(flashforward) PANDORA ✱ little talks.

Les trois jours au Vanuatu avaient été épuisants et étaient venus clore la période du Spring Break en un instant. Tout ce que j'avais vu là bas me revenait encore en tête alors que nous étions rentrés à Harvard. C'était un de mes premiers voyages humanitaires et j'aurais voulu en raconter les détails à mon frère. Malheureusement, je n'avais toujours pas de nouvelles et me demandais s'il allait un jour revenir vers moi. Était il réellement fâché contre moi ou mes parents l'empêchait il de me contacter ? Malgré les heures de vols je n'étais pas trop fatiguée alors je me suis levée pour aller chercher des croissants. Revenant vers ma chambre, j'ouvrais la porte et me glissais à l'intérieur en essayant de ne pas faire trop de bruit. Palmyr dormait encore à point fermé et semblait exténuée des quelques jours que nous venions de passer. Alors que je posais les croissants sur la petite table, une voix surgit d'une abîme de coussins. " Panda ? " C'était bien la voix de ma colocataire. " Oui ma belle, excuse moi de te réveiller, je ne trouve pas le sommeil. J'ai ramené des croissants si tu as faim " déclarais je.

La jeune fille se retourna vers moi avec une mine reflétant bien les derniers jours que nous venions de vivre. « C'est correct, je dormirais quand je serais morte. » lâcha t'elle en émergeant de son plumard. Je souriais, espérant qu'elle irait mieux avec un petit somme.  « Puis, je ne peux pas fermer les yeux sans revoir Vanuatu. » continua t'elle. Il fallait dire que les derniers jours avaient été éprouvants et beaucoup de monde qui avaient besoin d'aide étaient restés dans l'attente. Il y avait tous ses regards désespérés, ces sentiments tellement différents qui se bousculaient dans nos poitrines et le retour n'avait pas été facile. Elle prit un croissant et vint s’asseoir à côté de moi. Elle me demanda ensuite comment j'allais. Je soufflais et lui frottais affectueusement une main dans le dos. " Je comprends ce que tu ressens. C'était un voyage plus difficile que je le pensais.... Et puis des fois je me dis qu'on a vachement de chance d'être où l'on est. " Je me retenais de prendre un croissant du sachet, consciente que j'allais encore prendre du poids si j'en mangeais un. Je me sentis soudain coupable de refuser de la nourriture alors que d'autres en auraient eu besoin.

« Je suis d'accord avec toi. » répondit ma colocataire en déposant sa tête sur mon épaule. Vu sa réaction, Palmyr n'avait pas du se préparer à un voyage aussi éprouvant. Cela devait être un de ces premiers d'une telle envergure et le retour à la vie réelle n'était pas de tout repos. Elle semblait plus jouer avec son croissant étant donné qu'elle le tripotait depuis plusieurs minutes, prenant une bouchée par ci par là. . « Tu en veux ? » me demanda t'elle avec ses petits yeux qui me faisaient craquer. Je paniquais pendant quelques secondes, me demandant si cette question était un test pour savoir si j'allais avaler quelque chose. Je décidais de mentir, comme je le faisais de plus en plus ces derniers temps. " J'ai déjà mangé sur le chemin en fait. Tu devrais prendre le reste, ça te fera du bien " répliquais je en espérant qu'elle ne décelait pas mon petit manège. " Dis toi que dans quelques jours ça ira mieux ".

« J'espère que tu as raison. » répliqua t'elle le regard dans le vide et engloutissant le croissant qui lui restait en main. Elle n'avait rien décelé de mon petit manège selon moi, et c'était plutôt un bon point. Je n'avais aucunement envie de me justifier sur mon mode d'alimentation après les jours que nous venions de vivre. Soudain, Palmyr me demanda de rester à ses côtés en m'avouant que la solitude la terrifiait en ce moment. Je la prenais par la main et me couchais dans mon lit, l'attirant vers moi. Je m'enroulais autour de son corps pour qu'elle se sente en sécurité et glissais une main dans ses cheveux. " Je reste avec toi si tu le souhaites ça ne me déranges pas. " J'étais bien contre elle et même si je ne voulais pas l'avouer comme Palmyr, rester seule ces derniers temps était devenu difficile.

Palmyr semblait aussi apeurée qu'une enfant aurait pu l'être par son dessous de lit. Les images des derniers jours peuplaient sans doute encore sa tête ce qui expliquerait son attitude envers moi. D'abord réticente à se coucher, Palmyr sembla soudain s'abandonner en suivant le mouvement et en faisant comme moi. Se coucher l'une près de l'autre me paraissait être la meilleure manière d'effacer cette peur qui paraissait ne plus nous quitter. Ce sentiment d'impuissance semblait lui aussi s'affaiblir lorsque je glissais mes mains dans ses cheveux. La proximité de nos corps me donnait envie de me rapprocher de ma colocataire, mais je me résonnais en me disant que ce désir était à cause du fait que mes sentiments étaient complètement exacerbés. « N'importe quoi. Juste change-moi les idées. » me répondit t'elle alors que je lui demandais ce qu'elle souhaitait que je lui dise. Je réfléchis en silence quelques secondes et soupirais. " Est ce que tu sais que je suis une des rares catholique pratique présente sur le campus ? Qui plus est homosexuelle.. Beau paradoxe n'est ce pas " lâchais je pour la faire sourire. Je connaissais peu de gens qui pratiquaient ma religion avec autant de ferveur et qui acceptaient les homosexuels.