MAXWAN ✮ Taking a break

Je m'étais fait à l'idée que ce bal serait féerique, dégoulinant d'amour et de bonnes attentions. Au final quoi ? Je suis seul, loin de ma petite amie, à vider une nouvelle coupe de champagne. J'ai envie de revenir à la table de Thomspers-Leroy - ne serait-ce que pour rassurer Elizabeth - , mais toutes les fois où j'ai essayé j'ai choisi de bifurquer vers d'autres tables. J'évite la dispute et les regards dubitatifs que Lizie peut me lancer. Je fuis un problème que je ne gère absolument pas. Et ce que ne contrôle pas Antwan Wayans le déstabilise énormément. Je dépose ma coupe de champagne vide sur le comptoir et décide de prendre l'air. Encore une fois. L'extérieur m'évite l'étouffement. L'ambiance est trop joyeuse pour une personne qui ne l'est pas. Mains dans les poches, même plus embêté par ce souci d'apparence, je longe la longue passerelle ornée de fleurs qui mene dans le parc d'Harvard. Je m'assoie sur un banc du kiosque, reste pensif et sans compagnie jusqu'à ce que Maxym attire mon regard. « T'es toute seule ? » Sans son mather. Mes mots sonnent plus comme une affirmation qu'à une question. C'est simplement une entrée banale dans la conversation.  

Dire que Maxym a faillit se transformer en fille. En vrai. Qui aime sa robe, ses bijoux, qui aime la rose qu'on lui a mit dans les cheveux, aime se retrouver avec un vrai prince charmant. Aime avoir ce que les autres désirent. Et puis, y a la réalité. Les discussions mignonnes tournent à la dispute, on vous donne un mot qui réveille des craintes, on vous rappelle que vous n'êtes pas une princesse. Ni vraiment faite pour ce genre de soirée. L'air frais apaise les quelques marques laissées par les précédentes batailles, prépare pour les prochaines. Entracte du cirque, profitez-en pour respirer. C'est ce qu'elle fait, s'enivre d'ailleurs. Jusqu'à.. « T'es toute seule ? » Maxym s'est approchée pourtant, mais n'avait pas fait attention à l'identité du squatteur de kiosque. L'ombre en costume devient Antwan en costume, et cette image impose à la bouche un sourire. « Tout comme toi. » Sans sa Lowell. Voit comme on réfléchit pareil. S'installe à ses côtés, ses mains s'accrochant au bord du banc, le regard dirigé plus sur le décor que sur lui. « J'te félicite, t'as trouvé le meilleur endroit de ce bal. » Loin des gens, de la musique forte, des histoires, du romantisme qui courre partout. Près du paradis illuminé. Laisse un bref silence. Inspire, savoure la pause. Et, tourne ses prunelles sur l'homme. « Tu fuis quoi ? » Me dit pas que t'es là pour admirer les fleurs, oublie pas que j'te connais mieux qu'eux tous.

Seul, tout comme elle. Il faut croire que nous avions besoin d’une pause en même temps. Coïncidence ? Mes prunelles suivent la silhouette de Maxym s’installer à mes côtés. J'ai trouvé le meilleur endroit du bal.. Ca en dit loin sur la soirée qu’elle passe dans la salle bruyante. Pas le top non plus. Je me sens moins seul. De toute façon, on s'est toujours accordés sur ces bals. Pas trop de romantisme, pas trop de niaiseries, pas trop de drames. C’est tout le contraire aujourd’hui. Pour moi en tout cas. « Toi aussi. » Tu fuis aussi Max. Sauf qu’elle m'a devancé en me questionnant en premier. Et ne rêvons pas, je ne pourrais pas lui mentir ni même changer de sujet. C’est Maxym. « L’ambiance. » L’ambiance pourrie ou romantique. Comme tu veux. « Lizie. » Pas le choix là. Mon regard - qui s’était évadé sur les alentours verdâtres - revient sur la demoiselle. Je ne m’attends à rien de plus. Pas sûr qu’elle ait envie de savoir ce qui se passe avec ma Lowell. « Et ces inconnus qui pensent pouvoir tout changer avec des mots. » Néglige pas cet indice Max, parce que c'est l'info qui rend cette soirée si desagreable.

C'est marrant, qu'on se soit laissé bercer quasi en même temps par ce truc attirant qu'est la stabilité. Attirant, de loin, depuis nos trônes de glace. Une fois que t'es dedans, tu te rends compte que vient avec l'inquiétude, la souffrance, le fait que chaque vague soit vécue comme un tsunami. Même pour nous. Surtout pour nous, les non habitués. Est-ce qu'on sera un rocher l'un pour l'autre, ou la main qui appuie pour te faire couler ? « Toi aussi. » La fuite est partagée. Ca ne ressemble pas à Maxym pourtant, mais elle ne maîtrise pas, et ça lui fait peur. Ca l'empêche de respirer parfois. L'air frais, Antwan, on retrouve des valeurs sûres. Et sans préliminaire, demoiselle attaque le sujet. Explique-moi pourquoi t'es tourmenté, mon ami. « L’ambiance. » Appuie d'un acquiescement de tête. C'est lourd, irrespirable. « Lizie. » Son visage se tourne trop vite vers Antwan, trahissant sa surprise. Son intérêt, aussi. « Qu'est-ce qu'elle t'a fait ? » C'est sifflé, et ça n'annonce rien de bon pour la rousse, si elle a osé abîmer le cœur bleu. C'est le deal.  Je t'accepte, à contre-coeur, si tu prends soin de lui. « Et ces inconnus qui pensent pouvoir tout changer avec des mots. » Avec ça, Maxym ne peut pas détourner son regard de lui. « Hein.. ?  Comment ça ? T'as.. reçu un mot ? » Elle n'aurait sûrement pas comprit sa réplique de cette manière, si seulement elle n'avait pas été elle aussi victime de ces plaisanteries de mauvais goût. « Un truc comme ça ? » Ses doigts s'étaient glissés sur son épaule, pour sortir un mot plié qu'elle avait dissimulé dans les bretelles larges de sa robe.  

Un tsunami ? Exactement. Ou bien une petite secousse qui se transforme en véritable tremblement de terre. Tout s’effondre, des bases construites à le belle enveloppe qu'ils montrent aux autres. J'énumère ce que je fuis citant évidemment le prénom de ma petite amie. L'eliot, surprise, se tourne vers moi. Qu'est-ce qu'elle m'a fait ? Pas sûr que je trouve les mots pour m'exprimer clairement. Après tout, Lizie n'a rien fait de mal. C'est les autres qui gâchent tout. « On s'est pris la tête tout à l'heure. » Et tout part d'un papier. Celui que je rapporte dans ma dernière énumeration. Maxym semble encore une fois étonnée par mes propos, elle cherche à comprendre les choses et sort même une feuille. « Un truc comme ça ? » Je m'en empare, lis le texte deux-trois fois en silence. Alors Eliwan n'est pas le seul couple à être la cible de ces conneries. « Ils s’amusent bien avec Ric et Lizie. » Je laisse le soupir sortir de ma bouche puis tends le papier à Maxym. Etonnant qu’elle porte encore ce mot sur elle. « J’ai eu une variante. » En plus, ces gens changent en fonction du récepteur. C'est vraiment du temps perdu. « Brule le. » dis-je avec un petit sourire, sans pour autant rire. C'est ce que j'aurais fait si ce papier était encore entre mes mains.

C'est difficile, de savoir comment réagir. Où se positionner. Maxym oscille sans cesse. N'aime pas Elizabeth, pour trop de raisons. Aime voir Antwan heureux. Vous voyez le problème ? Elle pourrait souhaiter quelqu'un d'autre, mais soyons honnête, l'autre ne gagnerait sûrement pas les faveurs de l'Eliot non plus. Alors, tu fais quoi demoiselle, quand il t'annonce des perturbations dans son couple ? Tu compatis. Soit l'amie qu'il veut que tu sois. Appuie ton épaule contre la sienne, appuie ta présence à côté de lui. Tu peux même partager les événements, en donnant ton propre papier. « Ils s’amusent bien avec Ric et Lizie. » Ca la fait sourire, rire presque. Il lui conseille de le brûler. Réflexe d'avocate, elle garde tout ce qui peut lui servir. « Peut-être plus tard. » C'est vrai que ça sert à rien de le garder, m'enfin. Elle le remet à sa place. « Faut croire qu'ils pensent que nos couples sont fragiles. » Est-ce que c'est le cas ? Ca n'en a pas l'air. Pourtant.. y a des brèches, partout. Sur le passé. « Tu sais, j'pense pas qu'on ai à s'inquiéter de Lizie et Ric. Enfin, d'leur histoire, et d'un possible renouveau. » C'est pas eux qui ont mentit au Spring Break. C'est pas eux qui cachent des trucs. « Après tout, ils nous ont nous. » Qu'elle balance en relevant son regard vers celui masculin, avec un sourire en coin, amusé. Fait pas cette tête Antwan, t'es moins beau comme ça. 

A quoi ça lui sert de garder ce mot ? Elle n'y croit même pas. « Tu m'appelles quand tu le fais. » Je serai bien content d'assister à cette destruction. « Faut croire qu'ils pensent que nos couples sont fragiles. » Est-ce qu'ils ont raison ? Je n'en sais rien. Seul demain pourra me le dire. « Tu sais, j'pense pas qu'on ai à s'inquiéter de Lizie et Ric. Enfin, d'leur histoire, et d'un possible renouveau. » Certainement.. Si la copine de Ric le dit, alors ca doit être vrai, nan ? Mais dans le fond, je me fiche de la personne inscrite sur mon mot. Ricardo ou un autre, peu importe. J'assimile surtout ma réaction à la peur d''aimer quelqu'un. Etre jaloux n'est que le début des effets secondaires. Tout s'amplifie. Je le sais pour avoir ressenti la même chose pour une certaine brune. « Après tout, ils nous ont nous. » Ca me tire un sourire. Se serait le comble si Elizabeth et Ricardo venaient à nous quitter pour se mettre ensemble. « Ils prendront pas le risque de nous perdre. » Il complète en regardant Maxym.  « Et toi, qu'est-ce que tu fais là ? » Pas pour le mot visiblement.

« Sans problème. On fera un beau feu de joie ! » Maxym se voit en face d'un feu, à l'entretenir de trucs qu'elle veut oublier, qu'elle déteste, de souvenirs inutiles. Ce bout de papier y tiendrait une bonne place. Ca serait tellement facile de le jeter. Elle n'y avait pas cru, après tout. Mais.. ces foutues lignes lui rappelaient que sa confiance pouvait être trahie, et qu'elle avait déjà trop donné dans cette relation pour qu'un retour en arrière soit possible. T'es coincée Max. Ca aurait été tellement plus simple de résister à cette envie stupide d'être heureuse. Parce que le bonheur vient jamais seul. Il vient avec ses sœurs tristesse et inquiétude. Paranoïa, jalousie, aussi. « Ils prendront pas le risque de nous perdre. » Acquiesce avec ce petit sourire à la commissure. « Faut être con pour passer à côté de nous. » Mais après tout, nous on s'est bien loupé non ? Peut-être qu'on est deux cons. Peut-être qu'on le découvrira qu'à la fin. « Et toi, qu'est-ce que tu fais là ? » Jette son regard dans le vide. « On s'est engueulé. » Sourire amer. « Ouais, aussi. » C'est presque drôle, tiens, le hasard. « Pas pour le mot, juste.. j'sais pas. J'suppose que j'suis trop égoïste parfois. Et il aime pas trop mes fréquentations. » En large résumé. Ses billes foncées se déportent sur lui, haussant doucement les épaules. Tu fais parti de ces fréquentations là, tu t'en doutes. Imagine si j'avais lâché le morceau, où on en serait ?

J'entretiendrais aussi le feu avec des bribes du passé, des souvenirs que je veus détruire à jamais. Solution de facilité qui ne peut exister, malheureusement. Plus sérieusement, si un jour l'eliot se decide à supprimer ce papier, passer le voir sera un réel plaisir. « Faut être con pour passer à côté de nous. » Tout à fait. Pensée d'eliot extrémiste, mais c'est amusant. Ca me detend et c'est ce qu'il faut maintenant. « On s'est engueulé. Ouais, aussi. » Oh lui n'a pas fait de deal avec Ric, alors lui mener la vie dure est tout à fait envisageable. C'est même inévitable s'il vient à blesser Maxym. « Pas pour le mot, juste.. j'sais pas. J'suppose que j'suis trop égoïste parfois. Et il aime pas trop mes fréquentations. » Qui n'est pas égoïste ? Si elle l'est, lui aussi. Ric n'est certainement pas le plus altruiste d'entre tous. « C'est pas à lui de décider de ton entourage. » Surtout si ça me concerne. Ce qui ne m'étonnerait pas après notre conversation au SB. Quant à l’égoïsme, je ne peux pas lui donner de conseil. Faire passer l'autre avant soi ? Faut pas déconner, surtout avec son copain. « Puis tes fréquentations sont très bonnes. Regarde moi. » Je souris à la brune. Modestie quand tu nous tiens.

« C'est pas à lui de décider de ton entourage. » C'est une évidence. Comme Maxym n'avait pas le loisir de faire le tri dans les relations de Ricardo. Autant dire que Lizie ferait partie du passé, si tel était le cas. Après tout, la rousse lui avait déjà prouvé qu'elle pouvait se rendre irrésistible, et détourner les hommes d'elle. Hein Antwan ? « Il le fait pas. Et tu sais que je le laisserais pas faire. » J'me détournerais pas de Marshall, pas de toi. Même si quelques disputes sont le prix à payer. « Puis tes fréquentations sont très bonnes. Regarde moi. » Elle pouffe malgré elle, le poussant légèrement de son épaule, ses prunelles foncées ne le quittant pas. Sourcil arqué, à peine provocateur. « C'est ça que t'appelles une très bonne fréquentation ? » Pour un mather, c'est la pire fréquentation qui soit. Pour un petit-ami, sûrement aussi. Enfin, quand on a toutes les infos, ce que la dissimulatrice n'avait pas laissé filtrer. Faut savoir préserver ce qu'il y a à sauver. « Tu sais que j'ai voté pour toi dans une des catégories de ce soir ? » Qu'elle balance l'air de rien, en détournant son regard vers la déco de l'endroit. Ne pouvant s'empêcher de sourire avec malice.