Just tonight [Jessy & Kathleen]

Un strip-tease ? Etait ce une invitation ? Je me plaisais à croire que la remarque de la belle blonde découlait de la situation rapprochée dans laquelle nous nous étions trouvé quelques secondes plus tôt. En tout cas, elle me montrait de l’intérêt. Elle ne restait pas vexée face à mon départ pour le moins impromptu.

« Non pas tout à fait, bien que vous en êtes proche. Je suis la danseuse orientale personnelle de ces messieurs et dames. »

Et je rigolais m’imaginant dans ce rôle plus ou moins farfelu avant de passer la porte pour traverser le couloir qui menait à la scène.
Je partais comme ça sans même lui avoir demander son nom. Sans même savoir si au moment où je monterais sur scène, elle serait déjà partie. Si sur le coup je n’avais pas réagi c’était peut-être parce que je ne m’attendais plus à rien. Que je partais du principe qu’il fallait que je vive ma vie sans me prendre la tête. Mais il fallait bien l’avouer, cette fille là m’avait paru particulière et quoiqu’il arrivait cette rencontre m’avait plu.

Je choppais donc ma guitare près de mon casier et ouvrait la porte menant à la scène.
Il y avait pas mal de gens dans la salle mais personne n’avait remarqué mon entrée. Les spots étaient encore éteints et l’obscurité même du fond de la salle permettait que je passe incognito. Je m’installais donc tranquillement sur mon tabouret, réajustais mon micro, branchez ma gratte et attendais le signal.
Quand mon patron leva le pouce, je commençais à jouer.
Les spots s’allumèrent sur mes premières notes et toutes les conversations cessèrent pour laisser uniquement place à mon morceau.




Je mettais décider à chanter avec tout mon cœur, comme si ces paroles étaient destinées à quelqu’un. Cependant dire à qui serait difficile, tout comme l’était ma capacité à voir la salle avec les fortes lumières qui éclairaient la scène.
Une fois ma chanson finie, je marquais un petit arrêt et remerciais tout le monde avant de présenter mon second morceau. Les spots moins forts, je pus cette fois ci voir mon public parmi qui, je distinguais surpris la jeune blonde au bar. Elle n'était pas partie.

« What's someone like you doing in a place like this?
Say Did you come alone or did you bring all your friends?
Say what's your name , What are you drinking
Think I know what are you thinking
Baby what's your sign tell me yours and i'll tell you mine »

A sa vue, je ne pus m’empêcher de glisser un sourire. Je la voyais maintenant distinctement et l’expression qu’elle affichait me rendait plutôt fier. Elle avait du apprécié ma chanson et puisqu’elle était une auditrice attentive, j’avais une raison de plus de continuer sur ma lancée.
Grattant mes cordes et attendant le batteur auquel je n’avais par habitude pas fait attention à mon entrée, je préparais le second morceau.
Une fois les lumières à nouveau éteintes, je me remis à chanter, mon compagnon de scène me suivant.





Alors que je jouais les dernières notes, je regardais dans la direction où j’avais vu la belle quelques minutes auparavant, pour les lui dédier. J’étais sûr que si je ne la voyais pas, elle me verrait pour sûr.
Une fois terminée, je me contentais de me lever et de remercier notre public qui nous applaudit et retourna aussitôt fait à ses occupations. Cette fois pas besoin de prendre le couloir arrière, ce qu’on faisait n’étant plus une surprise pour personne, je m’accordais le luxe de descendre d’un bond de la scène.
Machinalement je me dirigeais vers le bar quand mon patron m’intercepta pour me frotter la tête de son poing.

« Petit génie, tu me feras toujours autant trembler. »

« Merci boss » lui fis je tout en jetant un œil du côté du comptoir pour une fois l’accolade terminée, m’y diriger.
Aimant le jeu, je n’allais néanmoins pas tout à fait dans cette direction pour parler à la blonde. J’aimais taquiner et je faisais mine d’avoir jouer les insensibles.

« Vous êtes toujours là ? On dirait que votre ami(e) se laisse désirer. A moins que vous ne soyez encore présente uniquement pour vous venger de mon départ inopiné ou pour savourer jusqu’à ne plus pouvoir mes cocktails ? Dieu que le métier de barman est dur.»

Même s’il s’avérait plus souvent drôle qu’autre chose. Entre le jonglage, mes danses torse nu derrière le bar et les saucées qu’on s’accordait quelques fois.

« Mais j’ai une suggestion à vous faire. On a qu’à faire un combat de pouces et celui qui le gagnera marquera aussi sa victoire au babyfoot. Donc, imposera ses conditions. Après tout votre ami(e) n’est pas encore arrivé(e) et si il ou elle se trimballe en carrosse avec un âne pour canasson, on est pas sorti de l’écurie.
D'ailleurs tant qu'on y est, je vous appellerais désormais Mary Jane car ça me fatigue de toujours vous vouvoyez ou de dire hey. Si vous avez quelque chose à reprocher à cela, dites vous toujours que c'est bien mieux que de porter le même nom que le chien de Peter Pan à savoir Nana»

« What's someone like you doing in a place like this?
Say Did you come alone or did you bring all your friends?
Say what's your name , What are you drinking
Think I know what are you thinking
Baby what's your sign tell me yours and i'll tell you mine »

Comme un gamin qui attend Noël, j’attendais la réponse de « Mary Jane » concernant le fameux bras de fer que j’entendais lui concocter. Quand elle eut formé de sa bouche le « oui » tant désiré, je souriais. Pourquoi ? Tout simplement car malgré que je sois un homme et donc que par la force des choses j’ai un avantage, elle ne reculait devant rien.

D’ailleurs par la même arrogance que celle qui me caractérise, elle m’invitait à choisir moi même un surnom. Me retournant pour nous prendre deux verres et les remplir pour faire des Pina colada, je réfléchissais tout en poussant le petit « hmm » traditionnel.
La question n’était pas vraiment de trouver un surnom mais plutôt d’en trouver un qui me décrédibilise assez pour que ca en soit drôle. Quoique s’il pouvait coller à ma personnalité, ça ferait d’une pierre deux coups.

« Pourquoi pas Tarzan ou Crochet? Après tout je suis bien l’homme de la jungle avec tout ce monde ou le capitaine d’un navire de truands. On escroque les gens en les faisant boire pour écouter toutes les choses, une fois bourrés, qu’ils n’osent pas s’avouer. Après si vous avez des suggestions très chère, on dit toujours que les femmes de caractère sont des femmes de goût. Si je puis être votre Robin du bar ou Ali au tapis, tout le plaisir serait pour moi. En attendant trinquons à notre bras de fer. »

Il fallait bien nous donner des forces avant de nous mettre à l’attaque et le cocktail que je venais de faire était là pour ça.
Ayant bu une gorgée à la paille, je finis par tendre le bras à ma voisine.

Comme le veut la coutume quand celle ci me le tendit à son tour, je comptais jusqu’à 3 et commençais.
Je sentais bien que ma voisine y mettait de la force mais tout en mettant un peu aussi je restais statique. Enfin presque, parce que j’avais tellement le sourire, que je me mettais limite à rire et que j’avais la main qui faiblissait.
On resta peut-être 30 secondes comme ça avant que je me décide à lever un doigt pour lui poser sur le front et la pousser comme ça.
Si j’avais eu un instant où j’avais pensé la laisser gagner par bon sens, je ne pus m’empêcher de la taquiner. Après tout, c’était mon but depuis le début.


Encore une fois, je me retrouvais proche d’elle et je croisais son regard. Je m’arrêtais un instant comme y cherchant quelque chose, puis finis par sourire en reculant.

« Je crois qu’on va devoir se donner chacun mutuellement un gage. »

Mais à peine avais je finis ma phrase que comme par ironie du sort, c’est un inconnu qui vint punir nos taquineries. Comment ? En venant nous arroser avec sa bouteille, pour fêter son enterrement de vie de jeune homme. Bah oui tout est permis dans le bar tant que ça reste soft. Chez la mafia, on s’amuse.
Demandant une minute pour me remplacer à un collègue, je pris la demoiselle par la main et l’emmenais vers les vestiaires afin d’y trouver une serviette qui servirait à nous sécher. Même si nous n’étions pas trempé comme après une averse, il faisait se sentir à l’aise dans des habits secs.

Derrière l'ironie de ma présentation, je m'étais attendu à tout sauf à un tel compliment. Moi, un prince? Si seulement. Et comme pour cacher que je pouvais rougir, je tournais rapidemment la tête.

Une fois entré dans la caverne d'Ali au tapis, je me pressais de chercher une serviette convenable parmi mes affaires. Alors que Mary Jane, elle, en toute invitée qu'il se doit, jetait un oeil plus attentif au lieu.

Une loge de rockstar? Si tel était le cas, elle aurait sans doute été la moins chere du marché ou alors parfaitement adaptée à un musicien faisant la manche dans la rue.

"Exactement, vous savez quand on est vendeur de tapis, il faut faire selon ses moyens. Par contre de là à dire que c'est ici que j'emmène mes fans, ça serait dire que mes fans se résument à des paires de chaussettes et de chaussures. Vous allez me dire très chère, au moins celles ci servent à quelque chose."

J'étais peut-être dur envers la gente féminine mais même si j'en avais les raisons, il n'était pas question pour moi de mettre tout le monde dans le même panier. Surtout qu'en face, Mary semblait tout à fait disposer au contraire. Je n'allais donc pas la laisser dans le doute longtemps. Et ayant enfin trouvé une serviette, je me retournais et m'approchais d'elle pour le lui tendre.

"Pour être tout à fait honnête, si j'ai bien des fans et que cette pièce a tout à envier à la loge que l'on me donne lors de concerts, il n'en demeure pas moins que je ne suis pas du genre à goûter aux délices de la chair comme on mange une pâtisserie. Si l'envie peut être présente, je préfère voir les regards que crée ma passion sur scène.
Maintenant très chère, je vous prie de bien vouloir accepter cette serviette fraichement lavée. Il est important que pour votre ami vous soyez présentable."

Homme ou femme, je n'allais pas la laisser dans cet état face à la personne qui l'attendait, ni même face à toute autre et encore moins face au froid qui la congèlerait quand elle poserait le pied dehors. Et ce même si le morceau de tissu que je lui tendais était alors le seul dont je disposais. En effet, je n'avais pas coutume de ramener tout un stock car elle n'était censée servir qu'à moi. Puis les autres possédaient la leur et je ne me voyais ni fouiller, ni demander de me dépanner.

Précédant même sa réponse, je me mis délicatement à lui essuyer les cheveux. Encore une fois pour moi cela était bizarre, car à peine éloigné, quelque chose me faisait revenir quelques minutes après.

A peine posais-je mes mains sur sa tête, que mon regard croisant le sien s'arrêta comme pour y longuement contempler son âme.
Ses pupilles qui me fixaient d'un air perplexe, semblaient luire comme les rayons du soleil se reflétant sur l'océan. Elles semblaient m'hypnotiser, à tel point d'ailleurs que j'en venais même à oublier de répondre à sa question. Peut-être ce regard là lui conviendrait comme réponse. La musique, n'est ce pas avant tout, quelque chose d'inexplicable?
Tout comme cet arrêt sur image dont je ne saurais décrire ni la raison, ni le sentiment?

Et comme un bruit brise le silence, elle interrompit l'échange en baissant la tête. Il fallait croire que ça l'avait rendu tout aussi mal à l'aise que moi. C'était la première fois depuis longtemps que je réagissais comme ça, que je me laissais surprendre. En bon homme fier que je suis, j'avais d'habitude la prétention de toujours savoir à quoi m'attendre et où aller. Mais là comme l'expression le dit, j'étais tombé sur un os. Et si la ressemblance de Mary avec mon ex, dans ses mimiques, était déstabilisante, je le remarquais d'autant plus ici.

Fort heureusement pour moi, la dame changea de sujet pour en revenir à la chose qui l'avait amené ici, la rencontre avec son ami. Ami, qui semblait définitivement être un homme pour qu'elle utilise l'article masculin. En effet, celle-ci venait visiblement de recevoir un sms lui donnant un autre point de rendez-vous et me tendait désormais la main en guise de salut. Main conventionnelle que je refusais pour à la place lui poser la serviette sur les épaules.

"Prenez au moins ça pour ne pas attraper froid sinon votre ami ne fera pas qu'apprécier l'odeur du champagne mais aussi par se demander comment a-t-il ainsi atterri sur vos épaules. Puis je ne tiens pas à ce que l'image du bar soit ternie si vous veniez à tomber malade." Une petite pointe d'humour ne fait jamais de mal.

" Sur ce je vous souhaite de passer encore une bonne soirée, bien que toutefois plus au calme. Puis pour ce qui est de la serviette, vous n'aurez qu'à dire qu'elle forme un ensemble avec le champagne. Cadeau de la maison."

Et je lui ouvrais la porte pour l'inviter à rejoindre la sortie, tandis que je commençais à me rediriger vers mon poste de travail.
Cette fille avait été ma surprise ce soir et comme elle même l'avait dit, m'avait fait passé une très bonne soirée. Et alors je me disais, sans doute que je ne la reverrais jamais mais cet aspect des choses ne m'enlèverait cependant pas le souvenir.