and the fault is my own | NAOMI

L’entrainement s’était intensifié pour Ashton. Il ne pensait plus qu’au premier choix NBA. Son agent avait redoublé d’efforts pour qu’on entende encore plus parler de lui dans les jours à venir, et évidemment en vantant ses mérites de basketteur. De toute façon il n’était doué qu’à ça. Parce que dernièrement, il n’avait fait que des conneries. Comment avait-il pu tromper la femme qu’il aimait, de surcroit avec une fille avec qui elle avait toujours du mal, et qui était l’ex de son meilleur ami ? Ca faisait beaucoup de paramètres à prendre en compte et d’ordinaire, il les avait toujours pris en compte. Mais ce Spring Break, ces disputes qui s’étaient intensifiées lui étaient montés à la tête. Il n’avait plus répondu de rien quand la jeune femme l’avait allumé jusqu’à ce qu’il craque. Pourquoi ? Il ne se l’expliquait pas. Il avait peut-être besoin de faire une connerie, lui qui s’était bien comporté depuis bien longtemps, lui qui s’était mué en ce gendre parfait. Il ne saurait dire si du stress s’était accumulé. En fait, Ashton ne réagissait plus. Il ne se posait plus de questions. Parce qu’il se savait responsable, qu’il avait tout fait foirer, et qu’il ne pouvait pas se faire pardonner. Alors, il avait volontairement coupé les ponts, surtout lorsqu’il comprit que la jeune femme ne le croirait pas. Elle avait cru à une blague. Et il avait culpabilisé. Il s’était renfermé dans sa quête de forme physique olympique, dans son rêve de NBA. Alors bien sûr, il était prêt. Les cours étaient secondaires. La bonne nouvelle arriverait bien assez tôt. Mais Naomi lui manquait. Il s’était retenu de lui envoyer des messages pour lui expliquer, pour lui dire qu’il regrettait amèrement et que s’il avait douté d’elle, il aurait dû comprendre qu’il ne doutait que de sa capacité à se comporter dignement. Il ne craignait pourtant pas d’en prendre plein la figure, il méritait totalement des réprimandes et plus encore. Mais il refusait de la voir se rendre malheureuse à cause de lui. Il ne se le pardonnait pas, et il refusait de la détruire. Il l’aimait tout de même, malgré son acte. Mais ils auraient dû se séparer avant le Spring Break. Ils n’auraient jamais dû y aller ensemble. Au fond, Ashton n’avait pas supporté de voir les ex de Naomi ressurgir, et il s’était sabordé tout seul. Il préférait se comporter en connard en jouant les absents plutôt que de faire face à ses propres bêtises. Il avait déjà perdu Darnell, et il en souffrait beaucoup, il ne voulait pas se rendre à l’évidence qu’il n’y avait rien qu’il puisse faire pour rattraper sa bévue. Il était sorti du gymnase, propre après une bonne douche et un entrainement individuel acharné, un papier à la main pour s’excuser de son absence aux examens pour préparation intense de son rêve. Le papier était signé de son coach qui lui autorisait à fignoler toute sa préparation, confiant qu’il réussirait, lui autorisant même à limiter les sessions collectives pour s’entrainer de son côté. Il n’évitait pas les entrainements collectifs, mais il y allait bien moins volontiers depuis que Darnell avait appris sa connerie. Il avait honte, mais il agissait comme si rien ne l’atteignait. Mais ça c’était sans compter qu’il se retrouve dans le même couloir que Naomi. Il la voyait arriver au loin, et évidemment il lui était impossible de se cacher pour l’éviter, il pouvait toujours essayer de suivre les uns et les autres, il les surplombait tous d’au moins une tête et plus. Alors la confrontation était inévitable. Mais il ne savait même pas comment lui adresser la parole, partagé entre ses sentiments eux toujours présents, malgré les révélations de Cambridge’s Secrets, et son propre acte qui allait la détruire. Remarque, sa décision de couper les ponts sans véritablement lui expliquer avait déjà dû lui faire du mal, et il culpabilisait. Pourquoi diable mesurait-il 2m11 alors qu’il avait envie d’être aussi petit qu’une souris ? Il regardait droit devant lui, peut-être qu’elle allait l’ignorer en passant ?

La tête encore pleine d’images horribles, des désastres humains et matériaux qu’elle avait vu à Vanuatu, ça avait beau faire une semaine qu’elle était rentrée elle se sentait épuisée. Et pas que. Elle ne faisait que cogiter, sans cesse. Son dernier échange avec Ashton remontait à 12 jours et Naomi ne savait pas quoi en penser. Elle avait relu le message au moins cent fois mais elle ne voulait toujours pas y croire. S’il s’était passé quoique ce soit dans le genre elle l’aurait finalement su grâce à n’importe qui mais justement, tout le monde l’ignorait depuis son retour à Harvard. Au début elle avait pensé que c’était parce qu’elle avait perdue l’élection des Cabots, puis parce qu’elle avait gâché la fin du Spring Break pour les membres du Club des Voyages Humanitaires puis lentement Naomi s’était rendue à l’évidence. Les gens la regardaient soit bizarrement, soit pas du tout. Lorsqu’elle était rentrée à la Cabot House, aucune des roses ne lui avait adressé la parole. Même à table. Comme si tout le monde avait… Pitié d’elle. Le quotidien était rude mais le pire avait été sa descente d’avion lorsqu’elle avait réalisé qu’il n’était pas venu la chercher à l’aéroport. Ses appels n’avaient pas été retournés, ses SMS également, plongeant la jeune femme dans une incompréhension la plus totale. Elle avait essayé de se rendre devant la Mather House, sans succès. Elle avait essayé de parler à des gens qu’il connaissait mais c’était à croire que tout le monde la fuyait comme la peste et Naomi ne comprenait pas pourquoi personne n’essayait de lui expliquer la situation. Il avait désactivé tous ses comptes de réseaux sociaux mis à part Twitter et encore même là elle ne trouvait aucun indice sur ce qu’il faisait en ce moment. Naomi ne savait plus quoi penser mais avec les examens qui arrivaient elle ne pouvait pas se permettre de consacrer tout son temps à son couple. Même si la culpabilité la rongeait depuis que CS avait rendu publique sa petite aventure avec Mary Windsor et que tout le monde jasait là-dessus. Salomée avait du rire dans sa barbe en lisant l’article, se disant qu’elle n’était plus la seule et l’unique à présent. Mais tout ça Naomi s’en foutait, elle voulait juste récupérer son homme et passer à autre chose. Lui expliquer qu’elle avait dérapé, que ce qu’il s’était passé au Spring Break restait au Spring Break qu’elle était complètement droguée et qu’elle n’avait pas couché avec cette fille. Surtout ça. Elle ne voulait pas qu’il pense qu’il avait commis irréparable, elle…

Elle s’arrêta net en plein milieu du couloir. Plongée dans ses pensées, la jeune femme venait de le voir au loin en train d’avancer vers elle et elle était pétrifiée sur place. Ne parvenant même pas à reprendre ses esprits, à dire quelque chose. Mais elle refusait de le fuir, c’était maintenant ou jamais. Il portait la défaite sur son visage et quand leurs regards se croisèrent c’est là qu’elle comprit. C’était vrai. La culpabilité, la honte, son regard fuyant confirmer ce qu’il lui avait confessé dans son message. Le coeur de Naomi se brisa et elle sentit le monde s’effondrer autour d’elle. Non. Non pas lui. Avec elle. Pas avec sa pire ennemie. Cette fois-ci elle y croyait, il lui avait suffit de la voir. Elle arriva à sa hauteur et le regarda droit dans les yeux. « C’est vrai c’est ça ? C’était pas une blague ? Tu l’as baisé ? » Naomi sentait les larmes lui monter aux yeux mais elle les chassa en clignant des yeux. « Je mérite juste la vérité. » Ce n’était pas le lieu idéal mais y en avait-il vraiment un pour ce genre de déclarations ? Ne serait-ce que de le voir lui faisait un mal de chien.

Ashton n’avait vraiment pas envie de se lancer dans une dispute devant tout le monde. Il avait envie d’aller retrouver un parc et jouer au basket avec quelques jeunes pour se distraire. En aucun cas il avait envie de s’expliquer sur son acte. Il savait qu’il avait fauté, il n’en était pas fier, d’autant plus qu’il s’agissait d’Aaliyah. Il ne savait pas pourquoi il l’avait fait. Une envie passagère, démultipliée par l’insistance de la Cabot et tout un projet réduit à néant. Naomi y avait aussi joué sa part. Ils avaient été sous-tension et il l’avait mal vécu. En conséquence, il avait merdé. Alors qu’elle l’interpelait dans le couloir et qu’elle s’arrêta à sa hauteur, cherchant son regard tandis qu’il n’avait qu’une envie c’était de fixer le mur derrière elle pour ne pas avoir à l’affronter. « S’il te plait. Pas maintenant. » Soupira-t-il, las au possible. Ne pouvait-elle pas le laisser respirer ? Ne pouvait-elle pas lui parler en privé ? Ca allait encore finir sur CS. Quoiqu’il se fichait bien de sa réputation, lui. Il ne lui restait que deux mois entre ces murs. Lui tout ce qu’il voulait à présent qu’il avait tout fichu en l’air, qu’il s’était comporté comme son connard de père, c’était de faire du basketball, sa vie. De dunker tous les soirs devant des milliers de spectateurs aux quatre coins des Etats-Unis d’Amérique. Naomi voulait des explications, elle lui demandait si ce n’était vraiment pas une blague, et il se demandait encore comment elle avait pu croire à une blague. Certes il avait légèrement retourné sa veste, mais il avait cru pouvoir vivre avec la culpabilité qui le rongeait. Mais au fond, il avait juste de la peine pour sa copine, ex, il ne savait même pas. Parce qu’elle ne méritait pas ça. Pour autant, il ne parvenait même pas à l’exprimer. Il ne parvenait pas à lui dire qu’il ne savait plus où se mettre, qu’elle lui manquait terriblement, mais qu’il n’arriverait pas à l’affronter. Elle pouvait même lui pardonner qu’il ressentirait toujours cette culpabilité dérangeante lorsqu’il tenterait de l’embrasser. Comment avait-il pu ? Sa mère aurait bien honte de lui. Malgré tout, il était sur la défensive. Il refusait de se montrer faible. « A ton avis pourquoi j’ai pas répondu à ton message ? » Dit-il en levant les yeux au ciel, toujours sur ce ton éreinté comme s’il ne voulait pas se fatiguer à lui donner des explications qu’elle avait déjà eues. Sauf que ce n’était absolument pas ça. Ashton se protégeait d’un côté, et peut-être qu’il essayait également de faire en sorte que la peine de Naomi soit moins grande en se faisant passer pour le dernier des connards. Il savait cependant qu’elle n’était pas stupide à ce point. Aussi, abandonnant ce ton dédaigneux, il posa son regard sur elle après un soupir : « Je suis pas le mec qu’il te faut, je suis même pas capable de me tenir. » Il se pinça les lèvres dans une grimace , peu fier de lui, mais il lui formulait une réponse. Mais une colère grandissante montait en lui, il avait envie de se lâcher, de se confier, alors il finit par exploser : « Mais merde ! Oui j’ai fait une connerie, mais t’as été insupportable avec moi depuis que tu m’as menti au sujet de tes mercredis ! T’as pas arrêté de me reprocher tout et n’importe quoi, t’as fait revenir tex ex dans ta vie, et toi tu couches avec une fille et je dois rien dire, mais moi je suis un connard pour avoir fait la même chose ! Et je suis pas en train de te dire que je le suis pas parce que c’est pas bien ce que j’ai fait, je suis pas fier, mais moi j’ai été honnête avec toi, alors que toi tu ne cesses de me mentir depuis le début. » Il apprenait les informations au compte-goutte, par quelqu’un d’autre, ou se retrouvait devant le fait accompli, et ça lui faisait mal. Parce que Dieu sait s’il l’aimait.

Les gens passaient et repassaient devant eux mais pour Naomi c’était comme si Ashton et elle se retrouvaient seuls au monde le temps d’un instant. Le fossé qu’elle avait à la place du coeur était en train de se creuser et c’était horriblement douloureux. Nao sentait qu’elle ne contrôlait plus rien et que sa vie n’allait pas tarder à changer du tout au tout. Le pire était qu’elle s’était habituée à se sentir bien dans les bras de son beau basketteur, leur routine, leur relation fusionnelle était devenue un repère dont elle ne pensait pas pouvoir se séparer jusqu’à aujourd’hui. Mais il fallait se rendre à l’évidence, le regard que Ashton lui jeta lui glaça le sang. Elle avait l’impression qu’il s’en foutait complètement, elle qui pensait qu’il allait se mettre à genoux devant elle et supplier d’obtenir son pardon finalement c’était plutôt l’inverse qui se produisait. Naomi avait plus l’impression de perdre la face que de le faire culpabiliser. Ashton avait l’air pressé et fuyer son regard, il lui sortit carrément qu’il ne voulait pas lui parler maintenant en soupirant. « Ashton c’est une blague que tu me fais ? Comment ça pas maintenant ? Tu crois que je suis à ta disposition ? Que je vais te courir après 100 ans ? » Naomi était sidérée par le manque de considération du jeune originaire de détroit à son égard. Elle n’était définitivement pas préparée à ce genre de réaction. Il lui demanda alors pourquoi à son avis il n’avait pas répondu à son message, c’était donc vrai. La belle amérindienne eut l’impression de se prendre une douche froide, elle sentit une montée de rage et de nerfs. Si elle croisait Aaliyah elle la ferait carrément passer dans l’autre monde, elle se foutait complètement de sa place dans la Cabot House, du fait qu’elle soit mère de deux enfants. Ce n’était pas le genre de trucs qu’une femme respectable devait faire. Des images horribles lui venaient en tête, Ashton faisant l’amour passionnément à sa meilleure amie, elle pouvait voir Aaliyah soupirer de plaisir, comme si elle pouvait entendre le lit taper contre le mur et les cris de jouissance dans le couloir bondé d’Harvard. C’était avec ça qu’elle allait devoir vivre maintenant. Quand Ashton lui dit qu’il n’était pas le mec qu’il lui fallait, Naomi le poussa violemment. « Ah bon ?!!! C’est maintenant que tu t’en rends compte que t’es pas un mec pour moi ?! » s’écria t-elle. « Je t’ai tout donné Ashton, je t’ai tout donné ! Je t’avais prévenu, je t’avais demandé de pas me faire du mal ! »
Le Spring Break avait tellement été une idée de merde. Elle aurait du se douter que c’était une mauvaise idée et que cela les entrainerait vers le pire, c’était l’enfer Naomi ne pouvait pas réaliser qu’il leur arrivait ce qu’il était arrivé à tant de gens autour d’eux. Et quand Ashton s’énerva se fut l’apothéose de la souffrance. Il retourna la situation lui reprochant que tout était de sa faute, qu’elle l’avait alternativement étouffé et enfumé au fur et à mesure ces derniers temps et Naomi ne pouvait pas nier qu’elle avait eu quelques lacunes en honnêteté. « J’en reviens pas… J’en reviens pas que tu dises un truc pareil ! Tu te tapes la nana que je déteste le plus au monde, l’ex de ton meilleur pote et tu me sors que c’est de ma faute parce que j’ai couché avec une fille ! Déjà j’ai pas couché avec elle et en plus de ça tu le savais pas au moment où tu t’es tapé Aaliyah donc ne me met pas tout sur le dos ! Tu me dégoûtes Ashton, j’avais confiance en toi j’aurais misé sur n’importe quoi, mais elle et toi franchement… Si tu m’aimais plus, si tu voulais plus de moi, si je baisais pas assez bien il suffisait de me quitter ! Tu me dégoûtes, j’espère que tu vas crever seul. » cracha t-elle en le défiant du regard. De l’amour à la haine il n’y a qu’un pas… Naomi savait qu’elle n’avait pas été toujours irréprochable pendant leur relation mais jamais elle n’aurait cru qu’un jour elle aurait à entendre ce genre de choses venant de sa bouche, elle était la risée d’Harvard tout le monde savait qu’elle était cocue. « Et toi qui a fait la morale à Jacey, qui a soutenu Darnell, qui a dit cent fois qu’on était différent des autres… » pesta t-elle.

Elle avait choisi de s’expliquer devant tout le monde. Ashton n’aimait pas trop ça. Parce qu’elle tenait à son image, et si lui se fichait de la sienne, elle se précipitait droit dans les ennuis, mais elle ne voulait pas repousser à un autre moment, alors le jeune homme de 20 ans haussa les épaules. « Comme tu veux, si t’as envie que tout le monde soit au courant de notre vie, très bien. » Il ne l’en dissuaderait pas. Ils possédaient des réactions diamétralement opposées. Elle cherchait à être dans le contrôle, mais ça se sentait qu’elle vivait très mal la chose, lui était dans le déni le plus total, comme s’il cherchait à dédramatiser la situation, alors qu’il ne savait juste pas comment se comporter, qu’une fois de plus, Ashton se muait dans un rôle pour ne pas souffrir. C’était débile en soi, d’autant plus qu’il s’énervait et qu’il ne se maitrisait pas autant que ce qu’il le pensait. Il savait qu’elle devait s’imaginer un tas de choses. Il savait qu’elle souffrait, qu’elle devait se demander pourquoi il l’avait fait, et même lui ne le savait. Il aurait voulu lui répondre par la positive, qu’il s’agissait d’une blague, mais non. Ashton subissait le courroux de Naomi qui le bouscula et s’il fit un pas en arrière, ce n’était pas ça qui le perturbait. C’est qu’il était incapable de lui donner tort. Il lui avait fait du mal, et il ne pouvait rien faire pour changer ça, et ce n’était pas ses excuses qui allaient changer quelque chose, ni même sa faible tentative de défense. « Et j’avais pas envie de te faire du mal. Elle m’a allumé complet, je savais plus quoi faire, je pensais la contrôler, mais non. » Plus il tentait de montrer que lui aussi souffrait dans l’histoire, plus elle le lui reprochait. Il n’avait pas le droit de souffrir puisqu’il avait fauté. Mais il n’était pas d’accord. Le cœur rebelle, Ashton monta au créneau, et reprit de plus belle avec véhémence : « Vous me gonflez tous avec ma culpabilité ! Je m’en fous que ce soit l’ex de Darnell ! Il a qu’à passer à autre chose, et j’en ai rien à foutre d’Aaliyah aussi. J’ai merdé, j’en suis conscient, j’ai pas besoin de vos remontrances, je m’en sors déjà bien tout seul. » Elle croyait peut-être qu’il était fier de lui ? Comme Darnell le pensait ? Mais ce n’était pas le cas. Il bouillonnait intérieurement. Et il essayait aussi de remettre les choses en place : « Je t’ai en aucun cas dit que c’était de ta faute, je t’ai dit que toi t’as couché avec une fille, tu m’as menti mais moi je dois faire comme si de rien était. Et j’ai pas envie. Parce que moi ce que je ressens on s’en fout. » Il lui reprochait de ne pas avoir assez fait attention aux signaux d’alarme qu’il lui avait lancés, mais au fond, il ne s’en prenait qu’à lui-même. Sauf que les mensonges de Naomi lui restaient en travers de la gorge. Il n’était pas non plus allé voir Aaliyah parce qu’il n’était pas satisfait d’elle. Tout était hors contexte. Il n’était même pas allé voir Aaliyah en fin de compte. Elle lui était tombée dessus. « Si je t’aimais pas, je culpabiliserais pas. Mais ça te consoleras pas que je te dise que j’aie regretté immédiatement mon geste.  Et je crèverais seul, t’en fais pas. Si ça te fait plaisir. » Il ne raillait plus, il était juste dépité. Elle voulait avoir raison, il lui donnerait raison. C’était mieux de passer pour le connard pour qu’elle avale la pilule. Il apparaissait détaché au possible, mais intérieurement il était meurtri. Tel un prince déchu de son trône. « On l’était. Mais y a quelque chose qui tournait pas rond ces derniers temps, et plutôt que d’en parler, t’as choisi de me mentir, et j’ai choisi d’encaisser les problèmes jusqu’à faire une connerie, chacun ses réactions. » Il ne pouvait pas se résoudre à lui laisser les rennes. Il fallait qu’elle cesse de se torturer devant tout le monde, et si elle devait lui en vouloir à mort, alors c’est ainsi qu’il stopperait l’hémorragie. « Et Jacey et moi on est complètement différents : lui il a eu peur de sa vie avec Jade. Mais il n’a pas le passé sulfureux que j’ai. J’ai pas peur de l’engagement moi, mais ce Spring Break, j’aurais jamais dû y aller. » C’était tout ce qu’il avait à dire, mais elle devait encore avoir du coffre pour s’époumoner alors que certains s’arrêtaient pour assister à ce qu’il se passait.

Ashton avait la pire des réactions possibles, au lieu de faire profil bas, de ramper et de supplier de le reprendre il envenimait la situation au plus haut point sans se demander ce que ça pouvait faire à la jolie Cabot qui avait l’impression de se prendre un seau d’eau froide à chaque fois qu’il ouvrait la bouche. Jamais elle n’aurait pu penser qu’ils en arriveraient à se parler et se traiter comme des chiens, comme si tout ce qu’ils avaient vécus ensemble n’était qu’un rêve. Naomi avait l’impression d’avoir un inconnu en face d’elle et c’était la pire des sensations, elle en arrivait à se demander qui était le véritable Ashton : celui qui lui crachait au visage à l’heure actuelle ou le beau gosse aux airs de comiques qui l’avait fait craquer. C’était donc ça l’amour… S’aimer puis se déchirer, vivre avec des regrets, le coeur ne cessant de saigner peu importe combien de jours pouvaient passer. La jeune femme était au bord du gouffre. Quand Ashton lui balança qu’il se foutait complètement de leurs remontrances ou du fait que Aaliyah était l’ex de Darnell, la jeune femme faillit lui envoyer la gifle de sa vie mais elle se contint. En effet, il y avait beaucoup trop de monde autour d’eux pour en venir aux mains et elle n’avait pas envie de faire encore les choux gras de CS. « Mais c’est trop facile Ashton de pas vouloir faire face à ses responsabilités et d’envoyer chier tout le monde ! T’es pas un homme, t’es qu’une merde, personne ne te respectera à partir de maintenant, je vais détruire ta vie et ta réputation comme t’a détruit la mienne. T’arriveras même plus à te regarder en face quand toute la fac te détestera et te rappellera que t’es un minable ! » siffla t-elle entre ses dents. Dans sa tête, tout se bousculait, un million de reproches était sur le point d’être déversé et Naomi avait beau savoir qu’ils risquaient d’attendre le point de non-retour si elle disait un mot de plus elle s’en foutait complètement, son objectif était juste de lui faire mal comme il lui avait fait mal. Elle éclata d’un rire cynique lorsqu’il lui lança que chacun avait sa réaction. « OHHHH bah oui pourquoi pas !!!! Je te gave donc tu glisses dans le vagin de ma pire ennemie ! Quelle excuse de merde Ashton voyons je suis sûre que tu peux faire mieux que ça ! » le provoqua t-elle. Elle voyait clairement rouge, elle se sentait en train d’exploser, elle tremblait de tout ses membres et la dernière phrase fatale qu’elle lui balança en plein visage fut celle-ci. « Aucun doute que ton père s’est barré comme le dernier des lâches, il a du sentir que t’étais quelqu’un de mauvais dès le départ. Mais bon à croire qu’être un salaud c’est génétique. » Ça y est c’était sorti, mais elle se sentait tout sauf soulagé. « Je vais me taper la terre entière, j’irais jusqu’à baiser tes profs s’il le faut et tu devras regarder Ashton, tu devras me regarder t’humilier comme tu m’as humiliée. »

Ca l’irritait au possible de la blesser. Il détestait ce sentiment, d’endosser le rôle du connard par excellence, surtout avec elle. S’il avait essayé de s’excuser auprès de Darnell, il avait remarqué que ça n’avait pas marché du tout. Alors plutôt que de faire souffrir Naomi comme Jade avait pu souffrir par la faute de Jacey qui n’arrêtait pas de lui dire qu’il l’aimait, il avait choisi de se rendre détestable pour qu’elle passe à autre chose au plus vite, sans avoir des garanties là-dessus. Il s’était réalisé avec Naomi, mais son erreur il ne se la pardonnait pas. Pourtant il refusait de le lui faire comprendre. C’était triste de tout vouloir perdre par fierté, parce qu’il ne voulait pas reconnaitre que le problème s’était accentué par sa faute. Naomi avait fait des erreurs, elle lui avait menti, que ce soit avec sa mère pour l’aider, ou avec ses ex et pour finir cette fille avec qui elle avait couché pendant le Spring Break et elle avait préféré nier l’événement. Tout ça le confortait dans son idée de ne pas chercher à comprendre. Naomi cherchait à l’attaquer en le menaçant de le détruire, de faire en sorte que tout le monde le déteste. Mais il s’en fichait royalement. La seule personne qui lui importait, c’était elle. Nevada exceptée, puisque Darnell avait décidé de sortir de sa vie. Alors elle pouvait faire ce qu’elle voulait, ça ne l’atteindrait pas. Il n’était pas obligé d’aller en cours, il irait s’entrainer qu’on le déteste ou non, et le public à domicile pouvait bien le siffler que ça renforcerait son envie de devenir encore meilleur. Il fonctionnait à l’orgueil. Il haussa les épaules pour lui signifier qu’elle se dirigeait dans la mauvaise direction le concernant. Il avait déjà tout perdu, alors les autres, il s’en fichait. « Je sais pas qui est le plus minable des deux. Fais ce que tu veux. Je m’en fous de ma réputation. » D’ailleurs, les gens pouvaient bien le dévisager, il ne craignait pas leur regard. Il ne releva pas quand elle lui dit qu’il avait des excuses de merde. Parce qu’il n’en avait pas d’autre à formuler. Les choses n’allaient pas, il avait craqué, fin de l’histoire. En revanche, s’il tentait de la repousser pour qu’elle évite de souffrir, il ne s’était pas attendu à ce qu’elle joue sur le terrain de la famille. Et là, elle le blessa. Parler de son père et oser l’attaquer sur ce plan, c’était de la méchanceté gratuite. Son père, il l’avait toujours détesté. Et ce qu’elle disait n’avait pas de sens, sauf que la génétique ne touchait pas qu’à son père, mais aussi à sa mère, et ça il ne l’acceptait pas. Alors lui aussi glissa sur ce sentier blessant, et encore, il avait fait en sorte de ne pas être aussi mesquin que ce qu’elle avait pu l’être. Il s’était juré de ne pas parler de la mère de Naomi. Ca serait trop déplacé. « Ma mère serait ravie d’apprendre que tu penses que c’est une salope puisque c’est elle qui m’a élevé. On t’apprend beaucoup de choses sur la génétique en médecine… » Ne pas réagir plus que de raison. Ca ne servait à plus rien. Tina avait encore quelques mois à tenir à Detroit. Dans peu de temps, il la placerait dans la meilleure clinique possible et Naomi n’aurait plus besoin de s’en occuper. Continuant dans sa provocation, elle essayait de le faire chanceler, mais Ashton était déjà vexé, plus rien ne l’atteignait. Il se ferma comme une huitre, insensible à tout ce qu’elle lui disait. « Mais fais-le donc Naomi ! Je m’en fous des profs ok ? Tu veux aller baiser toutes les filles et les mecs d’Harvard, vas-y. Mais faudra pas te plaindre si les hôpitaux tu les fréquentes comme patiente et pas comme cancérologue. Humilie-moi si ça te chante ! Tu veux que je te dise quoi ? Que je te supplie de me pardonner comme Jacey l’a fait avec Jade ? Je le ferais pas. Parce que tu me pardonnerais pas de toute façon. Y a qu’à voir ta réaction, alors que toi t’es allée te taper une meuf. Je suis désolé, je te l’ai déjà dit. Mais je préfère que tu me détestes plutôt que de continuer dans cette voie. Parce que t’es allée voir ailleurs, et moi aussi. Y avait un problème. T’as même revu tes ex, alors ne me fais pas la leçon, car toi tu m’as menti, plusieurs fois, sur plein de choses. T’as pas attendu que j’en vienne à ça pour te taper quelqu’un. » Il n’avait plus envie de prendre des pincettes, et puis elle serait bientôt débarrassée, et il le lui fit comprendre : « Et de toute façon je serais bientôt plus là. » On n’entendrait plus parler d’Ashton à Harvard, on le verrait sur les parquets de NBA.

Spoiler:

Les mots volaient dans les airs et atterrissaient comme des couteaux, comme si elle pouvait sentir les mots de son ancien amant perforer son coeur, son âme, son être tout entier. Naomi avait voulu se laisser aller aux délices et aux charmes de l’amour, maintenant elle goûtait à la splendeur de la décadence, à la source du mal profond. L’amour dévoile un de vos visages, la haine en dévoile un autre. La jeune femme était méconnaissable, son visage tordu par la rage et la douleur altérait son expression déjà froide au demeurant. Elle avait l’impression que tout était flou autour d’elle si ce n’est le visage de celui qu’elle appelait autrefois son homme. Dans sa tête, en boucle, le refrain de leur histoire, l’heure n’était pas encore à la nostalgie mais à la haine de l’autre. Elle comprenait enfin pourquoi on parlait souvent de crimes passionnels dans les faits divers, elle l’aimait tellement qu’elle en aurait pu le tuer de la détruire comme il le faisait. Elle avait réussi à survivre à la mort de sa mère, au changement de continent, mais elle n’était pas sûre de pouvoir affronter cette rupture, cette déchirure. Comme si Naomi repartait de zéro, comme si toutes les sensations & sentiments positifs qu’elle avait eu jusque là disparaissait pour plonger dans le gouffre du ressentiment. Comment pouvait-on aimer si fort et trahir si bien ? Tant de questions qui demeuraient sans réponse, car au lieu de régler ça en adulte, les deux jeunes gens se déchiraient en public. Eux qui croyaient que leur couple était fort malgré toutes leurs différences, eux qui croyaient qu’ils étaient supérieurs au monde entier, qu’ensemble face à l’adversité ils étaient invincibles… Ils venaient pourtant de voler en éclat comme n’importe quel foutu couple de cette université. Tout deux avait une excellence répartie, et autant c’était source d’amusement lorsqu’ils se chamaillaient pour savoir quoi regarder le soir à la télé, autant dans de pareilles circonstances c’était de l’acharnement sadique. Ni l’un ni l’autre ne voulait lâcher l’affaire, soucieux de planter les griffes de l’amertume dans le coeur de l’autre. Ashton la provoquait, l’encourageait à se taper tout ce qui bouge. Il lui lança qu’il n’allait pas faire comme Jacey et ramper devant elle, il continuait de lui reprocher d’avoir couché avec cette fille alors que ce n’était pas le cas. « J’ai pas couché avec elle Ashton, je te le jure sur la tombe de ma mère, je n’ai pas couché avec elle ! » CS avait tellement tout déformé, certes elle avait dérapé mais de là à dire qu’elles s’étaient carrément envoyé en l’air c’était du grand n’importe quoi. Et quand il lui dévoila que de toute manière bientôt il ne serait plus là, son coeur se brisa une seconde fois. L’idée de le perdre était une autre chose, l’idée de savoir qu’il partait en était une autre. Alors finalement elle se jeta sur lui, le poussant contre les casiers… Pour la première fois depuis 7 ans, des larmes de haine et de nerfs coulaient sur ses joues. « Je te déteste, je te déteste, va te faire foutre, je t’emmerde ! » hurlait-elle folle de douleur. « Je veux pas que tu partes, je veux que tu me regrettes ! Je veux que tu me dises que tu m’aimes et que tout va s’arranger ! Je veux pas que tu partes ! » sanglota t-elle contre son torse, complètement perdue, complètement démunie. Elle savait que ça n’allait pas s’arranger mais elle espérait, et l’espoir était source de survie. [/color]

Ashton voulait croire que leur couple était différent des autres. L’amour passionnel qu’elle éprouvait pour lui en était la preuve-même. Elle le haïssait, mais ne se lamentait pas sur son sort, elle le confrontait, forte comme jamais alors qu’elle était en train de perdre pied. Naomi c’était l’archétype de la femme courageuse, aussi tenace et pugnace que toutes les grandes figures de l’histoire. C’était elle qui les avait toujours maintenus à flots. Lui n’avait fait que répondre par des sentiments puissants à tous ses désirs. Mais l’heure n’était plus au tableau passionnel, l’heure était aux explications. Ashton tomba des nues quand elle lui jura qu’elle n’avait pas couché avec elle. L’élément déclencheur de sa colère n’était qu’un leurre. Mais elle aurait dû lui dire plutôt que de nier en bloc quand il lui avait posé la question. Ashton se sentait frustré. Son acte prenait donc d’autant plus d’importance. « Alors pourquoi tu me l’as pas dit ?! Pourquoi t’as osé me mentir une fois de plus ?! » Le mensonge. Il lui avait pourtant dit le détester. Il avait mal vécu le fait qu’elle lui mente à propos de sa mère. Au fond, il lui en voulait probablement plus d’essayer de lui mentir que de le tromper. Parce qu’il savait que les sentiments de la belle étaient bien réels, qu’elle ne feignait pas son amour pour lui. Il n’avait pas besoin de lui pardonner réellement, en fait, il aurait juste aimé qu’elle se confie à lui, qu’elle lui avoue d’elle-même sa faute, et non qu’il soit obligé de l’apprendre par un tiers. Alors qu’il lui rappelait que de toute façon il partirait au mois de juin et qu’elle n’aurait pas à le supporter plus longtemps, la jeune femme se rua sur lui, en le bousculant jusqu’aux casiers, s’acharnant sur lui comme s’il était un punching-ball. Ashton ne broncha pas. Il fallait qu’elle expie tout ce qu’elle ressentait, et elle pourrait le faire sur lui autant qu’elle le désirait. Elle lui disait qu’elle le détestait et ça n’était pas nouveau. « Tu me détestais déjà le premier jour. » Elle l’avait toujours détesté de lui avoir fait baisser sa garde, de l’avoir poussée à s’enticher de lui comme jamais. Mais quand elle se mit à pleurer et qu’elle l’implora de ne pas partir, Ashton fut touché en plein cœur. Se venger de ce qu’il lui avait fait en l’ayant dans les parages c’était moins douloureux que de le voir partir. Et alors qu’elle sanglotait tout contre son cœur, Ashton l’enlaça pour la bercer, lui caressant la tête comme on rassure un enfant triste. Il s’en voulait de chercher à la faire souffrir d’autant plus pour qu’elle passe à autre chose. Il s’en voulait de lui infliger tout ce qu’il lui faisait vivre, et Ashton passa aux aveux plutôt que de continuer ce qu’il avait prévu de faire. « Tu savais que je partirai. Rien ne m’en empêchera. Parce que mon rêve, il est là, à deux mois de se réaliser. Mais je l’avais modifié pour toi : je voulais que tu me suives. Je voulais qu’on s’installe ensemble, qu’enfin je puisse être celui qui te couvre de cadeaux et non l’inverse. Je t’aime Naomi. Comme j’ai jamais aimé personne. Mais t’as même pas vu que tu me poussais à bout. Ce que j’ai fait, j’en suis pas fier. Mais j’aurais aimé que tu te remettes en question avant d’en arriver là. » Il n’avait que vingt ans, et elle avait tendance à oublier qu’elle était son premier amour, que maitriser tous les sentiments contraires qu’il ressentait, ce n’était pas évident. Au fond, il avait cédé à la facilité, et c’était difficile à accepter. Ashton poursuivit sur sa lancée, lui justifiant son comportement malgré tout ce qu’il éprouvait pour elle : « Je me battrais pour toi, mais encore faut-il que tu me montres que t’es pas comme toutes ces pouffiasses qui vont se jeter dans les bras d’un ami pour se venger. Ça serait juste tomber aussi bas que ce que tu me reproches. Et tu vaux mieux que ça. La seule raison pour laquelle je m’efforce de te repousser, c’est justement celle-ci. Je veux pas que tu souffres en te demandant chaque jour pourquoi j’ai fait ça, je veux pas que tu souffres pour moi. Je préfère encore que tu passes à autre chose quitte à te voir t’afficher avec un autre. Parce que je veux pas que tu te mettes dans ces états pour moi. » Elle ne méritait pas de souffrir autant. Elle méritait d’être heureuse, comme depuis cinq mois, et ce n’était pas ce qu’il lui avait donné.

Inévitablement, Naomi ouvrit les vannes et se laissa aller contre son ancien petit-ami alors qu’il lui disait qu’elle l’avait détesté dès le premier jour. C’était vrai. Comme si elle avait senti le danger pendant un petit moment la belle amérindienne avait refusé d’avoir n’importe quel contact avec lui même si elle n’avait pas pu se résoudre à ne pas coucher avec lui dès le premier soir. Un frisson parcourut son échine, c’était exactement ce qu’il s’était passé avec Aaliyah et cette pensée était horrible. C’était comme si finalement leur histoire n’était pas si spéciale, il avait vécu plus ou moins la même chose avec Aaliyah, enfin elle ne savait pas… Tout se mélangeait dans sa tête et tout ce qui en sortait semblait n’avoir ni queue ni tête. Lâchant prise, se retrouvant dans les bras d’Ashton elle prit une énorme bouffée de son parfum alors qu’il la serrait contre elle. C’était horrible car elle adorait la sensation de se bras autour d’elle, soudainement le temps s’arrêtait et tout redevenait comme avant le temps de quelques secondes. Il pouvait être si rassurant, si sécurisant… Mais hélas il fallut qu’il ouvre la bouche et qu’il lui lâche la bombe. Comme quoi de toute manière il partirait et que c’était mieux de s’oublier, qu’il ne voulait pas la voir malheureuse et qu’il préférait la voir s’afficher avec une autre plutôt que malheureuse toute sa vie. C’était horrible pour elle, tellement horrible. Pourquoi il ne se battait pas ? C’était comme si finalement leur histoire avait eu une date de péremption dès le début mais que tout ce temps ils s’étaient voilé la face pour vivre leur amour. Les yeux plein de larmes, Naomi toujours dans ses bras le regarda. « C’est ça la différence entre toi et moi Ashton je préfère que tu crèves tout seul plutôt que de te voir avec quelqu’un d’autre, je veux pas passer à autre chose, je veux pas t’oublier, oublier ce qu’on a vécu, je veux pas que mes sentiments partent… » C’était tellement difficile, se dire qu’il fallait tout recommencer sans lui, perdre toutes ses habitudes comme si en faite elle avait vécu toute sa vie avec lui. Décidant de reprendre un peu de fierté, la jeune femme se dégagea de son étreinte et se mordit l’intérieur de la joue pour ne pas fondre en sanglots à nouveau. Elle en avait assez fait, elle ne voyait pas pourquoi elle devrait se vautrer dans tout un bordel de sentiment alors que lui ne lui dirait définitivement rien à part ce qu’il était censé dire. Il l’aimait certes, mais c’était ce qu’il disait. Quand on aime, on ne blesse pas, on ne ment pas, on ne fait pas de mal comme cela. Peut-être que finalement ils s’aimaient tellement mal qu’ils s’étaient perdus… « Alors c’est ça que tu veux ? Que ça se finisse comme ça ? Finir ta vie seul avec tes billets, des putes dans une grande maison ? Pas de soucis Ashton, bonne chance pour vivre avec le fait d’avoir tourné le dos au véritable amour quand il s’est présenté. Mais tu sais quoi c’est pas à moi de te rattraper ou de te convaincre de quoique ce soit. Je te trouve juste lâche, je te pensais capable de me décrocher la lune au lieu de ça tu m’as projeté dans de la merde. Je m’occuperais de ta mère jusqu’à ce que ça ne soit plus nécessaire, je donnerais tes putain d’affaires à Jade. » Être froide. Concentrée. Comme quand elle voyait des parents mal parler à leurs enfants aux urgences, comme quand elle s’occupait d’une victime d’agression sexuelle. Froide. Insensible. Professionnelle. De sang froid. Elle sortit un mouchoir de son sac pour se tapoter le visage afin d’éponger ses larmes, renifla un bon coup et fit face à Ashton. « Peut-être qu’un jour on arrivera à être d’excellents amis. »