PRIEO ► Allez vient me rouler une pelle !

La vie avait tourné, tout était parti en fumée, voilà maintenant quelques jours que j'avais pris la résolution de fuir ma meilleure amie, pourquoi ? pour qui ? pour ce connard de Priape qui avait tellement confiance en lui qu'il ne tolérait plus que Talya et moi nous nous fréquentions ! Autant dire que cette situation, et cet ultimatum m'avait rendu fou, comment pouvait il demander cela si il l'aimait réellement, autant la mettre au couvent et l'interdire de voir tout le monde, un pauvre mec en soit !
Me baladant à travers les maisons de l'université, sans savoir réellement on j'allais pouvoir atterrir, peut être que je tomberais nez à nez avec une personne charmante qui pourrait me remonter le moral, mais merde, il était là devant moi à jouer des mécaniques, un je me la pète en puissance. Ni une ni deux c'était plus fort que moi, je me mettais à galoper pour le rejoindre, à peine à sa hauteur,je lui prenais l'épaule pour le retourner avant de lui mettre une droite en pleine gueule, qu'est ce que cela faisait du bien, je ne pensais pas prendre autant de goût et de plaisir, mais c'était le paradis. Ca me démangeais tellement ... tu l'as pas démérité Zacharias !

Quand j’avais lancé cet ultimatum à Talya, choisir entre moi ou son amant d’une nuit, son supposé meilleur ami pour qui elle m’avait avoué avoir des sentiments, j’avais imaginé des tas de scénarios mais certainement pas celui qui s’était finalement produit. J’avais sincèrement espéré, je l’avoue, qu’elle n’hésite pas une seconde à rayer le mather de sa vie, qu’elle me choisisse moi… Au lieu de cela, elle l’avait choisi lui, premier bad. La suite je ne l’avais vraiment pas prédit : c’était Matthéo lui même qui s’était éloigné d’elle, la libérant du dilemme que je lui avais lancé. Si Talya m’avait immanquablement déçue, le mather lui me surprenait. Et il me surprit encore à l’instant alors que je traversais le hall, profitant d’une pause entre deux cours, je le vis fondre sur moi et je n’eus pas le temps de réagir que sa main finit sur la figure. Je reculais d’un pas sous le choc, puis je levais la main sur mon visage, massant ma mâchoire qui m’élançait à l’endroit où le garçon venait de me cogner. Je dus me faire violence pour ne pas riposter, surtout que j’avais les poings qui me démangeaient depuis le SB où j’avais plutôt enchainé les bastons et prises de têtes. « Charmante façon de me saluer… T’as raison, les poignées de mains c’est dépassé. » articulai-je en grimaçant à cause de la douleur du coup.  Mais je ne voulais pas me lancer dans un énième règlement de compte violent avec lui, j’avais des choses à lui dire, surtout depuis que Talya m’avait révélé qu’il allait de lui même se retirer de sa vie. « Je peux te parler un instant où tu comptes me refaire tout le visage ? » J’usais de l’ironie, mais dans le fond je savais qu’il y a peu c’était moi même qui l’avait frappé alors je ne jouais pas trop les donneurs de leçons non plus.

HJ : tu sais Pripri c'est trop un punching ball en ce moment, même Sienna elle l'a frappé

Il se trouvait là devant moi tout pleins d'ironies, comme si la situation ne le dérangeait finalement pas plus que cela, comme si tout était normal, normal de rendre sa petite amie totalement seule en l'éloignant de toutes les personnes qui ne souhaitaient qu'une seule chose son bonheur. Son sourire m'horripilait, son regard brillant, même si une fois un peu mâché par la droite que je venais de lui mettre, il se tenait la mâchoire en mode ridicule il fallait l'avouer. Dépassé et totalement mal approprié pour les mecs qui n'ont pas de couilles pour affronter leurs problèmes tout seul ! Je sentais que l'entrevue qui allait se poursuivre allait être des plus fameuses, que le temps passerait finalement assez vite à lui envoyer tout ce que je pensais de lui, alors que finalement j'avais fini par l'apprécier en un brin de folie qui m'avait traversé l'esprit, aujourd'hui je ne le supportais plus ! Parlons ça va peut être me détendre un peu même si je n'en suis pas certain ... surtout que je ne vois même pas ce que tu pourrais avoir à me dire alors que finalement, tu as eu tout ce que tu voulais maintenant ! Elle est déjà dans une geôlière où alors elle peut encore un peu se déplacer sans que tu observes ses moindres faits et gestes ... ?

« J’aurais pu essayer de t’assassiner, c’est vrai que ça t’aurait rayé du paysage et ça aurait effectivement plutôt bien réglé les choses… » lançai-je alors avec un air mauvais avant de me raviser : « Non c’est n’importe quoi, je veux pas partir là dessus Matthéo… Je te déteste autant que tu me détestes je crois, c’est pour dire. Mais oui je veux quand même te parler… » La vanne sur Talya en geôlière m’arracha un simple petit soupir exaspéré. « Ecoute ce que j’ai à te dire au moins… » C’était le mec qui avait couché avec mon ex copine, et je me surprenais à ne pas avoir envie de l’égorger. Parce que oui, au final, dans toute cette histoire, et même si il m’avait fait énormément de mal en se glissant dans le lit de Talya, il était aussi celui qui m’avait révélé la vérité. « T’es peut être un con, mais au moins tu dis toujours tout haut ce que tu penses, tu m’as dit la vérité sur ce qui s’est passé entre toi et elle. T’es un gars honnête, pas un menteur, c'est pour ça que je veux te parler à toi, si tu m'accordes un instant… »  

Parce que tu crois réellement que c'est moi le problème dans tes problèmes de couple ? Tu n'as rien à te reprocher toi ?! Pose toi les bonnes questions ... Oui bon d'accord avoir couché avec Talya alors qu'elle se trouvait être en couple avec Priape n'était pas la meilleure des solutions, mais c'est bien qu'il devait y avoir des problèmes dans leur couple pour que cela dérape alors que par le passé jamais la ligne n'avait été franchie. Ben je t'écoute, mais me dit pas que ce gosse qui est à toi tu n'en veux pas sinon je me défoule de l'autre poing ! Oui j'avais entendu parlé de cette virée à l'hôpital ce pseudo avortement qui n'avait pas été jusqu'au bout et dieu merci car Talya l'aurait réellement mal vécu. Je m'éloignais un peu de lui, comme pour avoir une distance de sécurité suffisante pour ne pas lui sauter à la gorge. Tu me brosses dans le sens du poils pour que je te lêche les bottes ou quoi ... je savais que tu voulais me rouler une pelle mais à croire que tu veux beaucoup plus, peut être pour comprendre comment Talya n'a pas pu résister ! Non mauvaise idée, je n'étais pas là pour foutre encore plus la merde entre eux, prenant alors ma tête dans mes mains. Désolé j'aurais pas du dire ça .. !

« T’en fais pas Silver en un mois j’ai eu le temps de me les poser les questions… » Oui déjà presqu’un mois s’était écoulé depuis notre petit tête à tête au SB où il m’avait tout révélé. J’avais eu le temps de ressasser la chose, et même si je n’étais pas le petit ami parfait, j’en étais arrivé à la conclusion que j’avais quand même pas mérité qu’on se foute de ma gueule comme Talya avait pu le faire. J’écoutais la suite mais quand Matthéo aborda la tentative numéro 2 d’IVG de mon ex, je ne pus m’empêcher de lui rappeler la tentative première : « Tu sais qu’elle avait déjà voulu avorter avant, quand elle pensait être enceinte de toi ? Ca veut dire que t’as pas du sauter de joie non plus à l’idée d’être père, alors tes leçons de morale tu les gardes pour toi. » J’allais pas promettre à Talya un mariage et une petite vie paisible pour elle, le bébé et moi. C’était trop me demander pour le moment. Et quand le mather s’énerva finalement après que j’ai mis l’accent sur sa franchise, j’eus l’espace d’un instant envie de lui en coller une mais je me retins surtout qu’il s’excusa : « Non, tu sais quoi. T’excuse pas. C’est ça que je veux : je veux mes 4 vérités. Je veux pas que tu me ménages, je veux que tu me balances tout ce qu’il faut que je sache. Si j’ai souligné l’une de tes rares qualités, la franchise, c’est pour ça justement. » expliquai-je en retrouvant mon calme. Je sentais que ça allait faire mal, peut être même plus que le coup de poing de tout à l’heure : « Je veux ta version Silver. Dis moi comment vous en êtes arrivés là elle et toi, ce qui s’est passé en amont de ça aussi, pendant le séjour à Paris, pendant la classe de neige. Et s'il te plait ne m’épargne pas. » Je soufflais, prêt à me prendre une grosse claque.

Ah ben comme quoi il était pas si con qu'il pouvait le faire croire, c'était peut être rassurant après tout car je ne supporterais pas qu'un con s'occupe jour et nuit de ma petite Charlie et maintenant de l'enfant que Talya attendait. Nous n'étions pas les meilleurs amis du monde, pour le coup c'était clair, les reproches giclaient de droite à gauche sans trêves, comme si tout le venin que nous gardions en nous depuis des semaines allait sortir en quelques minutes seulement. Tu te fous de ma gueule ou quoi ?! Bien sûr que j'étais pas ravi, ça devait être ton gosse cet enfant ... et être le papa de l'enfant de sa meilleure amie c'est pas non plus la fête du siècle ! Et puis un "couple" sans amour, c'était pas la joie non plus, et même si j'étais très proche de Talya, je en savais pas réellement où nos sentiments s'arrêtaient, car tout était trop brouillé dans notre esprit, même si aujourd'hui la question ne se posait plus vu qu'il ne fallait qu'une seule chose que j'arrive à les réconcilier ou tout faire pour les mettre sur la bonne voie. Il devait être un peu suicidaire, parce que pour le coup j'en avais sous le bras, dans le coeur, partout autour de moi des choses désagréables à lui balancer en pleine face. Je peux rien te dire Zacharias ! Tout ceci n'a jamais été prémédité ... notre relation a toujours intense, forte, lorsqu'elle a débarqué dans ma vie, c'était comme une évidence qu'elle devienne ma meilleure amie, avec sa fille si mignonne et tous les malheurs qui lui arrivaient alors que Maéva était morte ... Cela s'est fait naturellement ... mais jamais on a prémédité d'avoir peut être plus de sentiments que de l'amitié ... jamais ! et jamais tu pourras lui reprocher de t'avoir mené en bateau, car on sait pas ce qui se passe, on sait pas ! Et non on ne voulait pas ! Moi même te détestant j'ai jamais souhaité de faire ce coup de pute ... Bien sûr que finalement la connerie avait été, et je m'en voulais suffisamment comme cela pour aujourd'hui essayer par tous les moyens de réparer ces fautes.

« Parce que tu crois qu’avoir un gosse avec son ex copine c’est la fête ? » J’allais certainement pas sortir le champagne, même si au final j’étais prêt à assumer ce petit. N’en restait pas moins que je ne voulais plus de Talya, que j’aurais aimé tourner la page et ne plus rien avoir à faire avec elle, mais que là, avec cet enfant, cela n’allait pas être possible. J’allais être obligé de la croiser sans cesse. J’avais plus qu’à ravaler ma fierté. Mais pour pouvoir envisager quoi que ce soit, j’avais besoin de la vérité, toute la vérité, et il me fallait donc les deux versions. Celle de Talya je la connaissais déjà, celle de Matthéo risquait de faire mal. Il insista sur le fait que rien n’était prémédité, il ajouta que même si il me détestait, il n’avait pas souhaité me faire ce coup de pute. Je voulais bien le croire mais ça me paraissait tellement gros. « Mais à quel moment ça a commencé tout ça ? Pourquoi vous avez rien vu venir avant ? » C’était vrai quoi, elle aurait pu me larguer avant de fauter, m’éviter cette trahison… « Je veux dire d’un coup comme ça vous avez eu envie de coucher ensemble ? Y’avait pas eu de rapprochement avant cela ? » J’avais tellement de mal à concevoir cela, Talya m’avait certifié qu’il n’y avait que de l’amitié, lors de notre toute première dispute elle avait bien évoqué quelques baisers volés entre eux sous l’influence de l’alcool alors qu’elle était encore célibataire mais elle avait été formelle sur le fait qu’il n’y avait rien de plus. Je voulais savoir ce qu’il en était de son côté à lui.

Tu devrais te contenter de ce que tu as ... car après tout maintenant Talya est à toi, rien qu'à toi ... elle est prête à tout pour te prouver que c'était une erreur, que c'est toi qu'elle aime ! Alors fait pas n'importe quoi ... Oui bien que je m'étais éloigné à présent de la vie de Talya, je n'allais pas le laisser la briser, ou lui faire de mal, j'allais la protéger à distance avec Sienna, un duo de choc comme par magie réuni. Il semblait nerveux et je bouillonnais en moi, car je ne comprenais pas pourquoi il voulait tant de réponses alors qu'à présent tout était réglé, Talya et moi n'allions plus nous fréquenter, pour ses beaux yeux en plus, qu'est ce que c'était ringard de flancher face à un tel ultimatum et pourtant c'était la seule solution brillante que j'avais pu trouver. Peut être parce qu'on ne voulait rien voir ... qu'on était amis, meilleur ami et qu'on ne pensait pas le moins du monde que cela puisse déraper ... c'était normal pour nous ... et puis de toute façon je vais pas te raconter ma vie, avec tes questions débiles, elle t'aime toi un point c'est tout ! Pourquoi chercher midi à quatorze heures après tout, certes il y avait cette attirance entre nous et alors ? de toute évidence maintenant tout allait être résolu, à moins qu'il soit sado maso et qu'il veuille se faire ud mal pour rien ... Tu es pas flic ... j'ai rien à te prouver ... ni rien à me reprocher sauf ce pour quoi je me suis déjà excusé, alors tu voudras bien je m'en tape que ta conscience ou que ton esprit soit tourmenté ! Ouvre les yeux, Talya est près de toi ... tu as juste à ouvrir les yeux et mettre ta putain de fierté de côté, parce que si tu lui fais du mal ou lui fait espérer quoi que ce soit, c'est à moi que tu auras à faire ! Après tout, tout cela ne concernait que Talya et moi, notre amitié, notre relation et je n'avais aucunement envi d'en parler avec lui, il avait ce qu'il voulait ou presque, alors qu'il ne fasse pas l'enfant gâté qui voulait en plus tout gérer et tout contrôler.

Ca me laissait un petit goût aigre dans la bouche tout ça, ce –maintenant- elle est tout à toi qui me rappelait que cela n’avait pas toujours été le cas, qu’il avait eu le droit lui aussi de la toucher, de la tenir dans ses bras… Alors oui, peut être qu’elle m’aimait à l’heure d’aujourd’hui, mais elle avait eu une drôle de façon de me le montrer, si au premier obstacle dans notre couple elle fonçait coucher avec son meilleur pote. Enfin je me contentais d’afficher un air impassible, j’avais voulu cette discussion, aussi désagréable soit elle, je devais assumer maintenant. « J’ai l’impression que tu réagis comme un petit ami jaloux Matthéo, et ça me rassure pas tu vois. » Parce qu’il s’énervait devant mes questions. « Tu sais que c’est toi qu’elle a choisi dans un premier temps ? Qu’elle m’a assuré que jamais elle te sortirait de sa vie, que t’étais un pillier pour elle ? Si je suis le seul désormais, si t’es plus là, c’est uniquement parce que c’est toi qui a pris la décision de t’éloigner d’elle… Alors si y’en a un de nous deux qui devrait jalouser l’autre c’est bien moi. »