J'avais beau ne pas avoir besoin de beaucoup de sommeil en général, quand je dormais je dormais. J'avais un sommeil très profond, et lorsque Lyssana me déshabilla je ne sentis rien du tout. Il en fallait beaucoup plus pour me réveiller, surtout quand j'avais la gueule de bois. Pendant la nuit, je me mis à rêver en boucle de la soirée, de la jalousie de Lyssa vis à vis de ma cavalière, de ce Matthew qui était trop proche d'elle, du lancer de lanternes magnifique et de nos baisers. Je rêvai ensuite que nous étions en couple et que je n'avais pas cet énorme secret à lui cacher. Un couple normal. Mais tout cela prit fin à mon réveil.
J'ouvris les yeux lentement en m'étirant. J'avais vraiment bien dormi ! Les rayons de soleil entrant dans la pièce m'indiquaient qu'on était en plein milieu de l'après-midi. Je me tournai vers le côté, mais Lyssana n'était plus là. Elle était peut-être partie prendre son petit-déjeuner. Mais quelque chose avait changé... Je ne saurais dire quoi, mais quelque chose n'était pas normal... Mon regard s'abaissa, et je mis enfin la main sur ce petit truc qui me dérangeait : je n'étais plus habillé ! Ou du moins partiellement. Ma chemise avait été déboutonnée, dévoilant mon torse et les deux cicatrices de ma mastectomie. Quant à mon pantalon - le plus important - il se trouvait en boule à côté du lit, par terre. Lyssana m'avait déshabillé ?! Mais pourquoi ?? J'essayais de me souvenir, en vain. Elle avait sûrement du faire ça pendant mon sommeil. Avait-elle eut un doute sur mon identité sexuelle et en avait donc profité pour vérifier si elle avait tort ou non ? Paniqué, je me relevai en trombe, ramassant mon pantalon au sol d'un geste brusque. J'espérais vraiment qu'elle ne soit plus là. Je ne voulais pas affronter son regard après ce qu'elle avait découvert. Un morceau de papier froissé attira mon attention sur la table de chevet. Le coeur battant à tout rompre, j'hésitai avant de le prendre pour le dire. « Je sais tout Mika. Je reviens à 16h, je veux que tu sois parti. » C'était ce que je désirais à cet instant : partir, m'enfuir. Mais le fait que ce soit elle qui le désire me donna l'impression d'un coup dans le ventre. Non, elle savait tout putain ! Une nuit avait suffit pour faire voler en éclats la relation que j'entretenais avec Lyssana. Ne prenant pas le temps de réfléchir pour l'instant, je m'habillai à la va vite avant de partir en courant de chez elle, ne prenant même pas la même de fermer la porte d'entrée derrière moi.
Je rejoignis rapidement ma chambre à la Dunster House, avant de m'effondrer sur mon lit. Je me détestais de pleurer ainsi et d'avoir si mal, moi qui avait l'habitude d'être logé sous la carapace de force. Je ne reverrais plus Lyssana, je ne pourrais plus jamais poser mes lèvres sur les siennes et la serrer dans mes bras. Peut-être même qu'elle allait raconter ça à tout le monde et que je serais la risée de la fac ! Comment j'allais faire quand je la croiserais dans les couloirs ? Comment j'allais faire le jour où je la verrais dans les bras d'un autre sans pouvoir dire quoi que ce soit ? C'était certainement le pire jour de ma vie depuis mon entrée à Harvard, et je laissai mon cœur se vider de ses larmes comme le petit être fragile que j'étais à ce moment précis. Je me haïssais, et je haïssais surtout mon corps plus que jamais.