Nice to meet you (Valou)

Jour 5

sous-titre

Heure : 21h
Lieu : un bar de Wellington
Contexte : Judith rencontre Valentin et se méprend sur son orientation sexuelle
Participants : Valentin et Judith

Carte en main, je désignais une ligne au barman tout en demandant : « Votre jus de pamplemousse là, il est pressé ou c’est un jus industriel en bouteille ? Non parce que si c’est un pamplemousse pressé je prendrais ça, sinon je prendrais plutôt un thé au citron… Sauf si votre thé est sucré, dans ce cas là, je prendrais simplement une eau minérale. » Le regard que le garçon me jeta voulait tout dire. Le client est roi, c’est la devise dans ce genre d’établissement alors il se retint de me faire une quelconque remarque mais je lus aussitôt dans ses yeux que mes questions l’agaçaient et qu’il devait penser que j’étais une chieuse de première. La vérité, c’était qu’il fallait que je contrôle tout ce que j’avalais, c’était plus fort que moi. Je rougis, gênée de me montrer aussi pointilleuse alors qu’il m’indiquait que je pouvais avoir le pamplemousse pressé. « Bah je vais prendre ça alors… Et sans sucre ajouté hein, merci… Merci beaucoup. Et désolée… » balbutiai-je… J’aurais tellement voulu pouvoir enchainer les cocktails sans me soucier de leur composition et de leur teneur en sucre… Pourquoi je pouvais pas fonctionner comme tout le monde ? J'étais déjà en train de regretter de m’être aventurée en dehors de ma chambre pour cette soirée, lorsqu’un brun s’installa à côté de moi alors que je patientais au comptoir, attendant mon verre.

Il fallait que je me détende, que j'aille boire un verre. Et pas juste une bière. J'avais besoin d'un alcool fort. Mais du whisky ? Non très peu pour moi. Avec mes deux premières ruptures je me suis morfondu sur cette boisson et elle ne m'a franchement pas réussi. Depuis je me suis habitué un peu plus à l'alcool c'est sûr, mais le whisky c'est pour les grandes occasions, quand je me fais larguer. Avec Amy ça ne s'est pas fait comme ça, et je ne sais même pas pourquoi, sûrement parce que au fond j'avais merdé le premier et que je sentais que j'allais la revoir. Toujours est-il que je me dirigeais vers le comptoir du premier bar que j'avais trouvé sur ma route, me demandant si je proposais à un ou une amie de venir me rejoindre. Je ne compte pas m'éterniser donc bon ... Un Sex Appeal pour moi sil vous plaît. Ok, le gin et liqueur de framboise avec du jus de cramberry c'est pas franchement masculin, mais à vrai dire je m'en fous, j'ai juste envie d'un bon cocktail, enfin, encore faudrait-il qu'il ait tous les ingrédients.

Je ne voulais pas me montrer indiscrète en écoutant les conversations, mais le brun était à côté de moi alors sa commande ne m’échappa pas. Le nom du cocktail m’arracha un petit sourire amusé : -sex appeal- « Une boisson s’appelle vraiment comme ça ? » m’étonnai-je, étant plus que novice en la matière. J’avais pas pu m’empêcher de lui demander même si plus sérieusement, cela me fit penser qu’il allait falloir que j’en touche deux mots au club d’abstinence… Si même les cocktails commençaient à avoir des noms ambigus, on en avait pas fini dans notre lutte contre l’apologie du sexe. Le barman apporta mon jus de pamplemousse et ramena sa commande au jeune homme à mes côtés : un verre à dry aux décorations fruitées et rempli de liquide aux couleurs rosées très girly. Bizarrement, je me sentis rassurée par sa boisson, il fallait forcément être gay pour boire ça non ? Stéréotypes quand tu nous tiens…

J'en avais rien à faire ce soir si ma boisson se faisait totalement gay, j'en avais envie, parce les cocktail fruités ce n'est pas seulement pour les femmes, et puis quoi encore ! J'ai jamais vraiment bien tenu l'alcool alors avec la bière, les cocktails bien fruités c'est ma spécialité. Mais je vois bien que j'intrigue la jolie rousse à mes côtés qui me demande si on appelle vraiment une boisson de la sorte. Elle réussit à m'arracher un sourire par amusement à sa question Oui étrange n'est-ce pas?! Ca doit être aphrodisiaque quelque part. Disais-je sans aucune arrière pensée, lui souriant simplement, en finissant par perdre mon regard devant moi, comme si je n'avais fait que parler à un fantôme ou à une partie de moi-même. Faut dire que je suis sacrément perdu depuis que Amy est revenue, elle m'en fait voir de sacrée couleur. Tiens voilà la rose qui débarque justement. Le barman avait pas du mettre la dose de cramberry. Tant mieux. Finalement je revenais sur terre et me tournais vers la jeune femme tout en tendant le verre vers le sien Si tu veux gouter ne te gêne pas surtout. J'ai l'impression d'être vraiment blasé en ce moment, c'est triste.

Le jeune homme me confirma que j’avais bien entendu le nom du cocktail avec un sourire amusé. Dans notre société actuelle, tout ce qui avait à faire de près ou de loin au sexe avait un succès fou, c’était bien la preuve qu’il y avait un soucis : les articles des magasines ne portaient que là dessus, on en montrait plus qu’il n’en faut à la télé et au ciné, sans compter les livres qui s’y mettaient désormais. Voilà aujourd’hui : on parlait sexe, on vivait sexe, et maintenant on buvait sexe. De la grande folie. Enfin, le brun à côté de moi avait l’air sympa, et ressemblait pas du tout à un pervers. Sa remarque m’arracha même un petit rire : c’est son mec qui allait être content si l’effet stimulant de la boisson était véritable. « Tu me rediras si ça marche alors. » Quoique un cocktail aphrodisiaque ne me serait pas d’une grande utilité maintenant que j’avais choisi de rester abstinente jusqu’à ce que je trouve la bonne personne. Il me demanda ensuite si je voulais goûter. Je regardais le verre un instant hésitante : pas que je doutais de ses intentions, ce mec était gay pour moi, alors il allait pas avoir mis de la drogue ou quelque chose dans le genre dans son verre, c’était en fait le nombre de calories que la boisson devait contenir qui m’effrayait. « Bah juste une gorgée alors. » fis-je en goutant du bout des lèvres. « C’est vachement sucré non ? » demandai-je après avoir pris une microscopique gorgée. « Tu veux de mon jus ? » proposai-je par politesse en lui désignant mon pamplemousse pressé.

Que mon cocktail soit aphrodisiaque ou non ça ne changeait rien pour moi, même si l'idée de ne pas passer la nuit seul ce soir me faisait envie. J'allais devoir trouver une proie intéressante. La jeune femme à mes côtés ? Non, elle est trop jeune, elle ressemblerait presque à ma sœur. Et puis je venais de lui proposer mon verre au lieu de lui en offrir une. Une bien drôle de façon de draguer une femme, alors faudra bien que je m'en trouve une autre. Enfin si j'en ai la foi, parce que la seule qui me hante en ce moment, c'est Amy et sa nouvelle hobbie des femmes. J'allais bien devoir l'accepter un jour, accepter que j'ai bel et bien perdu Amy à jamais. Finalement la rouquine accepta de boire une légère gorgée de mon breuvage et sa façon de faire me fit sourire, presque rire. Quelque chose me disait qu'elle n'est pas très à l'aise avec l'alcool, et pourtant elle en boit bien un là non ? Oui en effet, c'est apparemment juste un problème de sucre Ne me dis pas qu'une demoiselle aussi svelte que toi fait attention à sa ligne ?! Ce serait le comble là, s'il y en a bien une qui n'en a pas besoin c'est bien elle. Elle me proposa alors à son tour son verre et je ne me faisais pas prier, c'est toujours cool de goûter de nouveaux cocktails Ouyaaa mais c'est que c'est grave acide ce truc ! Disais-je en tirant bêtement la langue comme un gamin qui goûte un truc pas bon.

J’eus un petit sourire gêné à sa question sur ma ligne, avant de sortir une excuse bidon : « C’est pas ça, en fait je fais… de l’intolérance au sucre. » Ouais Judith on y croit. J’allais pas non plus déballer comme ça mes problèmes avec la nourriture même si le jeune homme avait l’air sympa. Je lui avais ensuite tendu mon verre à mon tour et un petit rire s’échappa de mes lèvres en voyant sa réaction après avoir goûté mon jus. C’est sûr que ça n’avait rien à voir avec le goût tout doux et sucré de son cocktail rose. « Scuse je voulais pas me moquer, mais tu verrais ta tête ! Je m’appelle Judith au fait… » me présentai-je ensuite au garçon dont finalement le visage ne me semblait pas si inconnu que ça. Je me souvenais d'un coup que j’avais déjà du le voir en compagnie d’un grand costaud tatoué… Alors bon, comme dans ma tête mon interlocuteur était gay, je continuais de penser comme ça et je concluais à tord que ce type avec qui il me semblait l’avoir vu, ça devait être son copain. Je demandais donc innocemment, ne me rendant pas compte de la gaffe que j’étais en train de commettre : « T’es tout seul ce soir ? Ton petit ami est pas là ? »

Intolérance au sucre ? Ca existe cette maladie ? Putain mais ça doit être horrible ! Oh merde, ça doit être … dur à vivre ça. Lui répondais-je avec perplexité comme si au fond de moi je sentais qu'elle m'avait sorti une excuse bidon. J'aurais bien aimé avoir Priape à mes côtés pour savoir si ça existait vraiment (a) mais bon vu que je sais qu'il y en a au soleil et à l'eau, pourquoi pas au sucre ?! Je n'allais pas chercher de midi à quatorze heures, je ne la connais pas assez pour faire mon chieur. J'avais finalement goûté à son cocktail atrocement amer et elle se foutu de ma gueule. Logique, j'en aurais ri si je m'étais vu certainement aussi. Je lui souriais tout en sortant un petit toussotement que je réfreinais avec le point de ma main. Moi c'est Valentin. Lui répondais-je avec un sourire. Je continuais finalement ma boisson pour faire passer ce goût bien amer pour moi. Mais j'ai bien cru que j'allais en crever. Parce que je venais d'avaler de travers et m'étrangla bien plus qu'il y a quelques secondes et me mit à tousser jusqu'à en devenir rouge. Mais le rire s'empara de moi et eus du mal à m'arrêter. Mais une fois fait je regardais la jeune femme et lui dis Va falloir mettre les choses au clair … C'est sûrement mon égo qui en avait pris un coup, mais je n'avais pas juste envie de lui annoncer qu'elle avait tord, non, je me levais et m'approchais d'elle pour lui déposer un baisé sur les lèvres Je suis loin d'être du genre à avoir un petit ami, je préfère les personnes de ton genre, si tu vois ce que je veux dire ! Lui répondais-je tout de même un peu amusé en arquant un sourcil.

HRP:

L’inconnu s’appelait Valentin. « Enchantée. » répondis-je alors avec un large sourire sincère. Mais mes paroles suivantes eurent un effet immédiat sur mon interlocuteur : il manqua de s’étrangler avec sa boisson rose avant d’exploser de rire. Je le regardais sans comprendre jusqu’à ce qu’il reprenne la parole, m’annonçant qu’il voulait mettre les choses au clair.  Avais-je fait une boulette ? «Comment ça les choses au cl… » Pas le temps de finir ma question, il s’était levé et était devant moi et ses lèvres vinrent se poser sur les miennes. Mes joues s’embrasèrent aussitôt et rougirent encore plus lorsqu’après ce baiser, il annonça clairement son hétérosexualité. J’aurais voulu disparaître dans un trou de souris tellement j’avais honte de m’être mépris de la sorte : « Oh, tu n'es pas... Gay ? Je suis désolée… C’est que… Tu as choisis ce cocktail, et puis… T’étais sympa avec moi, alors je me suis imaginé que... » bafouillai-je aussi gênée par la bourde que par son baiser inattendu, mais bizarrement pourtant agréable… « Je ne voulais pas te vexer. En tout cas, t’étais pas obligé de me prouver quoi que ce soit tu sais… » ajoutai-je en touchant un instant mes lèvres là où les siennes s’étaient posées quelques secondes auparavant. Pour moi, il n’avait fait cela que dans un seul but : me prouver que je me trompais sur ses préférences sexuelles.  

Je n'avais pas beaucoup bu ce soir et étais relativement sobre et totalement conscient et maître de mes actes. Dans ce cas-là pourquoi j'avais embrassé la jeune femme ? Sûrement parce que je la trouvais adorable de m'avoir pris pour un gay. J'aurais vraiment pu le prendre mal, mais elle était tellement sûre d'elle que ça me faisait sourire et puis au fond j'avais sûrement eu envie de l'embrasser parce qu'en plus d'être chou, elle était jolie, alors j'en avais profité. C'était pas très honnête, mais elle était tellement décontenancée qu'elle ne me gifla pas pour mon acte. Elle fondit par conséquent en excuse, chose qui me faisait de nouveau sourire tellement elle devenait rouge de honte. Tu sais, tous les mecs ne parlent pas aux femmes juste parce qu'ils veulent la mettre dans leur lit. Ca nous arrive d'être simplement sympa. Lui répondais-je avec un petit clin d'oeil. Elle ne voulait pas me vexer, je n'en doutais pas, mais elle parla de mon baisé qui n'était pas nécessaire et là je me rendais compte que je ne m'étais pas excusé. Oui, là c'est à moi de m'excuser, c'était trop ... direct comme preuve, mais je sais pas, j'en avais envie. Lui répondais-je en haussant les épaules, de façon limite innocente.