Mission Cupidon (Baby et Valou)

Ma tentative échoua une nouvelle fois. Non, Valentin ne baissait pas sa garde, il concluait même qu’il s’en fichait avant de nous tourner le dos, c’était surement la dernière chose que Baby avait envie d’entendre en se lançant dans cette comédie avec moi… Pourtant, malgré son détachement apparent, la colère de mon ami se ressentait bien. Il s’était toujours réjoui pour moi lorsque je me lançais dans de nouvelles relations, c’était lui le premier qui m’avait d’ailleurs encourager à tourner la page avec Talya en me dépêchant de la remplacer. Et maintenant il venait me dire de me trouver une –meilleure- relation ? « Val attends… » Je le retins en posant ma main doucement sur son épaule, lâchant temporairement  celle de la blonde pour me lancer dans une totale impro. « J’ai pas été complètement honnête avec toi en fait t’as raison… Baby et moi, c’est pas tombé du ciel, ça fait longtemps que je la connais et tout aussi longtemps que je la désire, mais j’ai toujours cru que TOI tu avais des sentiments pour elle. » J’essayais d’avoir l’air le plus convaincant possible. Babylone était belle, sympa et drôle. J’aurais très bien pu flasher sur elle depuis le temps. Pas besoin d’avoir l’oscar du meilleur acteur pour réussir à jouer ce rôle de mec entiché. Je poursuivis : « Alors quand elle m’a raconté ce qu’il s’était passé au bal, ce qu’elle t’avait dit, et le fait que tu ne partages pas ses sentiments, j’ai enfin réalisé que je me trompais sur toute la ligne, que je me freinais depuis des années avec elle pour rien puisque de toute évidence elle n’est qu’une amie à tes yeux. Et c’est comme ça que je me suis lancé. » Quand au fait de jouer les rebond pour la blonde, je tentais un peu d’humour noir : « Et t’en fais pas, j’vais supporter le fait qu’elle t’oublie dans mes bras : j’suis habitué aux nanas qui fantasment sur leur meilleur ami. »

Foutu. Putain de foutu. Mon monde s'écroulait. Je ne retrouverais jamais l'amie qui m'est si chère et que j'ai depuis de trop longues années et qui a tout fait pour moi. Mais apparemment je ne faisais pas assez pour elle, je devais en plus de ça l'aimer comme elle, elle m'aime. C'est horriblement égoïste et je me dis qu'on ne sera vraiment plus jamais amie vu qu'elle n'essaie même pas de faire des efforts. Grand bien lui fasse, moi j'en ras-le-cul. Je me casse. Mais Priape me rattrapa pour m'expliquer un peu mieux ce qu'il se passait. Il croyait vraiment que j'étais amoureux d'elle ? Mais peu importe, je ne lui en veux pas, c'est à Baby que j'en veux, elle bousille tout et j'ai l'impression qu'elle me bousillait par la même occasion. Je le laissais poursuivre et je ne pouvais que comprendre ce qu'il ressentait et j'avais vraiment l'impression qu'il tenait à elle. Bon l'avantage c'est qu'avec lui, j'ai totalement confiance et elle est loin d'être entre de mauvaises mains. Je souriais un peu amusé face à ses dernière réplique avant de poser une main sur l'épaule de mon meilleur ami Ne t'en fais pas, je ne m'interposerais pas dans votre histoire, je suis content pour vous deux. Surtout pour toi.Répondais-je avec un sourire avant de me retourner tout en lâchant un soupir qui ne sortit pas d'un seul coup. Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ?! J'ai l'impression de me faire trahir.

HRP:

Baby resta silencieuse alors que je sortais ma dernière carte en retenant Valentin. Peut être que j’en avais trop fait, peut être que la petite allusion à ma dernière rupture sur le ton de l’humour allait me griller, qu’il allait percevoir que ce n’était pas sérieux, mais non… Mon meilleur pote m’écouta, concentré, j’avais capté toute son attention. Il me servit même un léger sourire après ma dernière phrase. Je m’étais attendu à beaucoup de choses avec ce plan foireux : qu’il n’y croit pas, qu’on s’engueule, qu’il me colle son poing dans la figure mais certainement pas à ce que sa main vienne se poser doucement sur mon épaule comme il venait de le faire. Et voilà qu’il lâchait même qu’il ne s’interposerait pas, qu’il était content pour nous. Il nous donnait vraiment son consentement là ? Je n’en revenais pas. Du coup, cette fois, je ne trouvais plus rien à répondre lorsqu’il se retourna et s’éloigna de nous. Baby allait surement être complètement abattue. C’était probablement la réaction de l’italien qu’elle devait redouter le plus. Je me tournais donc vers elle : « Il dit ça, qu’il est content, mais il le pense pas, t’as vu la tête qu’il tirait ? » lui chuchotai-je alors pour être sûr que l'italien ne m'entendrait pas. J’allais ramer pour remonter le moral de la jeune femme après ça, mais j’étais quand même convaincu de ma théorie : « Il fait style qu’il prend ça bien, c’est juste parce qu’il veut pas se fâcher, parce qu’il a pitié de moi, tu sais après ce qui s’est passé avec mon ex… J’étais pas du tout la bonne personne pour ton scénario en fait, j’suis désolé Baby. » Oui voilà pourquoi j’étais pas le type qu’il fallait pour ce cinéma : Valou était trop désolé pour moi après ma dernière histoire, du coup il osait pas m’engueuler pour ma relation avec Babylone…  

Spoiler:

J’étais stoppé dans ma tentative pour relativiser les choses, essayant de souligner combien il avait une tête contrariée malgré ses belles paroles, Baby me demanda aussitôt d’arrêter, les larmes roulant sur ses joues. Je m’en voulais terriblement surtout en la voyant aussi mal. C’était complètement ma faute. J’aurais du refuser ce cirque, me contenter de la consoler le soir du bal et point. Concocter ce plan, c’était lui mettre des idées en tête même si je restais convaincu que Valentin n’avait pas été cent pour cent honnête avec nous à l’instant. Val se forçait à se réjouir pour –notre couple- tout simplement parce qu’il savait que j’avais eu mon lot de malchances amoureuses. Voilà, pourquoi j’aurais du refuser d’être le mec du plan de la blondinette. C’était moi qui avais tout fait échouer. Et maintenant, Babylone baissait complètement les bras, elle me fit savoir qu’elle voulait s’en aller. « Tu veux que je te raccompagne chez toi ? » demandai-je sans me défaire de mon air coupable. Je me sentais en partie responsable de ses larmes, j’arrivais pas à détacher mon regard peiné de celui embué de larmes de la jeune femme.