« I just want to see the stars with you » Feat. Ezio

J’étais plus qu’heureuse de savoir qu’Ezio se sentait bien à présent. Il avait pour sa part vécu des moments difficiles suite à sa rupture avec Amanda, et j’avais détesté le voir ainsi. J’étais venue au Summer Camp en quelque sorte à cause de lui, donc je n’avais pas voulu en profiter seule, mais bien avec lui. J’aurais aimé pour ma part le rencontrer avec, mais apparemment, il y a quelques semaines avaient été le bon moment et je ne regrettais rien de tout cela. Sans lui, je serais encore à Cambridge aujourd’hui, beaucoup moins heureuse. Mais comme ce n’était que pour l’été, je profitais de tout ce que je pouvais faire, sans me mettre de limite. Après tout, je n’avais rien à perdre ici, c’était si simple. Et apparemment, je l’aidais aussi. Je ne voyais pas totalement comment, mais tant mieux si c’était le cas. « La petite fée aimerait bien savoir comment elle fait, pour être certaine de continuer comme ça! » Je lui souris, voulant simplement dire que je ne me rendais compte de rien. Pour sa part, il était toujours là pour m’écouter, ce que je demandais simplement d’ailleurs. Je ne voulais pas quelqu’un pour chambouler ma vie, mais simplement la rendre meilleure, et c’est ce qu’il faisait. Ezio semblait trouver tout aussi étrange ma réponse, j’aurais du me taire au final, je ne voulais pas gâcher le moment, mais j’étais tout simplement curieuse. Je ne sais pas si sa réponse voulait dire que je l’embêtais, mais je ne bougeai toutefois pas. « Je peux me mettre à côté si tu veux, ou te redonner ta veste… » Il est vrai qu’il faisait froid et j’étais bien mieux contre lui, mais j’en oubliais que je lui avais emprunté sa veste au début du repas. Il avait été plus prévoyant que moi, et au final c’est lui qui souffrait. Puis, il me posa une question, sortie de nulpart. Je fronçai les sourcils, n’osant pas le regarder, je fixai toujours les étoiles. Pourquoi me demandait-il cela maintenant? Je n’avais pas envie que mes problèmes refassent surface maintenant. « Un jour sûrement, enfin je suppose. Mais pour l’instant, je vais profiter de ce que je peux avoir. C’est pour ça que je suis venue ici. Pas pour me préparer à un changement, simplement pour décompresser tu sais, j’en avais besoin. » Je n’avais aucunement l’intention de passer mon été ici à préparer des plans pour me sortir de cette misère. J’avais passé des mois entiers et aucunes des solutions que j’avais pensé n’était parfaite. Je n’avais pas envie de me tracasser la tête avec cela. Mais je suppose qu’un jour je réussirai, s’il ne change pas, mais il faudra que je me trouve une motivation de plus pour y arriver.

La petite fée est simplement elle-même et c'est ça qui est magique. Elle n'a rien à faire à part être là, être avec moi, me sourire et rire et s'amuser à mes côtés. Mais comment lui expliquer tout cela ? En plus, je la ferais totalement paniquer. Elle ne saurait pas comment réagir, surtout avec son mari. Non, si je suis vraiment un bon ami à elle, alors je me dois de rien lui dire, rien laisser paraître. Par égard pour elle. Encore que je doute que cela sera très difficile, Alice, cette fille mariée à son premier amour, m'a l'air incroyablement naïve à ce sujet-là.

- Tu n'as pas à t'inquiéter de ça, Alice, ça ne risque pas de s'arrêter.

Je serre davantage mes bras autour d'elle alors qu'elle me propose de me rendre ma veste et je fourre mon nez dans ses cheveux. La voix étouffée par ses mèches brunes, je proteste énergiquement. Ce n'était vraiment pas pour me plaindre que je disais cela, j'avais juste besoin de trouver une réponse satisfaisante à une accélération cardiaque. Le chaud et froid est la seule connerie qui me soit venu à l'esprit.

- Non, non, ne t'inquiète pas ! Ça va très bien, surtout contre toi. Si tu me rends ma veste, on sera obligés de rentrer, tu ne peux pas rester bras nus dehors avec cette température.

Et je n'ai pas envie de rentrer, je veux que cet instant dure éternellement. Le regard d'Alice est perdu sur les étoiles mais moi je ne quitte pas son visage des yeux, absorbé dans ma contemplation. Je m'en veux un peu de lui rappeler sa situation avec son mari... mais la question m'est venue spontanément aux lèvres, allez savoir pourquoi.

- Ça se voyait que tu en avais besoin. Tu es si différente, j'ai l'impression de rencontrer enfin la vraie Alice. Et elle est sympa, tu sais, la vraie Alice. Tu ne devrais pas la garder enfermée toute l'année.

Je lui caresse machinalement la joue, comme pour l'aider à ne pas trop s'attarder sur tous les rappels que doivent lui infliger mes paroles.

- Enfin, je sais que tu n'y peux rien, tu sais. Je suis simplement vraiment heureux que tu aies pu venir et que tu puisses décompresser comme tu le souhaites. Je suis désolé, j'espère que je ne t'ai pas trop gâché le début de ton été avec mes déprimes à deux ronds...

Je souris alors qu’il me répondit que ça ne risquait pas de s’arrêter. J’étais heureuse pour lui que tout aille bien, c’est tout ce que je désirais pou mes proches après tout. J’avais vu Ezio assez bas et je n’avais vraiment pas apprécié. Je m’inquiétais beaucoup pour les autres en général, alors encore plus quand je tenais à ses personnes, assez pour parfois en oublier mes propres problèmes à travers ça. Je voyais toujours plein de solutions pour eux, je ne sais pas si c’est parce que j’étais extérieure au problème, mais c’était tellement plus facile. D’ailleurs, tout ceux à qui j’ai parlé de ma situation m’ont dit de simplement quitter mon mari, mais c’est tellement plus compliqué que ça pour moi. Je le sentis ensuite me serrer davantage et je compris qu’il ne voulait bien sûr pas que je lui rende sa veste. Je me sentais un peu mal à l’aise de le faire geler, mais j’allais l’écouter, parce que j’étais bien trop bien de toute façon. « Parfait alors, je ne bouge pas. Puis je n’ai pas vraiment envie de rentrer là… » Par contre, il le faudrait. Le trajet vers le camping était assez long et les autobus ne faisaient pas le voyage toute la nuit, malheureusement. Malgré la longue journée, je ne me sentais aucunement fatiguée. Je sortais plus ici en quelques semaines que ces trois dernières années, mais je m’habituais assez rapidement à ce mode de vie. De toute façon, je devais profiter à fond de tout, alors fatiguée ou non, je voulais tout faire et voir. Il changea ensuite de sujet, assez directement. Je ne m’attendais pas à cela, j’aurais préféré l’éviter d’ailleurs, mais nous voilà en plein dedans. « Mais non, je ne suis pas si différente… » Enfin, je le croyais. À part que je sortais plus, je ne voyais pas en quoi j’étais différente. « Ou peut-être que c’est l’autre qui est la vraie. Celle d’aujourd’hui est juste une tentative d’être «normale». Elle est mieux ? » Je remontai la tête vers lui, le regardant. Bien sûr qu’elle était mieux. Celle d’aujourd’hui était plus ouverte, plus expressive. Elle ressemblait plus à toutes les autres étudiantes qui faisaient à leur tête et s’amusaient constamment. « J’y peux de quoi, mais je suis capable… » Il fallait le reconnaitre, certaines s’en sortaient, alors c’était moi le problème. « Et je suis heureuse que tu m’aies invité, je ne serais sûrement pas venue sinon…. Mais non, c’était normal après tout ça, puis ça va maintenant. » Je ne pouvais lui en vouloir après tout, j’étais certaine que je pouvais être bien pire que lui parfois.