Mission Cupidon (Baby et Valou)

Après un brossage de dents énergique, je regardais mon reflet dans le miroir : j’avais l’air nerveux. Je posais ensuite mes mains devant ma bouche pour vérifier encore une fois mon haleine : parfaitement mentholée, c’était validé. Puis un coup d’œil à ma montre m’indiqua qu’il était l’heure que j’y aille. Je n’avais pourtant aucun rendez vous galant de prévu, mais j’étais presque plus stressé que pour un premier rencard. Je craignais que notre plan foire, que la situation dégénère. Dans quoi m'étais-je embarqué ? Comme si mes galères actuelles, mon statut de célibataire séparé de la mère du bébé avant même sa naissance ne suffisait pas, il fallait que je m'en rajoute, courant le risque de me mettre à dos mon meilleur ami. Je quittai donc mon appartement un peu soucieux pour prendre le chemin du pub. Je résistais d’ailleurs à ne pas allumer une clope en marchant, histoire de ne pas ruiner le parfum dentifrice du futur baiser que j’allais donner à la blonde que je rejoignais. J’entrai dans le bar où Valentin avait l’habitude de se rendre pour boire une bière et où nous avions donc convenu, Babylone et moi, de nous retrouver, prenant le pari que ce soir Valou serait fidèle à ses habitudes et qu’il pourrait donc nous y « surprendre ». Je m’installais au comptoir et guettai la porte pour ne pas rater l’arrivée de la jeune femme.

Je n’eus pas à attendre longtemps. Rapidement, la porte s’ouvrit sur la blondinette qui se dirigea jusqu’à moi avec un sourire crispé. Je la saluai d’un « Hey… » tout aussi peu enjoué que le sien. Elle ne semblait pas beaucoup plus à l’aise que moi à la perspective du petit numéro qu’on avait concocté pour notre meilleur ami. D’ailleurs ce fut aussitôt sur lui que se centra notre discussion : Baby me demanda si d’après moi, il allait bientôt arriver. « Surement, j’en sais r… » Le grincement de la porte des sanitaires me fit un instant relevait les yeux, regard que je détournais bien vite pour le reposer sur celui de la jeune femme : « Te retourne pas, il est là, derrière… » Il ne fallait pas qu’il s’imagine qu’on l’avait vu, sinon cela risquait de faire paraître le baiser on-ne-peut-plus louche. « Bon, bah, c’est parti… » Pas la peine d’attendre qu’il nous interpelle, il valait mieux qu’il ait le sentiment de nous –surprendre- Plus de place aux doutes, il fallait faire preuve d’assurance. Un… Alors, faisant comme si je n’avais pas vu Valentin, je saisis Babylone par la taille, l’attirant à moi. Deux. Mon visage se rapprocha doucement du sien. Trois. Mes lèvres se posèrent sur les siennes, d’abord timidement, puis de manière plus assurée, se faisant plus pressantes. L’une de mes mains lâcha sa taille pour aller se poser sur sa joue alors que l’autre glissa dans le bas de son dos, maintenant la jeune femme contre moi pour ne pas qu’elle soit tentée d’écourter cette étreinte. Il fallait être convaincant, et un petit smack rapide ne le serait surement pas…

Laissant de côté mon malaise, j’essayais de ne me concentrer que sur l’agréable sensation que produisait le contact de la bouche de la jeune femme contre la mienne. Je sentis Baby répondre finalement à mon baiser et enrouler ses bras autour de ma nuque, pour plus de réalisme surement. On était probablement très convaincants là… Espérons que Val nous ait vu, et qu’il ait cru à tout ce cinéma. Lorsque nos lèvres se séparèrent finalement, mon regard se planta d’abord dans celui de ma partenaire qui me servit un petit sourire gêné. Je n’eus pas le temps de dire quoi que ce soit que la voix de mon meilleur ami s’éleva. Il s’était avancé jusqu’à nous. J’affichais une expression surprise, comme si j’étais étonné de le voir. Il ne s’adressait pas à moi, juste à sa meilleure amie et l’amertume se sentait clairement dans sa voix. Bon, pas de poing dans la figure pour l’instant, je restais néanmoins sur mes gardes, tournant la tête pour scruter son visage, analyser la réaction. Normalement, si il ne ressentait véritablement qu’une profonde amitié pour la blonde, il aurait du être ravi non ? Voir une fille oublier ses sentiments soit disant non partagés dans les bras d’un autre ? Qui plus est voir sa meilleure amie avec son meilleur pote, c’était censé être le tableau parfait non ? Alors pourquoi ne sautait-il pas au plafond… « Val… On voulait pas que tu le découvres comme ça… J’espère que ça ne te dérange pas… » fis-je en prenant un air gêné comme je le serais probablement si il y avait véritablement eu quelque chose entre Baby et moi.

Je détaillais mon meilleur ami : allait-il m’en coller une pour avoir touché Baby ? Il restait assez stoïque mais on le sentait néanmoins contrarié. Je voyais bien que Baby analysait tout également. Cherchant probablement à discerner quelque chose, quelques signes qui trahiraient ce que le brun ressentait vraiment à son égard. Je sentis ensuite sa main se glisser dans la mienne. J’entrelaçais mes doigts dans les siens de manière réflexe, espérant que cette proximité paraitrait convaincante aux yeux de Valentin. Parce qu’au final, on avait parlé du baiser avec Baby, mais pas de l’après. Alors où allait s’arrêter notre –mise en scène- ? Jusqu’à quand devions-nous faire marcher l’italien ? Bref la conversation se poursuivit entre eux, malgré mon intervention, l’échange se faisait principalement sans moi. C'était à elle qu'il parlait, c'était elle qu'il regardait. La jeune femme expliquait qu’on s’était rendu compte qu’on avait pas mal en commun, et un petit sourire se dessina sur mes lèvres, parce que notre gros point commun c’était surtout lui au final. Mais je posais mon regard sur elle, histoire que cette petite marque d'amusement passe pour de la tendresse et de la complicité à l’égard de la blonde. Elle s’amusa même en évoquant de futures sorties à 4. « Ok Val calme toi… » fis-je posément à mon meilleur ami, tournant à nouveau la tête vers lui alors que ce dernier s’exprimait avec de plus en plus d’agacement. « On a jamais dit qu’on était amoureux Baby et moi. C’est assez récent notre histoire, c’est le début, d’ailleurs faut pas trop en parler pour l’instant… » J’avais pas envie que ça fasse la une de CS et que ça revienne jusqu’aux oreilles de Talya tout ça. « Mais si jamais ça ne te plait pas, si y’a quelque chose qui te dérange vraiment dans l’idée de nous voir ensemble, il faut nous le dire… » Il se cherchait des excuses là… Il refusait de voir que ce qu’il l’embêtait vraiment au final…