PHOENIX TOBIAS CARTWITH ► ben barnes

Si tu nous entends, va te faire enculer !
Je regarde les autres courir partout dans la cours, à croire que ça les amuse d’être ridicules, heureusement que le ridicule ne tue pas, sinon la terre entière serait vide.  Du haut de mes huit ans, j’arrive très nettement à avoir les esprits clairs, et je parle déjà très bien. Je suis le meilleur de ma classe, mais je suis aussi le pire. Je suis le meilleur dans le sens où j’ai les meilleures notes, mais je suis le pire dans le sens où je traumatise tous les autres, j’ai ça dans le sang, mon père me l’a transmis. BIM ! Le ballon s’écrase sur ma joue, et roule jusqu’à mon pied. Je regarde la balle, l’attrape et regarde autour de moi : l’auteur de ce geste qui va coûter cher. Au loin je vois Jamie, un camarade de classe qui fait tout pour ne pas affronter mon regard. « Je suis vraiment désolé Phoenix » me dit-il d’une voix tremblante. Je lui lance le ballon en pleine face, je vise très bien car il atterri en plein dans son nez, un filet de sang coule même le long de sa narine. J’arrive à sa hauteur, lui attrape les cheveux et l’emmène dans l’herbe. Je creuse profondément dans la terre, sors des cloportes et des vers de terre que je fais entrer de force dans sa bouche. Il pleure mais je m’en fiche, il l’a bien cherché de toute façon. Après avoir fini de le punir, je me relève réajuste mes vêtements et lui dis en lui lançant un regard noir « La prochaine fois je te fais bouffer des chenilles venimeuses et des fourmis rouges. Et ce n’est pas le nez que je te casse, mais ce qui te sers de jambe. » Je lui donne un dernier coup de pied dans le flanc, et quitte les lieux comme si rien de tout cela venait de se passer. Au moment de retourner en classe, à la fin de la récréation, les institutrices se sont rendues compte de l’absence de Jamie, elles ont remué toute à la cour pour le retrouver. Le pauvre n’avait pas bougé de place, et vomissait tout ce qu’il pouvait avoir dans son estomac en pleurant à chaudes larmes, moi je jubile et regarde la scène par la fenêtre. Bien sûr tout le monde sait que c’est moi, mais personne n’ose jamais rien faire, car ils savent que ça n’aura aucune conséquence.
Après cette journée riche en mouvement, j’explique à mon père ce que j’ai fait. Il me met une gifle, puis je vois un sourire de fierté se dessiner sur son visage. D’ailleurs il me félicite, et me fais signe de partir avant que sa mauvaise humeur ne revienne. Ma mère assise, cigarette à la main est au téléphone avec une amie, mon chien Apollon un gentil Labrador noir est dehors sous le soleil et inspecte les alentours, quant à ma sœur elle est dans sa chambre sûrement à faire ses devoirs ou de se maquiller ou que sais je, et puis après tout je m’en fiche. Ce n’est pas ma vraie sœur dans un sens, mais des fois je me surprends à l’aimer comme telle.

Je suis pas quelqu'un de bien, je suis pas une belle personne. Je suis une sale bête, une bouteille de gaz dans une cheminée.
« Phoenix, fiston tue le c’est une parasite » 14 ans, première arme dans les mains, et sûrement la première vie que je vais ôter. Mon père me fait confiance, en tout cas il l’a fait quand j’ai rué de coups ce type qui n’a pas un membre qui n’est pas fracturé et qui peine à respirer. Il me suffit juste d’une balle pour abréger ses souffrances, je trouve cela trop facile, alors je lui donne un dernier coup dans la mâchoire puis un autre dans le nez, et conclu en lui tirant une balle en pleine tête. Je lève les yeux vers mon père qui s’approche de moi et me prends dans ses bras. « Bravo mon fils. » me dit-il en resserrant un peu plus son étreinte, je sais que je peux être fier de moi. Ma sœur a intégré la mafia un peu avant moi, mais je serais meilleur qu’elle, comme ça a toujours été le cas.

Tu connaîtras les nuits fauves je te le promets

Marie, cette belle française aux cheveux bruns et aux yeux marron foncé me fera toujours craquer. Je la connais car son père est un ami proche de mon père, et par miracle elle a suivi son papa à Londres qui venait rendre visite au miens. Je me suis toujours très bien entendu avec elle, en même temps elle est marrante, ultra canon et surtout mafieuse. Logiquement, elle devait dormir dans la chambre de Leevy, qui est partie je ne sais où « ne supportant plus le climat familial », pfff laisse moi rire.. Bref du coup Marie s’est retrouvée dans mon lit, et moi avec bien évidemment. J’ai vingt ans et la vie est bien trop courte pour ne pas profiter de ce que l’on a. Surtout qu’elle reste un mois avec moi.  C’est après avoir tous les deux atteint le septième ciel et même au-delà que je me laisse tomber dans les draps de mon lit et affiche un sourire de satisfaction. « Putain, qu’est-ce que c’est bon » Marie me regarde et éclate de rire « Ne sois pas si vulgaire Nix.. » A mon tour j’explose de rire, et fais glisser mon doigt le long de son corps. « C’est toi qui dis ça, alors que tu dis merde à toutes tes phrases ? » Elle me fait un baiser sur le coin des lèvres que je m’empresse d’effacer, trop de sentiments d’un coup ce n’est pas pour moi. Elle adopte une mine plus sérieuse, et je fais de même. « Mais merde Phoenix, tu nous imagines comme ça aussi dans dix ans ? » Je hausse des épaules et pose mon regard dans le vide, alors qu’elle vient se nicher sur mon torse, je ne bouge cependant pas pour autant. « Je veux dire, au fond on pourrait dire que nous sommes en couple non ? Ouais je sais que je pars dans deux semaines, mais on se voit souvent et c’est toujours de bons moments que l’on passe ensembles et puis je sais que… » Je la coupe net et lance « Ta gueule, tu ne sais rien. » Elle s’éloigne de moi pour mon plus grand bonheur et me lance un regard mauvais. « Merde, mais t’es con Phoenix tu le sais ça ? » Je me lève du lit, et me ballade nu dans la pièce « Je suis con alors si t’es pas contente sors de ma chambre et va dans celle de Leevy. » Je ne lui laisse pas le temps de répondre que je prends toutes ses affaires et les lance dehors. En bas j’entends ma mère « Zac’ ? Tout va bien mon chéri ? » Je m’empresse alors de répondre « Oui, oui ne t’en fais pas maman. » Marie me regarde déconcertée et attristée mais je détourne les yeux, ne voulant pas croiser son regard. Elle pose sa main sur ma joue et m’embrasse. Je ne la repousse pas, mais ne bouge pas non plus. Je claque la porte une fois qu’elle est dehors. Le pire est que cette idiote a raison, je sais qu’elle et moi ça pourrait vraiment marcher, que deux mafieux comme nous feraient des ravages, mais les sentiments ne sont pas pour moi, Papa a été clair la dessus.

Il faut se dire des belles choses, qu'on gardera pour plus tard
Assis à mon bureau regard dans le vide je repense à ma vie actuelle. Merde, il me manque quelque chose. La mafia est à ma sœur et moi, d’ailleurs avec elle tout va pour le mieux, les entreprises de Papa marchent plutôt bien, il faut dire depuis son décès je prends toutes les dispositions nécessaires pour le bon fonctionnement. Alors que je suis en train d’élaborer le plan pour tuer un mafieux espagnol, mon téléphone sonne et je constate un appel en provenance de la France.
« Cartwith, j'écoute » dis-je en décrochant. Au bout du fil mon interlocuteur dit « Bonjour Monsieur Cartwith, je me présente Monsieur Lefebvre avocat de Madame Loiseaux. » Et là, à cette première phrase je sens que les ennuis commencent. Madame Loiseaux, c’est Marie, ma mafieuse dont je n’ai plus de nouvelle depuis maintenant trois années. Pourquoi ce crétin m’appelle ? La réponse ne tarde pas à arriver « Je vous appelle pour vous annoncer sa mort tragique. En effet, elle et son père sont décédés lors d’une de leurs affaires. Abattus, tous les deux d’une balle dans le cœur par un sicilien. » Merde… J’ouvre et ferme la bouche. « Qu’est-ce que ça peut me foutre ? » dis-je grossièrement, ne voulant pas montrer ma tristesse. « Le fait est que Madame Loiseaux a laissé un testament et vous êtes dedans. » J’explose de rire et lance « Ah oui ? Et elle me lègue quoi sa fortune alors que j’ai déjà beaucoup plus qu’elle ? » L’homme tousse et reprend « Non Monsieur, ce n’est pas ça. » Je le coupe et dis, impatient « Et c’est quoi alors ? » L’homme se racle la gorge une fois de plus et je reste très attentif. « Madame Loiseaux a un fils, Liam. Elle vous indique comme étant son père. » Mes muscles se crispent, je sens l’énervement monter. « Impossible. » dis-je simplement, restant de marbre. Mais l’avocat me contredit « Eh bien, si c’est possible. Il est âgé de deux ans, et en vue des photos de vous que Madame Loiseaux m’a montrées il n’y a aucun doute. » Je lâche un rire cristallin. « Mais vous vous entendez ? » Je sens l’homme perdre patience. « Monsieur Cartwith, cet enfant est en danger de mort. Le sicilien n’a pas finis son travail, vous et moi savons très bien qu’un mafieux n’arrête jamais une tâche en cours. » Le pire est qu’il a raison. Merde, j’ai un fils. Si seulement j’arrive à le croire. Je me racle la gorge à mon tour et lui dis « Très bien, je prends mon jet et j’arrive à Paris dès que possible. Envoyer l’adresse de votre cabinet. Au revoir » Et sans lui laisser le temps de répondre je raccroche.

J’arrive à Paris au petit matin, et le rendez-vous que l’avocat m’a fixé est à 10 heures précises. Il me reste du temps pour me préparer. Je séjourne à l’hôtel Plaza dans la capitale et il ne me reste que peu de temps pour me préparer.
Je n’ai prévenu personne de mon départ, j’ai juste fait ma valise en prenant le strict minimum pour tenir une semaine et c’est tout. Ni ma mère, ni Leevy ne sont au courant. Mais je compte rester peu de temps. J’arrive alors au cabinet de Monsieur Lefebvre qui me fait entrer tout de suite dans son bureau. Sur une chaise, un petit garçon est assis. Sa tête est baissée, il a une mine triste et trifouille nerveusement un jouet. « Monsieur, je vous présente Liam, votre fils. » Je lâche un sourire, et m’approche du petit garçon et dis en français. « Hey, bonhomme ça va ? » L’avocat prit la parole pour me présenter « Liam, c’est ton père. Ta maman t’en a parlé. » Comment ça, Marie a parlé de moi ? Bref je ne préfère pas me poser de questions et dis « Je veux faire un test de paternité. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Voilà que deux heures plus tard, je suis de nouveau dans le bureau de ce fichu avocat, test de paternité positif dans les mains. Merde, je suis papa. « Liam est très perturbé vous savez. Et je ne pense pas que repartir maintenant serait envisageable ? » Je hausse des épaules et pose mes prunelles sur le petit garçon. « Ok, donc vous êtes en train de me dire qu’il faut que je reste quelques jours ici pour habituer Liam à ma présence ? » L’avocat hoche positivement de la tête « Oui, c’est cela. Madame Loiseaux vous confie même son appartement en plein cœur de la capitale. Tenez voici les clés, les papiers à remplir. » Je fais alors le nécessaire, rempli un tas de papiers plus barbants les uns que les autres et me rends compte que je suis père d’un garçon qui parle français, ne comprenant pas un mot d’anglais mais qui me ressemble comme deux gouttes d’eau et ne peut s’empêcher de me sourire dès qu’il croise mon regard. Je porte Liam dans mes bras, mais au moment de partir l’avocat me tend une lettre
« Au cas où cette situation arriverait, elle m’avait confiée une lettre. » J’arrache presque la lettre des mains et s’est après avoir quitté les lieux et mettre mis au volant de ma voiture, le petit sur le siège auto donné pour Monsieur Lefebvre que je commence à lire : « Phoenix, si tu lis ceci c’est que je ne suis plus de ce monde… J’aurais aimé que tu connaisses Liam dans d’autres conditions, et je m’en veux de ne pas te l’avoir dit. Depuis ces trois années je ne cesse de penser à toi, et je m’imaginais souvent à tes côtés, avec Liam. Vous êtes les deux hommes de ma vie, et j’aurais aimé fonder réellement cette famille. Prends soin de lui s’il te plait, tu es la personne en qui j’ai le plus confiance sur cette terre. On se reverra, dans longtemps car tu vas rester encore en vie pour accomplir ton destin. Je t’aime. » Une larme perle le long de mon visage, je m’essuie d’un revers de la main et m’engouffre dans les rues parisiennes.

La tête haute, les couilles sur la table, le poing en l'air, fais-moi confiance avant de finir six pieds sous terre.
Finalement la vie à la française n’est pas si terrible que ça, je commence à m’habituer à ce quotidien même si j’avoue que parfois c’est difficile. J’ai téléphoné il y a quelques mois à mes gouvernantes encore à Cambridge pour le ordonner de prendre soin d’Apocalypse mon Berger Allemand, ainsi que de prendre soin de la maison. Elles n’en parleront à personne, parce qu’elles savent que si c’est le cas je les tue. Mes hommes ne savent rien, pour eux je suis parti pour toujours. Même pour Leevy, si ça se trouve elle me croit mort… mais je passe la plus claire de mon temps en vadrouille avec mon fils, qui est tenu l’élément essentiel à ma vie, et mon autre temps je tue car ça me manque, et je bois, je me surprends même à fumer des joints. C’est fou comme un être peut changer votre vie, tant en bien qu’en mal. Liam s’est habitué à moi, il m’appelle Papa, me serre dans ses bras et me fait toujours ses magnifiques sourires qui me font tant craquer. De là où je suis, j’ai acheté un nouveau bâtiment que j’ai fait rénover pour y implanter une concession de voitures de luxe. Bien entendu à côté je compte continuer mes études, j’ai fait le nécessaire auprès de l’université d’Havard. Mes études de droit et économie avec en prime la philosophie, comme si je n’avais jamais quitté Cambridge finalement.
Alors que Liam joue, je lui attrape la main pour qu’il mette son manteau « On va faire un tour, puis après on s’en va pour un grand voyage. Tu te souviens, je t’en ai parlé ? » Il me regarde avec ses grands yeux bleus, hoche de la tête et me sourit. Et sur ces beaux gestes je quitte ferme à clés le grand appartement, que je ne reverrai plus pour un moment, et prends la direction de la capitale et ses alentours pour dire au revoir à Paris. Dans la poussette Liam est attentif à tout, et comme s’il comprenait tout, il s’empreigne une dernière fois des endroits, des odeurs et des sensations. Nous restons un moment sur l’herbe face à la Tour Effel, il court partout autour de moi et je me surprends à sourire face à l’émotion, alors que mon joint me fait planer. Puis c’est le retour aux sources, retour à Havard, affronter les questions, les mauvais regards, les disputes et tout le tralala…