TG 3 ❋ reconstruction du nord de l'île de Cebu

j'avais décidé de m'investir pleinement dans ce voyage humanitaire et ça me faisait un bien fou. aider les autres me permettait d'être épanouie alors quoi de mieux que ce voyage ? surtout que les paysages paradisiaques rendaient la chose d'autant plus agréable. j'avais enfilé un short de sport et un t-shirt, avec des grosses chaussures de marches - ce qui rendait la chose sexy à souhait, ou finalement pas. je m'appliquais à clouer les morceaux de bois afin de finir par faire des pans de mur qui serviraient à reconstruire l'école et les maisons.

Nouveau jour, nouveau pays aussi mais toujours la même misère, encore plus marqué depuis le récent passage du typhon en fin de l'année. Il fallait toujours que les catastrophes naturelles touchent ces pays ayant peu de ressources déjà en temps normal. Ce n'était peut être qu'un petit geste que tu faisais aujourd'hui à monter ses murs pour leur offrir de nouveaux abris mais tu savais pertinemment que pour eux c'était énormément. Comme quoi ce qui peut nous paraitre minime à nous, est immense pour d'autres. Tu n'avais nulle peur de te salir les mains, à puiser dans toute ton énergie pour offrir ce cadeau aux populations. Tu apercevais Marloes dans son coin appliquée. Elle était vraiment loin de cette Marloes déchirée et au fond du trou que tu avais pu connaître à une certaine époque. Ca faisait plaisir de la voir plus heureuse, plus sage et avec une bonne mine. Tu te décidais à aller voir si elle avait besoin d'aide." C'est que tu sais manier le marteau à la perfection, dis donc ! "

toujours concentrée dans mon bricolage, à assembler ces planches de bois entre elles je n'avais même pas remarqué que Nevada s'était approchée de moi alors je sursautais un peu en attendant sa voix. « hein ? quoi ? » dis-je en relevant la tête, puis en voyant nevada devant moi je me reprenais « désolée j'étais concentrée » je riais un peu. je m'étais plongée corps et âme dans cette mission, comme si ma vie en dépendait. « j'me suis entraînée » dis-je enfin pour lui répondre, je riais, bien sûr que non je ne m'étais entraînée et d'ailleurs si elle était venue quelques minutes avant elle m'aurait vu chanter les louanges après m'être foutue un coup sur la main.

Tu t'es improvisé Bob le bricoleur sans être certaine de faire des prouesses mais c'est pas ça le plus important. C'est l'intention qui compte comme on dit. Tout le monde ne donnerait pas de son temps pour faire ce que vous faisiez aujourd'hui. Jamais tu ne comprendras ces gens qui restent assis dans leur canapé à ne pas bouger le petit doigt pour les autres alors qu'ils seraient bien contents d'avoir de l'aide si ce genre de malheur leur tomber dessus. L'homme a d'innombrables défauts et ça ne changera hélas jamais. Heureusement qu'il y a des gens comme Marloes, les Quincys ou toi pour relever un peu le niveau en pensant aux autres avant de penser à eux. Un sourire s'étire sur ton visage lorsque Marloes relève la tête un peu paumée, comme si tu venais de la réveiller alors qu'elle dormait à poings fermés." Je vois ça que tu ne fais pas les choses à moitié. " Il y a cette volonté de bien faire dans ses yeux, ça se voit au premier coup d'oeil." T'aurais pu m'inviter à cet entrainement. Je suis pas certaine que mes mains ressortent vivantes aujourd'hui. " Puis bon avec ta maladresse, c'est encore plus compliqué." Enfin je peux t'aider quand même, promis je te blesserai pas ! "

ça faisait un bout de temps que je ne m’étais pas totalement plongée dans mmon désir de subvenir au besoin des gens en difficultés et je prenais ma mission à cœur. alors quand nevada est venue vers moi j’avais l’impression qu’on était plus proche, c’est vrai qu’on se connaissait depuis un bout de temps mais sans vraiment qu’on soit de grandes amis, nous étions plutôt des connaissances. je ris, un peu gênée quand elle me dit que je semble être à fond dans ce que je fais et elle n’a pas tout à fait tort. quand elle me dit que j’aurais dû la prévenir pour l’entrainement, j’esquisse un sourire « j’pensais pas que t’en avais besoin » j’ignorais si elle était manuelle ou pas, puis j’hoches la tête « bien sûr, on avancera plus vite à deux » puis je ris à nouveau quand elle me promet de ne pas me blesser « oh t’en fais pas, j’me fais déjà mal toute seule » dis-je en lui montrant ma main encore un peu rouge par le coup que je m’étais donné malencontreusement.

Son T-shirt blanc trempé, Thomas passa sa main gantée sur son front. Il faisait un chaleur à crever et le contact avec le goudron n'aidait pas. Réquisitionné pour retaper une partie de la route menant à l'école, Thomas était sur tous les fronts depuis son arrivée. La route avait dû être complètement refaite, suite au passage du typhon Haiyan. Thomas avait aidé l'équipe locale à creuser la terre pour refaire une semelle de fondation solide, ce qui consistait à déposer des coffrages métalliques dans le sol pour couler ensuite les fondations. Thomas n'y connaissait rien en matière de normes de construction et suivait à la lettre ce qu'on lui demandait. Il était sur le chantier depuis ce matin, c'était le moment où jamais de s'octroyer quelques minutes pour souffler. Il suivit le chemin de terre, dans l'idée d'aller jeter un oeil au chantier de l'école.

Au fond tu culpabilisais un peu de ne pas prendre des nouvelles de Marloes plus souvent que tu devrais. Tu ne la connaissais pas sur le bout des doigts mais tu avais pertinemment conscience qu'elle était fragile - malgré ce qu'elle veut faire croire - et donc tu aurais du t'assurer plus tôt de savoir si tu devais t'inquiéter ou pas pour elle. A la voir sourire, tu ne te faisais pas trop de soucis mais bon il fallait toujours mieux rester sur ses gardes." Je préfère rester éloigné de tous objets dangereux, je suis trop maladroite quand je m'y mets ! " Passer un moment avec elle te faisait plus que plaisir, alors tu commençais à rassembler quelques planches qui vous serviraient à la charpente de cette future maison si vous restiez en un seul morceau jusqu'au bout. Un rire s'échappa de tes lèvres quand Marloes te montrait sa main rougie." Je fais pas médecine, mais bon je pense que tant que tu n'as rien de cassé, tu resteras en vie. "

je ris un peu quand nevada m’annonce qu’elle est trop maladroite « alors j’crois que le mieux et que tu t’approches pas du marteau, ni des clous d’ailleurs, j’veux pas qu’on ait à aller au dispensaire » j’étais pas tout à faire sûre qu’il y ait un hôpital dans les parages et on aurait l’air ridicule, nous les bénévoles à venir se faire soigner au dispensaire. « non je crois que ça va aller, elle est pas encore tombée c’est bon signe » dis-je en riant à sa remarque. puis pendant qu’elle maintenait les planches entre elles je pose une planche en haut que je venais clouer, une en bas et une en diagonale que je clouais également, c’était pas extrem makeover mais on s’en sortait plutôt bien. bon j’étais pas sûre que les maisons tiendraient vraiment avec un mur aussi fin que ça mais je me doutais qu’il fallait renforcer la chose. « eh bah on s’en sort plutôt bien je crois » dis-je en me relevant pour regarder le pan de mur que nous avions construit.

Elle n'avait pas tort sur le fait qu'il était préférable pour toi de tenir loin de tout objet quelque peu dangereux. Tenir les planches pendant qu'elle les fixe, ça devrait être bon à moins que tu ne t'assommes avec. T'es capable de tout, du meilleur comme du pire." T'as raison, on va jouer la sécurité. Ca vaut mieux. " C'est pas ici qu'on allait pouvoir vous soigner correctement si vous veniez à vous blesser. C'est d'ailleurs l'une des innombrables raisons de votre présence, donner plus de moyens aux hôpitaux qui sont loin d'être à la pointe de la technologie. Tu laissais donc Marloes jouait les maîtres sensei du marteau pour qu'elle assemble le tout. Elle était d'ailleurs plutôt fière de son travail et y'a de quoi." Je dirais même que c'est une oeuvre d'art ! " Une oeuvre loin d'être fini." Par contre je suis pas architecte, j'ai aucune idée de ce qu'on doit faire par la suite. " T'as beau être une pro des jeux de legos avec ton fils, là c'est loin d'être la même chose.