LEANDRAM → sound of silence.

sound of silence

Je me sentais mal, et je venais de sortir d'un cauchemar horrible. Dans ces moments là, je me serais diriger vers Jude ou Jasper, mais bizarrement ce soir je me sentirais coupable d'aller vers Jasper, et Jude ne veut plus me voir. Je suis restée dans ma tente un bon moment, trop longtemps même. J'avais tenté de me rendormir, en vain. Aucune position ne marchait, aucune chanson, rien. Allez savoir pourquoi, je suis sortie prendre l'air, et sur le retour j'ai pensé à aller voir Graham. Il était comme un frère et j'avais bien besoin de retrouver quelqu'un qui se rapprochait au plus à ce qui était une famille. Un pilier, quelqu'un que je connaissais depuis longtemps, trop longtemps même. Lui, il saura me dire. Lui, il saura me parler, me raconter un conte, me changer une berceuse et même ne rien dire, bref, il saura y faire. J'arrive devant sa tente et murmure, "Graham ?" j'avais pas envie d'être la fille qui tombe au mauvais moment, d'être celle qui arrive alors qu'il est déjà occupé. Aucun bruit, alors je me permet d'ouvrir doucement la tente, répétant, "Graham, t'es là ?" s'il dort, il ne répondra pas. Je pose mon regard dans la tente en essayant de deviner l'intérieur et je le vois, là, entrain de dormir. J'y entre doucement et m'assoit à côté du lit, posant ma main sur mon épaule en y faisant une douce caresse, "Hey.. Graham.." allez, réveille toi, que tu m'tue pas dans ton sommeil sous un mauvais reflex, parce que je sais toujours pas ô combien la prison t'a changé. Enfin, surtout en pleine nuit, j'dirais.

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Je dors, profondément qui plus est. La faute aux soirées qui se sont enchainées à un rythme effréné ces derniers jours. Je ne vais pas m’en plaindre, je ne me suis rarement senti aussi bien, que ce soit dans ma peau ou dans ma tête. Depuis que j’ai laissé s’exprimer mes sentiments, depuis que je me suis confié à Némo comme je ne l’ai jamais fait auparavant sur mon parcours en prison j’ai l’impression d’être devenu un homme nouveau. Une renaissance, comme pour le phœnix. La vie n’est pas un conte de fées, je n’ai donc pas intégralement exorcisé mes problèmes, je suis toujours hanté, je le serai toujours, mais je l’accepte à présent, je crois avoir fait la paix avec. Sans dire d’être devenu du jour au lendemain exceptionnellement populaire et expressif, j’ai fait d’énormes efforts pour me lier d’amitié avec d’autres personnes, sur un Summer Camp comme celui-ci autant vous dire que ce fut très simple. Je n’en reverrai certainement pas la moitié une fois que l’été sera passé mais qui s’en préoccupe vraiment ? L’essentiel c’est de s’amuser, de profiter du moment présent sans trop se prendre la tête. « Hey.. Graham.. » Quelqu’un me caresse le bras et susurre mon prénom. Je sursaute, me redresse légèrement, prêt à exécuter une prise de taekwondo pour me défendre, comme j’ai été amené à le faire en prison à trois ou quatre reprises. Je reconnais, heureusement pour elle, très rapidement Leandra. Dans un long soupir, rassuré, je ne peux m’empêcher de lui faire remarquer, pas tout à fait réveillé. « T’es folle, j’aurais pu te blesser ! » Il me faut quelques secondes pour quitter l’entre-deux mondes, je suis à présent entièrement éveillé. « Tout va bien ? » Je la questionne, soucieux.

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Je le réveille tout doucement, ou disons que j'essaie du mieux que je peux. Je ne sais pas trop comment le réveiller sans trop le paniquer, sans trop lui rappeler des mauvais souvenirs. Je sais que la prison est derrière maintenant, loin derrière, mais il doit quand même lui rester des traces de ses moments là bas, et je n'ai pas envie d'être la personne qui va lui faire faire remonter tout ça à la surface, j'ai pas envie d'être cette personne qui va lui rappeler les mauvais souvenirs à cause d'un réveil un peu trop brutal. Il sursaute, se redresse et me fait sursauter aussi. Bordel, on est que deux dans cette tente et dans le noir en plus, et on arrive à se faire peur mutuellement. « T’es folle, j’aurais pu te blesser ! » je hoche la tête sans rien dire, encore un peu surprise. Ouais, j'ai bien vu ça, au vu la rapidité à laquelle il s'est redressé, ça ne m'étonnerais pas. J'aurais pu facilement terminer avec un bleu placé je ne sais où. « Tout va bien ? » j'hoche la tête, ça va. ça aurait pu être pire, j'me trompe ? Je souris un peu et m'avance d'un coup en me mettant dans ses bras. Mes bras passe autour de lui, finissant par avouer, "j'arrivais pas à dormir.." puis soudain je me rends compte de l'heure, de la nuit, de la fatigue qu'il ressent certainement, "j'suis désolée d'être là alors qu'il est je sais pas quelle heure.." j'ai même pas pris mon téléphone, rien du tout.

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Elle va me faire mourir, ou faire un infarctus, au choix. Elle devrait pourtant s’en douter, elle qui me connait mieux que personne. Après ce que j’ai vécu il faut prendre des gants pour me sortir de mon sommeil. Je n’ai pas vraiment d’excuses à me trouver, je suis censé avoir fait la paix avec mes vieux démons, ne pas être capable d’agir de manière bienséante lorsque l’on me surprend c’est une preuve de plus que je ne suis pas encore sorti d’affaire. Trêve de plaisanterie, ce qui m’inquiète à présent, c’est qu’elle soit ici. Est-ce signe que quelque chose de mauvais s’est produit ? Je commence déjà à me monter des scénarios plus dingues et dramatiques les uns que les autres. « j'arrivais pas à dormir.. » Elle se glisse jusque dans mes bras, il y a pire comme réveil au milieu de la nuit. Je resserre légèrement mon emprise sur elle, pour pouvoir lui apporter un peu plus de chaleur mais quelque chose me chagrine. Aussi peu vêtu, car oui, au camping, avec cette chaleur, je continue de dormir en caleçon, j’ai peur qu’elle entende mon cœur battre à défier la plus forte des symphonies. « j'suis désolée d'être là alors qu'il est je sais pas quelle heure.. » Je pouffe de rire, attrape la couverture pour la faire remonter jusqu’à ses épaules et lui intimer d’un mouvement tendre de s’allonger avec moi. « Ne t’inquiètes pas pour cela, lorsque je te dis que je suis là pour toi en permanence, ce n’est pas pour rien. » Je m’allonge et la serre fort contre moi, je suis bien, ainsi, dans ses bras. Tellement de souvenirs me reviennent en flash, les nombreuses nuits passées tous les deux, notre passé, le meilleur pan de ma vie. « Et si tu me disais ce qui te préoccupes ? » Je la connais par cœur, elle ne trouve jamais le sommeil quand elle est hantée par des événements, maltraitée par ses songes, par une décision à prendre.

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Je me blotti dans ses bras et c'est presque comme un reflex, quelque chose d'habituel, de normal. Il resserre son emprise autour de moi et je me sens tout de suite mieux, comme si j'étais à la maison, et c'est Graham. Je veux dire, ça ne gêne aucun de nous deux d'être comme ça. Je m'excuse quand même de l'heure, et d'être ici alors que je devrais pas, mais ça le gêne pas, non au contraire même, comme pour me dire que c'était rien, il remonte la couverture sur nous et nous voici allongés sur son lit. Enfin moi plus sur lui que sur le lit en lui même. « Ne t’inquiètes pas pour cela, lorsque je te dis que je suis là pour toi en permanence, ce n’est pas pour rien. » Je souris et hoche la tête, posant un petit baiser sur sa mâchoire. « Et si tu me disais ce qui te préoccupes ? » souris tristement, mais je reste contre lui. Il est chaud, Graham. Et c'est tellement réconfortant d'être contre lui, d'être là dans ses bras, faut admettre qu'il a la carrure et la musculature pour être réconfortant. Sans oublier notre passé, alors je sais qu'il sera toujours là quand j'aurais un quelconque problème. "J'crois que j'me pose trop de question.." passe mes doigts sur son avant bras et fait des petits mouvements avec mes doigts, comme des caresses, comme des dessins. "Tu sais.. Jude veut plus jamais m'voir alors que j'tiens quand même encore à lui et.. j'suis bien avec Jasper, mais quand j'suis plus avec lui et que j'y repense, j'ai l'impression que.. c'est comme si j'me sentais coupable, tu vois ?" secoue la tête pour retirer toutes ces mauvaises idées, c'est rien et ça va passer, je le sais parce que tout passe à chaque fois, avec le temps. Je ferme un instant les yeux contre son torse, ça fait vraiment du bien d'être près de lui. Au moins quelqu'un qui ne me déteste pas pour quelque chose. Je souris un peu et murmure doucement, "Waoh ton cœur bat drôlement vite.. " ne se rends compte de rien, trop préoccupée par ses problèmes, la brune, qu'elle ne voit pas ceux des autres.

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J’ai l’impression de me réveiller après des années et des années dans le coma. Chaque petite sensation que je pensais ne plus jamais expérimenter me revient lentement mais surement. C’est agréable de pouvoir à nouveau la serrer dans mes bras, me retrouver au lit à ses côtés, être inhibé par son parfum exquis. Elle n’a d’ailleurs jamais changé de parfum, pas ces trois dernières années en tout cas, elle est fidèle à elle-même et je la remercie intérieurement pour cela. A quoi bon changer ? Elle est divine, parfaite, la même Leandra qui m’a comblé de bonheur pendant des années avant de représenter la seule source de lumière lorsque j’étais en prison. Elle l’ignore, parce que je ne lui ai jamais parlé de tout cela, mais la petite brune est la seule raison de ma présence aujourd’hui. C’est elle qui m’a sauvé du suicide pendant mes instants les plus sombres. « J'crois que j'me pose trop de question… » Je me sens comme à la maison, pour la première fois depuis cette soirée horrifique qui a scellé mon avenir et conduit tout droit à la case prison. Étrange de se rendre compte que l’adage qui insinue qu’il en faut peut pour être heureux est avéré, je n’ai besoin que d’elle. J’ai pourtant l’impression d’avoir tourné la page, c’est ce que je me suis raconté pour m’en convaincre très fort, difficile de tourner la page quand le vent ne cesse de vous la ramener en pleine gueule. « Tu sais.. Jude veut plus jamais m'voir alors que j'tiens quand même encore à lui et.. j'suis bien avec Jasper, mais quand j'suis plus avec lui et que j'y repense, j'ai l'impression que.. c'est comme si j'me sentais coupable, tu vois ? » Il ne m’a jamais été donné de voir une fille aussi forte, caractérielle et paradoxalement naïve. A la limite d’être aveugle, ce qu’elle doit être pour ne pas se rendre compte que j’ai mal rien que de l’écouter me parler des deux hommes qui ont pris ma place, les deux plus gros veinards de cette planète. Heureusement qu’il fait nuit, ainsi mes réactions sont moins facilement identifiables. « Tu te sens coupable d’être avec lui vis-à-vis de Jude ? » Je la questionne, pas certain d’avoir tout compris. « Tu sais… Je pense que si tu éprouves quelque chose pour Jasper, même si tu es en couple avec Jude, c’est qu’il ne t’apporte pas tout ce dont tu as besoin pour t’épanouir. D’un autre côté, si tu te sens coupable avec Jasper, c’est peut-être qu’il manque un petit quelque chose pour que cela fonctionne ? » Il me parait essentiel de ne jamais forcer les choses en amour, tout doit être naturel, passionnel. « Tu te souviens de ce que tu ressentais lorsque tu étais avec moi ? Nous n’avons jamais été tentés par quelqu’un d’autre, jamais nous n’avons ressenti la moindre gène, aucune question ne s’est posée jusqu’à ce que… Jusqu’à mon père. » Je marque une pause introspective. En plus d’avoir détruit ma vie il est celui qui m’a entrainé à rompre, pour la protéger, je ne me le serais jamais pardonné si quelque chose lui était arrivé à la maison. « Tu dois retrouver cela pour être heureuse, pour ne plus appréhender, pour ne plus être incertaine. » Ma voix ne failli pas un seul instant, elle ne met pas en avant mes propres émotions, elle est juste tendre, douce, posée. « Waoh ton cœur bat drôlement vite.. » T’es grillé Graham, abruti ! « C’est de ta faute tout cela ! » Je me justifie, en murmurant, mon sourire amusé influençant le ton de ma voix. Je cherche l’une de ses mains sous la couverture pour l’attraper et la guider jusque sur sa poitrine, là où mon cœur se trouve et bat la mesure à toute allure. « Il n’y a que comme cela que je m’aperçois que j’ai toujours un cœur. Que je ne suis pas le monstre que l’on dépeint. »

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Il est toujours de bons conseils, toujours là et surtout toujours présent. C'est comme si rien n'avait changé, ou presque rien, depuis notre séparation. On était juste devenu plus amis, voilà tout. « Tu te sens coupable d’être avec lui vis-à-vis de Jude ? » Je hoche la tête comme toute réponse. « Tu sais… Je pense que si tu éprouves quelque chose pour Jasper, même si tu es en couple avec Jude, c’est qu’il ne t’apporte pas tout ce dont tu as besoin pour t’épanouir. D’un autre côté, si tu te sens coupable avec Jasper, c’est peut-être qu’il manque un petit quelque chose pour que cela fonctionne ? » Je souris un peu et hausse les épaules. Je sais pas. J'en sais rien, justement. Avant, j'étais avec Jasper, je veux dire, on a eu une histoire ensemble, et puis ça s'est terminé. Je me suis mise avec Jude, et il a commencé à douter de mon amitié avec Jasper, et c'est de là que tout est parti. Avant je ne me posait aucune questions sur moi et Jasper, ce n'était que de l'amitié. Jude a cru voir ce que je n'arrivais pas à voir, et peut-être que c'était vrai, peut-être que j'avais encore des sentiments pour Jasper. Le soucis c'est qu'en me laissant réfléchir par moi même, je me suis rendue compte que oui, c'était le cas. Je le soupçonnait pas avant, c'est arrivé comme ça. D'un coup. « Tu te souviens de ce que tu ressentais lorsque tu étais avec moi ? Nous n’avons jamais été tentés par quelqu’un d’autre, jamais nous n’avons ressenti la moindre gène, aucune question ne s’est posée jusqu’à ce que… Jusqu’à mon père. » Je souris et me redresse un peu en posant les mains sur son lit pour le regarder en hochant la tête, "mais nous c'était différent.. " t'était le premier, Graham. Celui avec qui je rêvais d'avoir des enfants, celui avec qui je voulais me marier, vivre tous les jours de ma vie, celui que je voulais faire sourire tous les jours. C'était différent parce que tu es le premier, la première personne que j'ai aimé. Je ne me posait pas de question parce que j'étais trop jeune, trop naïve, je ne pensais pas à ma carrière ou à si je faisais une bêtise en t'embrassant. Je ne connaissais rien du doute, j'étais sûre d'être amoureuse de toi et ça me suffisait amplement. « Tu dois retrouver cela pour être heureuse, pour ne plus appréhender, pour ne plus être incertaine. » j'hoche la tête, c'est facile à dire mais on ne connait que le premier amour qu'une seule et unique fois. Je me repose sur lui, ma tête sur son torse, non loin de son cœur. ça bat vite, là dedans. « C’est de ta faute tout cela ! » Je rigole un peu en secouant la tête, attendant l'explication. Il attrape l'une de mes mains et la monte jusque son cœur. « Il n’y a que comme cela que je m’aperçois que j’ai toujours un cœur. Que je ne suis pas le monstre que l’on dépeint. » Je fronce les sourcils et secoue la tête, "Arrête Graham. J't'interdit de dire ça." je ne rigole plus, là. ça devient sérieux, "J'refuse que tu pense ça. T'es pas un monstre, t'en a même pas l'apparence, regarde toi !" je souris en laissant mes yeux descendre rapidement sur son torse, "Toutes les filles rêveraient d'être avec un gars comme toi, et tu sais pourquoi ? Parce que t'es le prince idéal." je souris et pose mes yeux dans les siens, "T'es beau. Aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur." et ça, ce n'est pas être un monstre.

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Vous comprenez que vous êtes de l’histoire ancienne pour quelqu’un qui compte énormément à vos yeux lorsque cette personne vous demande des conseils amoureux. Ne voit-elle pas que je crèverai pour elle sans même éprouver la moindre once d’hésitation ? Je suis même allé jusqu’à commettre l’acte le plus irréparable, je me suis brisé le cœur en rompant pour lui sauver la vie. Réfléchissons un petit peu, si je n’avais pas mis un terme à notre histoire, où aurait-elle été ce samedi soir quand l’irréparable a été commis ? Chez moi, à écouter de la musique en discutant, à nous servir d’un film comme excuse pour nous câliner. Si nous avions toujours été ensemble, elle aurait été en première ligne et mon père ne m’aurait peut-être pas poignardé moi, comme il l’a fait et comme ces cicatrices en attestent sur mon bras, au niveau de ma poitrine, pas loin de mon cœur qu’elle touche présentement. Leandra n’aurait pas pu se défendre comme je l’ai fait ce soir-là, peut-être qu’avec mes trente kilos de muscles en moins, à l’époque j’atteignais la même capacité physique qu’elle, mais c’est différent. Avec l’adrénaline j’ai pu agir comme jamais je ne l’avais fait auparavant en rendant les coups. « Mais nous c'était différent… » Elle a tout à fait raison et l’entendre de sa bouche me fait un bien fou. Nous étions différents, un premier amour passionnel, fusionnel. Tout ce que j’ai toujours rêvé d’avoir elle me l’a apporté sur un plateau pendant ces quelques années de relation. Un sourire écarte naïvement mes lèvres, la nostalgie c’est tellement dévastateur. « Tu as raison, nous c’était unique et ça le sera pour toujours ! » Heureusement d’ailleurs, ressentir quelque chose d’aussi fort pour quelqu’un d’autre me tuerait, j’en ai déjà assez avec Leandra, je ne veux pas la remplacer. Je fais un beau petit psychopathe, incapable de tourner une page qui a déjà été tournée il y a des siècles par la jeune femme. Comment lui en vouloir ? En faisant cela, elle a probablement pris la meilleure décision de sa vie. « Arrête Graham. J't'interdit de dire ça. » Elle se redresse, visiblement plus agacée. « J'refuse que tu pense ça. T'es pas un monstre, t'en a même pas l'apparence, regarde toi ! » Difficile de ne pas penser de la sorte, c’est ce que j’ai entendu chuchoter à plusieurs reprises dans mon dos, c’est tellement désagréable de se sentir comme un paria, tellement blessant. Je pensais pourtant sortir de la prison en ayant expérimenté toutes les merdes possible, j’ai appris à vivre avec une nouvelle forme de torture, plus psychologique, celle qui s’installe avec un temps d’incubation et vous ronge de l’intérieur, segment après segment. « C’est pourtant ce que tout le monde pense. Ne me dis pas que tu n’as jamais entendu dire cela de moi ! » Je soupire, résolu, blasé par tout cela. « Toutes les filles rêveraient d'être avec un gars comme toi, et tu sais pourquoi ? Parce que t'es le prince idéal. » Je pouffe de rire, mes pensées prenant le pas sur tout le reste. « Pas toutes non ! » Je m’arrête net, conscient que je viens de lâcher un truc pas cool du tout, elle est déjà bien assez dans la merde avec ses deux anciens petits amis, ce n’est pas le moment que je me rajoute dans le tas. « T'es beau. Aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. » Je relève la tête, éreinté par le frisson qui parcours mon échine. Je ne m’habituerai jamais à ses compliments, ils me touchent toujours en plein cœur, là où il faut. « Merci… Mais tu as gardé l’image du frêle Graham, celui que tu connaissais, le petit mec d’il y a trois ans. J’ai tellement changé depuis. » La prison ça te noirci le mec le plus sage, le plus innocent. « Je suis désolé, en ce moment je suis pessimiste et j’emmerde tout le monde avec cela ! » Je tente de me reprendre en appuyant ma tête contre son épaule, avec mon petit air de chien battu.

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Je ne pourrais jamais comparer la relation que j'ai eu avec Graham avec mes autres relations. Je ne pourrais jamais comparer aucune de mes relations avec une autre, en fait. Chaque relation était différente, chaque relation avait son histoire, son bout de chemin et chacune d'elle nous changeait, nous faisait évoluer ou bien nous rendait plus peureux de l'avenir. Question relation, pour moi, en ce moment c'était juste un grand bazar. Les anciennes devenaient nouvelles, les nouvelles prenaient de l'âge, les relations amicales devenaient plus qu'amicale et les relations amoureuses devenaient des relations haineuses. J'arrivais plus à dormir, ça me rongeait, mangeait mon sommeil. « Tu as raison, nous c’était unique et ça le sera pour toujours ! » Je souris et hoche la tête. Evidemment que ça le sera toujours, c'est la première histoire d'amour que j'ai eu, alors forcément que c'est unique et que ça le restera. Alors forcément qu'entre lui et moi il y a une sorte d'affection qu'il n'y a pas ailleurs, qu'il reste cette amitié forte, le fait que je tienne à lui plus que tout. Il me connait mieux que personne, et inversement aussi, certainement. On a même grandit ensemble, et mes frères adoraient Graham, normal, c'était un de leur amis. Cette affection fait que je refuse qu'on lui fasse du mal, qu'il pense du mal de lui même, aussi. « C’est pourtant ce que tout le monde pense. Ne me dis pas que tu n’as jamais entendu dire cela de moi ! » Non jamais. Ou alors moi contrairement à toi, je n'y faisais pas attention. Je sais la vérité, je sais que c'est faux, alors pourquoi m'arrêter sur des stupidités telles que celles là ? Pourquoi tu t'arrêtes sur ces stupidités alors que toutes les filles veulent de toi. Toutes, sans exceptions. Lui, ça l'amuse, ça le fait rire. « Pas toutes non ! » il se bloque, et je relève, riant un peu, "Ah ouais ? trouve m'en une !" une fille t'a récemment envoyé sur les fleurs ? J'étais même pas au courant. Alors j'essaie de le rassurer, de lui dire qu'il est beau. Franchement, il pourrait avoir n'importe quelle fille avec moins de la moitié d'efforts d'un type normal. « Merci… Mais tu as gardé l’image du frêle Graham, celui que tu connaissais, le petit mec d’il y a trois ans. J’ai tellement changé depuis. Je suis désolé, en ce moment je suis pessimiste et j’emmerde tout le monde avec cela ! » Il pose sa tête sur mon épaule et je souris en passant ma main tendrement sur sa joue, "Non Graham.. Au contraire, moi j'ai eu cette chance de te voir évoluer. J'ai l'image du Graham d'avant, mais on s'en fout c'est celui de maintenant qui est important, et je suis l'une des seules à connaître les différences. Je suis presque la seule à savoir comme tu as évolué, comme tu es devenu." je souris un peu, "Je sais juste pas.. comment tu es devenu celui que tu es." je souris tristement, tu sais, comment c'était la prison, ce qui t'es arrivé là bas, comment tu as grandis, comment t'a changé. Je connais le début, la fin, mais il me manque le plus important, le milieu. "T'a pas changé, t'a juste évolué." c'est là toute la différence. Je riais un peu, "si j't'avais pas reconnu, ça aurait été problématique mais c'est pas le cas." alors tout vas bien.

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Ces dernières années, je me renvoie une image qui ne me plait pas beaucoup. Je ne le dis jamais à haute voix, pas vraiment fier de cela, mais j’éprouve énormément de difficultés à me regarder dans le miroir. Cette vision m’est même insupportable. Je me dégoute, ce n’est pas mon corps, en lui-même mais ma propre personne. Difficile de ne pas éprouver cela lorsque vous percevez le regard des autres, oscillant entre dégout et incompréhension, se poser sur vous sans une once de discrétion au quotidien. Lorsque ta propre famille a décidé de te tourner le dos, de t’enfoncer à ton propre procès. Il n’y a que ma sœur et une poignée d’amis proches pour me faire sentir autrement le temps d’un petit moment. Dommage que personne ne soit encore parvenu à me faire retrouver une image décente. Comment pourraient-ils le faire de toute manière ? Ils ignorent tous, à l’exception de Nemo à présent, ce que j’ai vécu en prison. Jacey a bien essayé plusieurs fois de me questionner sur mes cicatrices, sur certaines de mes réactions, je n’ai jamais rien lâché. En parler lui ferait plus de mal que de bien. Peut-être est-ce d’ailleurs pour cette raison que j’ai cédé devant Nemo, parce que je ne le connais pas suffisamment pour craindre de le hanter avec des regrets. Il ne m’a pas connu avant, il ne peut donc pas s’en vouloir. « Ah ouais ? trouve m'en une ! » Je la regarde, neutre, un petit sourire mutin apparaissant naturellement. « Vraiment ? Tu veux vraiment jouer à cela ? » J’incline la tête légèrement sur le côté pour pouvoir la regarder, tout sourire. « Il n’y a pas besoin de réfléchir pendant des heures… » Oh que non, la réponse se trouve même sous mes yeux. « Toi ! » Une petite séquence d’autodestruction, une. Entre cette envie irrépressible de la serrer dans mes bras, de m’accrocher à la seule personne qui compte vraiment pour moi, et cette manie de me dénigrer, de me sentir étranger par rapport à l’homme que j’étais… Il y a de quoi plomber mon humeur et l’ambiance par la même occasion. Leandra se lance, elle me contredit et l’entendre parler ainsi me fait tellement de bien. Je n’ai pas de mots pour décrire ce que cela me fait, mon petit cœur continue juste de s’emballer, mon corps semble tout à coup se recouvrir d’une couche de guimauve douce, tendre, rassurante. « Je sais juste pas.. comment tu es devenu celui que tu es. » Elle baisse la tête, tristounette et je fronce bêtement les sourcils, pas certain de vouloir m’engager sur ce terrain. « Tu veux vraiment que je te raconte cela ? Tu es certaine de le vouloir, de pouvoir vivre avec ? »