(flashforward) PANDORA ✱ little talks.

Palmyr avait toujours été le genre de personnes à dire comment elle se sentait. Avouer que la solitude terrifiait n’était rien pour elle, avouer d’avoir peur d’une situation c’était facile comme bonjour, mais lui demander de confesser ses sentiments pour une personne c’était comme lui demander d’arrêter de respirer pendant une minute. Impossible. Non, elle ne parlait pas de sentiments envers Pandora ou quiconque, mais il y avait certain trucs dont elle était incapable de discuter. Pandora, c’était sa colocataire vraiment cool et belle. C’était aussi une certaine attirance qu’elle ressentait pour elle, mais ça c’était parce qu’elle savait qu’un truc pourrait facilement se dérouler entre elles. Et Palmyr était certaine que son attirance envers sa colocataire était visible à l’œil nu. Bref, elle patientait que cette dernière lui raconte quelque chose pour lui changer les idées. « Est ce que tu sais que je suis une des rares catholique pratique présente sur le campus ? Qui plus est homosexuelle... Beau paradoxe n'est ce pas » Elle eut un sourire. Le premier depuis qu’elle était revenue du voyage. « Maintenant, je le sais. Je vais me coucher moins bête ce soir. » Si elle arrivait à dormir sans que des images fassent irruptions. « Comment… Comment est-ce que tu as su que tu aimais simplement les femmes ? Si je peux me permettre. » Elle ne voulait pas être indiscrète, mais la question lui brûlait la langue depuis tellement longtemps que là elle avait l’impression d’avoir une ouverture. « Si tu ne veux pas en parler, je comprendrais. »

La fameuse question que pratiquement tout le monde se demande et qui brûle les langues. Lorsqu'elle rencontrait une personne ouvertement homosexuelle ou bisexuelle, Palmyr se posait toujours deux questions : la première était comment étaient-ils sortis du placard et la seconde était est-ce qu'ils le savaient depuis toujours ? Elle-même n'était pas certaine si elle l'avait toujours su. Elle aurait le savoir depuis toujours, mais avant qu'une personne du même sexe qu'elle l'embrasse, Palmyr l'ignorait. Ou alors elle se voilait le visage. Avec le voile de l'ignorance. « Je vois. » Acquiescer de la tête était impossible alors elle devait répondre de vive-voix. « J'admire la force que tu as de t'afficher ouvertement. Encore aujourd'hui, les gens nous regardent de travers lorsqu'on s'affiche aux bras d'une personne du même sexe. » Son père, par exemple, lorsqu'elle lui avait présenté Arielle, lui qui s'était habitué à voir sa fille aux bras d'un garçon. Le pire était qu'il ne l'acceptait toujours pas aujourd'hui. Même si elle prétendait le contraire, Palmyr aimerait que son père ne soit pas dégoûté et accepte sa bisexualité. « Mon père ne l'accepte toujours pas. Il m'aime, mais il me préfère avec un homme. » Ajoutais-je avec un long soupir.

« Ça viendra avec le temps, tu verras. Mais c'est une des premières fois que tu me parles de ta bisexualité... j'avais des suspicions mais je ne pensais pas que tu l'étais... » En même temps, j’étais plutôt discrète à ce sujet. J’affirmais celle-ci pleinement, mais je ne le criais pas sur tous les toits. Si une personne l’apprenait, tant mieux, mais ce n’était pas la première chose que je disais à mon sujet lorsque je rencontrais quelqu’un. Mon entourage au complet le savait et c’était le plus important. « Disons que je ne commence pas les présentations par mon orientation sexuelle. » Répliquais-je à la blague. C’était une blague pour détendre un peu l’atmosphère qui me semblait pesante. « En fait, j’ai la conviction qu’on aime ce qu’on aime et qu’il faut être heureux avec ce que la vie nous offre. » Que ce soit une femme ou un homme, je savais qu’au bout du compte, je devais être heureuse avant toute chose. C’est sur ce principe que j’espérais que mon père comprendrait. Un jour, un jour il acceptera que sa petite fille chérie puisse être en couple avec une personne du même sexe. Un jour.

« Je suis assez d’accord… » J’eut un faible sourire. Si seulement, les gens pensaient tous de cette manière. Mais non, certaines personnes aimaient bien se compliquer la vie. Pour ma part, je vivais selon mes choix. Au Diable les préférences de mon paternel et malgré tout l’amour que je lui portais, je cherchais uniquement mon bonheur à moi-même. Mais encore là, j’étais convaincue qu’un jour, il comprendrait. Je l’espérais. « Ça va mieux maintenant ? » J’acquiesçais de la tête en regardant le vide qui se présentait à moi. « Tu sais ce qui est malheureux ? » Commençais-je en me pinçant les lèvres par la suite regrettant presque les mots qui allaient sortir de ma bouche. « Que tu sois ma colocataire. » Parce qu’elle était canon, je devais bien l’avouer. Et que dans un sens, j’avais toujours l’impression d’avoir l’estomac serré lorsque mon regard se posait sur elle. Parfois, je regrettais qu’elle soit la fille avec qui je partage une chambre à la Quincy sinon j’aurais tenté un truc, mais non c’était une ligne que je ne permettais pas de passer. Pour l’harmonie de notre colocation.