I felt it shelter to speak to you + Wessy

Il était plus d'une heure du matin, et je jouais encore à un jeu totalement stupide que j'avais installé sur mon portable il y a quelques jours. C'était un problème chez moi : je devenais totalement accro à certains jeux, jusqu'à ce que je les finisse ou que j'atteigne un niveau impossible à compléter. Mais bon, au moins ça m'occupait un peu en attendant l'arrivée de mon meilleur ami. Je crois que c'était la plus grosse qualité de Wolf, je pouvais le contacter à n'importe quelle heure et il accourait. Bien sûr ça allait dans le sens inverse aussi. Je lui avais dit que j'avais quelques chose à lui dire, mais pour être honnête, j'ignorais si j'étais capable de lui lâcher les événements de ces derniers mois, et tout ce qui me pesait sur le cœur. Mais voilà, je n'arrivais plus à le lui cacher, et ma psy m'avait conseillé de raconter tout à mes proches. Je crois que c'est la seule chose censée qu'elle m'avait dit depuis le début de mes séances. Censée ouais, mais hyper difficile aussi. Mais il ne fallait pas défile encore une fois. J'étais en train de réussir un le niveau douze de mon nouveau jeu quand quelqu'un ouvrit brusquement la porte, ce qui me fit sursauter et perdre par la même occasion. J'eus à peine le temps de réagir que je me retrouvais sous le corps de mon meilleur ami. Putin Wolf, tu m'as fait peur ! me plaignais-je en essayant de libérer mes bras. Comme si c'était fait exprès, il s'était fait passer pour la police. Comme si je n'avais pas déjà suffisamment de problèmes avec eux. Mais bon, je finissais par éclater de rire en serrant un moment la brute qui m'écrasait contre le matelas. Tu m'as manqué aussi. Beaucoup, beaucoup, beaucoup ! J'veux plus jamais qu'on soit séparés aussi longtemps. En vrai ça faisait quoi, deux ou trois semaines qu'on ne s'était pas vus. Avant le bal en tout cas. Autant dire que c'était un exploit pour nous. Il se relevait et moi je me redressais, saisissant les paquets de bonbons qu'il avait posé sur mon lit. Je vois que t'as pris le stock. T'es pas mon meilleur ami pour rien. Et à ces mots j'ouvrais le premier sachet et je mangeais une sucrerie au goût fruité. Ouais, autant ne pas perdre de temps.

Ca faisait bien trop longtemps que je n'avais pas passé un peu de temps avec Wolf. On avait pas mal de choses à gérer dans nos vies respectives et se voir paraissait parfois impossible. Et pourtant, comme toujours, on finissait par trouver un moment. C'est vrai qu'au beau milieu de la nuit, ni l'un ni l'autre n'était hyper occupé. Et comme toujours, c'était totalement improvisé : quelques sms, et voilà que mon meilleur ami déboulé dans ma chambre de la Quincy House. J'aurais dû m'attendre à ce qu'il fasse une entrée fracassante, mais j'avais été bien trop naïve en me disant qu'il allait éviter de faire du bruit à plus d'une heure du matin. Loupé ! Ouais, j'ai eu vraiment peur pendant quelques secondes, si bien que mon portable est tombé sur la moquette par terre. Ça le faisait rire de m'écrasait et de me faire peur, et au final ça m'amusait un peu aussi. Wolf ne serait pas Wolf s'il en faisait pas ce genre de choses. Je faisais la moue alors qu'il me promettait de venir me nourrir une fois par semaine. Heureusement que je ne suis pas un animal de compagnie, sinon j'serais déjà morte depuis pas mal de temps. Mais bon, ça me va, même si la bouffe en question c'est du mcdo ou un truc dans le genre. À la limite c'était peut-être mieux de manger ce genre de mal-bouffe plutôt que mourir intoxiquée par ce que Wolf aurait essayé de cuisiner. Je reprenais un deuxième bonbon que j'enfournais dans ma bouche. Les langues de chats, c'est ce qu'il y a de meilleur au monde sérieux ! Le sachet de bonbons n'allait pas faire long feu. Et puis c'est là qu'il me demandait c'était quoi cette histoire de "secret". T'es vraiment trop impatient ! Je soupirais en m'installant en tailleur sur mon lit, face au tatoué qui continuait de se goinfrer. S'il continuait il allait manger tout le paquet. Avant que je te révèle tout, faut que tu me promette de ne pas te transformer en Gremlins et de ne pas te mettre à tout casser, ok ? Il y a quand même quelques objets auxquels je tiens dans cette chambre.

Wolf était en train de me comparer à un animal de compagnie. En gros il me considérait comme un chat, ou un chien, ou encore même un hamster. Venant d'une autre personne, je l'aurais sans doute mal pris, mais venant de mon meilleur ami c'était différent. Et puis s'il m'aime autant qu'il aime son Frog, moi ça m'allait. Ouais parce qu'il y tient à son toutou ronfleur, qui s'amuse à tirer le bout de mes chaussettes à chaque fois que je me rends au manoir Lovelock. Je dois avoir les pieds qui sentent bon, j'sais pas. C'est vrai, t'es pas trop mal comme soigneur. J'ai l'impression que tu t'occupe mieux de ton chien que de ta meilleure amie. Heureusement que je suis plus autonome que Frog. Je croisais les bras contre ma poitrine en retroussant les lèvres, faisant semblant de bouder comme une gosse de quatre ans. Le tatoué qui me sert de meilleur ami me faisait ainsi la promesse indirect de venir me voir au moins une fois par semaine. Je suppose que je devais m'en contenter mais c'était déjà mieux que rien, ça me convenait. Je reprenais mon sérieux, ou plutôt un ton neutre, et peut-être même un peu anxieux, en mangeant plusieurs bonbons acides qui me piquaient le bout de la langue mais que j'aimais tellement. Je faisais promettre à Wolf qu'il ne pète pas un câble et qu'il ne se transforme pas en monstre cassant tout sur son passage après ma révélation. Et sincèrement même après sa promesse, je n'en étais pas moins rassurer. Je savais qu'il allait se mettre en colère. J'en donnerais ma main à couper. Il fallait donc que j'y aille doucement. De toute façon, je n'étais pas vraiment sûre de la manière de laquelle j'allai tout lui balancer. J'étais même pas sûre d'être capable de tout lui raconter. Je prenais une grande inspiration avant de me lancer. Ok.. J'ai récemment eu quelques p'tits problèmes avec la police. Je me suis faite arrêter la nuit du bal. Conduite en état d'ivresse, le truc qui fait tâche dans un casier judiciaire. Bon, pour l'instant ce n'était pas si grave que ça. Surprenant, oui, surtout venant de la fille qui n'a jamais fait de grosse connerie en vingt-deux ans. Mais on va y aller crescendo.

Je me souviendrai toujours du jour où Wolf m'a demandé de l'accompagner chercher un chien. On se connaissait depuis quoi, cinq ou six jours, et moi j'avais accepté sans même hésiter un instant. La plupart des gens auraient refusé gentiment, et moi je l'avais suivi, je l'avais aidé à accueillir son chiot, et j'avais été aussi gaga que lui de cette boule de poil. Wolf était, et est toujours, totalement fou de son clebs, je le revois encore se rouler par terre  pour jouer avec quand on l'avait ramener au manoir. J'aurais dû l'avoir pris pour un fou, mais non. Donc c'est vrai que j'étais un peu comme la "tata" de Frog, cet abominable chien qui semblait lui ne m'apprécier qu'à moitié. J'suis pas jalouse de Frog, il ne peux pas manger de bonbons lui. Et puis fais gaffe à ce que tu dis, sinon j'emménage chez toi en septembre. Je crois que les premiers jours se passeraient pas trop mal, mais on finirait l'un et l'autre à péter un câble, parce que même si j'aime mon meilleur ami plus que n'importe qui, on a des caractères bien trop différents. Bon c'était le moment des confidences. Je ne le sentais pas trop, mais fallait que je me lance. Du coup je commençais par raconter que je m'étais faite arrêter la nuit du bal, et ça ne semblait pas choquer Wolf, qui me raconta une anecdote. Je ne sais pas pourquoi, mais ça ne m'étonne pas de toi. Je secouais la tête en signe de désapprobation. N'empêche j'ai passé plusieurs heures en garde à vue, avec un mec louche et une prostituée qui a voulu me recruter. Je frissonnais rien qu'à y repenser. C'est mon cousin qui m'a sorti de là. J'ai de la chance qu'il ait accepté de payer ma caution. Mais les flics n'ont pas voulu me rendre mon permis. Ils ne me le rendront pas le temps que je ne me serai pas faite soigner.

C'est limite si je me sentais obligée de justifier le fait que je ne suis pas jalouse d'un chien. C'était ridicule, mais c'était une conversation tout à fait habituelle entre Wolf et moi. Ouais parce que Frog, cet horrible bête absolument adorable, faisait partie intégrante de notre "famille". Parce que je considérais mon meilleur ami comme un membre de ma famille. Il était un peu comme un frère. Sauf que justement, lui a passé des heures à me consoler lorsque mon véritable frère me rejetait. Wolf n'a pas non plus essayé de lever la main sur moi, ce qui fait de lui un meilleur membre que mon père. Donc en gros, Wolf est encore plus important que certains membres de ma famille à mes yeux. Mais bon, je ne lui avouerai jamais à voix haute, parce qu'il me trouverait trop fleur bleue. C'est vraiment dégoûtant ! Comment peut-il manger des papillons ? Au moins ça nous fait plus de bonbons pour nous. Je pense que je pourrais tenir trois jours, mais pas un de plus. Pour la bouffe, si tu me laisse cuisiner, ça devrait le faire. Pour le lit... Si tu prends toute la place je te foutrai par terre. On sait tout les deux que si on emménage ensemble, on dormira dans le même lit, sans aucune ambiguïté. On a toujours fonctionné comme ça, dès notre première nuit passée ensemble. Après mon viol, Wolf est certainement le seul mec avec qui je n'aurais pas peur de dormir. J'ai en lui une confiance aveugle. D'ailleurs c'est vrai que j'aurais pu l'appeler la nuit du bal, mais une chose m'en avait empêché. C'était votre premier bal à Mira et toi. J'avais pas le droit de gâcher ça. Même Gab, je l'avais laissé finir sa nuit puisque je ne l'avais appelé que tôt le lendemain matin. Et puis peut-être qe c'était une bonne chose que Wolf ne soit pas venu me chercher. J'aurais été forcée de tout lui dire au milieu d'un commissariat. Le truc, c'est que ce n'est pas la première fois que je bois autant... En fait c'était devenu quasi quotidien depuis fin décembre. Je suis devenue une personne pitoyable, Wolf. Une putin d'alcoolique.