A traveler without observation is a bird without wings (FB)

Il s'était demandé, en sortant de la réunion d'informations, en quoi un étudiant de neuro' pourrait se rendre utile une fois sur place. Il le savait à présent, ou plutôt, il sentait qu'il avait trouvé sa place. S'il n'avait pas été là, aux côtés de Leanne...qui aurait pris en charge le garçonnet qui était allongé sur la table d'examen ? Aurait-il eu un diagnostic à temps, lui permettant de continuer à jouer au ballon avec ses frères et soeurs ? Il préféra ne plus y penser, ce n'était jamais bon de se poser des questions dans ce métier. Il sourit à Leanne, qui visiblement avait autant de mal que lui à supporter la chaleur. Pourtant, ce n'était pas le moment de faire un erreur de diagnostic, la vie d'un enfant en dépendait.
- C'est plus simple à deux, lança Thomas, tentant de rassurer Leanne. Elle n'avait pas fait d'erreur, le Mélarsopol était en effet un excipient permettant de traiter la pathologie du garçon, mais en plus d'être toxique, ce traitement avait ses limites. Je suis d'accord, il faut qu'il commence le suivi dès aujourd'hui. Thomas s'approcha du jeune garçon, tout sourire. Il dût certainement comprendre qu'une bonne nouvelle l'attendait, il allait être soigné. Thomas l'aida à se remettre debout et désigna du doigt, la tente verte montée par l'association comme centre de soins temporaire. Un peu chancelant, le garçon traversa alors la cour et disparut derrière la tenture verte. Satisfait, Thomas se tourna vers Leanne.
- On continue ?

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Je me souviens encore de l'hésitation de Thomas à la réunion d'information, sans doute il avait du se demander ce qu'un étudiant en neurosciences pourrait apporter une fois sur place ? Et bien je dois avouer qu'on se complète tous les deux car là où j'ai échoué en donnant de mauvais médicaments, Thomas a réussi à trouver la bonne association de médicaments afin de soigner le petit garçon et qu'il puisse vivre enfin le plus normalement possible sans cette fichue maladie du sommeil. Après tout, on formait une bonne équipe tous les deux pour deux personnes qui ne se connaissent pas encore très bien. Suite à ma petite erreur de médicaments, je venais de le taquiner comme quoi le soleil avait du ma taper à la tête et il me répondit que c'était plus simple à deux et puis il faut qu'en neurosciences, les médicaments doivent plus sa spécialité que le diagnostic. Alors je vins lui répondre.

Oui c'est sur que c'est plus simple à deux. Et puis arrête moi si je dis une erreur mais en neurosciences, tu étudies pas les médicaments toi ? Parce que si c'est le cas, je trouve qu'on est vachement complémentaires en fait, tu trouves pas ?

Puis une fois avoir défini que le suivi devait se faire à partir d'aujourd'hui et qu'on venait  d'indiquer au petit garçon d'aller vers la tente verte pour chercher ses médicaments avec l'ordonnance qu'on lui tend, ordonnance écrite en anglais évidemment. Thomas semblait vouloir reprendre du service en aidant un autre enfant. Alors je vins lui répondre, toute sourire aussi.

Oui on continue. Au suivant.

D'ailleurs, le suivant arrivait très vite puisqu'il s'agissait d'un homme qui avait du être amputé d'une jambe car il avait une béquille de fortune. Il vint nous montrer son bout de jambe qui était infectée, je regarde Thomas d'un air perplexe car cela ne présageait rien de bon. J'attendis la réponse de mon binôme et il allait falloir en savoir de la part de notre patient.

Spoiler:

Soigner un enfant n'avait rien à voir avec les cours théoriques qu'il avait suivi pendant des années sur les bancs de la fac'. C'était plus qu'une responsabilité, surtout quand on avait pas toutes les compétences pour peaufiner un diagnostic.
- On a quelques heures de cours là-dessus, mais ça reste assez succinct. C'était la différence entre lui et certains de ses camarades de promo, en rentrant, soit il se mettait à bricoler dans son garage, soit il retournait potasser jusqu'au soir. Il s'était fait tout seul. C'est aussi ce que je me dis dit-il en souriant. C'était plus facile de travailler avec quelqu'un d'aussi calme et professionnel que Leanne. L'étudiante appela le patient suivant. S'ils pensaient avoir eu un cas compliqué d'entrée de jeu, ils s'étaient trompés. Le garçonnet qui venait de quitter la tente n'avait été qu'un avant-goût de ce qui les attendait. Un jeune homme estropié, qui devait tout juste avoir une vingtaine d'année, entra difficilement dans leur tente. Il boitillait et présenta une demi-jambe infectée à Leanne. L'étudiante étudia la peau sous toutes les coutures et jeta un oeil inquiet en direction de Thomas. La couleur rougeâtre de la chair n'avait rien de bon.
- Tu penses qu'il a eu un accident et que la plaie s'est infectée ? Aucune maladie ne dévorait les chairs de cette manière. Il doit revenir d'un l'hôpital de fortune.

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Soigner des enfants relevait de ma routine à l'hôpital de Cambridge mais on réalise très vite quand on se trouve dans un pays où ils manquent de tout que nous les Américains on a tout ou presque au niveau santé, on est vite soignés, on a des médecins compétents et des médicaments. Tandis qu'en Afrique, ils manquent de tout et il faut les aider, ce qui est notre travail durant cette mission de ce fait. Après avoir soigné ce petit garçon et avoir plutôt bien géré en binôme avec Thomas, je venais de lui demander s'il avait des cours sur les médicaments et il vint me le confirmer, ce qui faisait qu'on se complétait parfaitement. Lui pour me confirmer quel médicament et moi pour lui confirmer le diagnostic. Une fine équipe de choc en somme. Alors je vins lui répondre en attendant que le prochain patient arrive.

Ah d'accord et oui on se complète bien au final. Allez au suivant.

Après avoir discuté un peu avec mon binôme, notre prochain patient fit son entrée pour un souci à sa demie jambe et en l'examinant, il s'avère que sa jambe est très infectée. Thomas émit l’hypothèse qu'il a du revenir d'un hôpital de fortune, ce qui devait être fort probable. Alors je décide de tenter de me faire comprendre par le patient afin de lui demander s'il avait été opéré et s'il avait été dans un hôpital de fortune, ce qu'il me confirme d'un signe de tête. Alors je me tourne vers mon binôme afin de lui répondre.

Encore bien joué, il a été dans un hôpital de fortune pour son opération il y a quelques temps déjà. Et je pense aussi à une grave infection, reste à savoir quel traitement serait le mieux ? Une idée ?

Puisqu'il m'avait dit étudier les médicaments dans son cursus, je vins le questionner à ce sujet. J'attendis donc sa réponse tout en adressant un léger sourire au patient.

Catapulté dans une tente de fortune, en terrain sensible, n'avait rien à voir avec les cours théoriques que Thomas suivait à la fac'. Il n'avait jamais pensé se retrouver face à des enfants malades, il allait pourtant devoir s'y faire ; ça risquait d'être son quotidien pendant quelques jours encore. Il faisait de son mieux pour ne pas se plaindre de la chaleur, l'habit de rigueur qu'il devait porter lui donnait l'impression de suer à grosses gouttes. Lui qui supportait pourtant si bien les grosses chaleurs se rendait compte que le climat aride d'Afrique n'avait rien à voir avec les étés américains. La chaleur était également un des vecteurs qui favorisaient la propagation des maladies et virus dans la région. La demi-jambe de leur patient était dans un sale état et chaque minute qui passait risquait de modifier leur diagnostic. La maladie semblait entamer sérieusement le reste de chair qui lui restait sur sa partie de jambe valide.
Le nez près de la plaie, il pesa ses mots avant de répondre à Leanne :
- L'infection a l'air récente, mais j'ai l'impression qu'il s'agit de la maladie mangeuse de chair. Tu vois les tissus de la jambe ? Les couches ont l'air de s'amoindrir, la maladie a déjà gagné du terrain sur le reste de sa jambe valide. L'infection se déclare parfois lorsque le patient est déjà porteur d'un streptocoque du groupe A. Il lui faut un traitement rapide, des antibiotiques. Je pense à des ß-lactamines...

Autant dire que nos cours théoriques nous semblaient bien loin dans cet univers de misère et où les personnes n'avaient pas de quoi se soigner à tel point qu'ils attendaient presque notre venue pour se faire examiner dans des tentes de fortunes. Alors après avoir soigné un petit garçon et lui avoir redonner un peu le sourire en trouvant ce qu'il avait c'est un homme avec une jambe en assez piteux ou du moins de sa partie de jambe encore valide. Il allait falloir trouver ce qu'il avait et d'après mon super binôme, c'était sans doute une infection récente mais surtout lié à la maladie mangeuse de chair. Puis en m'approchant un peu plus près, je pus voir qu'il manquait des bouts de chair et qu'encore une fois Thomas avait raison sur le diagnostic et sur le traitement rapide à base d'antibiotiques. Mon binôme m'épatait car pour une première sur le terrain, il faisait presque mieux que moi pour établir le diagnostic et donner les médicaments à prendre. Alors je vins lui répondre.

Alors oui je suis totalement d'accord avec toi pour la maladie et les antibiotiques. Mais je crois pas qu'on ait ce genre de médicament dans les stocks ici mais on peut lui donner de la pénicilline et cela fera quasiment le même effet puisque les bêta sont des dérivés, tu crois pas ?

Il me fallait trouver aussi un peu le diagnostic sinon cela allait trop simple pour lui. Alors j'attendis sa réponse et lui adresse un sourire, tout en commençant à noter la prescription pour l'homme afin de sauver sa partie de jambe abimée du mieux possible.

Spoiler:

Thomas scrutait le visage du patient, il ne grimaçait même pas de douleur alors que sa jambe était en proie à une maladie mangeuse de chair. De l'extérieur, ce n'était pas joli à voir. Sa jambe ressemblait plus à un gros morceau de jambon qu'à une partie du corps humain. Thomas serrait les dents pour que leur diagnostic ne tombe pas trop tard, il devait recevoir des antibiotiques et de toute urgence. Il fallit lâcher un juron lorsque Leanne lui annonça qu'il n'avait malheureusement pas de ß-lactamines en stock, mais il fallait s'y attendre. C'était pas de médicaments qu'on trouvait dans les oeufs surprise, et donc, encore moins en Afrique. Pénicilline, répéta t-il comme pour faire ressurgir ses souvenirs de cours. C'était le moyen le plus rapide pour stopper la progression de la bactérie. Leanne notait déjà la prescription sur la feuille de diagnostic ; le patient n'aurait plus qu'à l'emporter avec lui dans la tente qui faisait office de centre de soins. Bonne idée. Je te laisse remplir la feuille de soins. Leanne brandit bientôt la feuille et expliqua tant bien que mal au jeune patient qu'il devait la présenter dans la tente jaune. Thomas eut un pincement au coeur lorsqu'il le vit se relever de la table d'examen, repartant tant bien que mal en s'appuyant sur sa jambe valide.

Après avoir réussi à soigner un petit garçon parti chercher son traitement, on venait d'avoir notre deuxième cas de la journée. Un homme avec une jambe qui ressemblait plus au futur repas d'un lion tellement elle était infectée. Alors qu'on réfléchissait à un diagnostic, ce qui n'a pas pris bien longtemps puisqu'on avait décidé de lui donner des ß-lactamines. Je décide d'aller voir si on avait en stock et là ce fut la catastrophe car il n'y en avait plus. Parfois tu peux te demander où peuvent aller ce genre de médicaments en pleine brousse. Je vins le faire savoir à Thomas et très vite il me conseille de lui donner de la pénicilline, ce que j'avais en tête vu que je commençais à le prescrire. Une fois la feuille de soins faite, je la tendis au jeune homme en lui expliquant qu'il devait aller dans la tente jaune et il acsquieça mes dires tout en sortant de la tente où on se trouvait. Je me demandais quel nouveau cas allait nous attendre car voir un enfant malade et un jeune homme avec une jambe à moitié valide nous faisait de la peine. Après tout, on reste des humains. Alors je vins répondre à mon binôme en plaisantant un peu.

Alors quel nouveau cas tu pense qu'on va avoir ? Si on va en avoir un autre d'ailleurs. Personnellement, je crois que j'aurai besoin d'une pause, tellement c'est éprouvant de voir ce petit garçon et ce jeune homme mal en point, pas toi ?

Je vins lui adresser un sourire, attendant sa réponse et me demandant vraiment quel nouveau cas on allait avoir.

Ils avaient enchaîné les deux patients avec une rapidité déconcertante, c'était plutôt éprouvant d'ailleurs. La chaleur et les pathologies difficiles qu'ils devaient traiter leur demandait une vigilance constante. Thomas sentait son uniforme de fortune lui coller de plus en plus à la peau, et c'était sans parler des gants. Leanne se chargeait de rédiger l'ordonnance qui permettrait à leur patient de se procurer des médicaments, histoire de soigner sa jambe. Leur patient se leva de la table d'examen et rejoignit, tant bien que mal, la tente jaune du campement de fortune. Ils avaient quelques minutes seulement pour souffler, vu la cadence qu'ils tenaient depuis tout à l'heure ; ils ne tarderaient pas à recevoir un nouveau "client". Thomas respira un grand coup, il récupéra ensuite une lingette désinfectante et passa un coup sur la surface lisse de la table d'examen, étape obligatoire après chaque diagnostic. Leur environnement de travail se devait d'être le plus aseptisé possible, pour la sécurité des malades mais aussi la leur.
- C'est certain que c'est pas le plus marrant...concéda t-il en jetant un oeil dehors, histoire de vérifier que personne ne fasse la queue. Mais on est là pour ça, se reprit-il en souriant. Sans s'en rendre vraiment compte, ils étaient certainement en train de sauver des vies. Tu veux quelque chose à boire ? Il devait y avoir quelques bouteilles d'eau dans la tente, dans un frigo de fortune alimenté par un long câble.