JASEY ✤ You're gonna sing the words wrong.

Jusqu'ici, tout se passait à peu près comme ça devait se passer, c'est-à-dire bien. J'avais la chance d'avoir à ma table des gens que j'adorais et qui en prime s'entendaient à la perfection. Demyan venait également de m'accorder une magnifique danse avant de partir rejoindre sa douce Roxanna. J'espérais tellement pour lui que sa situation se stabilise, moi-même j'avais envie de confronter Marshall si j'en avais l'occasion. Mais pour l'heure j’aperçus mon cher grand frère entrain d'offrir à l'une des bizut de notre maison une jolie danse. Tant pis pour elle, je m'approchai pour l'attraper par le bras. « Tu danses avec moi ? » Même pas qu'il a le temps de s'excuser auprès d'elle que je l'entraîne un peu plus loin pour notre dite danse. Nous n'avions pas vraiment le temps de faire le point depuis notre séance de fumette mais je savais très bien qu'il accompagnait Léandra ce soir. Mon côté curieux était donc à son summum et je voulais tout savoir de ce qui advenait de leur relation. « Tu m'as manqué frérot. » Je suis tellement adorable !

Autant dire que si tu penses échapper aux danses, tu te plantes bien Jasper. Il n'a quasi fait que ça ce soir. Un peu assit à table, un peu avec Leandra, et depuis il enchaîne quelques danses avec des amies, des connaissances, des bizuts. Faut savoir intégrer les nouvelles, toussa.  Le garçon était d'ailleurs avec l'une d'elles. Il est célibataire, il peut en profiter non ? Sauf que sa petite sœur a décidé du contraire, l’entraînant loin de sa partenaire de l'instant. « Hé ! » Qu'il parvient juste à râler rapidement, se faisant emmener plus loin. Glissant un « désolé » au passage. « Mouais.. essaye de te rattraper va. » Mais ses traits montraient bien qu'il était heureux de ce petit kidnapping. Attrapant déjà sa main pour entamer cette danse. « Ton cavalier te suffit pas ? » C'est qui d'ailleurs ? Putain, il a même pas fait gaffe. Juste vérifié vite fait que c'était pas un con. Y avait Torrey à sa table, et leur cousin Aidan, ça suffisait comme surveillance.

Un bal sans un peu de Jasey, ce n'est pas un vrai bal. Enfin peu importe l’événement quoi, il y avait toujours ce moment où l'on finissait par se retrouver tous les deux. Et tant pis si pour ça je devais le tirer des bras d'une autre fille, je restais la meilleure de toute façon. Pour me faire pardonner je lui rappelle qu'il me manquait ce qui en soit était la vérité, et aussi parce que j'aimais le voir essayer de camoufler son sourire. N'essaie pas Ellington, tu es un niais toi aussi, même nous on ne peut pas se sauver de ça. Croisant délicatement mes doigts avec les siens, je me rapproche légèrement de lui, commençant déjà à laisser aller mon corps sur le rythme de la musique. « Tu me connais, rien ne me satisfait jamais. Je vise toujours plus haut encore. » Et c'est grâce à cela que je serais au top un jour. Il faut toujours avoir des buts autrement notre vie devient rapidement ennuyeuse et pathétique. « Et toi ta cavalière ? Tu l'as pas fait fuir j'espère ? » Car si lui était trop sur son petit nuage pour savoir qui m'accompagnait, moi je n'avais pas zappé cette info. Remarquez, avec Cambridge Secret sur le coup ça aurait été difficile de ne pas savoir.

Un sourire se coche sur son visage. « Plus haut que ton cavalier, c'est moi ? » Oh, c'est un grand frère, un meilleur ami, il espère toujours être le garçon qu'elle portera dans son estime, qu'elle viendra voir quand ça ne va pas. Etre sa référence quand elle a besoin de quelqu'un. Alors oui, il aime la voir grandir. Evoluer. Plus encore que d'habitude, comme si un véritable lien familial se tissait au fur et à mesure.  En retard, mais c'est pas grave. L'important est qu'il existe. Ils ont le même sang, et ça se voit de plus en plus, dans leurs façons d'être. « Y a pas meilleur danseur que moi, comment tu veux qu'elle fuit ! » Qu'il réplique en riant, la faisant d'ailleurs tourner sur elle-même, comme preuve de son talent. En profitant pour admirer sa belle robe. Leyna avait toujours su se mettre en valeur. La ramenant contre lui, il glisse : « Tu sais qui c'est ? Rien à redire là-dessus ? » Dit-moi que tu ne me juges pas. Pas toi.

« Ouais mais faut garder ça entre nous, j'ai pas envie de me prendre la tête ce soir. » Et peut-être que ça pourrait le vexé de savoir qu'à mes yeux, il n'y aurait jamais personne qui surpasse mon cher Jasper. Pourtant pour moi c'était une évidence, j'étais la petite soeur en éternelle admiration devant son grand frère qui a toujours su avoir les pieds sur Terre. Il n'était certainement pas parfait, et bon dieu que j'appréciais ça. Les gens parfaits ils me font chier. Lui n'avait pas besoin de cette prétention là, il était lui même, et je pouvais toujours compter sur son épaule lorsque j'en avais besoin. Est-ce qu'un jour seulement j'en serais digne ? J'en doutais. Mais depuis un moment je faisais des efforts dans cette lignée. Et de son côté, il faisait des efforts en tant que danseur, ce qui était tout à son honneur également. Revenant vers lui, je souriais à l'entendre. Il cherchait mon approbation là ou je rêve ? « Si, j'ai une chose à redire. » Parce que je suis Leyna et que j'ai toujours quelque chose à dire. « Que je suis fière de toi. » Que tu fasses passer ton bonheur avant l'opinion des autres, pour une fois. Si ça n'avait pas marché avec Salomée c'était un peu pour ça, car tu n'avais voulu blessé personne, voulu agir pour le mieux. Mais c'était une chose. On ne peut pas être heureux sans se brûler les ailes à un moment ou un autre et il faut savoir écouter sa tête même quand tout le monde est contre nous.

« Ca sera notre petit secret.. » Vraiment petit alors, mais c’est toujours agréable de partager quelque chose avec sa sœur. Un truc qui les rapproche. Des confidences de frère et sœur qu’ils n’ont pas eu l’occasion d’avoir plus tôt. Ça le fait sourire, avec une certaine tendresse. Elle méritait bien qu’il la fasse danser comme une princesse, surtout si son cavalier n’est pas spécialement bon, sait-on jamais. Après qu’elle ai valsé, la retrouve contre lui, entamant quelques pas lents. Une appréhension le gagne quand elle dit avoir à redire sur sa partenaire de soirée. L’avis des autres peu importe, mais le sien comptait particulièrement. Relève son regard, une pointe d’inquiétude pouvant se lire dans son regard. Puis, ça se décontracte. C’est heureux même. La serrant davantage contre lui, glissant à son oreille : « Merci d’être aussi géniale. » D’emmerder le regard des autres comme moi, de me soutenir même quand j’ai tord. Quand je pense qu’à mon petit bonheur. C’est pas mal de penser à soi des fois. Qu’il reprend avec un sourire tranché. « Bon et alors toi, c’est qui le cavalier ? Je vais aimer ou pas ? » Sachant qu’on a quand même un certain passif d’avis non partagés sur les mecs de ta vie Leyna.

Vous connaissez cette expression si populaire : le temps arrange les choses ? Et bien en ce qui concerne la relation que j'entretenais avec Jasper, il n'existe aucune phrase toute faite qui soit plus véridique. Une année presque que ça avait duré, ce sentiment qu'il y avait quelque chose de brisé entre nous, où nous nous confions l'un à l'autre avec des gants blancs parce qu'il existait un truc qui flottait au dessus de nos têtes. Maintenant nous y étions, nous avions retrouvées cette chimie fraternelle qui existait depuis toujours mais que nous avions tellement niés. C'était même encore mieux. Parce que le temps où nous vivions dans l'ignorance de ce qui nous unissait était révolu. Et si dans le passé j'avais eu de nombreux occasions de tout gâché, aujourd'hui je le soutenais à la fois dans ses pires et ses meilleures décisions, du moment que ça pouvait le rendre heureux. « Ce n'est qu'une de mes nombreuses qualités ! » dis-je à moitié en blague. De toute manière, si je n'avais pas cautionné cette histoire, voilà longtemps qu'il l'aurait su puisque j'aurais tout fait pour la chasser de sa vie. Il n'y a pas que mon frère qui soit possessif hein. « Je crois que ça ira pour une fois. C'est Demyan. » Et ça aurait pu être parfait, il aurait été heureux que je sois enfin accompagnée par quelqu'un de bien qui ne soit pas lui. Mais il avait fallu que l'imperfection en moi ressorte et que je lui marche sur un pied avec mon talon. Oups.

L'avantage d'être de la même famille, c'est que tu sais que quoiqu'il en soit, vos chemins ne pourront pas se séparer. Même si vous n'êtes pas d'accord, que vous vous engueulez, que l'autre fait des choix foireux, c'est simple, t'es lié par un nom de famille, et cet autre restera pas loin de toi. Pas comme ces amitiés qui arrivent et repartent aussitôt. Leyna est là, et elle est faite pour rester. Elle et ses compliments qu'elle s'auto-lance, elle et son ego qui se compare à celui de Jasper. Elle et ses mecs que le président déteste. Forcément, il demande, s'inquiétant d'avance de sa réponse. « Demyan ? J'connais pas. » Elle n'a pas dû beaucoup lui en parler. « C'est pas un mec de Roxanna ? » Semblait qu'elle, la Lowell, lui en avait touché un mot un jour. Ou peut-être pas, après tout. Qu'importe finalement, quand ton pied te rappelle qu'il existe. Par la douleur. « Aaaaaaaah Ley ! » Sursaute, remonte son genou. Réflexe à la con. « En plein sur le petit orteil ! » Autant dire celui qui fait le plus mal. « On danse plus tant que t'es pas pieds-nus ! » Qu'il balance en riant. Question de sécurité quoi.

Si avec Jasper nous avons eu à plusieurs reprises quelques différents, certains ayant d’ailleurs laissés plus de blessures que d’autres, c’est selon moi principalement en raison de nos nombreuses ressemblances. Tous les deux avons un ego que l’on pourrait presque qualifié de surdimensionné, ce qui peut parfois se tourner à notre avantage. Nous aimons également tous les deux avoir le dernier mot sur à peu près tout mais particulièrement sur les fréquentations de l’un et l’autre. Toutefois, en ce qui me concerne, je préfère me la jouer sournoise et me faire amie avec ses femmes plutôt que d’exprimer mon mécontentement dès le départ. Lui était plutôt du genre à utiliser la seconde option ce qui faisait en sorte je lui parlais le moins souvent possible de mes fréquentations et amis. « Oui c’est ça. Il est adorable, vraiment ! » Alors ne t’en fais pas je suis entre bonnes mains. Ce qui n’est apparemment pas ton cas en ma compagnie étant donné ce que je fais subir à ton pied. Il souffre le pauvre président mais ça me fait tout de même esquisser un léger rire silencieux. Pour me faire pardonner je m’exécute à la lettre à sa demande, me penchant pour détacher mes magnifiques chaussures et ensuite les afficher dans ma main gauche. « C’est bon comme ça ou tu veux me porter dans tes bras pour être sur ? »

Jasper essayait de se calmer sur le côté protecteur et légèrement.. intrusif dans les relations de sa sœur. Parce que franchement, ça aidait pas. Leyna lui en disait de moins en moins, de peur sûrement qu'il réagisse mal. Pas la bonne technique. Le garçon tentait donc d'agir avec la maturité correspondant à son âge. A son statut de grand frère. « Ouais enfin Jamie.. Théophyl j'sais pas quoi, il était adorable aussi, à la base. » Bon, y a quelques dérapages. Mais on peut pas lui dire qu'il a vraiment tord sur ce coup, ce mec était quand même un con. L'est toujours, sûrement. Ne vous attendez pas non plus à ce que Jasper accepte de se faire massacrer les pieds par sa sœur, aussi adorable soit-elle. C'est un petit diable quand elle s'y met. Elle et ses talons. « Non ça ira, j'ai déjà un orteil en moins, je tiens à garder mon dos intact. » Et vlan. Grand sourire, s'il-vous-plait. Sourire qui devient rire quand il voit la princesse pieds nus pour son bal.