MIKANA ♥ il faut qu'on s'explique...

Mika me suit à travers la salle commune. Je choisis un petit coin tranquille où personne ne pourra nous voir ni nous entendre. Je sais très bien que c'est gênant pour Mika toute cette histoire et je ne veux pas lui faire du mal, c'est bien la dernière chose que je souhaite. Après un long silence gêné, il me dit: « Alors, t'as retrouvé quelqu'un depuis ? » Sa voix est froide, limite méchante. Il semble tendu. Ok, on ne s'est pas revu depuis le bal mais ça ne voulait pas dire que j'étais déjà passé à autre chose. Décidément, il me connait vraiment mal et n'a aucune confiance en moi. Je lui ai quand même dit que je l'aimais, ce n'est pas rien ! Mais bon, je me dis qu'il cherche simplement à me provoquer donc je ne m'énerve pas. Je lui réponds: "Oui, ça peut aller depuis la dernière fois je tiens le coup merci de demander... Et non je n'ai pas trouvé quelqu'un d'autre, si je suis ici c'est qu'il y a une raison, tu crois pas ?" Je sais bien qu'il tente de retarde les explications mais il ne pourra pas y échapper. Je m'approche de lui et lui prend la main doucement: "Je suis pas là pour te faire des problèmes Mika, j'ai juste besoin de savoir ce qu'il s'est passé, pourquoi tu ne m'as rien dit ?"

Le premier mot de sa phrase "Oui", me fit relever la tête soudainement. Mais elle poursuivit et je compris que ce n'était pas en rapport avec ma question initiale. Ouf ! Elle avait répondu très ironiquement, sûrement blessée que je ne lui demande pas comment elle allait. Mais je ne pouvais pas me permettre de lui parler comme si de rien n'était. Je ressentais tout un panel d'émotions envers elle, allant de la colère à la tristesse, en passant par le manque et le sentiment de trahison. Je l'avais trahie moi aussi, je lui avais menti pendant des semaines, mais j'avais vécu le jour de la révélation comme un coup de couteau dans le dos. Je ne savais toujours pas pourquoi elle m'avait déshabillé cette nuit là. Au fond, j'avais quand même ma petite idée : elle avait dû avoir un doute (peut-être même qu'elle avait su, par je ne sais quel moyen) et elle m'avait dévêtu pour voir si ses doutes étaient fondés.
En tout cas elle ne s'était pas remise en couple après ça. Est-ce que j'étais resté dans un coin de sa tête ou est-ce qu'elle avait fait un trait sur moi ? En tout cas elle voulait savoir pourquoi je lui avais menti. Mais j'avais du mal à dissimuler ma rancoeur ce jour-là, et je répondis sèchement : « Et moi j'aimerais bien savoir pourquoi tu ne m'as pas posé la question directement au lieu de profiter que je sois bourré pour me déshabiller sans mon accord ! » J'avais fini ma phrase en chuchotant, lançant un regard vif autour de nous pour voir si quelqu'un ne passait pas par là.

Bien que je lui avais dit ne pas être là pour lui faire des problèmes, Mika restait sur la défensive. Il me lançant sèchement: « Et moi j'aimerais bien savoir pourquoi tu ne m'as pas posé la question directement au lieu de profiter que je sois bourré pour me déshabiller sans mon accord ! » DE QUOI ??? Mais qu'est ce qu'il raconte ?! Oh mais bordel de cul, c'est vrai que je ne l'avais même pas rhabiller avant de m'enfuir de la maison ! Il a du penser que j'avais des doutes et que je voulais vérifier ou pire !!!! Que j'avais profité du fait qu'il soit bourré pour abuser de lui ? Oh putain de putain ! Je n'avais même pas pensé à ça, bien trop occupée à me poser des tas de questions. Mon visage devint rouge et je compris qu'il avait du se poser tout autant de question que moi. Je retirais brusquement ma main de la sienne, gênée et lui dis: "Attends Mika, c'est pas ce que tu crois..." En même temps, je n'en revenais pas qu'il puisse penser ça de moi. Je continuais tout de même: "Le temps que je me fasse belle pour toi, tu t'es endormi. Quand je t'ai vu, j'ai voulu te déshabiller pour que tu puisse dormir à l'aise et..." Et quoi ? Je n'avais aucune envie de continuer cette phrase. Je baissais les yeux pour ne pas avoir à affronter son regard.

Je la vis froncer les sourcils, comme si elle ne comprenait pas où je voulais en venir, avant qu'une lueur de révélation brille dans ses yeux. Ses joues changèrent alors peu à peu de couleur. Pourquoi elle paraissait si gênée, il y avait encore quelque chose que j'avais loupé ? Lyssana sembla reprendre ses esprits et se précipita dans des explications qui prirent tout leur sens. J'avais toujours du mal à croire les gens, à leur faire confiance, si bien que je me mis à la scruter des yeux pour essayer de déceler un indice prouvant qu'elle mentait. Mais il n'y en avait pas. Si jamais tout cela était faux, elle était vraiment très bonne comédienne ! Un silence gênant s'installa entre nous. Je détournai le regard moi aussi, poussant un soupire. Finalement je me raclai la gorge avant de dire, d'une voix brisée : « J'arrive pas à croire que tu m'as laissé tomber. » Merde, depuis quand je laissais voir ma souffrance aux autres ?! Je n'avais aucune envie de lui montrer mes faiblesses, de lui montrer que tout ça m'avait touché et que je ne dormais plus depuis qu'elle m'avait laissé ce petit mot me disant qu'elle savait tout, me disant de partir. J'avais menti, j'avais inventé des excuses de toute pièce, mais je regrettais tellement qu'on ne se soit pas expliqués simplement, au lieu qu'elle me jette comme une vieille chaussette. Je pense qu'à ce stade là, nous étions l'un comme l'autre blessés, tristes et en colère, mais j'étais peut-être trop centrés sur mes propres maux pour pouvoir cerner les siens.

Après un long silence gênant, Mika détourna à son tour le regard. Il se racla la gorge et me dit du voix brisée : « J'arrive pas à croire que tu m'as laissé tomber. » Il avait l'air blessé, peut être même sur le point de pleurer. Je ne l'avais jamais vu comme ça et le son de sa voix me fit sursauter. Je ne voulais pas lui faire de mal en le laissant ce soir là mais j'étais totalement perdue. Je venais d'apprendre que l'homme que j'aime n'était pas celui que je pensais. Il m'avait mentit et trahit et j'avais préféré partir plutôt que d'exploser devant lui. Je ne savais pas trop quoi lui dire. Je comprenais qu'il avait souffert mais il n'était pas le seul. Je lui expliquais donc: Tu sais Mika, quand j'ai découvert ça... J'étais perdue, je ne savais pas quoi penser ni quoi faire. Tu m'as menti, tu m'as inventé une histoire de chasteté et moi je t'ai tout bêtement cru parce que je..." Je n'avais vraiment aucune envie de lui dire que je l'aimais, c'était vraiment pas le moment. Je continuais alors: "Pourquoi tu ne me l'as tout simplement pas dit, Mika ? Ça aurait été plus simple, tu sais ..." Jamais je ne me serais permise de le juger ou de me moquer de lui. Je pensais qu'il l'avait compris, qu'il me connaissait bien. Et je pense qu'au fond, c'est son manque de confiance en moi qui me faisait le plus de mal.

Il est parfois difficile d'admettre ses torts, surtout quand on sait que ceux-ci vous rongeront de culpabilité. Je me résignais à fermer les yeux sur ma part de culpabilité pour mon propre bien. De plus, mon père m'avait toujours appris à rester fier quitte à l'être bêtement, c'est à dire en ne s'excusant jamais, en n'admettant que rarement ses torts et en ne prenant jamais ses sentiments. C'était si difficile de changer d'attitude ! Mais il le fallait, ou alors je n'avancerais jamais. « C'est vrai que j'aurais pas du te mentir, pas de cette façon... » J'insistais sur les derniers mots, car au fond je savais que je n'aurais pas pu échapper au mensonge même s'il n'avait été que par omission. Au fond, même après réflexion, je n'aurais pas pu me permettre de lui balancer la vérité directement. Même si ça ne se faisait pas vis-à-vis d'elle, même si ce n'était pas honnête. Mes expériences m'avaient montré qu'il fallait parfois garder les choses pour soi. Mes propres parents m'avaient rejeté, pourquoi une fille que je connaissais depuis quelques mois aurait accepté elle ? Je lui répondis d'un air très ironique : « Mais sérieusement mets toi à ma place Lyssa. J'allais pas venir vers toi comme une fleur et te dire cash "salut tu me plais bien mais j'te dis direct, j'ai pas de queue entre les jambes donc on n'ira pas plus loin !" . Donc non, ça n'aurait pas été plus simple. » Je levai les yeux au ciel. « C'est si facile pour toi, mais si t'étais née homme jamais t'aurais eu l'audace de venir me le dire en face. » ajoutai-je, amer. Je jetais de temps à autres des coups d'oeil aux environs pour m'assurer que personne ne nous écoutait. Lyssana était au courant, c'était déjà bien assez, je n'avais aucune envie que d'autres personnes le sachent.

Au moins, il reconnaissait qu'il n'aurait pas du me mentir. Il ne s'en excusait pas mais le reconnaissait, c'était déjà ça. Il essayait tant bien que mal de m'expliquer pourquoi il n'était pas venu me le dire. Je ne pus m'empêcher de lui mettre un coup de poing dans le bras après ses explications: "Ne parle pas de toi comme ça putain !" Je n'avais vraiment pas aimé sa façon de parler. "je n'ai pas de queue" non mais sérieusement ? Je ne voulais pas qu'il se rabaisse comme ça, ça me faisait du mal. Bien sûr que je comprenais que c'était dur à dire mais il exagérait. Je ne lui avais jamais demandé de me le dire dès le premier jour mais une fois que la confiance s'était installée, il aurait très bien pu m'en parler. Je lui dis donc: "Je t'ai jamais dit que ça aurait du se passer comme ça ! Je pensais que tu avais assez confiance en moi pour venir m'en parler plutôt que de me mentir... Mais je me suis trompée..." C'était dur à admettre mais je m'étais trompée tout le long sur Mika. Enfin, sur ce que je représentais pour lui. Puis il me demanda ce que j'aurais fait à sa place. Je lui répondais alors: "Tu sais Mika, c'est peut être pas comparable mais je t'ai confié des choses que je n'avais jamais dites à personne... T'es là première personne donc j'admets être amoureuse, t'es le seul garçon à part mon meilleur ami qui est au courant pour ma soeur... Moi je te fais confiance..." Je sentais les larmes envahir mes yeux. Toute cette histoire devenait trop pesante pour moi et je n'avais qu'une envie: m'enfuir en courant.

Lyssana ma balança un coup de poing dans le bras qui eut au moins le succès de me décrocher un sourire. En effet, le coup ne m'avait pas vraiment fait mal et je trouvais ça plutôt amusant de la voir brandir son petit poing. Ça me rappelait un peu autrefois, quand on se taquinait... Mais je repris bien vite mon sérieux en entendant ses paroles. Le fait qu'elle m'avoue être amoureuse de moi me prit par surprise. Je ne m'y attendais pas du tout. Pour moi, elle avait déjà tourné la page, et depuis plusieurs semaines je l'imaginais déjà heureuse au bras de quelqu'un d'autre, les souvenirs à mon égard déjà très lointains. Je me mordis la lèvre inférieure, pendant que mon cœur se mettait à battre la chamade. Le fait qu'elle me considère encore comme un garçon me soulagea également. J'avais eu tellement peur qu'elle me considère comme une femme et qu'elle s'adresse à moi au féminin comme mes parents s'étaient entêtés à le faire. Lorsque je vis les larmes bercer ses yeux, je ne pus m'empêcher de m'approcher d'elle pour prendre son visage entre mes mains, naturellement. « Je voulais pas te faire fuir Lyssa, crois moi ça partait pas d'une mauvaise intention, au contraire. J'ai du mal à faire confiance mais c'est du à mon passé. J'étais dans une impasse, je savais pas quoi faire. » Je lui avais menti parce que j'avais eu tellement peur de la perdre... « Quand je suis parti ce jour là, je crois que j'ai vraiment réalisé à quel point je tenais à toi. J'suis tellement dégoûté que ça se soit passé comme ça. » Dégoûté, le mot était faible. Pendant des jours je m'étais haï, j'avais repassé en boucle la soirée du bal avec le lancer de lanternes, les moments qu'on avait passé ensemble, j'avais passé mes nuits à rêver de ses beaux yeux en amande et de ses longs cheveux bruns. J'avais réellement pris conscience de mes sentiments pour elle, bien plus forts encore que je ne l'avais imaginé auparavant. Et puis en même temps j'avais ressenti tellement de rage et d'impuissance face à la façon dont tout ça s'était déroulé. « Je sais que tout ça doit te paraître super bizarre, t'as du tomber de très haut, mais je veux que tu me comprennes. »

Lorsque Mika me voit pleurer, il prend mon visage entre ses mains pour me consoler. La chaleur de sa peau contre la mienne me donne des frissons. Il m'a énormément manqué et je m'en rends compte maintenant qu'il est en face de moi. J'ai juste envie de le prendre dans mes bras et de le serrer fort. Il m'explique alors qu'il a du mal à faire confiance à cause de son passé. Je me doute bien que ça a du être dur pour lui de devoir assumer sa différence, de l'annoncer à sa famille, à ses proches. Au moins, il regrette que tout ça se soit passer comme ça et je prends ça comme des excuses. Je ne lui en veux pas... Enfin, je ne lui en veux pas d'être different mais je continue d'être blessée par ses mensonges malgré tout. Même si son passé a été difficile et même si il a eu peur, je pense qu'on était assez proche pour qu'il me dise la vérité. Je prends sa main et lui dis: "Mika, je comprends que ça ai pu être dur pour toi dans le passé mais je ne comprends pas pourquoi tu m'as menti... Tu sais, je ne t'aurais jamais jugé sur ça..." J'ai vraiment envie de lui pardonner mais je sais que cette épreuve restera difficile à surmonter. Je continue: "Et je ne t'en veux absolument pas d'être comme tu es. Tout ce que je te reproche c'est de m'avoir mentit, tu sais !" Je veux que ce soit clair entre nous, qu'il comprenne pourquoi je suis partie ce soir là. Je m'approche un peu plus de lui: "Et j'aimerai vraiment que tu me fasse confiance parce que moi je veux un avenir avec toi et pas que ça se passe comme dans ton passé entre nous, tu comprends ?" Je n'en peux plus, je craque. Je le serre fort contre moi, de toute mes forces. Je risque même de l'étouffer mais je m'en fiche je ne veux plus me séparer de lui. Mais finalement, une question me vient à l'esprit et je suis obligée de la lui poser: "Au fait, tu comptes faire quoi de ta.... sexualité ?"