Il était temps • DEMOEY

La confiance tout court c'est plutôt entre les amis qu'entre un médecin et son patient, enfin un interne et une ancienne malade qui va mieux non ? Je souris à Demyan à sa phrase, je n'étais pas du tout contre ce genre de confiance entre nous, au contraire, ce mec, je savais vraiment l'apprécier de plus en plus et surtout depuis que je savais qu'il était de retour. Bref, cette confiance débutait entre nous et il allait à se confier ce qui me faisait plutôt plaisir parce que ce n'était pas gagné de faire parler un mec et encore moins d'un sujet aussi sensible que celui qu'il évoquait actuellement. Mais j'étais passée par ce qu'il vivait, la maladie, le déclin puis le retour et le fait d'avoir à en parler aux autres. Je savais donc que l'humour était plus facile pour en parler et il avait l'air plutôt d'accord à première vue même si on savait tous les deux que les sujets de nos épreuves n'étaient pas à prendre à la légère. « T'auras le droit à tes visites récurrentes de contrôle toi aussi alors, j'espère que tu tomberas sur une nana canon que tu prendras plaisir à venir voir ! » Op, saisis le message qu'il y a là dedans, saisis tous les messages que je t'ai fais passer depuis que je suis revenue et tu pourras prendre le melon. J'aurais préféré qu'on continue de parler de lui mais finalement, le sujet venait à moi et j'aimais bien moins ça, mais en même temps c'était ma consultation alors c'était un peu normal... « Tout va bien, je te jure, on dirait que je n'ai jamais été malade. J'aime plutôt ça. » Physiquement tout allait bien mais est ce que mentalement c'était le cas ? J'avais envie de lui sortir une connerie. « Mentalement ? Si on considère que j'ai embrassé au Spring Break le mec que j'ai quitté à cause de ma maladie et que tous les mecs que j'apprécie en ce moment finissent par découvrir que je suis malade, alors oui je pense que je vais plutôt bien alors que je pourrais me demander pourquoi cette maladie se fout toujours en travers de ma route. »

Ça me faisait bizarre de parler comme ça à une inconnue, enfin une demi inconnue puisque avec le temps, j'avais appris à la connaitre. C'est surtout que c'était une patiente quoi, pas une amie et parler de confiance, lui raconter ce qu'il m'était arrivé? Bah ça faisait un drôle d'effet même si au fond, c'était pas si désagréable que ça de le partager, du moins avec elle. J'sais pas, sans doute parce qu'elle pouvait me comprendre pour l'avoir vécu elle aussi. On en parlait donc avec légèreté, humour et elle répondait comme tel « T'auras le droit à tes visites récurrentes de contrôle toi aussi alors, j'espère que tu tomberas sur une nana canon que tu prendras plaisir à venir voir ! », je riais en secouant la tête "Ouais, j'espère aussi! Au moins aussi mignonne que ma patiente actuelle." est-ce que c'était bien de dire ça? C'était un compliment, puis elle m'en lançait bien à son tour alors pourquoi pas lui relancer la balle. Je lui offrais un clin d'oeil du coup pour jouer le jeu. Mais il ne fallait pas oublier la réalité non plus... J'étais entrain de travailler quand même! Et je devais m'occuper d'elle alors j'en revenais doucement à son cas pour qu'elle me réponde « Tout va bien, je te jure, on dirait que je n'ai jamais été malade. J'aime plutôt ça. », je souriais rassuré, de la voir ainsi du moins. Ça semblait sincère et c'est ce que je voulais savoir. Je prenais donc note, jusqu'à ce qu'elle continue, ce qui me stoppa dans mes écrits « Mentalement ? Si on considère que j'ai embrassé au Spring Break le mec que j'ai quitté à cause de ma maladie et que tous les mecs que j'apprécie en ce moment finissent par découvrir que je suis malade, alors oui je pense que je vais plutôt bien alors que je pourrais me demander pourquoi cette maladie se fout toujours en travers de ma route. », là, je haussais un sourcil perplexe. Une légère grimace et je répondais "Les gens se montre souvent cons face à ce genre de chose malheureusement... Personnellement, je pense que la majorité en ont peur et donc prenne la solution la plus facile, la fuite." je m'asseyais près d'elle "Tu es blessée...? Qu'est ce qu'il s'est passé après que tu l'es embrassé?" ouais si pour l'aider je devais jouer le psy' pourquoi pas, je pouvais faire toute sorte de médecine après tout.

« Arrête oui ! J'ai mauvais teint que tu veux me faire rougir ! » Je souris et le rouge monta à mes joues, comme toujours, les compliments et moi cela faisait toujours plus de deux mais là c'était pour la bonne cause et puis c'était Demyan alors même s'il était canon et que j'étais peut être pas trop vilaine, qu'on pourrait se plaire sur une autre planète, on avait tous les deux des vies bien trop compliquées par des maladies et autres accidents pour penser à cela, et puis notre relation n'était jamais partie en ce sens alors pourquoi le ferait elle maintenant ? Il reprit son travail, demandant comment ça allait et je pris le soin de détailler ma réponse en deux parties, physiquement je pourrais faire un marathon, mentalement ma maladie me pourrit la vie pour parler gentiment et j'aimerais pouvoir l'effacer complètement de celle ci des fois. « En fait... C'est pas les gens qui prennent la fuite... » Je plante mon regard dans le sien, je sens qu'il ne va pas être content de ce que je vais dire ensuite, enfin le médecin ne va pas être forcément content mais le malade qu'il peut être ou a pu être devrait comprendre. « C'est moi qui les écarte... Pour qu'ils n'aient pas à vivre cela...» Très altruiste comme réaction de penser aux autres mais moi je voyais plutôt cela comme un signe d'égoïsme de ma part, je ne voulais pas être la cause de la tristesse des gens que j'aime... Japser en était la preuve puisqu'il avait été le premier que j'avais écarté à cause de cette putain de maladie comme j'étais en couple avec lui depuis plus d'un an quand je l'ai découverte. « On a fait comme si de rien n'était... on a continué de s'amuser, on s'est rembrassés, on a refait comme si de rien n'était... Puis finalement on est rentré, il découvert tout ça et on s'est pris la tête parce qu'il pense que je l'ai écarté parce que je ne lui faisais pas confiance à l'époque.... Voilà voilà, dis moi que t'as sensiblement vécu la même chose, je me sentirais rassurée. »

Ouais je lui faisais des compliments, ça détendait l'atmosphère et elle se mise à rougir « Arrête oui ! J'ai mauvais teint que tu veux me faire rougir ! », je riais légèrement avant qu'on passe à la suite, son cas, son état, sa santé. J'essayais donc de la faire parler, qu'elle m'explique, qu'elle me dise où elle en est. On entre dans le sujet et je creuse au maximum, voyant que c'était surtout mentalement qu'elle ne suivait pas « En fait... C'est pas les gens qui prennent la fuite... » elle plantait son regard dans le mien. En silence je la fixais de longues secondes avant qu'elle ne reprenne « C'est moi qui les écarte... Pour qu'ils n'aient pas à vivre cela...», là je fis une moue secouant la tête "C'est pas la solution ça Joey..." ouais je n'étais pas d'accord, même si je pense que dans son cas je ferais la même chose. J'étais de ces gens qui préférait repousser, m'éloigner quand quelque chose me faisait peur. Elle reprit alors pour parler de sa dernière histoire « On a fait comme si de rien n'était... on a continué de s'amuser, on s'est rembrassés, on a refait comme si de rien n'était... Puis finalement on est rentré, il  découvert tout ça et on s'est pris la tête parce qu'il pense que je l'ai écarté parce que je ne lui faisais pas confiance à l'époque.... Voilà voilà, dis moi que t'as sensiblement vécu la même chose, je me sentirais rassurée. », je baissais la tête d'un sourire en coin avant de reprendre un air plus sérieux "Pas exactement non. J'en ai fais de bonnes, mais c'était pas le même scénario. Du coup vous en êtes où? Comme je t'ai dis les éloigner c'est pas la solution, car au final quoi? Tu ne vis tout simplement plus." oui si elle passe son temps à repousser les gens qu'elle aime, quoi elle reste seule et puis c'est tout? Non désolé, c'est pas la bonne méthode.

« Je sais que ce n’est pas la solution mais regarde moi dans les yeux et dis moi que tu ne ferais pas pareil ? » Je fixais Demyan, je ne connaissais pas le jeune homme tant que cela mais je savais qu’il était le même que moi sur ce point là, tous les malades étaient comme cela en fait. C’était un réflexe de la race humaine. En effet, personne n’aimait être entouré quand on se sent diminuer et surtout pas des gens qu’on aime, de l’homme qu’on aime, de la femme qu’on aime en loccurence pour lui. « Je vais finir toute seule oui… Je sais… Plus facile à dire qu’à faire ! » J’haussais les sourcils, j’avais du mal à partager cela. Pour moi en amitié ou en amour, on ne partage que les bons moments, on les mauvais arrivent sans qu’on le veuille, parce qu’ils doivent être partagés mais quand on peut les éviter autant le faire. « Je suis curieuse de savoir ce qu’un mec irréprochable comme toi a fait dans sa jeunesse… » Je le défie du regard, il n’a pas l’air si bad boy que cela, j’ai du mal à lui voir des mauvais côtés, des défauts. « Bon sinon je vais bien hein ? Tu ne crois pas qu’on pourrait espacer les visites plutôt que tous les mois… ? Ca fait près de trois ans que ce n’est pas revenu… » Cela pouvait revenir du jour au lendemain en fait alors il n’y avait pas de raison d’espacer les visites, mais quand même… Et puis c’était moi qui demandait, ce n’était pas de sa responsabilité.

Elle était dure avec elle, trop peut-être même si en fait, c'était surtout pour se protéger sentimentalement... « Je sais que ce n’est pas la solution mais regarde moi dans les yeux et dis moi que tu ne ferais pas pareil ? » elle me fixait et je ne bronchais pas. Je la fixais tout autant, répondant d'une moue "Je ne peux pas... Je pense que j'en ferais autant, du moins au début. Après peut-être qu'avec un peu de temps, je m'y risquerais." ouais j'avais bon espoir qu'à long terme je penserais autrement, du moins je voulais surtout m'en convaincre. Là c'est elle que je devais convaincre car elle en avait besoin. Se sentir mieux physiquement, ça ne voulait pas dire que le moral allait suivre « Je vais finir toute seule oui… Je sais… Plus facile à dire qu’à faire ! », je grimaçais un peu sans répondre pour le coup. Elle était aussi têtue que moi, ça allait pas aider. « Je suis curieuse de savoir ce qu’un mec irréprochable comme toi a fait dans sa jeunesse… », là je souriais, baissant la tête "Tu n'as pas idée à quel point j'ai pu faire des conneries moi. J'en fais encore de bonnes d'ailleurs." je riais sur la fin car c'était vrai. Elle reprenait donc « Bon sinon je vais bien hein ? Tu ne crois pas qu’on pourrait espacer les visites plutôt que tous les mois… ? Ca fait près de trois ans que ce n’est pas revenu… », je grimaçais à nouveau, secouant la tête négativement "Hélas je ne crois pas. Ils tiennent à ce qu'on garde ce rythme et n'étant pas officiellement embauché ici, je pense pas pouvoir imposer ma science. Sans compter que... Je ne pense pas que se soit une bonne idée." ouais les rendez vous étaient déjà bien espacés à mon gout.

« On est pareil cher doc ! Alors ne me tire pas les oreilles tu veux ? » Je lui lance un regard amusé puis reprend mon sérieux et cesse avec les familiarités. Il doit se dire que je ne suis vraiment pas gênée de lui parler comme ça même si entre nous c'est plus qu'une simple relation de patient à médecin. « Je suis curieuse de voir tes conneries, si tu veux partager autre chose qu'un rendez vous médical un de ces quatre tu n'hésites pas ! » J'appréciais réellement Demyan alors le voir en dehors de cet hôpital ne serait que du bonus. Je n'avais aucune envie de lui sauter dessus même s'il était plutôt canon mais passer plus de temps avec lui, apprendre à le connaitre, partager nos trucs de gens passés près de la mort, oui ça ça pouvait me plaire. Et puis j'étais un peu fofolle dans ma tête tout de même alors oui j'avais sérieusement envie de mettre un peu de piment dans ma vie et si il savait rire, s'amuser et ne pas se prendre au sérieux ce n'était que du bonus. Lorsque je demandais si on pouvait espacer les rendez vous, il finit par me répondre par la négative. Je ne pus m'empêcher de rire à nouveau devant tant de sérieux, parce que oui moi pour le coup j'étais beaucoup moins sérieuse, et oui j'étais quand même en pleine forme depuis plusieurs mois alors je pouvais m'autoriser à plaisanter avec les rendez vous. « Avoue que tu ne veux pas espacer les rendez vous parce que ça te manquerait de m'avoir que pour toi pendant quelques minutes ? » Je rigole à nouveau, je suis plutôt légère en général et ce jour ne change pas de d'habitude, les prises de tête ce n'est pas pour moi.

Un peu ironique de conseiller une personne comme soit, genre de lui dire de changer alors que soit même on ne le fait pas. C'est ouais, un peu du foutage de gueule quoi et elle le savait bien « On est pareil cher doc ! Alors ne me tire pas les oreilles tu veux ? », je souriais, baissant la tête avant de la secouer pour essayer de me détendre "Je sais mais justement, ne fais pas les mêmes erreurs que moi. J'essai de les corriger aussi tu sais?" ouais, les conseils que je donne j'essai aussi de les appliquer hein. À croire que la séance virait un peu trop à l'échange amical en sortie particulière disons. Elle ne se gênait d'ailleurs pas à me parler comme tel « Je suis curieuse de voir tes conneries, si tu veux partager autre chose qu'un rendez vous médical un de ces quatre tu n'hésites pas ! », je souriais à nouveau, redressant la tête pour plonger mon regard dans le sien "Je prends note alors, tu risque de ne plus me voir de la même façon après." et je riais un peu. Mais bon, il fallait reprendre notre sérieux, on était en rendez vous médical quand même! Il fallait que je face mon boulot avant tout. Elle voulait qu'on espace nos rendez vous et face à ça je répondais de suite non. Il en était hors de question et ce pour moult raisons. Heureusement elle en riait, j'me voyais mal refroidir la conversation d'un coup alors que c'était bien partie. Je la préférais coopérative. Elle répondait « Avoue que tu ne veux pas espacer les rendez vous parce que ça te manquerait de m'avoir que pour toi pendant quelques minutes ? » avant de rire à nouveau. Je riais avec elle pour le coup "Oui voilà on va dire ça." avant de reprendre mon sérieux "Et plus sérieusement, ça peut-être chiant je sais mais c'est important." et oui le suivit avant tout. Je prenais donc mes notes avant de lui demander "Tu as besoin de quelque chose sinon? Côté médication tout est ok?" oui je n'allais pas la garder ici toute la journée non plus.