≈ i woke up like this, with flawless. (palmyr)

Je laisse échapper un soupir de bonheur, heureuse d'être de retour au chalet. Là où il y a l'air climatisé. Là où il ne fait pas 30 degrés et des poussières. Là où je n'ai pas mon chandail qui me colle à la peau. Là où il fait bien, froid, agréable. Je me plains encore, mais je ne suis de plus en plus convaincue que l'Arizona n'est pas pour moi, pour ma petite personne. Je m'exaspère moi-même à force de me plaindre, mais je n'y peux rien. Dès le début, une petite voix me disait que ce n'était pas une bonne idée, que l'Arizona n'était pas pour moi, que voilà. Mais non, il a fallu que je tente le coup en me persuadant que cela allait être génial. Quelle idée incroyablement stupide ! « PALMYYYYYYYYYYYYYYYYYYR. » Je sursaute en reconnaissant au bout de trente secondes la voix de Zéphyr. Putain, j'ai oublié qu'elle était là. Je suis terrible... En tout cas, je me dirige vers ma chambre où elle me rejoint. « Maiiiiis, elle est ici notre galaxie ! Cet endroit est un cinq étoiles, voyons. » Répondis-je en me lançant - pratiquement - sur mon lit. Est-ce que y rester pour les deux prochains mois ? Je me demande cette question à moi-même en fermant les yeux. « Ou sinon, on entre par effraction chez tes voisins et on nage ? » Mes yeux se réouvrent et je regarde le plafond quelques secondes. Qu'est-ce qu'elle a dit ? C'est quoi cette idée ? Je me relève, m'appuie sur mes coudes et je décide finalement de rejoindre Zéphyr à la fenêtre. « Est-ce que tu es tombée sur la tête ? » C'est une idée folle, mais tentante. Mes yeux semblent s'être illuminés lorsque j'aperçois la piscine. Une piscine rien qu'à nous. Pas d'autres personnes autour de nous. « Y a combien de chances qu'on se fasse attraper ? » Il ne faut pas s'étonner de cette question, je pense toujours aux conséquences. Mon cerveau est programmé ainsi. Sorry not sorry.

Zéphyr est cinglée. Pas dans le sens de Crazy Eyes dans Orange Is The New Black parce que se serait extrême. Non, Zéphyr est cinglée parce que son cerveau fonctionne trop. Elle a toujours des idées folles et c’est bien… Pas tout le temps, mais le trois quart, ce l’est. « On a vu des endroits plus beau, et plus majestueux que ça, et tu le sait. » J’acquiesce de la tête parce que c’est la vérité. Mon petit chalet n’est rien comparé à certains endroits, mais je ne me plains pas. J’ai l’air climatisé et ma propre chambre. Au moins, je n’ai pas à dormir en cuillère avec quelqu’un dans une tente ou ne pas avoir mon intimité avec les caravanes. Non, mon chalet me plaît bien et je suis toujours heureuse de mon choix. « Okok, je te donne raison pour cette fois. Rien que pour cette fois. » Mais ce n’est plus le problème du moment. Maintenant, j’ai un problème avec l’idée saugrenue que Zéphyr me propose. De la folie. Quand je vous disais qu’elle était folle, je ne blaguais pas. Parfois, je me demande comment son cerveau fonctionne et encore plus lorsque je regarde par-dessus son épaule pendant qu’elle dessine mon chalet. Cinq secondes, j’ai les sourcils froncés et l’autre cinq secondes hausser. Après un moment, je secoue la tête et je retourne près de la fenêtre pour regarder la piscine. Elle m’appelle, mais j’suis terrifiée à l’idée qu’on se fasse attraper. Entrée par infraction, ça équivaut forcément à un dossier criminel. Et comme le mien est vierge, je compte bien le laisser comme ça. Au moins, y a un truc toujours vierge chez moi. « PARTANTE PARTENAIRE DU CRIME ? » Le seul truc que je retiens avec le suicide. Est-ce que je peux dire non ? Non, bien sûr que non parce que j’en ai vachement envie. « OUI ! Faisons-le avant que je change complètement d’avis. » Je lève mon bras à mon tour et claque dans sa main. Il est temps de monté sur mon foutu toit sans que ça fasse trop suspect. On est capables, je le sais. On est des ninjas. « Let’s go, darling. » Je l’a dirige vers la fenêtre. Elle le fait en premier. « T’y vas en premier comme ça si tu te blesses ce sera toi. Et c’est ton idée. » Des arguments valables.

« Tu vas pas le regretter ! Et si tu le regrette, tu auras le droit de me dire : je te l'avais bien dit. » Je suis impatiente à ce jour. Avec Zéphyr, même quand elle a tort, on ne peut pas lui dire qu'on lui avait dit. Elle déteste et comme je tiens généralement à ma vie, je n'ai pas envie de mourir entre les doigts de Zéph. Bref, je regarde la brunette enfiler des sandales et s'étaler de la crème sur son corps en patientant au moment où elle va se retrouver sous l'eau après un saut. De la mort, probablement. Mon petit doigt me dit que c'est la fin de nos vies. Trop courtes. Je n'ai que 21 ans, je ne peux pas mourir aujourd'hui. Et SURTOUT pas en Arizona. Non, je préférerai mourir en mer auprès des requins ou whatever. Ou encore sur une plage avec des brésiliens près de moi. C'est au choix. « Ok, Palmier, si je meurt : sache que tu es et resterais éternellement mon âme sœur, et que je te lège le haut que Lana Del Rey a signer au Honeymoon tour ! » Je fais les gros yeux et je commence à ressentir une peur. Mon estomac se serre lorsqu'elle disparaît de mon champ de vision pendant cinq petites secondes et qu'elle est dans les airs. Je serre les dents. Elle est folle. Nous sommes folles. Plus tard, on va se retrouver dans un hôpital psychiatrique pour folie mentale. « ZEPH !? » Je crie en regardant dans l'eau si je vois du rouge. Rouge = sang et sang = possible mort. Après un moment, elle revient à la surface et je laisse échapper un soupir de soulagement. Zéphyr n'a pas le droit de mourir tant que je ne lui en donne pas la permission. Et là, je comprends que c'est mon tour, le moment où je dois affronter la mort de mes yeux. Je secoue la tête, fait le tour de ma chambre deux fois et après une bataille mentale je saute à mon tour. « Putaaaaaaaaain, on est folles. » Je pars dans un fou rire en me mettant sur le dos et me laissant flotter. Mais ça fait tellement du bien. De lâcher prise et de faire un truc que je n'aurais jamais fait. « Tu pourras garder ton haut signé par déesse Del Rey. » Malheureusement. Non, je déconne.

« JE SUIS EN VIE ! À TOI PALMIER ! » Sa voix est un murmure dans mes oreilles tandis que mon corps flotte dans le vide avant de plonger sous l'eau. Je ressors rapidement et me laisse flotter sur le dos, mais sans oublier le fait que c'est la première fois que je fais un truc aussi cinglé de tout le Summer Camp. Sérieux, ils nous manquent quelques neurones. Le simple fait qu'elle pense à ce genre d'idée est un parfait exemple de la folie du cerveau de Zéphyr. Heureusement, nous ne sommes pas blessées. Il n'y a pas une couleur rouge qui apparaît dans l'eau et qui indiquerait une quelconque blessure. Tout va bien. Nous allons bien. C'est bien. Mes pieds sont en constant mouvement afin de ne pas me laisser couler au fond de la piscine et ma bouche prend de l'eau que je recrache aussitôt, mais en fontaine. « Regarde, je suis une fontaine. » Je refais ce que j'ai fais il y a cinq secondes. Cette fois en direction de Zéphyr. « Aaaaah, on est bien, maintenant. » Dans cette piscine, j'apprécie probablement plus l'Arizona que dans ma chambre ou à l'extérieur de celle-ci. Au moins, le silence règne autour de nous et nous n'avons pas les discussions de tous les étudiants d'Harvard qui bourdonnent dans nos oreilles. C'est plaisant. Très. Beaucoup. Énormément. « Je reste ici jusqu'à ma mort. » Déclarais-je en regardant sérieusement Zéph.

Je crois qu'il y a pas mieux qu'ici, dans cette piscine à je-ne-sais-qui. Et franchement, je m'en fous. La piscine pourrait être celle de Barack Obama ou même Beyoncé – ok, peut-être un peu moins que Obama, mais là n'est pas le point –, je m'en foutrais. Royalement. De toute manière, leur chalet est certainement loué comme le mien alors la piscine appartient au propriétaire de l'endroit. À moins que ce soit eux les propriétaires. Y a deux possibilités et nous allions l'a découvrir si jamais on se faisait attraper. « Je signe où pour devenir une sirène ? » Comme dans l'armée. Un peu plus et Captain America me dit qu'il me veut dans son armée. Perso, ça ne me dérangerait pas. Je me laisse flotter sur le dos, admirant le ciel au-dessus de moi. C'est tellement beau et ça m'intéresse tellement. J'apprécie ce moment de quiétude où il n'y a que moi et Zéphyr et le son de sa voix lorsqu'elle reprends la parole. Elle a encore une idée de cinglée et contrairement à celle de se lancer dans une vide via un toit, elle me plaît vachement. Faire le tour du monde est sur ma bucketlist et si mes études ne me tenaient pas autant à cœur, je serais probablement quelque part dans le monde. À vivre ma vie. « On part quand ? On commence au Venezuela ou en Colombie ? Où-où on y va par ordre alphabétique ? » Dans un sens, c'est une bonne idée, mais après 197 pays – si on retire ceux qui ne sont pas considérés comme des pays par l'ONU –, c'est long à mettre dans un ordre alphabétique. Faisable, mais long. Et chiant, éventuellement. Enfin,  « Et j'aurais plus à voir celle de Tiago. » Ou de tout le monde. Ça ne serait que Zéphyr et moi pendant x temps. « Au moins, toi, Martin n'a pas prétendu être mort pendant deux ans. » Pas comme Tiago. J'hausse les épaules avant de plonger sous l'eau jusqu'à ce que mes poumons n'en peuvent plus et je refais surface. « Si tu veux, je peux aller démolir la caravane de ce cher Martin ! » Une proposition alléchante, je le sais même si je n'ai pas le courage de le faire. Après, je vais m'inquiéter pour lui. Moi et mon cœur en or.