dancing with a wolf ♔ OLIVANDER

S’il y a bien une chose que tu ne comptais plus ces jours si, c’étaient les litres d’alcool que tu avais avalés. Tu avais bu en une semaine certainement plus que tu avais pu de toute ta vie. Et t’étais encore vivante, tu tenais encore debout. Difficilement pour ce soir, mais quand même. La gueule de bois du début de séjour ne t’avais pas servi de leçon. Tout au contraire, on elle t’avais plutôt servi de way of life. Les mathers ne plaisantaient pas. A côté, les Omega de l’Ohio, c’était de la gnognotte. Ouais, tu l’avouais. Tu avais été la présidente d’une confrérie de gnognotte. Ce soir, en plus de l’alcool, les joints avaient tourné autour du feu de camp et t’avais aussi arrêté de compter le nombre de taff que t’avais grillé. Tu riais pour rien et pour tout à la fois, c’est que t’avais dépassé la limite autorisée, si limite il y avait. Et la chaleur du feu n’avait rien arrangé. T’allais dormir comme un gros bébé. Certains Mathers et leurs invités s’étaient déjà éloignés du feu pour se reposer. Toi aussi. Seule. T’avais la tête comme un ballon, les yeux explosés. Allongée sur le sable, les yeux fermés, t’as l’impression d’être un bateau qui flotte sur l’eau. Et peut-être que c’est vrai ! Tu ouvres les yeux, non, tu es bien sur le sable. Et tu refermes les yeux.

J'étais putain de dégoûté bordel. C'était un event inoubliable où l'alcool et les joints - et même un peu plus mais pas pour moi - ont tourné à l'excès et autant dire, ça faisait du bien de se déconnecter du monde réel le temps d'une semaine. Et puis même que du coup, ça ressemblait à un Spring Break mais version Mather quoi. Heureusement que personne de la maison ne devait conduire les bus parce qu'on aurait pas été dans la merde n'empêche. Mais du coup, c'était la fin, la presque fin et ça me déprimait parce que je voulais pas retourner à Harvard. J'étais bien sur la route 66 avec tous mes potes et tous les verts. Et du coup, j'avais bu ce soir. Genre beaucoup, si bien que mélangé aux joints, je me sentais pas forcément bien. M'en étant rendu compte à temps, je m'éloignais un peu de tout le monde histoire de prendre l'air. J'avais pas l'intention de finir la soirée mal, à vomir mes tripes. Non, je voulais juste faire un reset pour reprendre plus tard. Mais fallait se calmer donc me voilà, les pieds dans le sable, à m'aérer la tête, le corps, l'esprit. Et puis j'suis tombé sur un petit bout d'femme qui était là, les yeux fermés, et je m'installais à côté d'elle. Assis, pas allongé. « Bouh » Ouais, fallait qu'elle l'avoue, elle a eu trop peur.

La terre tournait autour de toi. Ou c’était toi qui tournais autour de la terre. Les yeux fermés, c’était difficile de juger. Mais c’était carrément plus cool qu’être un bateau sur l’eau, genre vraiment plus cool. Une légère brise de vent caressait ton visage rougit par l’alcool et la chaleur et putain, c’que ça faisait du bien. Tu pourrais très bien t’endormir là, comme ça. Peut-être que Warren te rejoindrait, peut-être pas. Peut-être qu’il est tout aussi défoncé que toi. Peut-être qu’il s’endormira tout seul ou avec une autre fille. Mais rien de tout ça ne te préoccupes, pour une fois. Et ça fait du bien. Bouh. Lorsque tu ouvres les yeux, la terre s’est arrêtée de tourner. Ou bien est-ce toi qui a arrêtée de tourner autour de la terre. Encore une fois, difficile de juger. Alexander. Tu refermes les yeux. Chuuuut, j’écoute les mouettes. Tu les entends ? J’trouve ça beau. murmures-tu en écartant tes bras en croix. En fait, ce n’étaient que les rires et murmures lointains de ceux toujours éveillés autour du camp. Pour Olive, c’était des mouettes et c’était très bien comme ça.

Si je devais juger son état actuel, je dirais qu'il est dix fois pire que le mien. Pourquoi ? Il suffisait de la voir, elle était affalée dans le sable, les yeux fermés et puis légèrement palote.. ou alors c'est l'effet que la lune a sur sa peau, au choix. Ouais bon, on va dire qu'elle n'est pas palote. Ca n'empêche que son était était pire que le mien et ça me faisait légèrement rire. Ouais, ça c'était parce que j'étais bourré. « Les mouettes ? Les chauves-souris encore, j'comprendrais.. mais y'a pas de mouettes ici. Ou alors j'hallucine peut-être, j'hallucine ? OLIVE J'HALLUCINE ? MERDE JE LES ENTENDS PAS » Nan mais sérieux, du coup j'avais peur de pas entendre la réalité et c'était quand même effrayant. Et si y'avait vraiment des mouettes ?

Entre chaque beuverie, tu n’avais pas vraiment le temps de te remettre de ta gueule de bois. Et pourtant, t’avais avalé la boîte entière d’aspirine que Mango t’avais filé. Une gélule vide aurait eu autant d’effet. Vous voyez le genre ? Là, t’avais vraiment l’impression d’être arrivée au bout du rouleau et même si ce road trip était surement la plus belle expérience de toute ta vie, il était temps que ça s’termine, que tu décuves. Il te faudrait certainement des semaines pour ça ! Les mouettes ? Les chauves-souris encore, j'comprendrais.. mais y'a pas de mouettes ici. Ou alors j'hallucine peut-être, j'hallucine ? OLIVE J'HALLUCINE ? MERDE JE LES ENTENDS PAS. Ah, puis voilà qu’il crie l’autre à côté. Pourtant, t’avait dit chut. Tu l’avais dit, ouais. Raaagh ! Mais cri pas aussi ! grimaces-tu, toujours les yeux fermés. C’est parce que t’es pas poseyyy. Allonges toi, ferme ta gueule et ouvre tes oreilles, tu verras. dis-tu en le tirant par le bras pour qu’il s’allonge à côté d’toi. Chuuuut. Tu les entends là ? Haa, Haa, Haaa. Toi, tu l’entendais parfaitement bien.

Même si mon corps n'avait pas été sobre depuis une semaine, j'avais pas envie de retourner à Cambridge. Je voulais pas retrouver une vie monotone - bon pas tant que ça - et les partiels, les rendus de projets, les obligations. Sérieusement, j'avais pas envie de retrouver tout ça parce que j'étais bien là, sur ce sable pas fin, à Chicago. J'étais déjà venu une fois ici, quand j'ai été présent à l'enterrement de la famille de Briony. Tiens, en parlant d'elle... c'était une des raisons de ma dépravation. Notre fight, notre coupure. Ouais, c'était pas facile à vivre mais j'avais pas vraiment le choix. Ouais non, j'arrête de penser à elle, c'était bien plus simple de penser uniquement à Olive qui était présente et qui me gueulait dessus. Et puis elle me forçait même à m'allonger à côté d'elle, limite collé à elle, pour écouter les "mouettes". Sauf que j'entendais rien. Sauf peut-être les gens qui gueulaient au niveau du feu de camp. Mais perso, pas de mouette. « J'entends surtout ta respiration. Azy, j'te fais tant d'effet que ça pour que tu respires aussi vite ? » Ouais, j'la taquine surtout, parce que j'sais qu'elle est mariée et tout le blabla. Mais ça n'empêche que c't'une jolie fille. Canon, baisable. Ouais, si j'pouvais, je me la ferai bien, c'est clair et net.

Peut-être qu’il avait raison. Peut-être qu’il n’y avait vraiment pas de mouettes. Pourtant, ça y ressemblait vraiment. Y’en avait à la plage et dieu sait combien d’après-midi t’avais passé là bas. D’ailleurs c’était étonnant que tu n’ai pas mis un pied dans le lac ce soir. L’eau, c’était ton truc après tout. J'entends surtout ta respiration. Azy, j'te fais tant d'effet que ça pour que tu respires aussi vite ? Tss, il savait vraiment pas se la fermer le président. Alors les mouettes, selon lui, se serait ta respiration ? Tu ouvres les yeux et fixe le ciel étoilé. Jadis, tes parents te racontaient que chaque étoile était une personne chère à notre cœur. Et plus elle brillait, plus c’était une personne importante. Blablabla. C’était juste des boules de feu, on t’la fait pas à toi. Tu m’fais rien du tout Strudwick. dis-tu en agitant tes bras en l’air comme pour décrocher les étoiles. Ah si. Tu m’fais chier. dis-tu en tournant ta tête vers lui avec un grand sourire. On peut dire que quand t’étais bourrée, t’étais pas d’une grande politesse.. Déjà que c’était pas ça tous les jours.

J'essayais d'entendre les mouettes sérieux, mais non, j'entendais rien. Elle se les inventait ses mouettes en fait. Peut-être que c'était parce qu'elle se croyait à la plage ou un truc du genre. Ouais, c'était sûrement ça en fait. Du coup, je préférais la laisser dans son délire et changer de conversation. L'attirance qu'elle pouvait avoir vers moi c'était un bon sujet. Ouais, j'invente ça sûrement mais ça faisait pas de mal la taquinerie. « Eh, les toilettes c'est par là-bas ! Si t'as envie de chier, évite de le faire près de moi, ça pue » Damn, j'étais sérieusement en train de parler caca ? Ca allait vraiment pas bien dans ma tête. J'suis un cas, voilà tout. « M'enfin, j'sais que t'as kiffé m'embrasser mais okay, j'arrête, parlons mouette. C'est tellement plus intéressant » Les mouettes c'est cool, surtout quand c'est imaginaire en fait.

Eh, les toilettes c'est par là-bas ! Si t'as envie de chier, évite de le faire près de moi, ça pue. Et il était fier de lui, genre vraiment très fier. Toi tu trouvais ça dég. Tellement deg qu’une grimace de dégoût déforma ton visage un court instant. Mec, j’suis une princesse. J’fais pas ça moi.. dis-tu en secouant ta tête. C’est bien comme ça qu’il t’appelait Warren ? Princesse. Pour une fois, t’avais bien le droit d’t’y croire. D’ailleurs Kate elle aurait dû appeler sa fille Olive. Olive, c’est plus chouette que Charlotte. Ca n’avait rien à voir, mais est-ce qu’il y avait seulement quelque chose de cohérent dans toute cette conversation ? M'enfin, j'sais que t'as kiffé m'embrasser mais okay, j'arrête, parlons mouette. C'est tellement plus intéressant. Tu lèves les yeux au ciel – mais tu regardes déjà le ciel.. alors tu roules des yeux, pour être éxacte. T’as envie de laisser tomber tes bras et pas les contrôler pour qu’ils arrivent sur la figure d’Alex. Boum, défiguré. Au moins ça. Mais non, tu les poses sur ton bidon que tu tapotes du bout des doigts. Ton bidon rempli d’alcool. Qu’est-ce qui t’fais dire ça ? Et puis d’abord ça comptait pas parce que Swan et Zozo y sont passées aussi. Erg, mais qu’est-ce que racontes ? Et puis tu vas trop vite avec ta langue là. On dirait un vampire qu’à pas sucé d’puis des jours ! Tu ris en imaginant la scène. Tu ris un peu, tu ris beaucoup. Tu riz cantonais. Finalement t’arrive à te calmer en tournant d’un quart sur le côté mais te retient de rire en voyant la tête d’Alexander.

« Tu vas m'dire que tu fais pipi paillette et caca papillon ? » C'était pas la première fois que je croisais une fille dire ce genre de choses, mais voyons la réalité en face : nous étions tous constitués de la même manière et autant dire, on faisait tous pipi caca. Donc bon, si elle préférait, je pouvais fermes les yeux sur ça et prétendre qu'elle était un extraterrestre qui vient nous envahir avec ses papillons. « Et alors ? Vous avez toutes les trois kiffé, c'est tout, y'a rien d'autre à dire. J'suis pas un vampire ou quoi et tu mens. J'suis sûr tu meeeeeens. T'as la haine parce que j'embrasse bien et que tu pourras genre jamais le refaire à cause de ton mec » Enfin mari, mais le principe était le même : elle était casée et elle devait lui jurer fidélité jusqu'à la fin de ses jours. Tristesse quand même.