La Doyenne
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Une bonne soirée hein?
Leonora & ClayC'était pas pour dire mais mon alter égo en prenait un sérieux coup là. Plus les secondes s'égrenaient et plus j'espérais silencieusement qu'elle se plante. La voilà qui depuis plus de deux tours maitrisait, se jouait de nous putain, elle qui ne semblait pourtant pas être attirée par ces jeux de gamins.... Mais j'en profitais toujours pour la mater sans aucun regret dès qu'elle se penchait .
" Ok. Je gagne, tu me ramènes chez moi. Je perds, tu me laisses partir avec ma moto. " Sur le coup, avec mon degré d'alcool dans le sang, je n'ai pas hésité une seconde sans réfléchir au fait que nous étions tous deux de la même équipe. " OK " Je regagnai alors mes pénates auprès de mes deux compères lorsque je fus pris d'un bref moment de lucidité... Merde c'était quoi le deal? ON perdait elle rentrait, ON gagnait et je la raccompagnais. Mouais, plutôt correct. Après quelques instants, un détail pourtant me sauta aux yeux. Parce qu'attends, si elle fait exprès de perdre et de m'entrainer dans sa chute, elle rentrera sans....moi. * La saaalopeee *. J'allais devoir redoubler d'efforts pour arriver à mes fins et me considérer comme étant seul dans l'équipe. C'est alors qu'un petit groupe à peine plus âgé que nous je dirais, eux aussi en train de la mater, attira mon attention. Pas très discrets dans leurs agissements, ils se mirent à la lyncher dans un langage que même bourré je ne me serais permis d'employer. La belle brune releva les yeux sur moi et j'haussai les épaules. Navré ma belle, c'est vrai que certains d'entre nous manquent cruellement de finesse, les aléas de la vie. Ma queue posée contre le lambris du mur, j'étais prêt à lui venir en aide si d'aventure les choses venaient à se corser.
La main vint flatter le boul de la demoiselle, éveillant en moi un sentiment bien singulier: celui de la possessivité. Les traits sombres, je fis un pas en avant prêt à lui apprendre la décence, Jeff et Néo à mes cotés eux aussi. Mais la jeune femme fut la première à prendre l'initiative de le recadrer. Putain, elle lui péta littéralement la gueule lol, ce qui fit sursauter le plus grand à ma droite qui déposa sa main sur mon épaule en bafouillant "La vache, elle a... T'es. T'es sur? T'es, t'es sûr que tu veux toujours la...." " Tu déconnes son ex lui cassait les couilles sans arrêt. Alors elle! Sont fait pour s'entendre." La bouche ouverte face au spectacle, admiratif à la limite le filet de bave aux lèvres, je l’observai se ramener vers nous et soufflai " Ooh Ouaaiis " avant qu'elle ne puisse m'entendre.
" Excusez-moi pour cette intervention...". Pas de problème. Reprenant le cours de notre partie, Jeff tenta de tirer mais rata sa cible, visiblement encore perturbé. A mon tour, je pris position sur le bord du billard histoire de tenter un coup de maitre. Visualisant la trajectoire, ne quittant pas les boules du regard, je me permis une remarque plus qu'évidente à la jeune femme: " T'es pas d'ici toi " . C'était sans compter l'action de Néo qui glissait doucement sa queue entre mes jambes pour brutalement me faire glisser de mon assise. Enfoiré! Je ne prêtai même plus à mon jeu, au coup porté, et me retournai vivement vers l'auteur de ma coloscopie ratée. Cependant à la limite d'en venir aux mains, nos têtes se tournèrent à l'unisson vers deux silhouettes revenues derrière la jeune femme. " Les deux tapettes sont de retour... " Mes yeux croisèrent ceux de la miss quelques secondes " Ouais j'sais, il a essayé de m'enfiler à l'instant, c'était pas très fin " Fin... enfin, recherché quoi.
Une bonne soirée hein?
Leonora & Clay
Jeu de mots pas très fin mais pourtant ce qui suivit fut encore plus surprenant. Alors que j'étais toujours en train de toiser ce bon vieux salopard de Néo, la brunette, pleine de fougue, reprit de plus bel son enthousiasme en les mouchant d'un monologue qui nous fit tous deux rigoler....au tout début du moins. " Tu sais ce que je fais aux hommes qui me manquent de respect ? Je leur fais du tchi-ni ! " " Qu'est-ce qu'elle a dit? " Néo haussa les épaules, n'ayant vraisemblablement rien compris du dernier mot lui non plus. Pourtant entrainés aux techniques de self-défense, si celle-ci en était une, elle nous était totalement inconnue. " elle débloque grave du siphon ta copine " " C'est une technique japonaise ! Je l'ai appris par un grand empereur qui est ami avec mon père, Alexandre le Grand. C'est très minutieux. On sort les ongles , on enfonce les doigts dans l'oeil aussi profond que l'on peut sentir l'orbite entre trois doigts et on tourne comme si que l'on règle une radio pour écouter les nouvelles du jour. Ta victime commence à tourner de l'œil, il est mal parce qu'il se sent dominé par ta prestance. Nous commençâmes à nous installer, adossés contre le billard les queues entre les jambes, curieux de connaitre le dénouement de cette histoire lorsqu'elle continua de plus bel. " Elle était pourtant normale tout à l'heure" soufflai-je au plus proche. Alors voulant vérifier une chose tout de même, je pris le verre de la miss déposé sur le rebord et en reniflai l'essence. Juste des effluves d'alcool et de malt ambré, rien d'inquiétant et cependant je ne pus m'empêcher de la poser cette foutue question. Me penchant sur la table de jeu, je profitai d'une nouvelle réplique pour murmurer à celui des deux qui nous avait ramené les bocs " T'as foutu quoi dedans sérieux? " De nouveau Jeff fit un geste des mains sous-entendant qu'il ne pouvait favorablement me répondre. Soit. On mettra çà sur le coup de l'alcool. Allez, la comédie avait assez duré. Cette Léonora Lockhart de dos, j'en profitai pour fouiller dans mon jeans et en ressortis un objet aux nombreuses utilités dont j'avais déjà eu recourt au bar si vous vous en souvenez. Le portefeuille ouvert, mon insigne à découvert, j'en faisais miroiter les reflets dorés devant leurs yeux pendant qu'elle tentait de les apeurer. Jeff et Néo firent de même juste après, avant qu'elle ne plante sa dernière semonce. " Tu veux essayer ? " * T'as compris connard? * Les deux repartirent, visiblement dépités et nous eûmes juste le temps de ranger nos plaques avant qu'elle en se retourne et se ne doute de quelque chose, rigolant de sa douce voix. Non, presque tous en fait: Jeff l'avait toujours en main, ce qui d'un coté au final....allait m'arranger. " Pardon, j'ai inventé pour qu'il arrête de me faire chier ! " * Sans blague, on ne s'en était pas douté tu sais...* Je me redressai et vins alors l’accoler, ma queue à la main, tournant autour d'elle pour reprendre le jeu, et au passage lui murmurer " Écoute, après ton show, j'crois que la partie est terminée ". Puis vautré sur la table, le regard braqué sur ma nouvelle cible histoire de m'amuser, je lui soufflai la triste vérité.... * T'es piégée, que tu le veuilles ou non, je vais te raccompagner.* " Qu'on gagne ou pas, mon pote voudra certainement te faire souffler."
Une bonne soirée hein?
Leonora & ClayJe l'attendais fermement sa réaction. Les yeux qu'elle fit lorsqu'elle vit miroiter dans la paume de Jeff cet insigne dorée. Ce spectacle n'avait tout simplement pas d'prix et ce qui suivit aussi. " C'est bien. Merci de te servir de tes potes pour pouvoir me raccompagner chez moi " J'haussai les épaules, faussement navré du tour de sagouin que je venais de lui jouer. Puis elle se détourna vers le flic grillé dans le but de s'avouer vaincue lorsqu'une autre, une rouquine excitée, vint se joindre à la partie. Les mots s'enchainèrent, des paroles scabreuses jusqu'à ce qu'elle mentionne l'existence d'un tatouage qu'il me serait bien plaisant d'observer. Si la nana était aussi bonne tatoueuse que futée, la brunette devait avoir aujourd'hui honte de se montrer. " C'est Nikki ! Pouffiasse ! Menteuse va ! " C'te baffe... je ne pus m’empêcher de laisser un rire s'échapper. Le geste était d'une violence injustifiée mais oh putain, c'que j'me suis marré sur le coup.
Puis la voir se frotter douloureusement la joue tout en rajoutant qu'elle devait être un bon coup - ce qui était encore à démontrer - me fit retomber de mon p'tit nuage. * Et la modestie tu connais? * Alors me penchant sur Neo qui se tenait à mes cotés, je profitai que la fougueuse s'en prenne à Jeff pour lui faire partager une autre opinion " Ou qu'elle lui a r'filé des morbacs, au choix..." ce qui ne tarda pas à faire rire mon collègue. " Tu me fais souffler dans le ballon et je me casse, c'est ça ? " Voilà que notre attention à tous les deux fut reportée sur elle qui tentait de couper court à la soirée. Jeff ne semblait pas contre l'idée de la faire souffler, certainement dans l'espoir d'en profiter lui aussi. Le connaissant, il aurait tôt fait de jouer de son statut et de sa plaque pour la raccompagner. Peut-être d'ailleurs était-ce la raison de son manque de vivacité lorsqu'il avait fallu les ranger. Alors dans le dos de l'amérindienne, je lui fis signe d'un mouvement de tête qu'il ne valait mieux pas pour lui qu'il espère une seule seconde la serrer, qu'elle était ce soir chasse gardée et qu'il m’appartenait à moi de la raccompagner. Mais comment s'imposer sans me confronter ouvertement à cette icône d'autorité et dévoiler aux yeux de la belle mon identité? Pris à mon propre jeu et conservant nerveusement le silence, je le vis nous quitter quelques minutes pour aller chercher de quoi prouver qu'elle était en état d'ébriété. " Fils de pute".
Quelques minutes plus tard, le verdict tomba: Positif. Alors voulant le devancer, j'empoignai mon blouson pour finir par accoler la brunette et lui murmurer le regard biaisé " J'te raccompagne ". Mais sur le chemin de la sortie, une parole me stoppa net dans ma lancée: " Mais... Toi aussi tu as bu, Clay. " Sur ces mots, je marquai un temps d'arrêt, fixant le panneau lumineux "Exit" quelques secondes pour finalement revenir sur mes pas et me planter à quelques centimètres de lui, nos joues s'effleurant presque. " T'as mal choisis ton jour. " " Je ne fais qu'appliquer la loi Lt " Me reculant légèrement, nous nous regardâmes longuement jusqu'à ce qu'il détourne le regard vers elle, levant les mains, résigné. Mais il avait raison, je n'étais moi non plus plus à même de conduire. J'allais devoir la raccompagner à pied, quitte à pousser sa bécane jusqu'à la destination souhaitée.
Une bonne soirée hein?
Leonora & ClayL'air au dehors se faisait légèrement plus frais que tantôt, quelques degrés en dessous de la normale de saison mais d'un souffle vivifiant pour tous ceux dont le degré d'alcoolémie ne frôlait plus le zéro. Mes pas me menèrent à quelques mètres au dehors, auprès de cette bécane à la roue avant enchainée et de celle qui devait théoriquement la monter. A distance raisonnable d'elles deux cependant, exhalant la brise légère, mes sens exacerbés, j'entendis alors la porte derrière moi un peu plus loin se refermer, suivit d'échos étrangers. " Tu cherches à me raccompagner ou plus que ça ? " Ouvrant mes yeux, mon regard se braqua sur elle subitement. La sauter, tel était mon but en tout début de soirée. Mais au fil des minutes, elle avait su se montrer coriace, femme peu banale et pas très encline à se laisser dominer. En quelques mots: digne d’intérêt. Elle était de celles qu'on ne pouvait acheter, coucher dans son pieu dès le premier soir, totalement désintéressée, chose qui à mes yeux la rendait encore plus désirable à présent, tel un trophée que l'on ne peut exhiber fièrement sans combattre avec acharnement. Sans le cacher, j'allai faire aveu de mes desseins la concernant " J'avais espéré plus. Mais, plus maintenant " Ne pas brusquer les choses, j'avais tout mon temps puisque que je connaissais son identité dorénavant.
Mes mains dans les poches, j'entrepris moi aussi de rejoindre mon véhicule sans penser aux risques encourus, lorsque mes doigts effleurèrent un objet métallique. J'avais à peine fait une dizaine de mètres que je me retournai et lui balançai les clefs de sa délivrance, un sourire aux lèvres à la pensée de cette étrange rencontre avec cette inconnue qui ne l'était plus tant. Sur quelques pas à reculons, je ne pus résister à l'envie de lui crier " Le cadenas, garde-le en souvenir de moi. " Et t'en fais pas... ils ne te suivront pas, pas ce soir. Et dans le pire des cas, à défaut de t'effleurer, ta prune, elle, je te la ferais sauter.
La clef sur le contact, je l'observai très brièvement une dernière fois encore qui prenait place sur sa cylindrée.* Nous deux, ce n'est que partie remise, crois-moi * et tournai la clef pour déposer mes yeux sur la route subitement éclairée avant de quitter les lieux. L'asphalte défilait depuis quelques minutes sous les feux du pick-up couleur bleu roi, mais aucun son n'émanait de l'habitacle, même pas celui de ma respiration, juste le bruit sourd du roulis. Au premier feux rouge rencontré, ma vitesse décéléra jusqu'à l’arrêt total du véhicule et d'une pression du pousse je baissai la vitre histoire de profiter une dernière fois de la brise nocturne. Les secondes défilèrent et toujours cette même couleur ocre s'étalant sur le capot, se fondant à la peinture métallisée en une multitude de reflets violacés. Un bruit de moteur au loin se rapprocha, plus fort que celui d'une berline mais déjà je pensai à tout autre chose: aux nombreux dossiers qu'il me faudrait régler, moi et ma gueule de bois.