J9 - bis repetita (Delilah)

Installé sur la plage, dans une chaise longue, savourant la chaleur des rayons du soleil qui me chauffaient doucement le torse, j’essayais de faire abstraction de mon mal de crâne. Depuis ce matin, j’avais l’impression qu’on jouait du tambour dans ma caboche. J’avais donc décidé de ne rien faire, de ne plus penser à elle, d’arrêter de ressasser sa trahison. Pour changer du bar je pris quand même sur moi de me trainer malgré tout jusqu’à la plage où j’avais rapidement commandé un punch. Il fallait bien soigner le mal par le mal. Je sirotais distraitement mon verre en observant les va-et-vient des baigneurs et des spring breakers qui s’agglutinaient ici. Une brune, aux courbes parfaites, attira mon regard. Je connaissais cette silhouette. Un petit sourire étira mes lèvres et j’interpellai la jeune femme : « Delilah ! Alors on profite bien des vacances ? » Mais quand elle s’approcha, je remarquais une marque sur sa joue. « Tu t’es mise un truc sur le visage ou… » En l’observant intrigué, je me rendis compte qu’il s’agissait plus d’une ecchymose. « Il s’est passé quoi Del ? » demandai-je soudain plus sérieux et avec une voix inquiète.

A cette heure la plage était bondée je me demandais bien ce qu'il m'avait pris de m'y pointer comme cela. Mais non, je n'avais pas pu rester dans ma chambre plus longtemps en m'imaginant quelques heures auparavant avec Isaac. Qu'est ce qu'il m'avait pris de coucher avec lui comme ça sur un coup de tête. Le pire c'est que cela n'avait pas été raté, qu'il ne restait pas dans mon esprit comme une expérience ratée mais plus comme un coup réussi tout en douceur... Ma soeur devait surement me maudir et me souhaiter de mourir de là où elle était mais elle n'était pas la seule puisque la marque encore présente sur ma joue montrait bien que je n'avais pas que des amis sur cette terre. Je cherchais donc une place pour m'installer lorsque je vis Priape et que le jeune homme m'interpella. La place à côté de lui venait d'être prise. Ni une ni deux je me mis à hurler gentiment au serpent dans le sable. " Un serpent, un serpent, dessous votre serviette, vite vite, attention..." Op, ni vue ni connue en deux minutes la blonde qui était là avait détalé et j'installais mes affaires sur le transat à côté de Priape qui sirotait je ne sais quoi, saloperie que j'étais. " Tu vois comment on profite ? " Je souris avant de déposer un baiser sur sa joue pour le saluer. " Je me suis pris le poing d'une saloperie de cabot dans la figure parce que j'ai un peu trop profité justement... Mais rien de grave, juste un beau bleu ça a son charme auprès des garçons, si si je te promets. " Je m'installais à présent sur le transat, en maillot pour prendre le soleil. " Toi tu m'as l'air complètement déglingué, t'as pas désaoulé d'hier ou quoi ? "

Je me retins de pas exploser de rire devant le petit manège de la mather pour chasser ma voisine de plage, surtout vu l’expression effrayée de la blonde. Une fois que cette dernière se fut éloignée, Delilah s’installa à sa place après m’avoir salué. « Hey mais j’avais peut être envie de garder la blondinette à côté de moi… » taquinai-je mon amie avant d’ajouter toujours avec humour : « Non, mais t’as bien fait de la chasser. J’ai une copine qui a une théorie intéressante selon laquelle toute histoire avec une blonde est vouée à l’échec. » plaisantai-je en citant les paroles de mon amie June. Je m’étais ensuite inquiété de l’ecchymose qui ornait sa joue. Del me rassura : elle s’était battue avec une cabot. Je grimaçais : « Aoutch. Je vois que tu aimes passer tes vacances à te bagarrer… » Comme moi en quelque sorte. Quelques jours auparavant, c’était moi qui m’étais retrouvé le visage amoché après mon altercation avec Théo. J’étais donc mal placé pour la sermonner. « Fais attention quand même… » La jeune femme fit ensuite une réflexion sur mon état et je la corrigeai : « Ca fait 9 jours que je désaoule plus très chère. Attends, c’est le spring break on est pas là pour boire du jus d’orange ! » fis-je en levant mon verre de punch avant de le mener à mes lèvres histoire de joindre le geste à la parole.

" Je suis d'accord, les blondes sont beaucoup plus larmoyantes et sentimentales que nous... J'ai hésité à me faire tatouer sur le front " sans prise de tête " mais je me suis dit qu'avec le bleu que j'ai à la machoire c'était contradictoire... " Enfin c'était quand même une folle blonde qui m'avait fait cela pour ma défense, alors que je n'avais rien demandé avec mon petit air et caractère angélique. C'est bien connu que je suis un ange. " Non j'aime pas ça mais j'ai eu vent que toi en revanche t'étais pas mal en la matière, rassure moi de suite tu comptes pas me faire l'autre jour parce que j'ai fait partir la pouf blonde ? " Je lui souris gentiment sachant très bien la réponse à ma question. " Si t'avais été là pour prendre ma défense et me protéger je serais pas dans cet état voyons ! " Mon regard malicieux croisa le sien et mon sourire s'élargit. " Ohhh ! J'ai l'impression de retrouver l'ancien Priape ! Ca me plait ça ! Tu viens te refroidir avec moi ou tu me payes un verre ? Ou les deux ... " J'haussais les épaules, il était à la plage alors stop la boisson, il devait profiter de la mer un peu ce qu'il n'avait pas l'air de faire pour le moment.

Un nouveau rire s’échappa de ma bouche en écoutant Delilah : « C’est sûr que le bleu pourrait porter à confusion. » acquiesçai-je alors. Elle m’expliqua qu’elle s’était pris la tête avec une blondasse qui avait alors décoré la joue… Elle me taquina ensuite sur mes propres accès de violence : « J’suis peut être pas le roi du self contrôle, ça je veux bien le reconnaître, mais je frapperais jamais une femme. » rétorquai-je alors à mon amie, qui de toute manière devait déjà connaître la réponse vu qu’elle me connaissait bien. « En tout cas oui, je constate que sans moi dans ta vie, il ne t’arrive que des misères ma pauvre Dedel… Que ferais-tu sans moi ? » demandai-je alors en croisant le regard malicieux qu’elle me jetait. En tout cas, il y en avait au moins une qui se réjouissait de me voir m’amuser et profiter. La brune me laissa ensuite le choix : un petit plongeon avec elle, ou lui payer un verre. Je finis mon punch d’une traite, il fallait pas gâcher les bonnes choses, et je répondis : « Je te propose que le premier à l’eau paie la prochaine tournée. » lançai-je en me levant difficilement de mon transat. J’avais déjà quelques punchs dans le ventre alors j’étais pas des plus réactifs, Delilah avait toutes ses chances d’atteindre les vagues avant moi.

" T'as plutôt intérêt oui sinon c'est moi qui te tombe dessus et attention je suis petite mais argneuse ! " Je mettais mes poings serrés devant mon visage tout en m'asseyant sur le bord du transat pour être face à lui. " Et toi qu'est ce que tu ferais sans moi hein ? T'as bien vu, tu veux faire le sage et tout mais on se retrouve toujours à boire des canons ensemble... C'est un signe ! " Je le draguais clairement et je n'en avais rien à faire. Ce n'était pas ma joue bleue qui m'avait arrêté de m'attaquer aux mecs pris je n'en avais rien à faire de draguer des mecs en couple, c'était à eux de mettre les barrières. Enfin sauf si les copines de ces mecs étaient mes amies, comme dans le cas d'Alexys et de Zakhar ! Il me proposa ensuite que le premier à l'eau paye la première tournée. Je me levais, choppant ses mains au passage pour l'aider à se lever et une fois debout je le poussais jusqu'à l'eau. " Zacharias tu ne m'auras pas si facilement ! " Il avait bu il était tout mou alors le pousser n'était pas une mince affaire mais c'était tout de même mieux que s'il faisait de la résistance. J'arrivais avec lui jusqu'à l'eau et après quelques pas il s'étala de tout son long m'entrainant dans sa chute.  Heureusement qu'il n'y avait pas beaucoup d'eau encore où dans son état il aurait pu se noyer. " Un jour tu sauras mettre un pied devant l'autre je te jure, ça sera surement le même jour où tu sauras choisir correctement ton mode de vie. " Assise dans l'eau avec de l'eau jusqu'à la taille nous étions comme deux enfants qui barbotent.

Un nouvel éclat de rire s’échappa de ma bouche en voyant Delilah mimait les gestes d’un boxeur. « Rocky Balboa n’a qu’à bien se tenir ! » fis-je en prenant un air faussement apeuré même si dans le fond j’étais persuadé que la jeune femme était tout à fait capable de se défendre. « Et la blonde qui t’a fait ça alors ? Tu lui as collé une bonne raclée en retour j’espère ? » demandai-je en désignant son bleu avant qu’elle ne se lance dans une tentative de flirt. « Je joue pas les mecs sages, je suis sage… » corrigeai-je avant de poursuivre « Tu vois pas l’auréole scintillante au dessus de ma tête et les ailes dans mon dos ? » Un vrai petit ange… Enfin j’savais qu’avec Delilah ça marchait pas. Elle m’avait connu à l’époque où je ressemblais plus à un démon qu’à un ange. Delilah me poussa jusqu’à l’eau dans laquelle je finis par tomber, entrainant la brune dans ma chute, chute qui me valut d’ailleurs les moqueries de cette dernière. « Tu vas me devoir un verre et puis c’est tout ! » rétorquai-je sur un ton vexé avant de l’éclabousser en lui envoyant un jet d’eau salée de ma main.  

" J'ai pas eu le temps... Je me suis faite alpaguer par ma vice présidente pour me faire redescendre sur terre... Du coup je me suis pas vengée, puis si je l'avais fait je crois que les trois nanas des mecs que j'ai embrassé plus celle du mec que j'ai dragué seraient venue l'aider... " Cette phrase montrait bien la soirée de débauche que j'avais passé et cela m'avait fait du bien même si j'étais repartie amochée. Je ne regrettais aucunement ce qu'il s'était passé bien au contraire, j'étais pour la liberté d'expression de quelques formes que ce soit ! " Avec quatre grammes sous chaque bras je te promets que t'es le seul à voir l'ange qui est encore en toi ! Moi si je regarde bien, je commence à voir le démon qui sort de sa cachette et qui a envie de revenir. " Je le fixais droit dans les yeux plus proches que je ne m'étais permise de le faire depuis qu'on s'était retrouvé. C'était bizarre parce qu'il avait changé, mais physiquement il était toujours le même, toujours aussi sexy et canon. " J'avoue j'ai triché, c'est moi qui payerait mais en attendant viens on va plus loin. " Sauf que je détestais ne pas avoir pied et une fois que j'eus de l'eau jusqu'à la taille je lui sautais sur le dos attendant maintenant qu'il avance. " Si tu me lâches j'hurle alors attention à toi ! "

« Tu vas finir toute cassée Del’… » plaisantai-je en riant en l’écoutant me raconter comment elle s’était mis plus d’une nana de la fac à dos. « Sois prudente quand même… » ajoutai-je plus sérieusement ensuite. Même si elle en parlait sur le ton de la déconnade, je pouvais pas m’empêcher de m’inquiéter un peu pour mon amie. Je voulais pas qu’elle finisse couverte d’ecchymoses. Mon interlocutrice souligna ensuite qu’elle voyait plutôt mon côté démon qu’ange, j’haussais les épaules. Elle me provoquait… Et lorsqu’ensuite elle me poussa dans l’eau, je lui réclamai une future tournée. La brune accepta avant de m’entrainer plus au large dans les vagues. Elle avait alors grimpé sur mon dos. « Hey tu m’as pris pour une bouée ou quoi ! » rouspétai-je en la laissant néanmoins s’accrocher à moi. Elle menaça d’hurler si j’osais la lâcher. « Me tente pas, tu sais combien j’aime te faire crier… » Phrase pleine de sous entendus… Autrefois, oui j’étais responsable de ses cris, enfin des cris bien différents des hurlements qu’elle menaçait de laisser échapper.

" Quand t'auras retrouvé ton centre de gravité tu viendras me secourir avec le poing en avant comme superman ! " Je mimais mes paroles, qu'est ce que je pouvais avoir l'air ridicule surement mais c'était le Spring Break et ne pas se prendre la tête était le maître mot. " C'est moi ta bouée de sauvetage, sans moi t'en serais déjà à ton troisième punch au moins ! " J'avais bien vu qu'il les enchainait mais ce n'était en rien une remontrance que je lui faisais là, bien au contraire il avait raison de se les enfiler les uns à la suite des autres si c'était sa manière de passer du bon temps. Et puis cela lui rendait son petit côté beaucoup moins sérieux et j'adorais cela. Je lui donnais une petite tape sur la tête alors qu'il venait de sortir une connerie plus grosse que lui puis nous arrivions à un endroit où il avait de l'eau jusqu'aux épaules, autant dire que je n'avais plus du tout pied. Je me détachais donc de son dos pour me retrouver face à lui tout en me tenant à l'une de ses épaules. " T'es incorrigible je te jure, et après tu veux me faire croire que t'as changé... J'ai pas changé non plus... Je peux crier et te faire crier tout de suite... " Mon regard planté dans le sien en disait long, je le provoquais, mais je perdis rapidement mon sérieux pour ajouter... " Ah ah non mais sors toi un truc sexuel de la tête mon idée ferait hurler toute la plage ! " Crier aux requins par exemple... Cela pouvait être drôle, enfin je voulais profiter de la baignade encore un peu, et de ma proximité avec le dunster aussi.