AELITHA EYLLEEN AUSTIN ✗ candice swanepoel.

« Euh. Maman. Pourquoi m'avoir appelé Aelitha, au juste ? Enfin, je veux pas être méchante hein, mais c'est quand même l'un des prénoms les plus étranges de la planète. Comme si je me faisais pas assez remarqué avec mes vêtements semblables à un sac à patates. » Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit de mal ? C'est vrai ! Aelitha. Je parie que je suis la seule à porter un tel prénom dans cette ville ! Quelle ville ? New York. Mais avant, c'était Darwin, en Australie. Mon nom ? Aelitha. Aelitha Eylleen Austin. C'est que mes parents se sont bien trouvés, en fait. Aelitha pour ma mère, Eylleen pour mon père, des prénoms quasiment jamais utilisés. Mais, si mes parents se sont bien trouvés, ils se sont aussi bien séparés. Ah bah écoutez, mon père est sûrement l'un des pires salauds que la Terre puisse porter. Comme si cogner dans les murs et dans les meubles ne lui suffisait pas, il cognait aussi sur ma mère. Très intelligent comme comportement, hein ? Heureusement, j'ai pas hérité grand chose de lui. Ah bah, parce que ses gènes, honnêtement, j'ai honte de les porter. Mais bref. Ma mère l'a envoyé valser vite fait bien fait. En deux temps trois mouvements. Quatre ans après ma naissance, elle était mère célibataire. Ah bah attendez, elle a supporté ses crises de nerf pendant un an, c'est déjà assez. Bon, seul petit problème... Son salaire était celui qui faisait vivre notre petite famille. Sans lui, on s'est retrouvées à la rue et sans un sou. Heureusement, on a pas vécu sous les ponts, on a failli mais on a pas vécu sous les ponts. Ma mère, en grande débrouillarde, a réussi à nous trouver une minuscule petite chambre. Gosh, c'est même pas une chambre, c'est une maison de poupées. Je vous laisse imaginer le contraste. Passer d'une maison à CA. Mais il se trouve que j'ai, depuis toujours, été douée d'une capacité d'adaptation assez incroyable. Encore heureux, sinon avec la vie que j'ai mené, j'aurais fini complètement frappa-dingue. Bref, j'en étais où ? Oh. Oui. On a vécu dans un minuscule studio à partir de ce jour-là. Ma mère n'avait trouvé comme boulot que femme de ménage, et elle tentait tant bien que mal de subvenir à mes besoins. Ca explique en partie pourquoi je portais des vêtements comparables à des sacs à patates. On avait tout juste assez d'argent pour vivre, alors acheter des vêtements, c'est le cadet de nos soucis. Enfin, le cadet de ses soucis, pas le mien. Il ne faut pas confondre. Être bien habillée, j'aime ça ! Mais j'ai du attendre l'âge de 19 ans avant d'avoir des vêtements décents.

Darwin... J'ai passé quasiment toute ma vie dans cette ville, en Australie. Ce n'est qu'après que nous sommes parties à New York. Pourquoi ? Parce que je voulais changer d'air. Et parce qu'à Darwin, y a des crocodiles vraiment pas commodes et qui peuvent vous traumatiser à vie. Après en avoir rencontré trois, je ne voulais plus rester dans le coin. Puis, il y a aussi mes chers camarades de classe que je ne supportais plus. Ah bah... J'étais tellement pauuuvre par rapport à eux. Ahlalala. Quelle mentalité. Bon, par contre, j'étais pauvre mais belle. C'est sûr que ça arrangeait pas mal les choses. Du coup, même lorsque je portais des vêtements moches j'étais quand même pas mal, mon charme naturel et ma beauté compensaient les choses. D'ailleurs, il y a des fois où je me suis demandée si ce n'était pas parce que la nature m'avait fait un beau cadeau en me donnant un joli minois et un joli corps que j'avais pas un sou en poche. Le karma ? Ou c'est que j'avais épuisé mon taux de chance dès la naissance ? Bon, mais dans le futur, j'allais finir par découvrir qu'en fait... Non. Du tout. Ma chance attendait juste le bon moment pour se déclarer.

New York, le Bronx... Un quartier où je passais encore plus inaperçue qu'auparavant. Ironique, bien sûr. Une blonde aux yeux bleus... Ca passe pas du tout inaperçue dans un tel endroit. Mais peu importe. Ma vie ? Comme auparavant. Dans un petit studio, avec ma mère. Ah bah depuis le temps, j'étais habituée. Seul petit plus ? J'avais seize ans. Je devais me bouger un peu pour aider ma mère. Elle m'avait pistonnée. Pistonnée pour travailler comme femme de ménage chez la même famille qu'elle. Bah écoutez, chacun pistonne à son niveau. Y en a qui pistonnent dans le monde du showbusiness, dans le monde du commerce, et y en a qui pistonnent dans le monde du... Ménage. C'est autre chose, c'est sûr. En plus, la famille en question avait un garçon d'à peu près mon âge. Quelle plaie, mais quelle plaie. Quel beau salaud. Il était juste... Ignoble. Je n'ai jamais compris ce qu'il avait contre moi, mais il ne m'appréciait pas, il ne m'appréciait vraiment pas et il me le faisait bien savoir. Il renversait des choses après que j'aie terminé de faire le ménage exprès, ou il me disait que je travaillais mal, bref, vous voyez le genre hein. Sauf que je ne pouvais pas me rebeller. Pourquoi ? Ma mère me menaçait. Bah, elle avait pas envie de perdre son travail, vous comprenez... M'enfin bref. Il était juste ignoble. D'ailleurs, je me souviens encore qu'à cette époque, je me jurais qu'un jour, je prendrai ma revanche sur lui.

Et cette revanche, j'ai fini par l'avoir. A l'âge de 19 ans, j'ai reçu une fortune énorme, colossale. De la part de qui ? D'une vieille tante. Une arrière arrière arrière tante. Bref, je vais pas vous faire un dessin, je ne connaissais même pas son existence. Personne ne connaissait son existence, mais elle, elle avait marqué que son unique héritière devait être moi. Elle ne me connaissait pas non plus, elle avait juste marqué notre lien familial. Elle n'avait personne d'autre, en fait, donc... Donc voilà. Grâce à elle, je suis passée de fauchée à très riche. Plusieurs millions de dollars, ce n'est pas rien. J'ai vraiment changé de catégorie sociale du tout au tout. Première chose ? J'ai quitté mon fichu petit boulot en claquant la porte au nez à ce gosse de riche. J'ai aussi acheté une énorme maison, une belle voiture... Parce que j'aime les bolides, moi. D'après certains, je suis un danger public sur la route, mais je ne trouve pas ! C'est juste que je conduis un peu trop vite et que j'ai du mal à m'arrêter aux feux rouges, mais rien de grave ! Bref. Et j'ai donné une partie de l'argent à ma mère, pour qu'elle puisse avoir la vie dont elle avait toujours rêvé. Le reste ? Bah, à votre avis ? Je le garde. J'en ai aussi utilisé une partie pour financer mes études à... Harvard. Eh oui. Qui aurait cru que la petite Aelitha se retrouverait un jour à Harvard ? En arrivant à Harvard, je me suis sentie comme dans mon élément. J'avais de beaux vêtements, certains élèves me regardaient avec envie... Et en parlant d'envie, je n'ai pas pu m'empêcher de mentir sur mon passé. Bah quoi ? J'allais quand même pas leur dire que j'avais vécu dans un studio. Je leur ai raconté que j'avais vécu dans un beau château en Australie, et que j'avais du sang royal qui coulait dans les veines. Un p'tit peu. Mais bon, ça fait toujours classe. Et ils y ont tous cru. Ils ont tous bu mes paroles. … Qu'y-a-t-il de mal à vouloir s'intégrer, hein ? Rien ! … C'est sûr que s'intégrer en racontant des mensonges n'est pas la meilleure chose à faire mais … Peu importe, jamais personne ne le découvrira ! Enfin, j'espère bien … Car sinon, ma réputation, popularité et moi sommes dans de beaux draps.