(Roxalya) ♡ Confidences sur confidences.

Finalement, c'est bien plus dur qu'avec Demyan. Il avait encaissé mon histoire en silence, avec compréhension, bien qu'en colère contre mon père. Mais ce qui appartient au passé, reste dans le passé, à l'époque, il ne me connaissait pas, et n'aurait donc rien pu faire. Talya, c'est autre chose. Je lisais la culpabilité dans son regard, et ça me rendait folle. Doucement, ma cousine m'attira dans ses bras, et je me laissais faire. Nous pleurions toutes les deux, comme deux enfants, comme les petites filles que nous étions, fut un temps. « Non... Non Talya, on était des gamines, d'accord ? Si tu n'as rien vu, c'est parce que je VOULAIS que tu ne voies rien. C'était bien mieux comme ça. » Je n'aurais pas supporté qu'elle soit mêlée à tout ça. Les enfants nous observaient avec curiosité. Lèvres pincées, je leur adressait un sourire que je voulais rassurant. Talya me demandait comment tout s'était fini. Doucement, je me détachais d'elle, reprenant le contact de ses mains. « Quand je suis sortie de l'hôpital, que mamie n'était plus là... Papa est devenu plus violent. Jusqu'à la fois de trop. » Je montrais une cicatrice sur mon bras droit, estompée, mais toujours visible. J'avais traversé une table en verre dans le salon. « J'ai pris quelques affaires, et j'ai passé la nuit dans ma salle de danse. Sauf que.. Quand je suis repassée au matin, la maison avait pris feu. Papa était mort. J'ai longtemps cru que j'étais responsable. » Une bougie mal éteinte. Chaque fois, je me répétais que si j'avais juste soufflé dessus avant de partir.. Mais peut-être alors que je serais encore là bas. Ou plus là du tout. Je terminais, soupirant « J'ai eu peur, alors j'ai pris la route, sans me retourner, sans donner de nouvelles à personne. J'ai terminé à Boston. » Quant à ma vie là bas... j'espérais juste qu'elle ne m'en demanderait pas les détails.

Je m'en voulais, je m'en voulais de ne pas être plus forte pour elle, de lui imposer mes larmes, ma peine, mais je ne contrôlais rien. En temps normal j'aurais surement eu du mal à me retenir de pleurer mais là avec la grossesse c'était bien pire, je ne pouvais même pas me retenir, pas du tout. « Même Rox... même... » J'aurais dû le voir, on aurait tout dû le voir, se poser des questions... Quelle famille on était quand même de ne pas avoir été là pour elle... Et puis je l'écoute, je l'écoute me parler du décès de notre grand mère, de l'incendie, de comment il l'a débarrassé de son père sans qu'elle n'ait trop à en chier... Finalement tout est bien tombé, tout s'est bien terminé. « Tu connaissais quelqu'un ici ? T'as fait comment au début ? » Les questions s'étaient bousculés dans ma tête sur son passé, maintenant elles se bousculaient pour savoir comment elle avait réussi à s'en sortir toute seule, même si c'était une adulte, quand même quoi, c'était une nouvelle ville, une nouvelle vie et après son vécu ça n'avait pas dû être simple.

Définitivement, j'aurais du attendre qu'elle ait accouché. Talya n'arrêtait plus de pleurer, si bien que je l'accompagnais dans ses larmes. J'aurais voulu qu'on grandisse en étant juste deux gamines insouciantes, deux cousines qui ne pensaient qu'à s'amuser sans craindre le lendemain. Pour Talya, j'ai réussi à préserver ça sans lui parler de mon père. Me concernant, c'était autre chose. Elle culpabilisait, et moi, je refusais de la laisser se sentir coupable. « Je t'en supplie... Arrêtes. Crois moi, tu n'aurais rien pu faire, et je ne voulais pas vous mêler à tout ça. Surtout pas toi. » Elle était à peine plus âgée que moi, qu'est ce qu'elle aurait fait ? A part se mettre en danger si elle tenait tête à mon père ? Rien. Puis, elle commença à poser des questions sur Boston. Si je connaissais quelqu'un, comment je m'en suis sortie. Je détournais les yeux, devenant évasive. « Non, je ne connaissais personne. On va dire que c'était pas facile au début.. Mais le principal, c'est que j'aie réussi à atteindre les bancs d'Harvard. Après ça, tout a été mieux. C'est là bas que j'ai appris que mamie m'avait laissé une partie de son héritage, et que mon grand père du côté paternel possédait un grand groupe aux Bahamas. » J'ai trimé pendant un an et demi. Mais après, j'ai eu la chance de passer les sélections pour entrer en danse à Harvard. Après, j'ai enfin pu respirer, poser mes valises, trouver de nouvelles racines. Je passais une main sous les joues de ma cousine pour essuyer ses larmes. « Je suis désolée.. De ne rien t'avoir dit. »

Je ne sais pas si c'était la réaction que Roxanna pensait que j'allais avoir mais j'étais dépitée par la nouvelle, complètement chamboulée, ne sachant pas où donner de la tête, comment ordonner tout ce qui se bousculait dans mon esprit. C'était atroce ce qui lui était arrivé et j'étais fière que ma cousine s'en soit sortie sinon nous ne serions pas là à partager ces bons et beaux moments ensemble. La famille il n'y a que ça de vrai, c'est une valeur importante chez l'une comme chez l'autre. « Ne t'excuses pas Rox... » J'essuie un peu les larmes qui ont coulé sur mes joues alors que Charlie vient s'appuyer sur mes genoux me regardant bizarrement. Je la rassure et l'installe sur moi avant de lui donner un gâteau. Je regarde l'heure, il serait surement temps de rentrer. « On va y aller nous, le temps de rentrer et tout, il faut que je douche le petit monstre et que je me repose un peu. Tu me tiens au courant pour tout Rox hein ? » Je laisse Charlie terminer son gâteau et j'embrasse ma cousine et ses enfants avant de filer.