J11 - un acte manqué ? (Talya)

J’avais bu, comme tous les soirs depuis le début des vacances, mais ce soir c’était peut être pire… Parce qu’il y avait eu cette rencontre avec elle, parce qu’elle était enceinte de lui, parce que mes lèvres avaient dérapé sur les siennes à plusieurs reprises. Alors oui, j’avais tenté d’anesthésier ma bouche à la vodka pour endormir cette envie de regoûter à nouveau au plaisir de ses baisers… J’avais fait le détaché, j’avais dit qu’il n’y aurait plus de dérapages entre nous, que ces baisers auraient été les derniers, mais mes lèvres, elles, ne voulaient que le contraire, assoiffées des siennes. Alors, après de nombreux verres, je pouvais presque dire que ça allait mieux. Ma soif n’était pas étanchée certes mais j’allais pouvoir dormir. Je marchais avec difficulté dans l’un des couloirs de l’hôtel, puis j’arrivais devant ce que je supposais être ma porte. Fouillant mes poches, j’eus un instant la frayeur d’avoir encore perdu ma clé, chose qui m’était arrivé le soir où j’avais appris la triste vérité… Mais ouf, je la trouvais finalement et la brandis devant mon nez avec un sourire de victoire. J’essayai ensuite de l’introduire dans la serrure, enfin dans l’une des serrures puisqu’avec ma vision russe j’en voyais désormais trois… Je plissais des yeux en me concentrant pour voir moins flou et finis par viser le trou. Mais non, malgré tous mes efforts, cette fichue clé ne voulait pas rentrer ! Merde, j’avais vraiment trop bu ce soir. J’appuyais comme un fou sur la poignée, espérant que cela allait réveiller Chase et qu’il allait venir m’ouvrir mais rien ne se passa. Je finis donc par tambouriner sur la porte : « Chase !!! Ouvre moi allez fais pas le con ! J’promets de pas te frapper ce soir ! »  

Après avoir passé du temps avec Priape, avoir échangé un baiser avec lui, le dernier d'après ce qu'il avait dit, j'étais remontée dans ma chambre me coucher. Je n'avais plus que ça à faire après tout. Après une bonne douche, je m'allongeais dans mon lit, repensant à cette soirée, aux mots de Priape, à ce baiser... Impossible que ce soit le dernier, les mots sortis de ses lèvres le demandaient mais ses lèvres elles mêmes ne le voulaient pas... J'avais abdiqué pour ce soir, je l'avais laissé retourner à son bar pour se bourrer la gueule pour oublier comme il savait si bien le faire sachant que cela n'arrangerait rien pour autant. Mais je ne baissais pas les bras pour les jours à venir, pas si vite. Je l'aimais et lui aussi, il ne pouvait pas laisser ça sur le bord de la route aussi vite ou alors si c'était possible c'était un beau connard. Je m'étais endormie en pensant à tout cela, la main sur mon ventre et ce nouveau bébé qui y grandissait... Même s'il était vraiment de Matthéo, je ne pouvais pas mettre un terme à ma grossesse, c'était impossible. Quelques heures de sommeil à peine et me voilà réveiller par du boucant dans le couloir, non en fait du boucan juste devant ma porte. J'aurais pu croire que Sienna ou Alex avaient oublié les clés mais c'était une voix masculine qui se faisait entendre. Je me levais prenant le temps de choper un gilet pour me couvrir alors que je dormais en débardeur et en culotte, ben oui il faisait chaud. J'entrouvris la porte afin que ma tête passe juste ne voulant pas révéler ma petite tenue à tout le monde : Priape était là.  « Priape qu'est ce que ... tu fais là ? » Le jeune homme avait l'air complètement perdu et l'alcool coulait presque autant que son sang dans ses veines... Je me demandais même s'il n'allait pas tarder à s'effondrer, d'un coup, comme ça.

Non ce ne fut pas mon meilleur ami, ou plutôt ancien meilleur ami vu le coup de poing que je lui avais réservé au début du SB, qui m’ouvrit mais Talya… J’étais encore accro au point d’halluciner et de l’imaginer dans ma chambre ? Elle passa sa tête dans l’entrebâillement de la porte et elle me demanda ce que je fabriquais ici. « C’est plutôt moi qui devrais te poser la question ! Me dis pas que t’as couché avec Chase aussi, ou je vais me pendre tout de suite… » Humour noir, possible uniquement parce que j’avais 4grammes. « Ou non attends, laisse moi l’annoncer à Sienna avant de mourir. » L’idée d’anéantir mon ennemie dans ma chute me consolait. Mais mes plaisanteries idiotes ne m’amusèrent pas bien longtemps parce que mon esprit alcoolisé se mit à imaginer que ma théorie farfelue était peut être bien vraie. Je déboulais dans la pièce comme un fou, en prenant soin quand même de ne pas bousculer mon ex dans ma manœuvre, elle était enceinte, et je balayais la pièce du regard comme si je m’attendais à voir Chase caché dans un coin. Les chambres de l’hôtel étaient toutes foutues plus ou moins pareilles, et avec les verres que je m’étais enfilé, j’étais bien incapable de remarquer le couchage supplémentaire ou encore les jupes, robes et petites culottes qui trainaient ça et là et qui m’auraient pourtant bien aiguillé sur mon erreur. Ne trouvant pas mon pote dans la pièce, je me tournais vers Talya en reprenant la parole : « Sérieusement Talya, qu’est-ce que tu fais dans ma chambre ? Qui t’a fait rentrer ? Je te préviens si c’est encore un plan foireux de Léo et Chase je marche pas ! » grommelai-je

Malgré les cris de Priape pour entrer j'avais encore la tête enfarinée et mes idées n'étaient pas très claires. C'est pourquoi je ne réagis pas lorsqu'il me parla de Chase de Sienna, de moi qui avait couché avec son meilleur ami et de lui allant le répéter à ma meilleure amie puis allant se pendre. D'ailleurs cet acte prouvait bien qu'il tenait encore à moi, de la même manière qu'il avait pu me le faire ressentir dans ces baisers. Je fermais la porte derrière lui, heureusement que Sienna et Alexia n'étaient pas encore rentrées autrement il les aurait réveillées toutes les deux. Je tentais tant bien que mal de tirer sur mon gilet pour qu'il couvre plus mes jambes, ma petite tenue mais le voyant légèrement paniqué et énervé je ne pus m'empêcher de laisser tomber ma tentative de camouflage et de m'approche de lui. « Eh mais comment tu peux penser que je te ferais ça Priape. Chase et moi n'avons rien fait, il est dans sa chambre actuellement... et... et tu es dans la mienne... » Il était saoul et je n'avais pas de peine à le voir, je n'allais surement pas le laisser repartir comme cela, s'il avait pu se tromper de chambre une fois que pouvait il advenir de lui s'il ressortait d'ici. Non je ne voulais pas qu'il reparte en plus de cela. « Arrête de me voir comme une horrible personne qui se joue de toi et qui manipule tout ton entourage pour le retourner contre toi Priape, ce n'est vraiment pas ce que je veux. » Je fis un pas de plus vers lui et relevait sa tête à l'aide d'une de mes mains afin de planter mon regard dans le sien, le sien qui était fuyant, comme d'habitude. « S'il te plait. »

Talya m’assura qu’elle était dans sa chambre et aussi qu’il fallait que j’arrête de la voir comme une horrible personne. J’évitais toujours son regard, bien qu’elle se soit rapprochée de moi. « Je suis encore capable de reconnaître ma chambre tu sais… » me butai-je en balayant la pièce des yeux. « Là c’est le lit de Chase… » fis-je en désignant celui qui était en réalité à Sienna. « Là c’est le mien. » poursuivis-je alors en m’écartant d’elle et en allant me jeter dans celui qui était en vérité le sien. Ecroulé ainsi sur le matelas confortable, je remarquais enfin le troisième couchage, qui n’existait pas dans la chambre deux personnes de Chase et moi. « Oh merde… » soupirai-je en réalisant que je m’étais trompé. Et impossible d’ignorer que ces draps dans lesquels j’étais en train de me lover étaient encore tout emprunts de son parfum. Comment j’avais pu me planter de chambre ? « Je savais que j’aurais du encore aller dormir sur la plage… » ronchonnai-je sans pour autant quitter le lit de la jeune femme.

Je ne pus m'empêcher de rire lorsqu'il désigna mon lit comme étant le sien et celui de Sienna comme était celui de Chase. A peu de chose près c'était vrai si on considérait les lits comme appartenant aux couples, ou ancien couple... Je camouflais mon petit rire en plus lorsqu'il vit qu'il y avait un troisième lit mais il était bien trop saoul pour se relever de mon lit sur lequel il s'était affalé. Il n'avait pas envie de bouger et bien qu'il reste, après le baiser que nous avions échangé et qu'il ait dit que c'était un baiser d'adieu je n'allais pas le repousser si c'était lui qui revenait vers moi à peine quelques heures après cela. Je pris la couette pour le couvrir, il allait ronfler sous peu. Il avait pris ma place pour le coup mais le lit étant assez grand je me glissais de l'autre côté, me mettant sur le côté pour ne pas tenir trop de place et ne pas être accusée de le coller, en même temps Sienna et Alexia avaient leur lit, dès qu'elles rentreraient elles les voudraient, je n'allais pas squatter alors que le mien était occupé par l'homme que j'aimais qui n'avait pas envie de bouger. Tournée face à lui en position couchette je finis par lui demander. « A quoi tu joues Priape ? L'alcool, dormir sur la plage... C'est dangereux et ça n'effacera rien... Je serais toujours coupable à tes yeux... » Ma culpabilité ne changerait pas non mais savoir qu'il se met en danger, cela ne m'enchante guère.

J’étais bien, couché dans ce lit qui n’était pourtant pas le bien, impossible de me lever pour aller me perdre à nouveau dans les dédales des couloirs de cet hôtel qui le soir prenait des allures de labyrinthe, surtout quand on venait de me poser une couette douillette sur mes épaules comme Talya venait de le faire. J’avais déjà les yeux fermés mais je les rouvris en sentant une présence à côté de moi. Elle s’était glissée sous les draps à son tour, je n’eus pas la force de protester contre cette dangereuse proximité. Et puis après tout, c’était son lit, je m’en étais finalement rendu compte. Elle prit la parole pour m’interroger sur le sens de mes actions. Déjà qu’à jeun, j’aurais eu du mal à expliquer pourquoi j’agissais de la sorte, alors là, c’était mission impossible. « Je profite de mon spring break Talya, je t’en prie me juge pas… » fis-je en plantant mon regard dans le sien. « Et oui tu seras toujours coupable à mes yeux. Mais tu restes également l’une des filles les plus merveilleuses que j’ai eu la chance de rencontrer. » J’aurais vraiment du aller dormir sur la plage… Je m’embarquais encore dans des aveux qui allaient nous mener sur un terrain glissant. Et malgré mon état, je sentis le danger venir. « Faut que je dorme, je suis épuisé, je dis n’importe quoi… » Je me retournai, me couchant sur mon autre côté afin de tourner le dos à la jeune femme. Mes paupières commençaient à être lourdes et avant de tomber complètement dans les bras de Morphée, je laissais échapper : « C’est éreintant d’essayer de ne plus t’aimer. »

« Je ne te juge pas... promis... jamais... » J'allais m'endormir mais mon téléphone se mit à faire le bruit qui signifiait qu'il avait plus de batterie. Je me levais donc du lit, pris le chargeur et le branchais à moitié endormie. Un petit éclair dans la prise et en deux secondes mon chargeur ne chargeait plus rien. Trop endormie et troublée par la présence de mon ex petit ami dans mon lit j'avais oublié de mettre l'adaptateur avant de brancher le câble et tout venait de griller. Merveilleux il ne manquait plus que cela, que j'ai à trouver ou acheter un autre chargeur tiens. Je rédéposais mon téléphone sur la table de nuit, je m'en chargerais demain. Je me mis dans sur le côté, dos à Priape mais instinctivement je vins me coller à lui, pour sentir la chaleur de son corps, sentir sa peau contre ma peau, surtout que j'avais bien évidemment enlevé mon gros gilet, je n'allais pas dormir comme cela. Sa dernière phrase me tira un petit sourire. Rien était perdu, il m'aimait encore. « C'est vivifiant d'aimer, de t'aimer toi... » Mais c'était aussi compliqué surtout quand on avait tout gâché. Le sommeil m'emporta et je ne vis pas la nuit passer. Nos deux corps endormis ne tardèrent pas à faire ce qu'ils voulaient sans que nos cerveaux ne puissent les retenir. Je me réveillais dans la nuit pour aller aux toilettes dans les bras de Priape. je me levais doucement pour ne pas le réveiller, je n'avais aucune envie que cela s'arrête puis revint me caler tout près de lui. Je n'avais rien réclamé, c'était lui qui était venu, je profitais simplement.

On avait la poisse des téléphones Talya et moi… Mais j’étais trop alcoolisé et déjà en phase d’endormissement pour remarquer qu’elle venait d’assassiner son portable, d’une manière moins brutale que la mienne lors de l’une de nos précédentes disputes… Je m’étais retourné pour ne pas avoir la tentation de finir contre elle, surtout qu’elle était peu habillée, et parce que malgré tout ce que j’avais pu lui dire, j’étais finalement toujours victime de la même attraction. La preuve était que sans le vouloir, je me retrouvais finalement dans sa chambre. Mais la situation n’allait pas m’aider à me détacher. Je sentis la chaleur du corps de Talya contre le mien. Complètement endormi, je finis par me retourner pour passer mes bras autour d’elle, la serrant contre moi, sans m’en rendre compte. Assoupi de la sorte, j’étais capable de la câliner, naturellement, comme si rien de toutes ces dernières semaines ne s’était produit. Mais après quelques heures de sommeil blottis ainsi l’un contre l’autre, la jeune femme se réveilla. La séparation temporaire de nos deux corps, lorsqu’elle s’absenta du lit et de mes bras, ne suffit pas à me réveiller. J’avais un sommeil de plomb, surtout lorsque j’avais bu comme j’avais bu le faire la veille. Lorsque mon ex petit amie revint se caler contre moi, je l’enlaçais à nouveau avec tendresse tout en venant enfouir mon visage dans le creux de son cou. Ce ne fut qu’au petit matin, lorsque les rayons du soleil percèrent à travers les volets, que le rêve vola en éclat. Je relâchais doucement mon étreinte en émergeant, m’étirant ensuite et en me frottant les yeux. Puis soudain, je réalisais que je n’étais pas dans ma chambre, pas dans mon lit, que je tenais Talya dans mes bras, j’avais d’un coup peur de ce qu’il s’était passé… Je me rappelais les baisers, je me rappelais l’avoir alors envoyée balader avant d’aller au bar où j’avais enchainé les verres, le reste de ma nuit n’était qu’une succession de souvenirs brumeux… Je me levai brusquement. Premier constat : j’étais habillé. Ouf, ça voulait déjà dire que nous n’avions pas du aller très loin…

Blottis dans les bras de Priape c'était sûrement la meilleure nuit que j'avais passée depuis le début du spring break. Mais toutes les bonnes choses avaient une fin et avec l'arrivée du soleil dans la chambre le dunster fit un bond hors du lit. « C'est bon Priape ne t affoles pas on a rien fait tu étais saoul et tu t'es écroulé sur mon lit. On a juste dormi ensemble, on ne s'est même pas embrassé jamais je n'aurais profite de toi surtout pas après ton message d'hier très clair au sujet du baiser d'adieu. » Je prenais sur moi pour lui dire cela. J'avais mal au coeur mais je savais que si je n'étais pas aussi rationnelle il risquait de croire que j'avais profite de son état pour parvenir à mes fins et ça je ne voulais absolument pas. Je voulais le récupérer mais pas en le faisant faire des conneries à son insu alors qu'il n'est plus dans l'entière disposition de ses moyens. « Tu vas aller retrouver Leanne? » Ma voix était triste et je ne cachais plus que je n'étais pas bien à cette idée mais après tout cela ne me regardait pas. Je me levais du lit me dirigeant vers la salle d'eau pour me passer de l'eau sur le visage alors que je sentais la nausée monter. J'avais et et tranquille quelques jours ça s'était calmé et il allait falloir que ça recommence en sa présence et en plus le jour du regroupement dunsters...