PRIALYA ❤ every road i take will always lead to you

« Des somnifères il ne manquerait plus que ça ! Non mais il faudrait que je l'emmène pour la visite des neuf mois, elle l'a pas encore faite alors qu'elle en a dix ! » Sauf que j'appréhendais d'emmener ma fille en consultation avec Priape, j'appréhendais parce que cela me rappelerait des souvenirs, me rendrait nostalgique mais il fallait que je passe au dessus de cela car il était hors de question que ce ne soit plus Priape qui s'occupe d'elle à cause de mes bêtises. « Je prendrais rendez vous en rentrant. » Puis si au niveau du sommeil cela n'allait pas mieux il trouverait peut être quelque chose pour que ça s'arrange même si je doutais bien qu'il existe une solution miracle. « J'arrête d'exprimer ma culpabilité à voix haute au moins ! » Je le regardais en souriant et lui adressant un petit clin d'oeil. Je gardais à l'intérieur toute ma culpabilité, pour nous, pour ma fille, pour tout en ce moment. « Elle a pas l'air malheureuse non mais je suis sûre que je pourrais faire mieux. » Si j'avais un homme dans ma vie qui m'apporterait la stabilité et qui lui offrirait une présence masculine, si je n'étais pas encore dans les études... Il y avait plein de points à améliorer mais ma détermination professionnelle était tout de même sans faille car si le présent n'était pas super je voulais quand même donner un avenir à mes enfants, à défaut d'avoir une belle famille, ils pourraient vivre confortablement. « Je ne peux pas arrêter, si j'arrête je ne reprendrais pas... Et j'ai réussi à tout gérer avec Charlie, alors... Je ne sais pas, je ne sais pas comment je vais faire seule avec deux enfants parce qu'il est juste impossible que je te donne le bébé tout le temps mais voilà... » C'était toujours le flou dans ma tête surtout qu'avec la discussion qu'on avait eu dernièrement il ne pensait surement plus à la cohabitation, surtout dans un si petit appartement. « Mais y'a au moins une bonne chose c'est que Charlie et le bébé auront chacun leur chambre puisque je n'ai plus de coloc ! Ca évitera que l'un et l'autre se réveille s'ils pleurent et chacun aura son espace ! »

Talya évinça l’idée des somnifères, qui de toute façon n’était pas du tout sérieuse. Elle évoqua ensuite le mois de retard qu’elle avait dans le suivi médical de sa fille. Je ressentis aussitôt un sentiment de culpabilité. Si ça se trouve, c’était de ma faute. Parce que j’étais le pédiatre de Charlie, que c’était les montagnes russes entre nous et qu’elle avait surement pas envie de rester tout le temps de l’examen de la petite dans la même pièce que moi. Voilà surement pourquoi la déontologie nous interdisait de fréquenter les mamans de nos petits patients. « Talya, tu devrais peut être changer de pédiatre pour Charlie. De toute façon, il te faudra quelqu’un d’autre pour le petit. C’est pas autorisé de suivre son enfant. » Manque d’objectivité, trop d’attache. Notre bébé aurait forcément un autre médecin alors peut être que c’était mieux que Talya choisisse quelqu’un dès maintenant. « J’pourrais te recommander quelques noms si tu veux. » J’essayais ensuite de rassurer Talya : elle était une très bonne mère mais je n’étais pas sûr d’avoir été très convaincant. « On peut toujours faire mieux, arrête de te mettre la pression… » lui conseillai-je avec douceur. Elle faisait du mieux qu’elle pouvait avec sa fille, cela se voyait qu’elle ferait n’importe quoi pour cette gosse et j’espérais que je serais au moins aussi bon avec le bébé quand il serait là. J’abordais ensuite la question de ses études au cours de la rentrée prochaine. Elle ne voulait pas arrêter, craignant de ne pas reprendre. Mais de mon côté, j'avais peur qu’elle fasse un burn out, qu’elle soit débordée, surmenée, qu’elle en fasse trop aussi. « Tu pourras me confier notre bébé autant que tu le voudras Talya… Mais réfléchis bien à prendre une année sabatique, ou au moins six mois. Tu sais les nanas qui bossent elles ont leur congés mat alors tu vas pas pouvoir mener tout de front sans faire de pause. » Même si il y avait les cours par correspondance, elle allait surement avoir du mal à rester à niveau. « Mais c’est ton choix, tu feras comme tu veux. » Je ne voulais pas imposer ma façon de penser, alors même que moi j’allais poursuivre mon cursus. Je savais néanmoins que l’année prochaine serait plus difficile, que j’allais devoir concilier mes sorties, mes amis, mes études et mes soirées de garde de notre enfant. « T’as plus de coloc ? » C’était peut être pas si mal. Plus de calme pour les loulous, et plus d’espace aussi comme le soulignait Talya. Enfin ce n'était pas que cela qui me réjouissait. « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Difficile de masquer un petit sourire, satisfait de savoir qu’il n’y avait plus de mister parfait chez la jeune femme.  

 « Je n'ai aucune envie de perturber le peu de stabilité qu'il reste à ma fille à cause de mes histoires de coeur et mes conneries Priape. » J'avais dit cela sur un ton assez sec et froid, je ne m'en étais pas rendue plus compte que cela en le disant avant de m'appercevoir du regard assez froid et direct que je lui lançais. Je clignais rapidement des yeux pour effacer tout cela, pour sortir de cette zone gêlée dans laquelle je venais de nous faire entrer, comme si ce n'était pas déjà assez tendu entre nous. « J'essaye de m'éloigner de mes parents pour reprendre une complète indépendance alors qu'ils sont dans la vie de Charlie depuis sa naissance, Matthéo est beaucoup moins présent alors qu'il a toujours été là jusqu'à maintenant, je n'ai pas envie de lui faire subir un changement, encore un, et puis j'ai confiance en toi, même si notre bébé aura un médecin différent tu seras là pour veiller sur lui et contrôler ce qu'il fait, tu n'auras pas cette obligation envers Charlie... » Depuis mon arrivée à Cambridge j'avais du mal à accorder ma confiance surtout concernant ma fille qui était ma faille vraiment, alors oui j'avais besoin qu'il la garde, qu'il reste son médecin parce qu'il était le seul dans cet hôpital à qui je faisais confiance les yeux fermés, même avec son petit penchant pour l'alcool de ces derniers temps, même avec sa tête en l'air et son manque de sérieux dans les études d'après lui. « On verra... » Je n'avais juste pas envie de me prendre la tête sur ce point maintenant. J'avais perdu mon couple, aucune envie de perdre mon boulot ce qui était avec mes enfants la seule chose qui me faisait garder la tête droite alors même si ce serait compliqué, ce n'était pas grave. « Phoenix c'était temporaire, il a repris sa villa et Liam a fait de même trouvant un petit appartement adapté pour lui seul. C'est mieux comme ça, j'ai plus de place et puis tu peux venir quand tu veux au moins ! » Et ne pas éviter le parfait beau gosse qu'était Liam puisqu'il le dérangeait, je l'avais bien senti dès le début. Mais voilà, un homme de moins dans ma petite vie, même si ce n'était pas le plus important, ça me peinait quand même, j'avais l'impression de me renfermer sur moi même en ce moment et de m'éloigner des gens. Je détestais simplement ça.

La tension était palpable entre nous. « Comme tu veux » répondis-je simplement sur un ton un peu plus sec que je ne l’aurais voulu. Je n’avais pas proposé cela dans l’optique d’éloigner Charlie. Après tout, elle allait désormais retrouver sa place de patiente lambda à présent que je n’étais plus lié de manière intime à sa mère alors en aucun cas le fait d’assurer son suivi ne me dérangeait. Talya me lista ensuite les différents changements qu’elle s’imposait et imposait à sa fille. « Tu sais que pour Matthéo je t’ai dit que ça m’était égal, que tu pouvais de nouveau le voir aussi souvent que tu le souhaitais, ça m’est égal… » Mensonge. Après le discours où elle l’avait encensé, je n’avais aucune envie de les voir collés l’un à l’autre à nouveau. Mais il était son meilleur ami et moi… plus rien. Alors je ne pouvais pas rivaliser. Déjà que lorsque j’avais été à la place du petit ami je n’avais pas su le faire… « Mais je continuerais à suivre Charlie. Ne zappe plus ses rendez vous c’est tout. » Non parce que si elle manquait de nouveaux rendez vous de peur de me recroiser, à cause de nos nombreuses disputes, il valait surement mieux changer de pédiatre, confiance ou pas… Je ne voulais pas que la santé de la petite pâtisse à cause de nos histoires. Talya m’expliqua que ses collocs étaient désormais partis, qu’elle avait l’appart pour elle, soulignant au passage que je pourrais ainsi venir quand je voulais. « J’essayerais de passer plus souvent. » Mais pressentant surement que ça ne serait pas le cas, je servis aussitôt mon lot d’excuses : « Mais je vais être pas mal occupé en rentrant. Tu sais j’ai mon appartement à aménager, mon contrat d’été à l’hôpital qui va commencer, ma remise à niveau pour éviter d’être à la ramasse l’an prochain… » Mon regard se posa alors sur Charlie et j’ajoutai : « Faut que j’assure pour mes petits patients quand même. » Un petit sourire se dessina sur mes lèvres alors que j’observais sa fille un instant. Je me levai finalement du banc. « Je vais te laisser te reposer… On se voit plus tard. »

 « Je vois Matthéo Priape, mais tu sais bien qu'aussi bien ce qu'il s'est passé entre lui et moi que ton ultimatum ont changé notre amitié, puis je n'ai pas du tout envie que tout cela se reproduise, je veux que chaque chose reste à sa place... » Du coup j'ai fait des choix, le choix de m'éloigner un peu de Matthéo même si je le regrette, mais il fallait bien trancher, il faut bien mettre de l'ordre dans ma vie pour que tout le monde arrête de souffrir, pour que j'arrête de souffrir, mais du coup c'est la stabilité de tout le monde qui en prend un coup. « Je ne zapperais plus ses rendez vous, promis. » C'était plus une promesse à ma fille qu'à son médecin. Dans le pire des cas si cela me rappelait trop de souvenir j'enverrais Charlie avec ma mère, enfin on verrait mais pour le moment j'avais bien du mal à faindre l'indifférence à son égard, à rester froide et distante alors que je n'avais qu'une envie : me lover contre lui et qu'il me dise qu'il faut que je me réveille que tout cela n'est qu'un vilain cauchemar. « Y'a pas de souci tu sais que la porte est ouverte et tu sais que je veux que tu profites du bébé pendant la grossesse, alors tu passes quand tu veux, n'attends pas un message de ma part pour le faire. » Charlie commençe à se réveiller et c'est tant mieux, il faut mettre fin à cette conversation dans laquelle nous ne sommes pas à l'aise, c'est mieux. En fait non ce n'est pas mieux parce que c'est laissé Priape s'éloigner un peu plus de moi mais quoi faire d'autre? « Je pense que je vais rentrer et essayer qu'on se repose encore un peu toutes les deux. Bonne journée. » Je mets la petite dans sa poussette et je commence à reprendre la direction de la vieille bâtisse qui nous accueille pour ce voyage, je ne me retourne pas pour voir Priape resté derrière moi, j'ai le coeur lourd, rien ne va être simple après la discussion qu'on a eu au bal.