après. Quitte à me prendre un coup dans la gueule, autant que ce soit pour une bonne raison. » Il trouvait toujours réponse à tout, inutile de chercher plus loin. Il serait capable de faire croire à Bill Gates que s’il est riche, c’est parce qu’un magicien a fait en sorte de transformer les pets de vache en dollars s’inscrivant directement sur son compte. Donc le trou dans la couche d’ozone est fortement lié à la fortune de Bill Gates. CQFD. Fatigué de trop penser, Cody s’allongea oklm sur le lit de Palmyr, sur le ventre pour la regarder, sans lui demander son avis. « Faire du vélo, c’est monter sur ces espèces de cadre en métal et tourner des pédales avec tes pieds. Comme E.T. l’extra-terrestre. Sauf qu’il vole pas et que la seule lune à côté de laquelle tu pourrais éventuellement rouler, c’est la mienne. » Mais nudisme et cyclisme ne font pas bon ménage, croyez-en son expérience. « J’en fais pas, mais j’ai besoin de me changer les idées. Pas toi ? » demanda-t-il en arquant un sourcil, avant d’attraper un bout de la couverture qu’il caressa entre ses doigts. Mon dieu, ça faisait un mois qu’il dormait dans un sac de couchage qui puait la bière. Il rêvait de couvertures et de draps propres. Ce serait déplacé de demander à Palmyr s’il pouvait dormir avec elle ce soir ? Sans doute un peu.

Je cesse d'écouter Cody déblatérer pour me faire une note mentale quant à sa préférence. C'est important. Dans un sens même si, à mes yeux, ça ne fait absolument aucun sens. Non, je ne peux pas le laisser se prendre un coup après m'avoir sauvé d'une possible mort. Le coup est mieux avant et après c'est les remerciements, non ? « Non, mais si tu te prends le coup après m'avoir fait un massage cardiaque et m'avoir sauvé, ce n'est pas un remerciement dans un sens. Dans le genre je te frappe, je fais une crise cardiaque et tu me sauves. Ça plus de sens, non ? » Dans ma tête, en tout cas. « Faire du vélo, c’est monter sur ces espèces de cadre en métal et tourner des pédales avec tes pieds. Comme E.T. l’extra-terrestre. Sauf qu’il vole pas et que la seule lune à côté de laquelle tu pourrais éventuellement rouler, c’est la mienne. » Première réaction : je fronce les sourcils, incertaine d'avoir réellement comprise ce qu'il vient de dire. Seconde réaction : je secoue la tête en fermant les yeux. Il m'exaspère. Une réponse à tout, un Monsieur-je-sais-tout-et-j'ai-réponse-à-tout, c'est Cody Bleeker, mesdames et messieurs. « Tu réalises que ça te vaut de mettre un dollar dans le pot ? » De mon côté, je le vois de cette manière. « J’en fais pas, mais j’ai besoin de me changer les idées. Pas toi ? » Il n'a pas tort. Je me fais chier dans cette cabane modernisée. Je me retourne pour me retrouver sur le ventre et je m'appuie le visage dans la paume de ma main. Mon regard s'attarde sur ses mains qui caressent la couverture et je trouve ça amusant. « Très bien, allons-y. Maintenant avant que je change d'avis et que je retourne dans mes couvertures. » Et mon air climatisé. Du coup, je me relève – avec difficulté – et j'enfile le chapeau qui traîne dans ma chambre. « Allez E.T. » Je suis sympathique et je lui offre ma main même si techniquement se relever du lit est facile.

Mmmmf. Ce débat est sans fin, ce débat est sans queue et sans tête. Dans tous les cas, ce que Cody retenait, c’est qu’il avait le droit de faire un massage cardiaque à Palmyr et donc de lui toucher les boobs. Ce qui lui allait très bien, même si dans un cas il le ferait un mal de nez et l’autre sans. Alors, il tira sa révérence et se rangea de son côté ; « Tant que je te fais un massage cardiaque, tout me va. » Ouais ouais, fallait croire que Cody était en manque à ce point, prêt à faire des concessions, même si ça mettait en péril sa santé nasale. Puis voilà qu’il venait de perdre le premier dollar de sa journée. Putain. Mais il ne s’avouait pas vaincu, un jour la roue tournera en sa faveur, sisi on y croit. « J’me disais bien que c’était pas normal, que j’avais pas encore perdu d’argent avec toi. Si on fait une pause pour boire un verre, compte pas sur moi pour t’inviter. » T’façon, avec ou sans le pot, il ne l’aurait pas invité à boire un verre. Non no, Cody était bien trop radin pour ça, il aurait trouvé une tactique pour boire pour free autre part. Finalement, elle s’avoua vaincue et accepta de faire du vélo avec lui, avant de l’appeler E. T. et de l’aider à se redresser. Avec un grand sourire, il lui attrapa la main et s’échappa de ses draps, avant de faire évidemment remarquer ; « On n’a jamais eu un contact aussi intime toi et moi…..OKKKK je sors, je vais préparer les vélos. » Et il se pressa à l’extérieur avant que Palmyr ne lui extorque encore du money money moneyyyyyy. Il grimpa sur son vélo et laissa le rose pour Rutherford. Il était tout beau, il y avait même des cheveux d’argent multicolores qui tombaient le long du guidon. C’était trop classe.

Le débat sur le moment où je lui brise son nez se clôt sur Cody qui, pour faire changement, fait une remarque que tout lui convient tant que ses mains s'approchent de ma poitrine. Ça ne me surprend pas du tout, du tout. « J’me disais bien que c’était pas normal, que j’avais pas encore perdu d’argent avec toi. Si on fait une pause pour boire un verre, compte pas sur moi pour t’inviter. » Est-ce que j'ai déjà exprimé à quel point il est exaspérant ? Et maintenant, je découvre qu'il est radin. Je crois commencer à le surnommer Séraphin Poudrier. M'enfin, de toute manière, ça ne me dérange pas plus que ça... N'étant pas du genre à boire ou même à permettre aux autres de payer pour moi. Pas avec les revenus de mes parents. De mon père surtout. « On n’a jamais eu un contact aussi intime toi et moi…..OKKKK je sors, je vais préparer les vélos. » Je roule des yeux. Je retombe en enfance lorsque mes yeux se posent sur le bicyclette de couleur – roulement de tambours – rose. Magnifique couleur, vraiment. Enfin, jusqu'à ce que mes yeux se posent sur les cheveux du guidon. « Oh Cody, merci pour cette bicyclette. Elle est magnifique. » J'appuie sur le mot magnifique parce que c'est du sarcasme. Je vais avoir l'air d'une petite fille sur ce vélo. J'effleure les cheveux d'une main après m'être installé et je ne peux pas m'empêcher de sourire. Certaine qu'il y a encore 12 ans, je roulais – comme une real – sur un bicycle identique. Oh ouaais. « De quoi j'ai l'air ? Avoue que je fais trèèèès sérieuse et mature, hein ! » Je prends une pose typique des mannequins comme si j'y connaissais quelque chose. Puis, je commence à pédaler avec afin de m'habituer. « Prêt à assister à l'effort physique de l'année de ma personne ?! » Je me moque de moi-même, c'est bien.

Une fois tout le blabla sur le massage cardiaque passé et puisqu’ils avaient tous les deux abouti à un accord sans faille – ou presque – Cody ne tarda pas à rejoindre les vélos et attendit que Palmyr débarque. Wouuuh, elle semblait kiffé le vélo qui était parfaitement assorti à son … à sa … à rien en fait. Ouais bon, Cody et la mode, ça faisait justement 182 454 678 455 et encore je suis sympa car je vous épargne les décimales. « Elle te plaît ? Je l’ai volé rien que pour toi. » ça c’était de la déclaration, non ? J’suis sûre qu’aucun homme – ou femme en fait, Cody connaissait un peu les penchants de son amie slash extorqueuse de fonds – n’avait jamais fait un truc aussi fou par amour. Sisi, voler une bicyclette de fillette est une belle preuve d’amour. « T’es parfaite. » fit-il avec un grand sourire hagard, retenant le fou rire. Dire que lui, il avait hérité du super VTT de compétition, gris métal, avec suspension à hydraulique et la petite sonnette sur le guidon. Youhou. À son tour, il se mit à pédaler, prêt à quitter l’aire des chalets. Mais il fallait d’abord qu’il regarde la belle Palmyr rouler des mécaniques. Ouais, parce qu’elle n’est pas juste super jolie cette fille ; elle sait faire du vélo aussi ! Bonne à marier j’vous dis. « Bien sûr que je suis prêt ! Donc je dois m’attendre à quoi ? Une fois arrivés au bout du camping tu vas me supplier de mettre fin à ce calvaire et rentrer ? » Là, il donna des coups de sonnette en tournant tout autour d’elle, un peu comme un berger qui dirige ses moutons. Ben oui, fallait pas qu’il parte trop vite non plus ; Palmyr avait un si long poil dans la main qu’elle en profiterait pour lâcher son vélo et s’enfuir en courant dans le chalet s'enfermer à double tour.  

QUOI ? Est-ce que j'ai bien entendu ? Est-ce qu'il vient SÉRIEUSEMENT de me dire qu'il l'a volé ? Dans quel sens ? Parce que y a deux sens au mot volé par chez moi... Il y a le volé-volé : ce qui est pris pour toujours sans retour au propriétaire et il y a le volé-emprunté : il l'a prise, mais il compte l'a retourner à la propriétaire – parce que je doute sincèrement que la bicyclette appartienne à une personne avec deux boules et une trompe entre les cuisses –, mais je m'avance. On ne sait pas, c'est possible qu'elle appartienne à un garçon. « TU L'AS VOLÉ ?!!! » J'aurais aimé donner un effet à ma phrase, mais je n'ai pas envie de m'arrêter sèchement alors je continue de pédaler quand même. « Tu sais quoi ? Ne me dis rien, je ne veux pas être perçue comme une complice pendant que tu vas en prison. » Pour avoir volé cette magnifique bicyclette. Je m'essaie à une main afin de voir si c'est possible pour moi de faire du vélo tout en empêchant mon chapeau de s'envoler. La prochaine fois, j'achète un chapeau avec une corde comme les cowboys. Je zappe le fait qu'il me dit à quel point je suis parfaite parce que c'est un mensonge, mais je lui fais une grimace. Je lui pardonne – sans lui dire, of course – le fait qu'il ait volé. Ce n'est pas de sa faute, probablement son éducation. Et visiblement, il n'a jamais regardé Aladdin parce que sinon il saurait qu'on coupe les mains des voleurs. « Bien sûr que je suis prêt ! Donc je dois m’attendre à quoi ? Une fois arrivés au bout du camping tu vas me supplier de mettre fin à ce calvaire et rentrer ? » Il m'étourdit à tourner autour de moi comme un vautour autour d'une carcasse. « Nooooooon, bien sûr que non. Probablement au milieu du trajet. » Je lui fais un clin d’œil en riant, mais c'est dangereux de faire du vélo à un œil et en riant alors je retrouve mes deux yeux rapidement et mon sérieux. « On fait la course jusqu'au bout ? Le perdant achète une crème glacée, tiens ou whatever. » Je ne suis pas compétitive, mais je veux gagner cette course ridiculement enfantine.