Night is the hardest time to be alive △ Chrissy

Elynn était étendue à côté de lui, lovée dans les draps ; il pouvait entendre son souffle régulier indiquant qu'elle dormait déjà. Il éteignit rapidement la lumière de chevet et se retrouva plongé dans l'obscurité avec pour seul bruit de fond, celui des arbres qui arboraient la rue dans laquelle se trouvait leur hôtel. Un mince rayon de lumière filtrait encore dans la chambre, ce fut la dernière vision de Thomas avant qu'il ne sombre à son tour. La découverte de Hot Water Beach avait été un pur plaisir mais l'aller-retour en avion et en bus avait donné quelques courbatures à Thomas qui ne supportait pas de rester assis, sans rien faire.
- Merde...lâcha t-il en rouvrant soudain les paupières. Y'avait comme un bourdonnement dans la chambre. A moitié éveillé, les yeux encore dans le flou, Thomas jeta un rapide coup d’œil alentour avant d'apercevoir que l'écran de son téléphone était allumé. Un message ? Les vibrations n'avaient pourtant pas cessées et le nom de Chriss' s'affichait sur l'écran.

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thomas et chrissy

C'était la merde. Totalement la merde même. C'était peut être pas ni le moment ni l'heure de te remettre totalement en question mais.. C'était comme si tu pouvais pas t'en empêcher. Alexander, Priam, Dorian, Macsen.. Y avait tout qui te tombais sur la gueule et fallait croire qu'à chaque fois c'était à cause de toi. C'était ça le pire. Te dire que si tout foirait à chaque fois c'était de ta faute. A croire que t'étais incapable pour une fois de faire les choses correctement. Et là, t'étais en train de te faire bouffer par ton anxiété. Réellement. Ou peut être que tu paniquais en fait. Tu savais pas trop. Mais t'avais de plus en plus la sensation d'étouffer et au final, tu te ruais hors de ta chambre pour te diriger en direction de la sortie de l'hôtel. L'air frais ne pourrait que te faire du bien, pas vrai ? T'osais le croire mais au final, c'était toujours pas le cas. La respiration saccadé, toujours cette sensation d'étouffer, t'avais vraiment l'impression d'être au plus mal et fébrile, tu sortais ton téléphone appelant Thomas. Comme à chaque fois. Un déclic prouvant qu'il avait décroché et tu prenais la parole. « Je.. Faudrait que tu viennes.. Maintenant.. Devant l'hôtel. S'il te plait. » Et un sanglot, un.

Ce n'était pas la première fois que Thomas décrochait son téléphone, en plein milieu de la nuit. Ce n'était pas non plus la première fois qu'il entendant la voix complètement paniquée de Chrissy mais ça le retournait à chaque fois ; c'était peut-être ce qui ce serait passé s'il avait eu une soeur, répondre à ses appels à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit.
- Respire Chriss', dit-il en décrochant. Elle avait des moments où elle sortait complètement de ses gonds et ce soir ne semblait pas un bon soir. J'arrive, bouge pas. Il jeta un oeil à Elynn qui dormait encore à poings fermés et rejeta la couverture pour s'extraire du lit, sans réveiller sa copine. Il récupéra son téléphone et le fourra dans son poche, s'habillant du premier T-shirt et short qui lui tombèrent sous la main. Il retrouva Chrissy là où elle l'avait indiqué, les yeux rougis. Thomas eut peur qu'elle explose encore davantage en le voyant, il prit les devants :
- Ok je suis là, dis-moi...

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thomas et chrissy

Non mais il fallait vraiment que tu te calmes. Tu savais que c'était jamais bon que tu te mettes dans ce genre d'état. Mais tu contrôlais rien, vraiment rien. Tu faisais tout foirer et fallait croire que tu laissais sortir tout tes sentiments d'un seul coup. Ce qui expliquait la crise d'angoisse soudaine. Mais fallait vraiment que ça s'arrête. T'avais de plus en plus de mal à respirer convenablement et t'avais l'impression d'avoir des bouffés de chaleur ce qui n'arrangeait absolument rien. « Je.. Viens. Juste viens. » Deuxième sanglot. Ok, ça n'allait absolument pas là. Vraiment pas. Et t'avais aucune idée de comment contrôler tout ça. C'était comme si tu t'étais fais envahir par un trop plein de ressenti et tu pouvais pas gérer. T'avais jamais réussis à gérer tout ça de toute façon. T'entendais sa voix résonner un peu plus près de toi et tu finissais par lui faire face, les yeux rouges et un peu trop gonflés, le mascara ornant tes yeux te sorte à te donner des similitudes avec un panda. Directement, tu fonçais dans ses bras tentant de parler entre quelques larmes. « Je fais tout foirer. » C'était le cas de le dire. « Tout le temps. »

3 heures du mat', en plein froid devant l'entrée de l'hôtel. Il n'y avait pas une seule voiture dans le coin, si bien que les feux semblaient alterner vert et rouge sans que personne le remarque. Il avait déjà vu Chrissy dans tous ses états, à force d’emmagasiner, ça finissait pas la bouffer de l'intérieur. Elle lui jeta un regard absent, tout en sachant qu'il était bien là et qu'elle pouvait se lâcher. Personne n'était là pour assister à la scène, elle pouvait vider son sac. Chrissy fonça dans ses bras, tentant de lui parler entre deux sanglots mais les mots avaient du mal à sortir. Il la serra contre elle comme le ferait un grand frère, soucieux de protéger sa soeur et prêt à casser la figure au premier qui lui ferait du mal. Il posa une main dans sa chevelure pour la calmer.
- Dis pas ça, c'est pas vrai... Il ne savait pas de quoi il s'agissait mais il connaissait assez Chrissy pour savoir qu'il en fallait beaucoup pour entacher son éternelle bonne humeur. Tu veux en parler ?

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Tu ne savais pas vraiment pourquoi est ce que tu venais toujours chercher du réconfort auprès de lui mais.. Il avait ce truc qui faisait que c'était toujours plus facile avec lui. Cette présence qui te donnais constamment l'impression d'être en sécurité. T'avais besoin de ça, t'avais besoin de lui. Et t'avais conscience que l'appeler en plein milieu de la nuit n'était pas forcément la chose la plus correcte au monde mais, c'était une habitude que tu avais pris avec le temps. Et bien entendu que s'il faisait la même chose tu serais là pour lui, c'était une évidence. En attendant, tu voulais juste te réfugier dans ses bras et attendre que la tempête qui prenait place dans ta tête s'arrête d'elle même. T'étais fatiguée de tout ça. Fatiguée d'être aussi mal. D'être aussi peu en accord avec toi même. Tu restais blottis contre lui alors qu'il posait une de ses mains dans tes cheveux. « Si. Je me détruis toute seule et j'entraîne les gens avec moi. » T'avais entraîné Priam avec toi et il n'était pas le premier. Probablement pas le dernier. Tu te complétais dans l'auto destruction, comme toujours. « J'suis une plaie pour les gens. »

Il aurait aimé lui dire que tout irait bien, que ça s'arrangerait. Mais à chaque fois qu'elle lui téléphonait en plein milieu de la nuit, il savait que ce n'était pas ce qu'elle voulait entendre. Elle avait besoin de parler, pas d'entendre des phrases tout droit sorties d'un bouquin de psychologie. Il restait calme, sentant son corps tremblotant dans ses bras mais à vrai dire, c'était déjà un début dans le long processus pour la calmer. Thomas n'était pas au courant de tous les changements dans la vie de Chrissy, elle lui disait bien ce qu'elle voulait. Il était parfois un peu paumé lorsqu'il devait tenter de lui remonter le moral sans savoir de quoi il s'agit. Thomas la prit par les épaules et la dévisagea dans la lumière du soir.
- Tu penses pas que t'exagères un peu ? dit-il en tentant de la faire sourire. Une plaie pour son entourage, vraiment ? Dis-moi ce qui se passe... Elle n'avait certainement pas envie de partager ce qu'elle avait en tête mais c'était le seul moyen d'exorciser ce qu'elle ressentait.

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Voir même pire que ça. Défaitiste ? Juste un brin. En même temps, t'étais en pleine panique alors forcément que tu ne cherchais pas à voir les points positifs. Pourtant, t'étais par habitude la fille la plus enjouée au monde mais.. Pas ce soir, tu ne pouvais juste pas. Faire semblant d'aller bien commençait à être trop dur. T'avais la mauvaise manie de tout intérioriser et fallait croire que tout ressortait maintenant. Absolument tout. Tes erreurs, tes indécisions et tes peurs inavoués. Qu'est ce que tu pouvais y faire de toute façon ? C'était comme ça et viendrait bien un moment où tu finirais par te calmer. De toute manière, tu n'avais pas vraiment le choix. Les mains de Thomas se posait sur tes épaules alors qu'il te regardait. Tu devais avoir l'air misérable les yeux brouillés de larme et du maquillage plein les joues. A sa question, tu secouais la tête. T'avais souvent la sensation de faire plus de mal qu'autre chose alors non, t'exagérais pas. « Sous alcool je me suis affichée avec un autre alors que j'suis mariée.. Et je.. Tout le monde est au courant. La presse, les gens.. J'vais me faire tuer. » Le souci, c'était ça. T'avais tellement de secret que tu ne pouvais que lui dire des semi vérités.

Thomas était certainement un des rares à connaître la Chrissy vulnérable. Elle avait l'habitude de ne rien laisser transparaître, elle était d'ordinaire la bonne humeur incarnée mais ce soir, à voir ses yeux humides et les longues traces de mascara noir sur ses joues, elle prouvait qu'elle était comme tout le monde, avec ses coups de pompe ; ses hauts et ses bas. Entre deux sanglots, elle osait à peine lever les yeux vers Thomas. Il la connaissait depuis le temps, ce n'était pas comme s'il allait la juger ou lui faire la morale. C'était pas son père. Chrissy tentait de ravaler ses larmes et secouait parfois la tête comme une petite fille à qui l'on arrachait sa dernière bêtise. Il se frotta la tempe en repassant en boucle les aveux de Chrissy dans son esprit.
- Je te dirais pas que t'as pas fait de bêtise parce que toi comme moi, on sait que c'est faux. C'est arrivé, on ne peut revenir dessus. Je sais pas, pose toi les bonnes questions. Pourquoi t'as fait ça ? Il se doutait bien que sa relation avec son mari ne devait pas être au beau fixe pour en arriver là, mais il en savait tellement peu sur le sujet...C'est pas toi ça...Tu lui en as parlé, à ton mari ? Si elle avait peur que la presse s'en empare, il fallait qu'elle enclenche le plan de secours : en parler avant tout au principal intéressé.

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En manque d'air, tu tentais encore une fois d'inspirer profondément pour t'empêcher de totalement t'étouffer. La gorge sèche et douloureuse, les yeux rougis par les larmes et les mains tremblante. T'osais même pas imaginer ce que ton reflet pouvait donner. La princesse parfaite avait troqués ses belles robes et son teint de poupée contre la copie conforme d'une pauvre fille complètement paumée. Et au final, pourrait-il t'aider ? Tu ne lui disais pas tout puisque tu ne pouvais pas et bien sûr que tu pourrais te risquer à lui réveler les supercheries et autres mensonges mais par la suite, il ne pourrait que croire que tu étais une menteuse. Une fille qu'il ne connaissait pas réellement. T'étais vraiment douée dans l'art de la dissimulation, dans le jeu des apparences. Mais pas cette fois, pas ce soir. « J'ai pas pensé aux conséquences. J'voulais juste pouvoir faire pour une fois ce dont j'avais vraiment envie. Sans limite, sans interdiction. » C'était comme si ta vie était réglée dans les moindres détails. Avec qui tu sortirais, qui aurait le droit de te voir, quelle étude tu pourrais suivre. Et pour une fois, tu avais lâché prise écoutant ton coeur plutôt que ta tête. « Non mais il est au courant. CS est pas doué pour garder les secrets. » Dans tout les cas, t'étais foutu.