these arms are made for holding you ✱ joyla

J'ai été assez conne pour claquer la porte de la caravane derrière moi en laissant mon sac dedans. Sac contenant clés, portable et mon argent. Super. J'ai passé l'après-midi à la piscine à glandouiller, à bronzer alors que je comptais aller sur la ville pour bronzer, pour profiter. Une journée de perdue. Enfin, pas tant que ça parce que j'ai fais une connaissance plutôt agréable. Mais là, je suis assise sur la marche de la caravane et j'attends vainement que quelqu'un vienne me secourir. J'espère que mes empotés de colocataires vont bientôt se ramener sinon je suis dans une merde sans nom. Je n'ai pas envie de rester là pendant des heures et j'aimerais bien prendre une douche aussi. Il fait vraiment chaud dans cette ville à la con. Oui, tout est négatif aujourd'hui et je crois que ce n'est que le début... La journée - enfin plutôt la soirée - est encore longue et j'ai déjà peur de voir ce qui m'attend. J'aimerais bien sortir pour oublier un peu mais je m'interdis la moindre goutte d'alcool. J'ai pas envie de retomber dans le cercle infernal qui m'a envoyé en hôpital psychiatrique il y a quelques mois. J'ai déjà pris une cuite ici et c'est assez. Sans compter que si l'académie des sapeurs pompiers m'appellent pour un test de drogue et urinaire, j'ai intérêt à être clean... Il ne manquerait plus que ça, que j'arrive complètement beurrée au test d'urine. Là, c'était sûre que j'étais radiée de l'académie d'un coup. J'aperçois une silhouette au loin et souris largement. Enfin quelqu'un dans ce camping encore plus désert que le désert dans lequel on se trouve ! " Excusez moi ! J'ai oublié mes clé dans la caravane et aucun de mes colocataires ne daignent revenir. Je peux vous emprunter votre téléphone pour en contacter un s'il vous plait ? " demandais-je, beuglant à moitié parce que la personne est encore loin. Et quand je me rapproche, je reconnais Joey. Super. Ma journée ne pouvait vraiment pas être plus pourrie... On s'est pas parlé depuis le bal. Je compte pas m'excuser pour être venue chercher de l'aide auprès d'un ami et je suis toujours blessée de sa réaction mais bon ça, c'est une autre histoire...

Courses en mains je rentre vers la caravanne. Non je ne vais pas cuisiner, je ne vais pas faire tourner le feu ou le four à plein régime parce qu'il fait beaucoup trop chaud pour manger chaud. Des salades, ça fait l'affaire, enfin pour moi alors j'espère que Priam ne fera pas trop la tête devant ça. Sauf qu'avec cette chaleur impossible d'acheter des glaces au supermarché à l'extérieur du camping sans quoi elles seraient fondues en arrivant. Du coup, une fois le tout rangé, je file à la superette du camping pour acheter mes glaces, essentielles et dans ma vie et dans celle de Priam pour qu'on ne crève ni de chaud ni d'envie. Quand je reviens vers la caravanne, le nez dans mon téléphone, les glaces dans le sac isotherme dans l'autre main, une demoiselle m'accoste, une voix que je connais. En relevant la tête je remarque Kyla et je vois bien que son visage change du tout au tout, elle ne m'avait pas reconnue de loin. « Kyla... Je... Oui pas de souci pour mon téléphone. Je te le laisse et tu me le ramènes quand t'as terminé ou tu me suis jusqu'à ma caravanne que je range mes courses et que je te le file ? » Bref mais concis, je ne sais pas trop sur quel pied danser avec elle depuis le bal puisqu'on ne s'est ni croisé ni reparlé.

Croiser Joey là, maintenant, alors que je suis dans le plus grand des besoins, ça me fait bizarre. Normal vu la façon dont on s'est traité la dernière fois que l'on s'est vues. J'étais en tord, complètement sur les nerfs qu'elle croit que je sois là pour me faire son petit ami mais encore plus quand je l'avais vu assise, à ne rien faire. Quelle amie pouvait rester en plan et ne rien faire, ne rien dire à part des "non mais reste, je m'en fiche" alors qu'elle ne s'en fichait carrément pas. J'avais attendu de ses nouvelles, ou de celle de Priam, en vain. Sympa les copains. Ils allaient bien ensemble finalement ces deux là. Et dire que je m'étais inquiétée après le séisme il y a quelques mois... " On va pas rester là à brûler et ce que t'as dans ton sac risquerait de ressembler à de l'eau " Oui parce que pour avoir fait l'expérience, même le sac isotherme n'est pas si isotherme que ça au final. Je souris et la suis dans le plus grand des silences. ah, ils sont loins les délires de Raiponce et Elsa d'Arendelle sur la place de Nouvelle Zélande ! Ça me manque, elle me manque, mais bon, ça a pas l'air d'être franchement réciproque. C'est ça quand on a un super petit copain, on en oublie toutes ses copines. Ou ce n'était que moi qu'elle avait oublié... " Ça va ? " Demandais-je simplement... Ouai, autant faire la conversation un minimum je pense...

« C'est pour ça que je te proposais de te laisser mon téléphone... J'ai assez confiance pour ça tu sais ... » Manière détournée de lui dire que je ne saurais m'excuser pour la dernière fois, ou que je ne sais pas comment le faire, je ne sais pas comment revenir vers elle, ce petit bout de femme adorable et toujours mignon qu'elle est et qui a eu Priam alors que moi je ne serais surement pas aussi fraiche qu'elle, elle le restera. Finalement on file vers la caravanne et je range mes glaces, c'est assez froid entre nous, surement pas autant que les glaces mais s'en est pas loin. « On fait aller... » et je rajoute rapidement afin d'ôter toutes les questions ou tous les doutes qu'il peut y avoir quant à ma réponse. « ... avec cette chaleur ! » Nulle, je suis vraiment nulle la pire des menteuse en fait. « Et toi ? Tu profites ? T'es avec qui dans la caravanne ? D'ailleurs prends mon téléphone sur la table si tu veux appeler hein ! »

J'ai vraiment du mal à être aussi proche et guillerette que je l'étais avant avec Joey. Il y a une espèce de distance entre nous, un mur invisible qui me tord les boyaux... Mais c'est la vie. Elle a confiance pour son portable mais pas pour son mec. C'est dommage mais c'est comme ça. Je l'accompagne et grimace quand elle me dit qu'elle fait aller avec cette chaleur... " Essaye d'être plus convaincante la prochaine fois " Je lui adresse un léger sourire. Ça se voit quand elle ment, je la connais vraiment bien la petite Joey. Quand elle est heureuse, ça se voit à des kilomètres, quand elle cache la vérité, même tarif. Elle n'a plus la lueur qu'elle avait dans les yeux auparavant. " Je ne les connais pas tous très bien... Il y a juste Kendall, une amie, que je connais et j'espère qu'elle va répondre " Kendall s'est occupée de moi pendant mes dix jours à l'hôpital alors du coup, on a décidé de se mettre ensemble pour cet été, elle pourra me surveiller comme ça. Je compose rapidement son numéro mais rien. Géniaaaal. " Ça répond pas, comme prévu " Et ça me soule. Je vais pas retourner à la piscine ni attendre en plein soleil. " Je vais pas t'embêter plus longtemps du coup... Je crois que je vais être obligée d'aller à la piscine " Quelle obligation, olala... La bonne blague, je vous jure.

 Le malaise entre Kyla et moi est énorme, juste énorme et je déteste cela. Est ce que ce n'est que ce qu'il s'est passé après le bal ou est ce aussi parce qu'on est près de la caravane que je ne partage qu'avec Priam et qu'il y a des chances que le jeune homme débarque à n'importe quel moment ? Je n'en sais rien mais il va falloir crever l'abcès. Je tente de le faire discrètement, je tente de lui faire comprendre les choses mais finalement elle réfute tout et elle est plutôt sèche. Je ne suis pas convaincante, ses colocs ne répondent pas et elle veut aller poser son cul à la piscine. Beaucoup d'informations qui ne servent à rien dans ma tête d'un coup pour le coup. « Stop Kyla, j'essaye pas de faire genre ou de me convaincre de quoi que ce soit. Mon téléphone je te le file tu me le rends après, je te fais confiance, t'en doutes, c'est toi la plus bête. » Je m'arrête un instant puis je reprends, ne lui laissant pas le temps d'en placer une parce que je sens que ça va m'énerver. Oui je suis assez irritable en ce moment, surement des effets de la rechute. « Joue pas à ça avec moi, tu sais très bien que tu peux attendre ici et que tu n'as pas besoin d'aller perdre ton temps à la piscine si tu n'en as pas envie. On en est vraiment réduit là ? A ce faire la gueule depuis des semaines pour un truc qui serait passé rapidement si on avait pris la peine de s'expliquer ? »

Je me demande quelle mouche tsétsé à piquer Joey parce que ça fait deux fois qu'on se parle en deux mois et deux fois que j'ai envie de lui hurler dessus et de la secouer comme un pommier. Elle veut me faire la leçon et me parler de confiance alors que c'est elle qui m'a attaqué au bal en disant que je venais pour son mec ? La bonne blague. " Je joue à quoi avec toi ? T'as pas l'air dans ton assiette, je vais pas t'embêter, c'est ce que les amies font, laisser leurs potes se reposer quand ça va pas des masses " Elle est fatiguée, ça se voit et j'ai bien vu qu'elle n'était pas aussi pétillante qu'auparavant. " On en est réduit à ça parce que tu m'as prise pour une vulgaire trainée le soir du bal. Je suis désolée mais je l'ai toujours en travers de la gorge et que tu m'agresses comme ça, on va dire que ça n'aide pas à faire passer la pilule " Je soupire fortement et passe une main dans mes cheveux. " Tes reproches c'est pas à moi que tu devrais les faire mais à la personne qui te blesse. Et si cette relation te blesse, t'es fautive à cinquante pour cent. Et puis, qu'est-ce qu'il y a à dire ? Que t'as cru que je venais pour me faire sauter par ton mec ? J'aurais pu tout pardonner en un claquement de doigt " Tout sauf ça. C'est bien connu, je couche avec les mecs de mes copines.

 « Soit elles font ça, soit elles sont là pour leur pote. Et ce n'est pas parce qu'une erreur est faite une fois en choisissant la première solution que c'est bien de la répéter. » Je fais clairement référence à mon erreur à moi lors du bal. Je n'avais pas été une amie en or, j'avais préféré me renfermer dans ma jalousie et mon envie d'être avec Priam plutôt que remettre tout ça au lendemain et d'aider Kyla qui n'allait pas bien à ce moment là. Quelle conne j'avais été. Je m'en voulais mais je ne pouvais pas m'excuser d'avoir été ainsi ne sachant pas si ce comportement ne se reproduirait pas. « Et je vais très bien, la chaleur m'empêche juste de dormir. » Tentative surement vaine d'expliquer la raison des traits tirés de mon visage et de mes petits yeux. « Je t'agresse pas, je fais simplement passer le message plus clairement puisqu'en tendant des perches ça n'a pas l'air d'être clair ! » Mais il faut avouer que je suis plus irritable ces derniers temps, le manque de sommeil une nouvelle fois surement. « Tu veux que je te dise quoi ? J'étais pas dans mon assiette, j'en ai appris des vertes et des pas mûres pendant le bal et te voir là a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase et pourtant ça n'avait rien contre toi et je n'ai jamais pensé que tu pourrais avoir envie de recoucher avec Priam alors qu'on est en couple lui et moi et que tu es ou étais comme tu le veux, mon amie. » Et si j'ai pu dire le contraire, je m'en excuse enfin non, j'arrive pas à formuler des excuses sur mon comportement jaloux, c'est plus fort que moi.

Soit elles sont là pour leurs amies. Oui, c'est vrai. Mais elle n'avait clairement pas été là pour moi le soir du bal alors franchement... On a été toutes les deux mal au même moment et plutôt que de se soutenir, on a préféré se lancer des pics et elle, partir avec son petit amoureux. Je venais de perdre le mien. Sympa comme truc... " J'aurais pu avoir envie de recoucher avec lui vu que je venais clairement de me faire plaquer et de quitter ma confrérie. Tu sais par désespoir. Mais je suis pas comme ça, on est amie et tu m'as tellement mal jugé. Alors t'étais pas bien mais je venais en paix et je me suis fais agresser et rabaisser. Je pense que tu l'aurais pas pris avec le sourire si tu t'étais pointée devant la chambre de mon mec et que je t'avais balancé que t'attendais rien pour revenir vers lui ou je sais plus quoi " Je soupire. J'avais tellement été en colère ce soir là que je ne me souvenais même plus de ce que j'avais entendu ou dis... Balancer ma valise à travers les escaliers, ça je m'en souvenais bien. " J'ai même pas eu un message le lendemain pour savoir si j'avais pas dormi dans la rue quoi... " Et c'était ça peut être le pire pour moi. L'indifférence totale après ce qu'on avait traversé ensemble... " Je suis désolée si je t'ai blessé l'autre jour mais tu peux me faire confiance, surtout là dessus. T'aurais pu me confier ce qui allait pas au lieu de m'agresser. Oui, t'aurais pu. Ça sert à ça les amies " J'ai pas eu des vingtaines de petits amis et j'irais pas piquer ceux de mes copines. Je suis pas Delilah. Et puis, boum, à ça aussi ça sert des amis, à se confier.

« J'ai foiré Kyla je le sais, ça ne se comprend pas là maintenant dans les mots que je te dis ? » Les excuses ont bien du mal à sortir mais je ne sais pas, peut être que j'en attends aussi de sa part, que j'ai besoin qu'elle me dise qu'elle aurait dû être plus honnête avec moi et me dire la vérité bien avant que je ne la découvre comme ça. Mais franchement je m'en fou maintenant, j'ai juste vraiment du mal à m'excuser, je sais juste que je ne veux pas la perdre et que je suis presque contente qu'elle ait oublié ses clés aujourd'hui. Je lui prête mon téléphone et j'attends avec elle mais il fait chaud vraiment chaud. Je commence à voir des papillons noirs devant mes yeux, je dépose ma main sur le premier truc qui vient non loin de là et ferme les yeux un instant avant de bouger rapidement. « Je te sers à boire, il fait une chaleur de fou, j'en peux plus... » Ma tête va exploser. Je me dirige vers le frigo. Je sors une bouteille d'eau, surement mise au frais il n'y a pas longtemps, j'ouvre le congélateur et sors les glaçons, j'en mets dans mon verre et en enfourne un dans ma bouche. Mais au contraire de l'eau, lui est bien frais, trop frais même, il me brûle la langue restant accroché à elle. Je rigole comme une idiote cinq minutes puis finis par passer ma langue sous l'eau pour me libérer. Je me contente maintenant des glaçons dans mon verre et me serre de l'eau en attendant la réponse de Kyla. J'ai soif, si je ne m'hydrate pas rapidement, je sais que je vais me sentir partir et tomber dans les pommes.