EZIO SALVADORE ► Ashton Kutcher

Ezio avait été bouleversé d'apprendre qu'il avait une petite sœur, c'est vrai. Pourtant, il l'avait tout de suite adorée. Ils avaient passé un fantastique été ensemble et il avait réussi à se faire transférer à Harvard pour l'année scolaire suivante. Il avait même rompu avec sa petite amie, avec qui ça ne se passait de toute façon pas très bien, pour pouvoir vraiment recommencer de zéro avec sa petite sœur.

Évidemment, alors que les cours allaient commencer, Maria lui avait envoyé un message lui avouant qu'elle était enceinte de quatre mois, et qu'elle comptait bien le garder. Et l'éducation de gentleman d'Ezio était trop bien ancrée en lui pour qu'il ne fasse pas ce qu'il se devait de faire : assumer jusqu'au bout et rester aux côtés de la mère de son enfant, quand bien même c'était un accident.

Il disparut de Cambridge sans un bruit, sans une trace. Il faillit laisser un mot à Maëlys. Il n'allait pas l'abandonner comme ça... Mais le mot était minable, alors il avait renoncé à tenter de lui expliquer la situation. La vérité, c'était qu'il avait honte. Si son père avait encore été là, il se serait fait engueuler comme jamais ; mais son père, son roc, son modèle, n'était plus. Et à vrai dire, pour une fois, Ezio était content que ce soit le cas et qu'il n'ait pas vu son fils mettre enceinte une innocente jeune fille sans l'avoir désiré.

À vrai dire, Maria n'était pas du tout innocente, c'était une calamité, infidèle, allumeuse, exigeant de se faire payer le restaurant tout en hurlant son féminisme, ce qui agaçait Ezio au plus haut point - qui n'avait rien contre payer le restaurant mais appréciait peu de se faire traiter de macho en retour. Ezio aurait même exigé un test de paternité si son fils, adorable créature aux cheveux drus et noirs dès la naissance, n'avait pas eu exactement la même tache de naissance que lui sur l'omoplate gauche. Ainsi donc, c'était son fils, et puisque c'était son fils, il ne l'abandonnerait pas.

Il entendait encore sa mère le lui marteler. La famille, c'est ce qu'il y a de plus important. Tu dois toujours pouvoir tout abandonner pour ta famille. Ils passent en priorité, quels que soient tes désirs.

Ezio désirait plus que tout rester auprès de Maëlys. Mais un fils nouveau-né avait bien plus besoin de son père - surtout avec une mère pareille - qu'une sœur avait besoin de son frère, fût-il fraîchement retrouvé.

Il n'aurait pas dû s'inquiéter ; il aurait dû deviner que Maria le lâcherait pour un beau mannequin dès qu'elle aurait retrouvé sa taille de guêpe... en lui laissant le petit Leonardo. Son père ne lui avait jamais dit ce qu'il convenait de faire lorsque c'était la fille la garce, mais Ezio en avait vite conclu qu'il ne voulait pas que son fils connût sa mère, et que rien ne le retenait maintenant de revenir aux États-Unis. Harvard a accepté de le reprendre avec une année de retard. Il n'a pas prévenu sa sœur : il a tout trouvé seul, l'appartement, les contacts pour pouvoir travailler en free-lance et gagner suffisamment d'argent pour son fils, tout. Elle ne sait ni qu'elle a un neveu, ni que neveu et frère sont sur le territoire américain.

La plus grande crainte d'Ezio, maintenant, c'est que Maëlys le renvoie en Italie sans trembler et qu'il voie la rentrée de Harvard lui passer une deuxième fois sous le nez.