Chasse gardée, défense de draguer (Andrea)

C’était l’été et qui dit beau temps dit trauma en pédia, qui dit trauma dit service blindé. Deux ou trois rayons de soleil et les parents sortaient les trampolines, les gamins débarquaient quelques heures plus tard la cheville en vrac. Ou alors avec une fracture parce qu’il avait glissé en courant sur la faïence humide autour de la piscine… Bref vive l’été quoi. Ca devenait de plus en plus dur d’être ici, surtout avec la plupart de mes amis en Arizona, surtout avec Talya en Arizona… Enfin, j’avais fini tôt aujourd’hui : c’était l’après midi et j’avais l’intention d’aller flâner, rêvant déjà d’une bonne bière fraiche. Mais c’était sans compter sur mon chef de service qui m’interpella dans un couloir alors que j’allais prendre le chemin des vestiaires. Il était accompagné d’une petite jeunette en blouse blanche. Il m’expliqua que la demoiselle était une future étudiante en médecine, embauchée pour l’été en renfort, vu le manque de personnels durant la saison. J’hochais la tête, jetant un œil vaguement intéressé à la demoiselle. Mais j’avais mes pensées bien trop occupées par ma future boisson en terrasse pour remarquer la façon dont elle me dévorait du regard. Finalement, le sénior en arriva au fait : il fallait que je reste une petite heure de plus, histoire de faire faire le tour des services à la jeune femme. Il ajouta qu’il m’autorisait à noter ça sur mon compte épargne temps, encore heureux j’avais envie de dire. Mais il ne fallait jamais se fâcher avec son patron. Masquant mon exaspération par un sourire forcé, j’acceptais, de toute façon je n’avais pas vraiment le choix. «Viens suis moi. » fis-je à la nouvelle avec un sourire plus franc. Après tout, elle n’était pas responsable, il ne fallait pas que je passe ma frustration sur elle. «Je m’appelle Priape au fait. » Je commençais donc ma visite. «Là on est dans le couloir du service d’ortho. Ils font des consult, de la chir, mais ils gèrent aussi la confection de prothèses… » expliquai-je à la demoiselle qui buvait mes paroles avec un air intéressé qui aurait surement du m’interpeller sur ses véritables intentions. Elle me demanda alors avec un air innocent, battant des cils, si j’étais ici depuis longtemps. Lorsque je répondis que j’étais en septième année de médecine, elle attrapa les pans de ma blouse, feignant de regarder le badge qui y était accroché, mais elle en profita finalement  pour laisser glisser ses doigts sur le tissu de mon T shirt, au niveau de mon torse.  Je la regardais, soudain intrigué par son attitude, à quoi elle jouait là ?

Ce n'était que mon deuxième aller-retour des vacances et je n'en pouvais déjà plus. C'était clairement fatiguant ces quelques heures de décalage horaire. Mais le pire était surtout le fait que je passais des heures dans l'avion, chose que je détestais plus que tout au monde. Je n'ai jamais été une grande fan des avions mais là, c'est encore pire. Je suis arrivée ce matin à dix heures, j'ai sauté dans un taxi pour mon rendez vous à midi à l'hôpital et je ne suis toujours pas sortie. Je ne sais pas quand je vais sortir et ça me gonfle. Je comptais prendre un verre avec Leanne dans l'après midi mais c'est vraiment mal parti. Ça se trouve, elle a décidé de venir au summer camp au final. Ça aurait pu être sympa, on aurait pu apprendre à se connaître là haut alors que là, on décale encore tout de deux mois. Comme si je n'avais pas perdu assez de temps avec ma demi soeur... J'enfile ma prothèse qui couvre entièrement ma cuisse et déglutis. " C'est radical comme ça " Je suis en petite culotte et t-shirt devant quelques médecins mais ça ne me gène pas. En fait, si ça me gêne énormément mais le monde entier va me voir dans cette tenue - même avec moins de tissu - d'ici peu. " Je pensais que le but de m'avoir était de montrer que même avec un handicap physique on peut vivre et avoir une carrière de mannequin ou autre ? Là, on cache carrément ce pourquoi on m'a engagé " Je suis une peu dégoûtée sur le coup. Pourquoi me dire qu'ils veulent que je sois le premier mannequin unijambiste des Etats-Unis si c'est pour cacher cet handicap ? Je crois que la logique a quitté le cerveau de mes futurs boss. Ça va être compliqué je crois. " Je vais la tester, je reviens " J'enfile ma paire de basket neuve, mon short en jeans et sors de la salle d'examen dans laquelle je suis depuis trop longtemps à mon goût. Je soupire et tourne dans un couloir où il n'est censé y avoir personne. Sauf qu'il y a Priape et une jeune femme qui est vraiment proche de lui. Je crois que c'est la goutte d'eau pour m'énerver aujourd'hui. " Ça va, on vous gêne pas trop ? Y a des salles de repos sinon " Je suis bien cassante. Super, j'ai toujours défendu Priape parce que c'est Talya qui l'a trompé mais là, ç suffit ces deux là. Ils en ont pas marre de se prendre la tête pour un oui pour un non, parce que nous, autour, on en a clairement ras la cacahuète. " Tu sauras ma chère que cet homme n'est pas libre, que tu peux virer tes sales pattes de lui avant que je m'énerve aussi " Un large sourire se dessine sur mes lèvres. Quand je ne suis pas d'humeur, il ne faut pas me chercher, c'est la vie.

Ses œillades, ses questions orientées plus sur moi que sur l’établissement que je lui faisais visiter, tout ceci prenait soudain un sens : la demoiselle essayait de flirter avec moi. Et alors que je cherchais mentalement un moyen de me dépatouiller de cette situation, d’éconduire gentiment la jeune femme sans me montrer vexant, une voix se chargea de calmer ses ardeurs de manière bien plus directe. D’ailleurs, la future étudiante en médecine se décala aussitôt, faisant un pas en arrière et me lâchant sur le champ. Je tournais la tête vers la tornade qui venait de nous interrompre : Andrea. Une pote de Talya, super. Ce n’était vraiment pas ma journée. Je savais très bien qu’elle ne devait pas me porter dans son cœur, comme tous les amis de Talya. Je les soupçonnais même d’avoir créé un club anti Priape. J’étais quand même surpris de la voir ici : elle n’était pas censée être au SC ? « C’est pas ce que tu crois Andrea… » commençai-je à me justifier. Il manquerait plus que la dunster aille répéter à mon ex que je me tapais des minettes à peine majeures. Mais pourtant, la suite de ses paroles me fit complètement changer d’attitude : d’où elle se permettait de dire que je n’étais pas libre ? Elle savait très bien que je n’étais plus en couple avec Talya, et elle savait très bien pourquoi aussi. « Tu sais quoi, en fait t’as raison c’est carrément ce que tu penses, et on va y aller tout de suite en salle de repos ! » rétorquai-je avec énervement. Et là je saisis la main de l’étudiante que j’étais censé guider et qui s’était faite d’un coup toute petite devant l’ouragan Andrea, mais elle se laissa néanmoins entrainer sans rechigner, visiblement pas très inquiète de savoir si oui ou non j’étais libre. On fit quelques pas en direction de la porte de la salle de pause, tournant le dos à la blonde.

Je crois que j'aurais mieux du rester en Arizona quand je vois le désastre de cette journée catastrophe. Parce que c'est de pire en pire. Je me dirige vers la sortie de ma salle d'examen et je sens déjà un petit pincement quand je marche. Je sens que ça va être une horreur. Forcément, quand je fais un mouvement, mes muscles grossissent et du coup, ça sert. Malin d'avoir dépensé des milliers d'euros sur ce truc. Je suis déjà bien énervée quand je croise Priape et le pauvre, se mange toutes les remarques désobligeantes que j'ai sur le coeur. Je ne suis pas une anti-Priape comme la plus part des amis de Talya. Je pense même que la faire galérer est ce qu'il y a à faire parce que c'est carrément elle qui a été voir ailleurs alors qu'elle est enceinte ! Il veut lui faire payer cette trahison, je comprends, mais il semblerait qu'il s'éclate plutôt bien même quand elle n'est pas là pour le voir. Sympa le type. Il tente de se justifier mais se braque tout aussi vite. Bah oui voyons, enfonce toi encore un peu plus mon agneau, tu n'es plus à ça prêt. Je soupire et lève les yeux au ciel. Franchement, je devrais juste continuer mon chemin et briser le coeur de Talya une bonne fois pour toute pour qu'on arrête de l'entendre chouiner à longueur de journée parce qu'elle est chiante, je vous le promets. " Fais gaffe ma belle, il a réussi à mettre ma meilleure amie enceinte et tu n'as pas envie de ça je pense " J'ai cru comprendre que Priape et Talya le faisaient volontairement sans protection mais bon. " Je sais pas toi mais ça me ferait chier que mon gosse ait des tas de demi frères et soeurs... Chacun sa vie après tout " Je crois que ça la rebute un peu parce qu'ils s'arrêtent nets mais elle se retourne vers moi et ouvre la bouche. " Oui, les préservatifs ça existe, oui la pilule est un bon moyen de contraceptifs et oui, la pilule du lendemain peut faire un bon boulot mais tu ne veux pas infliger ça à ton corps " Rien que l'idée d'être enceinte m'avait rendu malade comme pas possible... J'en avais vomis et rien mangé pendant trois jours ! Je sens que Priape va m'en vouloir mais je pense que je lui arrange bien les choses. C'est bien le genre de minettes qui va copuler avec un homme mûre et pleurer au viol quand elle regrettera. En plus, elle pourrait être sa patiente vu comme elle est jeune. Mais ça, je le garde pour moi parce que les filles sont excitées par les bébés et ça ne la fera que craquer encore plus pour lui...

Je pensais qu’en la confortant dans ses propos, en jouant vraiment les docteurs mamours qui veut se taper la jeune stagiaire dans la pièce de repos, ça allait la dissuader de toute remarque et la faire passer son chemin. Mais il fallait croire que je ne connaissais pas assez Andrea et son caractère emporté. Sa voix s’éleva à nouveau, alors qu’on lui tournait le dos pour s’avancer vers la salle de pause. Je me stoppai direct ainsi que la jeunette qui m’accompagnait. Voilà qu’elle se mettait à parler de la grossesse de Talya. Si jamais j’avais vraiment eu des vues sur la demoiselle, on aurait pu dire qu’Andrea venait véritablement de me –casser mon coup- puisque la jeune femme retira sa main de la mienne pour se tourner vers la dunster la bouche béante, un peu choquée par les révélations de cette dernière. Elle pouvait jouer les extincteurs de stagiaires en chaleur autant qu’elle voulait, de la manière qu’elle le voulait, mais qu’elle arrête avec ses insinuations, moi ça avait le don de m’énerver. Je me retournai à mon tour vers l’amie de Talya, un air passablement agacé sur le visage. « Tu veux vraiment qu’on parle de mes pratiques sexuelles là, t’es sérieuse ? » Je n’avais pas à me justifier sur le fait d’avoir eu des rapports non protégés lors de ma relation avec Talya, avec qui je pensais à l’époque former un couple stable et durable, d’autant plus que la jeune femme avait à l’époque un moyen de contraception censé être parmi les plus fiables : un stérilet. Ce n’était pas un sujet que je rêvais d’aborder au milieu du couloir, mais là elle insinuait clairement que j’étais du genre irresponsable à sauter avec tout le monde sans capote, visiblement vu la tête que tirait l’autre jeune femme, Andrea avait atteint son objectif. D’ailleurs elle s’éloigna en prétextant qu’elle avait besoin d’aller aux toilettes. Profitant de cet aparté avec ma consoeur dunster, je repris sérieusement, le regard assombri : « Qu’est-ce que tu veux Andrea ? A quoi tu joues là ? Y’a rien entre elle et moi, j’étais censé lui faire visiter l’hôpital… Tu te rends compte si ce que tu racontes remonte jusqu’aux oreilles de mon chef ? » J’allais avoir des ennuis c’était sûr. « D’ailleurs, qu’est-ce que tu fabriques ici ? » Elle était censée être au SC non ? Il me semblait bien que Talya me l’avait listée comme habitante de son super chalet, parmi entre autre Sienna ou encore Matthéo. Je crois que j’avais vraiment une team de supporters du tonnerre là bas. J’espèrais juste qu’ils n’allaient pas monter la tête de mon ex contre moi.

Il est rare que je sois de mauvaise humeur mais quand je le suis, mieux vaut être le plus loin possible de moi. Oui, c'est comme ça, je suis une vraie teigne quand je m'y mets. Rares sont les personnes qui m'ont déjà vu comme ça, vraiment. Je crois qu'à Cambridge, Priape est le seul qui m'a vu dans cette rage noir. Et Leanne aussi parce que la pauvre, elle a eu à m'annoncer la mort de notre père biologique alors que je croyais être enceinte. Tout était contre elle. " On peut, ça ne me gêne absolument pas tu sais " Bon, à vrai dire, je fais un peu la maligne parce que ça me gêne terriblement de parler sexe avec mes meilleures amies alors avec un 'inconnu', je vous laisse imaginer le bordel... Mais il ne me connaît pas assez pour le savoir et puis, je pourrais toujours baraguiner quelque chose et faire croire que je m'y connais, que je suis totalement en accord avec mon corps, ma sexualité et celle des autres. C'est la plus grosse blague de l'année mais chut. " Je m'ennuyais " Soufflais-je. Et je dois dire que je me sens un peu moins ronchon mais pour combien de temps ? Ça fait du bien de passer ses nerfs sur quelqu'un qui le mérite un peu. Bon, pas des masses non plus parce que je m'évertue à défendre Priape parce que c'est Talya qui l'a trompé mais bon, je ne suis pas sûre qu'il le sache. Et puis, leur histoire de bébé cadum doit arrêter. Ça nous gave tous quoi. " Ton chef est cul et chemise avec le mien qui s'avère me devoir une belle chandelle pour ne pas exposer sa relation avec ma mère alors qu'il est toujours avec sa femme. Alors tu n'as aucun soucis à te faire là dessus. Puis, c'est elle qui a cherché. Tu sais, même les hommes peuvent porter plainte pour harcèlement sexuel " Soufflais-je à voix basse. Bon, c'est rare, c'est sur mais on sait jamais... " J'avais rendez vous avec l'orthopédiste pour ma nouvelle prothèse et hors de question que je fasse ça en Arizona, on crève là haut " Et ici, j'ai les mêmes médecins depuis que je suis arrivée aux Etats-Unis il y a bientôt neuf ans. " Vous en avez pas marre avec Talya de jouer avec le feu sérieusement ? Je t'ai soutenu pendant des mois face à Talya mais ça suffit quoi. Vous vous aimez, ça crève les yeux. Alors soit tu fais avec que toute ta vie tu verras Matthéo parce que c'est le parrain de Charlie et tu acceptes ce qu'ils ont fait, soit met les choses au clair et vous passez tous les deux à autre chose. Ça fait quinze jours qu'on est au summer camp et entre les "j'ai chaud" et les gérémiades parce que t'es pas là, je vais finir par la foutre dans un avion " En ce moment, mon taux d'irritabilité est très élevé. Je ne supporte plus d'entendre Talya se plaindre de quoi que ce soit. Je crois que c'est la chaleur mais elle est casse bonbon aussi. Quelle idée d'aller le tromper, non mais je vous jure...

Cette fille était dingue : elle hurlait après moi dans le couloir et elle évoquait comme ça ma vie sexuelle sans gêne. « Et bien moi ça me gêne alors on clot le sujet. » J’avais presqu’envie d’en rire. Mais d’un autre côté trop énervé pour cela : parce que mes histoires avec Talya me portaient suffisamment préjudice comme ça. Et là encore une fois, alors que je n’aspirais qu’à finir rapidement la mission qu’on m’avait confié de faire faire la visite avec cette stagiaire, il fallait qu’une des amies de mon ex me tombe dessus. A la question de savoir à quoi elle jouait, Andrea me répondit qu’elle s’ennuyait. « Bah va le faire ailleurs. » rétorquai-je avec mauvaise humeur. « Et t’en prends pas à moi. J’essaie juste de faire mon boulot. » Bon ok, mon taf ne comprenait pas le fait de flirter avec une nouvelle… Mais je n’en avais strictement rien à faire de cette fille. Je fis quand même part à la tornade blonde de mes craintes : que dans sa gueulante, elle venait surement de m’attirer des ennuis avec mon chef. Les paroles qu’elle laissa échapper alors me firent réfléchir un instant : « Attends, ton chef s’envoit en l’air avec ta mère ? Mais t’es dans le service du père de Talya ? » Ca voulait dire que monsieur Blackburn avait une aventure avec la mère d’Andrea ? « Talya est au courant ? » Déjà que mon ex petite amie n’avait pas une très haute estime de son père, mais d’apprendre qu’il était infidèle risquait de lui faire un nouveau choc. Ou bien de les rapprocher, puisque l’adultère leur ferait désormais un point commun. Bah oui en même temps, tel père, telle fille… Andrea me confia ensuite ce qu’elle faisait ici, dans le service d’ortho : c’était pour sa prothèse. Mes yeux se baissèrent instinctivement sur ses jambes. L’objet avait été tellement bien moulé et réalisé qu’on le remarquait à peine. « C’est plutôt réussi… » commentai-je avant de relever les yeux vers les siens. Elle reprit son sermon sur Talya, et je laissais échapper un soupire exaspéré. « Tu m’as soutenu ? Sérieusement ? » J’étais sincèrement surpris de cet aveu. Elle était comme cul et chemise dans leur petites bande de blondes, elle, Nina, Sienna et mon ex, et j’avais naïvement pensé qu’elle me mettait toutes dans le même panier : à savoir l’ex trop butté pour pardonner. « T’accepterais toi le fait que ton mec aille voir ailleurs et qu’ensuite il passe son été avec la fille avec qui il t’a trompée ? » Parce que oui c’était facile de dire vas-y Priape, pardonne et accepte. C’était pas qu’une aventure d’une nuit. Matthéo et Talya avaient ce lien que même moi je n’avais pas pu briser. Ils étaient bien trop proches pour être de simples amis et le dérapage de février n’était qu’un exemple parmi tant d’autres de l’ambiguïté de leur relation. J’aimais trop Talya pour la partager, je préférais encore renoncer à elle que de devoir supporter de la savoir si tactile et proche de son meilleur ami. « Mais si t’es si maline, vas y donne moi le remède pour passer à autre chose, parce qu’on va avoir un bébé ensemble alors ce n’est pas si simple que ça de tourner la page. » J’avais bien conscience d’être dans une impasse, alors si la jeune femme avait une solution miracle, j’étais preneur. En attendant, elle allait encore devoir supporter notre cinéma pendant quelques temps.

Priape n'est pas au courant que le père de Talya se tape ma mère et sa femme en même temps. Eh bien, ils ne parlent pas trop de leur famille ces deux là. Je pourrais dire la même chose de Maxime et moi mais bon, on se fréquente depuis trois mois et on est réellement ensemble depuis une dizaine de jour. " Eh oui. Pendant que Talya était en Ukraine, ce cher médecin était mon beau père. Pendant presque cinq ans. Le monde est petit hein ? Et oui, elle est au courant " Ça coule de source. N'empêche que je suis sacrément liée à Priape d'une manière ou d'une autre. Je veux dire, entre Talya et Leanne, il est pas près de se débarrasser de moi le pauvre. " Et si tu veux tout savoir, Leanne est ma demi soeur, on a le même père. Biologique cette fois " Je lui adresse un clin d'oeil comme pour le mettre dans la confidence. Je ne sais même pas à qui je l'ai dis et pas dis. Je crois qu'il n'y a que Maxime qui est au courant. Et encore, il ne sait pas que Leanne est ma demi soeur, juste que j'ai une poignée de demi soeur. Un chaud lapin ce type, tout comme notre Priape national ! Non, j'exagère un peu. Mais juste un peu. Je crois que la fatigue, la colère et tout ce qui va avec me tape définitivement sur le cerveau. " Oui, ils ont fait un bon boulot mais bon, faut bien... À la rentrée, tu me verras sur des affiches, à la télé et tout en sous vêtements alors autant que tout sit parfait " J'avais accepté ce contrat et je me demandais de plus en plus pourquoi. À la base, c'était principalement pour l'argent mais bon, je devais dire que j'avais hâte comme peur de me retrouver sur scène en talons hauts - j'étais une inconditionnelle des ballerines et baskets - à défiler en nuisette, bikini ou sous vêtements un peu transparents. Ça va lui faire un choc au Maxou, mais bon. Puis vint le sujet de Talya. Je rajoutais une bonne couche sur le comportement de la blonde parce que j'étais fatiguée et un peu agacée par son comportement. On va dire qu'elle cherche les foudres la petite... Elle va finir par nous pondre son oeuf un peu trop à l'avance avec ses conneries. À mes yeux, elle n'aurait jamais du venir en Arizona parce qu'il fait bien trop chaud et que c'est dangereux. Mais elle est majeure et vaccinée. " Eh oui. Je suis la seule à avoir dit qu'elle l'avait bien mérité. Elle a joué avec le feu et elle a fini par se brûler. C'est la vie " Je dis ça sur un ton tellement... désinvolte. Mais Talya savait ce que je pensais de tout ça. Que son comportement, je ne l'aurais jamais pardonné à la place de Priape mais que je ne lui aurais jamais donné d'espoirs comme il était entrain de le faire depuis un certain temps. " Si Maxime me trompe, je le raye de ma vie, d'une façon ou d'une autre, bébé ou pas. Mais tu continues à la côtoyer, à lui donner de l'espoir donc voilà. Là dessus, je ne te soutiens pas mais alors pas du tout. Y a pas de solution miracle et t'as cru quoi ? Que j'étais une sorcière ou bien ? " Une sorcière digne d'Harry Potter on s'entend, pas le truc dégueulasse avec une verrue sur le nez et du poil au menton. " Tu vas devoir faire avec Matthéo toute ta vie, que tu le veuilles ou non. Elle a brisé ta confiance une fois mais ne le refera pas. Et je suis pas le genre de nana qui va te dire 'allez, trompe là que vous soyez à égalité'. Personne n'aura de solutions miracle à te donner à part sors toi les doigts du derch et agis ! Tu veux pas la tourner la page, sinon ça serait fait depuis longtemps. Elle élève Charlie toute seule, elle arrivera à élever un deuxième enfant sans problèmes alors ne te cherche pas d'excuses tu veux... " Ouai parce que le coup du "il y a un bébé en jeu" moi ça ne me convainc pas. " Si tu ne l'aimes pas, restes pas pour un gamin. Il y a Sienna, moi, Maxime et tout qui pourront l'aider. Si tu l'aimes, bouge toi ! " Talya, elle, était folle amoureuse du jeune homme. Lui, je ne le connais pas assez pour savoir.

Andrea me révéla la liaison entre monsieur Blackburn et sa mère. Apparement, Talya savait pour l’adultère de son père. C’était surement une autre des raisons qui rendaient leur relation si conflictuelle. J’ignorais néanmoins pourquoi elle ne m’en avais pas parlé. « Elle me l’a pas dit… » répondis-je avec un air étonné. « En même temps, elle s’est surement dit qu’elle était mal placée pour le juger. » fis-je avec un air mauvais. Bon, sa liaison à elle, avec Matthéo, n’avait duré qu’une nuit. On était loin des cinq années record de son paternel… Et puis, partie dans ses confessions, Andrea poursuivit en me racontant que Leanne était sa demi sœur, elle partageait le même père. Elle m’avait alors adressé un clin d’œil, probablement pour jouer les détachée, mais je ne me laissais pas berner. « Oh… » Oui, là c’était pas de l’étonnement mais juste une expression peinée qui apparut sur mon visage. Parce que si elle avait le même père biologique, ça voulait aussi dire que la jeune femme était en deuil. Leanne m’avait appris le décès de son papa le soir du bal. « J’suis désolé pour ton père Andrea… Toutes mes condoléances. » articulai-je alors avec sincérité. Elle me parla ensuite de sa prothèse. J’étais impressionné par la discrétion et le réalisme de celle-ci. Et puis elle évoqua ses projets pour la rentrée. « On aura le droit à une séance d’autographe à la DH ? » réclamai-je avec un petit sourire, me demandant malgré tout ce que son petit ami en disait. J’avais tendance à être excessivement possessif, alors imaginer ma petite amie s’affichant partout en petite tenue, j’aurais surement du mal. J’étais presque adouci néanmoins, mais c’était sans compter son petit sermon sur ma relation avec Talya. Là, mon énervement refit surface bien que la demoiselle soit l’une des rares à ne pas avoir rejoint le club anti Priape apparemment. Oui elle m’avait défendu, assurant à Talya qu’elle l’avait mérité, qu’elle avait joué avec le feu. J’étais étonné de savoir la blonde parmi mes alliées alors même qu’elle était clairement plus proche de Talya et qu’avant aujourd’hui on n’avait pratiquement jamais parlé elle et moi. « Et bien, merci… C’est bien de savoir qui y’a toujours des personnes pour défendre la fidélité. » Les coucheries à droite à gauche étaient trop devenue une mode. La tromperie au sein d’un couple, une banalité… Cela dit, elle nuança bien vite ses propos : elle n'était peut être pas -anti Priape-, mais elle n’était pas -team Priape à tout prix- pour autant. Pour elle, l’infidélité rimerait avec rupture, point. Quelque soit les circonstances. « Tu me conseilles quoi alors ? De couper les ponts ? De lui verser une pension alim et de voir mon futur gosse un week end sur deux et la moitié des vacances scolaires ? » Non ça serait pas moi, ce père fantôme, absent, qui fuit ses responsabilités. J’savais que Talya n’avait pas forcément besoin de moi, mais moi j’avais besoin d’être là, de connaître mon enfant, de tisser des liens avec lui. Andrea n’avait pas de solution miracle, je n’en avais pas non plus. « C’est pas des excuses, ce gamin c’est aussi le mien, j’ai le droit de m'investir dans sa vie. Et oui, ça implique aussi de rester en partie dans celle de Talya. » Oui notre situation était compliquée, ça aurait surement plus simple de se remettre ensemble, mais ça aurait surement aussi était voué à l’échec. Les couples qui se rabibochent pour les enfants ne faisaient jamais long feu, c’était bien connu.

Les hommes dans ma vie, c'est toute une histoire. Je n'ai jamais eu de figure paternelle avant d'arriver aux Etats-Unis alors que je n'avais que seize ans. Là, j'ai connu ce que c'est d'avoir un père, un homme, un adulte sur qui compter et qui peut nous protéger. Bien entendu, ma mère a tenu ce rôle à la perfection pendant des années mais une mère et un père, c'est différent. J'étais tellement attachée au père de Talya que j'en ai eu le coeur brisé et que j'ai eu beaucoup de mal à me lier avec la blonde au début. J'étais jalouse, tout simplement. Mais depuis que je l'ai pris en flagrant délit de tromperie avec ma mère, je ne le porte plus autant dans mon coeur. J'ai un mal fou à l'accepter à vrai dire et je le fuis comme la peste depuis. Je sais qu'il continue à avoir sa double vie et personne ne dit rien pour ne pas briser le petit coeur des deux femmes qui sont folles amoureuses de lui... C'est désolant et encore pire de faire l'aveugle là dessus mais c'est comme ça... Je suis assez en litige avec ma mère pour en rajouter une couche. Sans compter depuis que j'ai appris le décès de mon père biologique par Leanne après l'enterrement. Je pense que ma mère m'a caché les documents. Je n'ai pas encore été la confronter à ce sujet et je pense encore attendre... De toute façon, ça ne le fera pas revenir. J'hausse les épaules. Ça a été difficile d'encaisser la nouvelle mais je ne l'ai jamais connu donc je n'ai rien à pleurer... Triste réalité. Il y a des tas de choses qui m'attendent et la chose à faire n'est pas de se morfondre sur ce qu'on a jamais eu mais de créer de nouvelles choses. Ma jambe est une de ses créations. " J'essierais surtout de fournir à toutes les filles de la DH toute sorte de sous vêtements oui " Je ris légèrement. On est les intellos du campus mais on est de loin les plus belles femmes aussi, par la même occasion. Les Cabot n'ont rien que nous n'avons pas, ça c'est sûre. Discuter avec Priape et lui montrer que non, il n'avait pas mal agi, quoi que la planète entière dise devait lui faire du bien. Ça m'en faisait aussi. Parce que, certes, j'ai trouvé sa façon de se venger au bal bien idiote, j'aurais sûrement fait pareil. Même pire. Mais personnellement, je ne serais jamais retourner vers la personne. " Tu peux faire ce que tu veux Priape, tant que tu lui pardonneras pas, ça ira pas vous deux et c'est le môme qui morflera. Tu veux pas être un père absent, je comprends. Mais pour avoir vécu sans père, je crois que je préfère ça que de voir mes parents malheureux. Vous avez un travail de malade à faire sur votre relation avant que le gosse arrive et c'est pas en ronchonnant dans ton coin que ça va marcher. Parce que ce que tu me décris là, c'est ce qui va finir par arriver " Il y avait un blocage de son côté c'était indéniable. Et tant qu'il ne bougerait pas de son côté, qu'il n'accepterait pas ce qu'elle a fait, il se mettait lui même en retrait. " T'as envie que ton fils ou ta fille soit un enfant pansement ? T'es pédiatre, tu vois des gosses tous les jours, des familles qui se déchirent ou se rabibochent sous tes yeux à cause des enfants... Il n'y a que toi qui peut trouver quoi faire. Ça se voit que tu aimes Talya sinon tu t'en ficherais pas mal. Des tas de familles fonctionnent très bien séparées. Tu veux pas de cette alternative alors monte dans un avion pour discuter avec la femme que t'aime, que t'as foutu enceinte et règle les choses " Ça suffit de se trouver des excuses. Je sais que si Maxime me trompe, je ne pourrais plus jamais le regarder dans les yeux, l'accepter et tout ce qui va avec, même si je suis enceinte... Mais lui, il veut de tout ça, il veut de Talya et ça, il ne peut pas dire l'inverse. Je soupire légèrement. " Fais moi un plaisir, écoute ton coeur et arrête d'écouter ton cerveau cinq minutes. Un grand philosophe disait que le coeur a ses raisons que la raison ignore alors bon... Si ce vieux bidule est devenu célèbre entre autre en disant ça, c'est pas pour rien " Philosophe, écrivain ou guignol de la forêt, j'en sais rien mais bon...